Le Pain perdu

 
 
  • Pierre Pelot
  • 1974 | 53ème roman publié
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Adaptation à la télévision

Alain Claessens.

  • Dramatique, 1977
  • Réalisation : Pierre Cardinal
  • Adaptation : Pierre Cardinal et Pierre Pelot
  • Directeur de la photo : Georges Leclerc
  • Assistants réalisateurs : Marc Marino et Marc Vazingo
  • Décors : Yves de Marseille
  • Costumes : Francine Zaborska
  • Cascades réglées par Claude Carliez.
  • Musique : Jacques Loussier
  • Coproduction : TF1
  • Durée : 90 mn
  • Distribution
  • Distribution : Alain Claessens (Lou Carmaux), Jacob Weisbluth (Patte-Folle), Edmond Beauchamp (le père Millot), Germaine Delbat (la mère Millot), Edith Boillot (Huguette Mélin), et : Claude Beautheac (Largière), Delphine Behra (Delphine Mélin), Michel Berreur (Jean-Marie Millot), Bernard Bireaud (Malik, le gendre de Millot), Dominique Bony (un gendarme), Christophe Bourquard (Jean-Lou Mélin), Catherine Carpentier (Marie-France Parpy), Claude Furlan (David Mélin), Joseph Garcia (Manolo), Gérard Moisant (Daniel Millot), Roger Muni, Roland Neunreuther (Stéphane Millot), Daniel Pascalini (le jeune ouvrier), Alain Saugout (Luc Millot), Sylvain (Georges Millot), Bernard Tardif (Bernard Parpy), Roland Travers (un gendarme) Julien Verdier (le père Baleau) et les habitants de Saint-Maurice-sur-Moselle (MM. Blaison et Thomas, facteurs, etc.).
  • Tournage dans les Vosges, à Saint-Maurice-sur-Moselle, du 10 avril au 16 mai 1975 (cinq semaines).
  • Diffusion
  • 1ère diff. : mercredi 30 mars 1977, à 20 h 30, sur la première chaîne.
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    Revue de presse

     

    Télé Poche

    Fin 1974, p. 27

    Après Le Pain noir, voici Le Pain perdu, une dramatique que réalise Pierre Cardinal pour la 1ère chaîne. Elle conte l'histoire d'un homme qui, à sa sortie de prison, revient dans son village pour voir son fils qu'il n'a jamais connu. Il sera repoussé par tous et en particulier par son épouse qui a refait sa vie.

     

    L'Est républicain (?)

    Décembre 1974

    Pierre Cardinal s'intéresse à nouveau à l'œuvre de P. Pelot

    Après avoir adapté, pour la télévision française, un roman du Vosgien Pierre Pelot, Les Étoiles ensevelies, et en avoir confié la réalisation à son épouse Michèle Tournier, Pierre Cardinal a décidé de porter Le Pain perdu à l'écran, dans le cadre de la production d'une des nouvelles sociétés de télévision.

    Cette fois, c'est lui-même qui effectuera le tournage après avoir adapté le roman et, dès maintenant, il recherche aux environs de Saint-Maurice-sur-Moselle une vieille ferme destinée à être brûlée, après l'avoir achetée. Bien qu'imprécises, les dates de cette prochaine réalisation se situeront au premier trimestre 1975, pour une programmation dans le courant de la même année.

    En ce qui concerne le film tiré des Étoiles ensevelies, et avec les réserves qu'imposent les actuels conflits de l'ORTF, son passage à l'écran, prévu initialement pour le 24 décembre, est reporté au 26 décembre, en fin d'après-midi. Ainsi, un an après, la commune de Saint-Maurice-sur-Moselle se trouvera à nouveau au centre d'une dramatique de Pierre Cardinal. Lequel semble porter beaucoup d'intérêt aux ouvrages du jeune écrivain de la haute vallée de la Moselle qui met en scène des actions fictives dans un cadre réel qu'il connaît bien.

