Quand gronde la rivière dangereuse en raison de sa propre furie et surtout de la folie destructrice des hommes, Dylan et Kija embarquent sur le radeau de Rigo-la-Rivière. Marginal sympathique et chaleureux, il est poursuivi par les "honnêtes gens" qui ont en poche le contrat permettant de voler le bois en toute légalité. C'est dans une nouvelle chasse à l'homme dont ils sont le gibier, et sur l'Alabama River, redoutable piège fluvial, que les compagnons sont engagés sans le savoir.
A la loi stricte s'opposent l'amour de la liberté et de la justice des coutumes et des clans, la spontanéité et la tendresse de ceux qui lient le danger et le rêve, la joie et l'amitié virile. Le drame consommé, les deux hommes à cheval, impuissants à le conjurer, continuent la piste vers Mobile. (Raymond Perrin, Dylan Stark 2, Lefrancq, 1998).
La petite histoire... Claude Auclair est l'auteur, entre autres, de Simon du fleuve.
Crossing Jubal se demandait si l'âge était en cause. S'il s'agissait de ce ramollissement général dont parlent certains vieux, parfois, et qui lui tombait à présent sur le dos sans qu'il y soit le moins du monde préparé. Quand on se met à penser de pareilles choses, qu'on en arrive à se poser de semblables questions, alors, c'est tout de même le sacré signe que le rouleau se déroule vite, un peu trop vite, tout à coup… Crossing se disait cela. Il se voyait comme la grande misaine, quand le vent mollit. Était-ce l'heure de carguer ?
Le vieux Crossing Jubal cracha, rageusement. Dans la nuit, sa figure burinée par le vent et les embruns ressemblait à un nœud de filet, crevassée et tordue, usée comme il n'est pas possible. Il avait un nez incroyable, énorme et rouge au milieu de tant de rides et de poils et si lisse !… Un nez digne du tafia de la Jamaïque grandement honoré depuis son premier quart de mousse. Il eut envie de grogner, pour le plaisir, pour ruer dans ces sacrés souvenirs qui lui remontaient quotidiennement à la tête, lui rappelant le temps heureux ou il avait encore ses deux bras. Ces sacrés souvenirs du diable ! Ils choisissaient leur moment !
Le fleuve était calme et lourd, comme une grande coulée d'argent fondu, soigneusement ramassé entre ses rives touffues. Une belle nuit de juin, sans une tache dans l'encre pâle du ciel. Quelque chose de parfait.
Ils étaient sept, remontant précautionneusement la rive droite de la rivière, à pied. Tantôt marchant sur le sable et les cailloux du fleuve au niveau sérieusement réduit par la sécheresse, tantôt s'enfonçant dans la ketmie et les plantes grasses qui dévoraient toute visibilité. Sept…Pernes et Diamond Stan étaient restés au bivouac, à quelques miles en aval, pour garder le train de bois… A peine "le jeune" avait-il exposé son idée, que l'énervement s'était installé au bout des gestes de Crossing Jubal. C'était une idée de fou : le jeune allait trop loin, il ne savait pas s'arrêter. Pourtant, pas un de toute la bande n'avait formulé d'opposition. Au début, tout de suite, Crossing Jubal l'avait trouvé attachant et sympathique, le jeune. Une fichue personnalité ! Il se dégageait de lui une chaleur humaine indiscutable qui attirait les plus réticents. Et puis il avait toujours l'air de se moquer de tout, de la vie comme de la mort, de Dieu comme du diable. Il se promenait en riant sur un méchant filin tendu au-dessus du vide… Un jeune comme celui-là plaisait à Crossing Jubal ! Depuis qu'il n'avait plus la mer, il avait pris le fleuve… Il avait suivi le jeune et sa bande, partageant leur vie, si particulière de glaneurs de bois mort. Un moyen, pour lui, de ne pas rompre totalement avec l'eau… une occasion de revoir la mer une fois l'an, au printemps, quand les gars arrivaient à Mobile pour y vendre le produit de leur ratissage.
Le couard, c'est celui qui, dans une situation périlleuse, pense avec ses jambes (Ambrose Bierce).
