En 1864, au cours de la Guerre de Sécession, le lieutenant Dylan Stark, enrôlé malgré lui dans les rangs sudistes, refuse de sacrifier ses hommes pour l'occupation dérisoire d'une colline brûlée. Pendant l'assaut , décidé "pour l'honneur", il déserte. Dégradé, menacé de mort, il est contraint d'accepter, avec trois compagnons, une mission suicide.
Ainsi, quatre hommes pour l'enfer, bannis et maudits, doivent voler un troupeau aux Nordistes. Ces compagnons pourtant fort dissemblables, unis par le danger et des rêves de liberté, apprennent à se connaître et à s'estimer juste avant de comprendre l'inutilité de leur mission et de cette guerre fratricide et stupide. L'annonce de la paix signée garde un goût d'amertume, et l'épisode s'achève par un cri de haine contre toute guerre, pour la dénonciation de son absurdité. (Raymond Perrin, Dylan Stark 2, Lefrancq, 1998).
La petite histoire... Le premier opus de la série Dylan Stark paraît au début du mois d'avril 1967, avec cette présentation : "Dylan Stark est un jeune loup, révolté pour un oui ou pour un non, un idéaliste, un amoureux fou de la justice. Dylan Stark, c'est un grand défi à la face de l'aventure." Il constitue le N° 2 de la nouvelle collection Pocket, dirigée chez Marabout par Philippe Vandooren (par ailleurs rédacteur en chef de Spirou). Cette collection lancée avec un porte-clés (le gadget à la mode du temps) est baptisée Les Compagnons de l'aventure. Elle regroupe cinq autres "serial héros" : Bob Morane - sans doute le plus connu -, Doc Savage, Jo Gaillard, Nick Jordan et Kim Carnot.
Droit devant, la vallée jaune de la Snake River éclatait de soleil. Juillet était là, bien présent, et il n'en finissait pas de le dire aux arbres, aux herbes, aux caillasses pâlies des collines. Sur toute la Géorgie, il y avait ce soleil tremblant et clair qui semait des lumières vives dans les plus maigres halliers.
C'était juillet 1864, en Géorgie.
Au bout de la vallée, à plus de deux cents yards, juste derrière le coude de la rivière, la ferme faisait une tache sombre. Les murs gris refusaient le soleil. Devant la porte, un boulet avait éclaté, creusant le sol et balafrant la maison d'une grande flamme de poudre noire. Le toit avait brûlé ; ne subsistaient que quelques poutres noircies s'élançant vers le ciel d'azur.
Pas un souffle. Rien que ce soleil d'été sur l'herbe de la vallée, sur les collines et le cours d'eau, qui pesait lourd et dru. Rien d'autre. Le silence.
Derrière la ferme, un petit bosquet éventré, brisé, tué par les boulets de bronze, s'étirait péniblement comme un blessé. Il grimpait encore sur une centaine de yards vers le sommet de la colline jaune. Comme pour fuir.
La colline !…
Elle n'était pas très haute, pas très importante, amicale. Avant, les enfants de la ferme avaient dû l'escalader maintes fois. Ils y avait joué, culbuté. La colline était leur amie, certainement… Les enfants ? Y avait-il jamais eu d'enfants, ici ? Etait-ce possible que ce tas de décombres, ces murs gris sans chapeau eussent jamais abrité des enfants ?
Dieu ! Ce silence…
Couché au bord du fleuve, dans les broussailles, le lieutenant Stark soupira, fermant les yeux. Aussitôt, le sommeil se fit lourd sur ses paupières, la fatigue pesa. Ses oreilles bourdonnaient… Se laisser aller, fuir le temps présent et l'horreur ! Dormir enfin ! Comme cela semblait facile : il n'y avait qu'a fermer les yeux, reposer sa tête au creux du bras et écouter crisser la terre… Laisser les petits bruits de la terre tuer ce silence.
Le lieutenant Stark releva le front, ses yeux brûlants aussitôt braqués sur la silhouette grise et éclatée de la ferme. Il soupira encore, se tourna sur un coude. Une crampe lui nouait la jambe.
Ses hommes étaient là, disséminés le long de la rivière sous le couvert des broussailles, blêmes, les traits tirés, grelottants, pour la plupart à demi fous de peur, de nervosité et de fatigue. Depuis combien de temps n'avaient-ils mangé décemment, coincés dans cette brousse, prisonniers alors qu'ils se croyaient assaillants ? Un jour, deux, trois ?…
Ils ne savaient plus vraiment. Ils ne savaient que la colline, cette sacré colline pelée et jaune du haut de laquelle on devait voir toute la plaine, cette colline qu'ils devaient prendre aux Yanks. De là-haut, soi-disant, ils pourraient couper la route, et résister aux troupes de Sherman marchant sur Atlanta. On leur avait dit cela…
Une soudaine colère fut au cœur du lieutenant Stark. Qui avait donné cet ordre fou ? Il eût fallu que ce dément fût là, à présent. Arrêter Sherman !
Quelle folie !
Le couard, c'est celui qui, dans une situation périlleuse, pense avec ses jambes (Ambrose Bierce).
Il faut vivre dangereusement (André Malraux).
Quand je serai au bout de ma vie, vous sellerez mon vieux cheval, vous attacherez ma carcasse sur son dos, et vous nous placerez face à l'Ouest. Alors nous galoperons éternellement à travers la prairie que nous aimons. (Chanson anonyme).
Page créée le mardi 8 janvier 2002. |