     

    L'Est républicain

    10 avril 1975

    Caméras braquées sur St-Maurice-sur-Moselle

    Saint-Maurice-sur-Moselle va vivre une fois de plus à l'heure de la télévision grâce à la complicité renouvelée de Pierre Cardinal, réalisateur TV, et Pierre Pelot, écrivain de Saint-Maurice.

    L'an passé, une œuvre de Pierre Pelot avait déjà été adaptée par Pierre Cardinal : Les Étoiles ensevelies, l'histoire de cet âne et de cet enfant…

    Le Pain perdu, tel est le titre de la dramatique qui va être tournée durant près d'un mois, à Saint-Maurice et dans les environs. Le thème de la dramatique : un tragique fait divers ; un jeune homme tue accidentellement une personne à la sortie d'un bal. Après avoir purgé sa peine en prison, revenant au pays, il est en butte à l'hostilité des gens du village.

    Un tournage sur lequel nous reviendrons et qui débute ce matin.

     

    La Liberté de l'Est

    10 avril 1975

    A Saint-Maurice-sur-Moselle,
    Réalisation d'un film d'après le roman d'un écrivain local

    Remiremont.- Depuis le tournage du film Les Grandes gueules en 1965, les Vosges ont pris goût à cette vocation de décor cinématographique. Aussi la réalisation d'un film à Saint-Maurice-sur-Moselle est-elle accueillie avec joie et même avec fierté.

    D'autant plus que le scénario est tiré d'un roman d'un écrivain de cette localité, M. Pelot. Quant au livre, il a pour titre Le Pain perdu.

    Le tournage, qui doit débuter aujourd'hui, si le temps le permet, est effectué par des techniciens de la télévision. La réalisation étant confiée à Pierre Cardinal, connu pour ses excellentes émissions historiques.

    La scène se passe dans une vieille ferme de montagne, à proximité du Ballon d'Alsace. Ferme qui, à la fin du tournage, doit être brûlée comme le veut le roman.

    Pour la troisième fois, M. Pelot aura donc les honneurs de la télévision. Un film et un feuilleton avaient déjà été réalisés d'après deux de ses livres.

     

    La Liberté de l'Est

    11 avril 1975

    Silence… on tourne à Saint-Maurice-sur-Moselle

    Remiremont (de notre rédaction).- L'année dernière, une réalisatrice de la télévision, Michèle Tournier, découvre le talent d'un écrivain de Saint-Maurice-sur-Moselle, Pierre Pelot, en lisant un de ses romans : Les Étoiles ensevelies.

    Une rencontre, un déclic, des portes qui s'ouvrent… Pierre Pelot gagne les faveurs de la télévision et plus particulièrement celles du réalisateur Pierre Cardinal.

    Des Étoiles ensevelies est tiré un feuilleton, pour la télévision bien sûr : l'histoire ne s'arrête pas là. Pierre Pelot et Pierre Cardinal récidivent. Et la réalisation d'un film d'après un autre roman de Pelot, Le Pain perdu, est décidée. A la barre, toujours Pierre Cardinal.

    Cette fois encore, Saint-Maurice constitue le décor du film. "J'ai écrit mon bouquin à Saint-Maurice, l'action se passe ici, pourquoi aller chercher un autre cadre ?", explique Pierre Pelot.

    La barbe et les cheveux fouettés par un léger vent, porteur de neige, cet écrivain suit attentivement les mouvements de la caméra. Le tournage a débuté hier matin.

    "J'ai une entière confiance au réalisateur et à son équipe", assure Pierre Pelot. "L'adaptation est fidèle. Nul doute que comme pour Les Étoiles ensevelies, on respectera ce que j'ai écrit et voulu dire".

    Ce qu'il a voulu dire dans Le Pain perdu ? Il explique lui-même :

    "C'est l'histoire d'un gars qui a fait la guerre d'Algérie et qui revient dans son pays natal. Un soir, il va au bal et rencontre une fille… Au cours de cette même soirée, une bagarre éclate et il tue accidentellement un jeune homme. Notre héros aura à purger ne peine de dix années de prison. Et c'est un nouveau retour au pays. Le film commence alors. La réadaptation est difficile, voire impossible, et un nouveau départ devient indispensable. Mais l'amitié sera née et ce ne sera plus seul qu'il quittera Saint-Maurice, mais avec un ami".