1968 - Pilote - 1975 - Francs et Franches camarades - Radio T.V. Suisse-Romande, L'École et la nation - Joker - … du Livre français - Cahiers pédagogiques - 1976 - La Santé de l'écolier
Novembre 1968
Avec sa tête de bûcheron des Vosges
Il s'appelle Pierre Pelot, et habite Saint-Maurice-sur-Moselle, prés d'Épinal. Son imagerie pourtant n'a rien de tricolore, elle serait même plutôt "étoilée". Car sa passion pour l'Ouest lointain a fait de lui un westerner. Édité en Belgique dans la collection Marabout, Pierre Pelot le Vosgien vient de publier son onzième volume : Quand gronde la rivière, une histoire de bûcherons et de troncs d'arbres que les flots écumants emportent. Est-ce l'influence des Vosges natales, les westerns de Pelot n'ont pas la sécheresse brûlante des Américains. Mais ce Français de l'Est est à l'aise dans l'espace géant de l'Ouest et si, ni son style, ni ses récits n'ont l'âpreté et la violence des gars des States, ils en ont la santé et le mouvement. Dylan Stark, né dans les Vosges, est un émigré qui peut subir avec succès l'épreuve du "pied-tendre".
Juillet 1975 R.D.
Rigo la Rivière est un "voleur de bois",
c'est-à-dire un irrégulier de l'exploitation forestière et de la drave. En
lutte contre les agents des compagnies, il n'hésite pas à voler les troncs
déjà coupés. Dylan Stark et Kija le rencontrent et découvrent peu à peu ses
activités, se mêlant au groupe malgré cela, parce qu'ils éprouvent beaucoup
de sympathie pour Rigo et la plupart de ses hommes. Mais à la suite d'un vol
suivi du meurtre d'un gardien, la chasse s'organise. Rigo succombera avec tous
les siens. Dylan et Kija les auront quittés avant et reprendront leur route.
Pierre Pelot retrouve un sujet proche de La Drave,
qui avait en son temps suscité des réserves et des enthousiasmes. Nous avons
souligné à l'époque l'effort de style de Pelot, son sens du rythme et de la
phrase, cette musique rocailleuse des périodes, un certain sens lyrique du
mouvement. On les retrouve ici avec le même plaisir.
A recommander aux plus de 12 ans.
Bulletin n° 32, été 1975
Nous devons dire, à regret, que ce roman de Pierre Pelot s'insère dans cette catégorie de westerns qu'il écrit avec une très grande facilité, mais qui sont bien en-dessous de ceux que nous recommandons sans hésitation : L'Unique rebelle, Les Étoiles ensevelies, Le Pain perdu, Le Cœur sous la cendre, etc..., romans qui ont fait de lui un grand écrivain pour l'adolescence.
Nous dirons donc que Quand la rivière gronde est un roman qui "accroche" bons et mauvais lecteurs, parce que l'action y est présente fortement. Nous dirons même qu'elle est ici galopante, ce qui ne nous gêne pas. Ce qui nous gêne un peu, c'est qu'elle est violente, très violente, d'un bout à l'autre aussi, et, même si les événements qui y sont relatés sont vrais ou vraisemblables, nous déconseillons ce livre à des adolescents de moins de 12 ans.
Dylan Stark, le "héros" d'une série déjà commencée, assiste ici et participe à l'aventure folle d'un jeune homme, Rigo la Rivière, qui avec ses acolytes, vole le long du fleuve des troncs qu'il revend en marge de la loi, si l'on peut dire. Il s'en est pris à un gros marchand de bois, une sombre brute, détesté des bûcherons, parce qu'il leur extorque, sous la menace, des contrats qui les ruinent. Modred - c'est le nom du marchand - est bien résolu à en finir avec Rigo la Rivière, ce jeunet qui va sur ses brisées, qui le nargue, qui a l'audace, se sachant poursuivi, de faire passer un convoi de troncs dans les rapides d'une rivière littéralement impraticable par gros temps, surtout. Or, justement, l'orage éclate, et personne ne pense que Rigo et ses hommes ne franchiront les passes de la rivière. Ce qu'ils réussissent cependant. Aussi est-ce plus loin, plus bas, que Modred tendra à Rigo le piège qui lui sera fatal ainsi qu'à ses hommes massacrés à coups de fusil. Racontée aussi brièvement, l'histoire pourrait passer pour un western de mauvais goût, mais nous devons ajouter - ce qui est important - que certains personnages du roman, ceux du côté où l'on est d'emblée, avec Dylan Stark, nous sont sympathiques à plusieurs égards, pour être, même en marge de la loi, mêmes rudes, des hommes d'une certaine droiture et en qui sommeillent des rêves d'évasion auxquels ils voudraient donner une réalité avec des moyens très sommaires, contestables peut-être, mais on comprend bien que les circonstances dans lesquelles ils vivent ne leur en donnent pas d'autres.