    Le tournage de cette dramatique durera cinq semaines.

    A l'exception de quelques figurations, aucun habitant de la commune ne participera à ce film. Le rôle principal a été confié à Alain Claessens, un jeune acteur qui a fait récemment ses débuts à la télévision.

    C'est un travail de longue haleine que l'équipe de Pierre Cardinal a entrepris, travail rendu d'autant plus difficile que les conditions atmosphériques sont mauvaises.

     

    L'Est républicain

    11 avril 1975

    Premiers tours de manivelle
    Le Pain perdu sous la neige

    Un vent glacial, du brouillard, des bourrasques de neige n'ont pas réussi à décourager l'équipe de télévision venue à Saint-Maurice tourner une adaptation d'un nouveau roman de Pierre Pelot : Le Pain perdu, et qui dès potron-minet hier, était à pied d'œuvre pour les premiers tours de manivelle.

    Une tragique histoire de village

    Il y a 10 ans, au cours d'une bagarre dans un bal, Lou tue accidentellement un homme. Il est alors condamné à 10 ans de prison. Ayant purgé sa peine, il décide de revenir au village pour voir un enfant qu'il avait eu avec une fille du pays : Huguette. Celle-ci ne l'avait pas attendu et s'était mariée durant le séjour de Lou en prison. De retour chez lui, il se heurte à l'hostilité de ses anciens amis qui ne veulent plus le regarder, et à la haine des frères de l'homme qu'il avait tué. Il retrouvera pourtant un ami à ses côtés… Le seul auquel il n'avait pas pensé en retournant au pays… Quant à son fils, il ne le reverra pas.

    Telle est la trame de ce roman. Bien plus qu'un simple fait divers, il s'agit d'un poignant drame humain renfermant une multitude de problèmes.

    Pierre Pelot et Pierre Cardinal : une déjà vieille entente

    Diffusée sur TF1, la réalisation de cette dramatique est confiée au réalisateur de TV Pierre Cardinal. Pierre Cardinal et Pierre Pelot ont déjà collaboré ensemble il y a un an dans Les Étoiles ensevelies, roman de Pierre Pelot adapté par Pierre Cardinal pour la TV et dont le tournage avait eu lieu l'an dernier à la même époque.

    Le travail de l'auteur fait, il appartient au réalisateur de le transcrire sur un écran. Ce n'est pas là un travail de technicien, mais bien plus un art consistant à faire découvrir aux téléspectateurs l'intimité d'une œuvre, son caractère, son souffle, et par là même, la personnalité de son auteur… Faire battre les cœurs des téléspectateurs au rythme des héros du drame.

    Jusqu'au 16 mai

    Hier matin, à l'aube, l'équipe de Pierre Cardinal était à pied d'œuvre : cameraman, assistants, éclairagistes, ingénieurs du son, directeur de la photo, script-girl, suivaient les directives du réalisateur : silence, moteur, on tourne… Les premiers tours de manivelle étaient donnés à 6 h sur la place de la Mairie. Dans l'objectif de la caméra, deux figurants, MM. Blaison et Thomas, facteurs à Saint-Maurice dans l'exercice de leurs fonctions.

    Tantôt accroupi, tantôt debout, Pierre Cardinal était omniprésent sur le tournage. Engoncé dans une chaude pelisse, on le voyait littéralement vivre les scènes avec tout son corps, expliquant à ses collaborateurs ce qu'il attendait d'eux.

    Une aventure palpitante, qui durera jusqu'au 16 mai pour les Frémis, qui auront l'occasion de rencontrer de très nombreux comédiens. Parmi la très importante distribution, citons Alain Claessens, Jacob Weisbluth, Bernard Bireaud, Roger Muni, Julien Vervier, Edith Baillot, Edmond Beauchamp, Bernard Tardif, Catherine Carpentier et Germaine Delbat.

     

    Dernières Nouvelles d'Alsace

    N° 103, 3 mai 1975. Bernard FISCHBACH

    Pierre Cardinal tourne un film d'après une nouvelle de l'écrivain vosgien Pierre Pelot

    Réalisateur de télévision depuis un quart de siècle, Pierre Cardinal a retenu l'attention des téléspectateurs en adaptant avec talent des œuvres classiques tels que Candide de Voltaire, Le Rouge et le noir de Stendahl, les romans d'Émile Zola, etc… Il a également réalisé des films historiques et on se souvient plus particulièrement d'une remarquable série sur la Révolution.

    Pas étonnant dès lors que Pierre Cardinal nous ait dit : "J'aime bien, de temps en temps, travailler sans la hantise du pylône électrique qui apparaît malencontreusement dans le champ". Mais ce n'est évidemment pas la seule motivation qui a conduit le réalisateur et son équipe au pied du Ballon d'Alsace où il tourne un "sujet contemporain". Ce sujet lui a été fourni par Le Pain perdu, roman écrit par Pierre Pelot (éditions GP), écrivain vosgien bon teint, très attaché au terroir, qui a situé son histoire à Saint-Maurice-sur-Moselle, son village natal.

    "Pour une fois que j'ai un auteur sus la main, dit encore Pierre Cardinal, j'en profite". Et c'est en compagnie de Pierre Pelot qu'il a repéré les lieux de tournage, n'hésitant pas à planter la caméra dans la maison même de l'auteur. Tout se passe dans ce petit village situé sur la route du Bénélux où Pierre Cardinal et son équipe se sont installés pendant cinq semaines.

    Le Pain perdu narre l'aventure d'un homme qui revient au pays après avoir passé une douzaine d'années en prison. Cet homme, qui a été condamné pour meurtre à l'issue d'une rixe au sortir d'un bal, veut se réinstaller au pays. Il veut surtout faire connaissance avec son fils qui a vu le jour et grandi pendant qu'il purgeait sa peine. Il se heurte à l'hostilité de ses concitoyens qui seraient plus tranquilles s'il s'en allait définitivement.

    Le roman de Pierre Pelot est paru dans une collection plus particulièrement réservée aux jeunes lecteurs. "J'ai fait une adaptation un peu plus appuyée, nous a confié Pierre Cardinal que nous avons rencontré à Saint-Maurice peu avant une nouvelle séance de tournage. Je veux que le sujet touche le public adulte. Pierre Pelot est un spécialiste du western et il a écrit un western dans un décor vosgien. Deux thèmes passionnants s'affirment dans cette intrigue parfois très violente : la recherche de paternité et la naissance d'une amitié".

    Le Pain perdu sera programmé à TF1. Il ne sera définitivement mis en boîte qu'à la fin de l'année. Pierre Cardinal est assisté par Marc Marino et Marc Vazingo. Les rôles principaux sont tenus par Alain Claessens et Jacob Weisbluth. "Je n'ai pas choisi d'acteurs connus afin de conférer plus de crédibilité au film", dit encore Pierre Cardinal.

    Le réalisme et l'atmosphère sont d'ailleurs des qualités que le cinéaste apprécie le plus dans l'œuvre de Pierre Pelot. Et de ce côté rien n'a été négligé afin que le film réponde au même souci. Décors naturels, dialogues imprégnés de vocabulaire typiquement vosgien, une maison incendiée dans les règles de l'art, etc. Bref, à la télévision, Le Pain perdu sera sans doute une oeuvre fascinante issue de la rencontre d'un romancier et d'un cinéaste.

    "J'ai fait la connaissance de Pierre Pelot l'année dernière en adaptant un autre de ses romans : Les Étoiles ensevelies, que ma femme, Michèle Tournier, a réalisé pour les émissions enfantines de la première chaîne. J'ai lu d'autres livres de Pierre Pelot et j'ai en quelque sorte eu le coup de foudre pour Le Pain perdu".