(Paris) Septembre 1975
Si l'on met en parallèle ce roman de Pelot, de la série des Dylan Stark, et le précédent, on mesure parfaitement tout ce qui, par delà les genres, fait la force de ce jeune écrivain, c'est-à-dire l'art de jouer jusqu'au bout le jeu de la fiction littéraire, en ne s'écartant jamais des jalons de sa mythologie personnelle. Toutes ces créatures sont sorties tout droit d'un film ou d'une bande dessinée, nanties d'un passé lourd d'épreuves, et sont lancées dans une sorte de chasse à l'homme le long d'une de ces rivières qui appelle inexorablement l'aventure brutale. Une aventure qui semble naître directement des mots, des phrases que Pelot transforme en autant d'images par le pouvoir qu'il a de faire partager son besoin fondamental de raconter des histoires.
N° 3, décembre 1975
Des arbres sont aussi en vedette dans ce livre. Des arbres coupés filant sur une rivière aux flots tumultueux. A cause d'eux, un drame éclate entre les hommes. Si l'on s'attache à l'un d'eux, Rigo la Rivière, on manque à la justice... Une aventure pleine d'imprévus qui fait réfléchir.
(Paris) Décembre 1975
Le long de l'Alabama River, la chasse à l'homme a commencé. Celui qui fuit s'appelle Rigo la Rivière. Homme marginal, il représente le symbole du "sauvage", du hors-la-loi. Ceux qui le poursuivent, ce sont les "honnêtes gens", encore qu'il faille s'arrêter sur le mot "honnête"... Rigo, malgré la complicité silencieuse de Dylan Stark, n'aura pas le temps de réaliser son rêve d'enfant : rejoindre l'Ouest.
Extrêmement descriptif, ce roman d'aventure est écrit dans un style très cinématographique, peut-être pour produire l'effet recherché : rendre l'histoire vivante.
Récit fertile en rebondissements, c'est le Far-West mystérieux et cruel qui y est peint.
(Biarritz) Décembre 1975
Rigo la Rivière est un "voleur de bois", c'est à dire un irrégulier de l'exploitation forestière et de la drave. En lutte contre les agents des compagnies, il n'hésite pas à voler les troncs déjà coupés. Dylan Stark et Kija le rencontrent et découvrent peu à peu ses activités, se mêlant au groupe, malgré cela, parce qu'ils éprouvent beaucoup de sympathie pour Rigo et la plupart de ses hommes. Mais à la suite d'un vol suivi du meurtre d'un gardien, la chasse s'organise. Rigo succombera avec tous les siens. Dylan et Kija les auront quittés avant et reprendront leur route.
Pierre Pelot retrouve un sujet proche de La
Drave qui avait en son temps suscité des réserves et des
enthousiasmes. Nous avions souligné à l'époque l'effort de style de Pelot,
son sens du rythme et de la phrase, cette musique rocailleuse des périodes, un
certain sens lyrique du mouvement : on les retrouve ici avec le même plaisir.
A recommander aux plus de douze ans.
Mars 1976. Louis GROISARD, inspecteur honoraire de l'Éducation nationale
Les aventures d'une bande de pilleurs de bois flotté sur une rivière des États-Unis. Livre pour grands adolescents, en raison de la rude vigueur du style, très bien adaptée aux péripéties dramatiques de la vie - et de la mort - d'aventuriers insolites.
Page créée le mardi 8 janvier 2002. |