    Le tournage de ce "western" vosgien prendra fin à la mi-mai. Pierre Cardinal changera à nouveau de genre car il réalisera ensuite un film d'une durée de six heures en transposant un petit écran La Vie de Marianne, un roman de Marivaux quelque peu méconnu. Pierre Pelot, quant à lui, mettra en chantier l'un des six ou huit romans qu'il écrit par an. Car, outre leur prénom, ces deux artistes ont ceci de commun : ils ne peuvent s'empêcher de raconter des histoires et de donner vie à des personnages conçus par une imagination intarissable.

    [Une interview de Pelot fait suite, signée Daniel Walther].

     

    L'Est républicain

    22 mai 1975. A. CHEVRIER

    Saint-Maurice-sur-Moselle
    Le Pain perdu : terminé !
    Le film de toute une équipe

    Grâce à la plume de Pierre Pelot et au réalisateur Pierre Cardinal, avec toute sa grande équipe, comédiens et cinéastes, un film qui devrait faire date dans les annales des Hautes-Vosges, vient d'être tourné. C'est maintenant terminé, on a "coupé" définitivement. Le rideau est tombé mercredi soir, sur Le Pain perdu.

    Fini le trafic des voitures bleues et blanches, des 75 sur tous les chemins de Saint-Maurice, le calme est revenu et, pourtant, personne ne se lassait de voir les séquences de ce film, toujours du nouveau, du sentiment, des bagarres terribles et réelles, des actions pesantes avec des événements à sensation, voilà Le Pain perdu.

    Les principaux responsables et organisateurs nous ont livré leurs impressions de leur séjour à Saint-Maurice :

    Pierre Cardinal, réalisateur.- "Je suis très heureux d'avoir tourné dans les Vosges. La région se prête admirablement bien à la réalisation d'un tel film. Dans ce charmant petit village de Saint-Maurice, je n'ai eu aucun problème, pas d'ennui, un formidable accueil et une grande compréhension des habitants. Un seul mot à tous : merci".

    M. Leclerc, directeur de la photo.- "Épatant de tourner dans cette belle vallée avec des lumières mouvantes donnant la possibilité de grandes variétés de scènes. Ce film est une histoire qui cadre bien avec notre époque, tourné dans un paysage merveilleux et réel donnant ainsi une idée exacte de l'adaptation du roman".

    M. de Marseille, chef décorateur.- "Formidable, formidable de travailler dans de telles conditions. Il est facile de réaliser de belles choses avec des personnes coopérantes, pour leur aide matérielle, pour les décors appropriés. J'ai eu de la chance de trouver un antiquaire à Bussang, des chefs d'entreprise, des artisans et des commerçants très compréhensifs, qui nous ont facilité le travail".

    M. Pierre Pelot, écrivain.- Peu bavard et discret, mais heureux dans son for intérieur. "Je suis satisfait de la réalisation de ce film qui est une parfaite adaptation de mon bouquin. Je continue d'écrire et je vous donne en exclusivité le titre de mon nouveau roman : L'Eté fracassé. Ce sera encore fracassant"…

    Le film Le Pain perdu devrait sortir début 1976. Peut-être en couleur. Attendons avec impatience cette grande première.

     

    Bonne soirée

    8 juin 1975, p. 10

    Pris sur le vif

    Un petit village, Saint-Maurice-sur-Moselle, au pied du Ballon d'Alsace, dans les Vosges. C'est là que Pierre Cardinal tourne, en extérieurs, sa dramatique Le Pain perdu, histoire d'un jeune homme, Lou, qui revient dans son village avec son ami surnommé "Patte Folle". Il en est parti, dix ans plus tôt, après avoir tué, au cours d'une bagarre, l'un des six frères Millot. Mais, pour ces derniers, le temps de la vengeance est venu. Ils vont désormais le poursuivre de leur haine et de leur violence. Pourquoi Lou reste-t-il malgré le danger ? Surtout que son ex-fiancée, Huguette, est mariée et que le fils qu'elle attendait de lui a maintenant un père ? Autant de questions soulevées par ce film violent où règne, de bout en bout, la force brutale.

     

    Télé 7 Jours

    4 février 1976, p. 65

    Le Raconteur d'histoires

    Frédéric, treize ans, a désiré rencontrer un romancier. Il s'entretient, dans un village des Vosges, avec Pierre Pelot, auteur de plusieurs livres, dont Le Cœur sous la cendre ou Je suis la mauvaise herbe. Deux romans de Pierre Pelot ont fait l'objet de dramatiques : Les Étoiles ensevelies diffusées en décembre 1974, et Le Pain perdu qui sera prochainement programmé.

    Frédéric écoute Pierre Pelot et comprend la vie quotidienne et les personnages de cette région des Vosges : les ouvriers des filatures et les bûcherons.

     

    Télé magazine

    N° 1116, "programmes du 26 au 1er avril 1977", p. 42

    Le temps du pain perdu, c'était avant… Avant que Lou ne tue l'un des six frères Millot. De retour dans son village, dix ans plus tard, c'est pour la famille Millot le temps de la vengeance.

    A la force brutale, Lou oppose une résistance têtue. Pourtant, il reste dans son village, il est revenu trop tard. Huguette est mariée, ce fils qu'il n'a jamais connu a maintenant un père. Lou sait maintenant que les temps sont révolus. Pour quoi, pour qui rester ? Son ami et lui vont faire leur valise. Pour ces deux marginaux, une nouvelle vie au Canada les attend peut-être…

     

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    Page 22, rubrique : "Télévu". Ray DELOUCHE

    Le Pain perdu, adapté d'un récit de Pierre Pelot, par Pierre Cardinal, a traité d'un sujet scabreux mais combien important parmi les problèmes sociaux de notre temps. La réinsertion des "taulards" récemment libérés de prison, parmi une société rendue méfiante, voire hostile à leur égard, a été illustrée par des témoignages édifiants lors d'un Dossier de l'écran ; l'un d'eux a même écrit et édité un livre.

    L'histoire présentée par cette dramatique est plus pathétique encore. Libéré plus tôt que prévu pour bonne conduite, un jeune meurtrier revient dans son village vosgien. La haine que lui voue la famille de sa victime est telle qu'aucun pardon n'est possible, ni même l'oubli. Ce retour ressemble à une provocation. D'où affrontement sanglant, et la loi de la vendetta joue à plein, à 800 km de la Corse. Seule, l'amitié d'un ami d'antan lui permettra de s'en tirer sans trop de mal ni d'indignité. Mais toutes les plaies restent ouvertes de part et d'autre. Et surtout, il lui sera presque impossible de trouver du travail, donc du pain quotidien...

     

    Télérama

    Programmes du 26 au 1er avril 1977, p. 61. Jacques MARQUIS

    Quelque part dans les Vosges. Lou Carmaux revient au pays après dix ans d'absence. Dix ans de prison, pour avoir tué dans un bal un fils Millot qui était ivre et le menaçait, lui et sa fiancée Huguette. C'est aux trois quarts un accident, mais Lou va découvrir que s'il a déjà payé très cher, certains estiment que ce n'est pas encore assez.

    Huguette a eu un fils de lui. Un fils qui ne connaîtra jamais de son père que sa légende : il a tué pour défendre sa mère. Huguette est mariée, elle a aussi trois filles. Tout est dans l'ordre.

    Lou l'indésirable a pourtant au pays un ami qui l'attend : Patte-Folle. Tous deux, jadis, rêvaient du Far West et de l'Australie. En matière de Far West, ils vont être servis : le soir de leurs retrouvailles, la maison de Lou est incendiée, première vengeance des frères Millot. Alors tous deux vont camper là, près des ruines encore fumantes. Lou a repris du service comme maçon chez son ancien patron. Il refait le mur du cimetière. Un jour que Patte-Folle lui donne un coup de main, cinq hommes, les frères Millot, s'avancent, menaçants...

    N'affublons pas cette histoire d'un suspense artificiel. Haine et violence chasseront Lou et Patte-Folle du village natal, sans même que Lou ait parlé à son fils. Ce ne sera pas l'Australie, mais le Canada...

    Pierre Cardinal a fait du roman de Pierre Palot une curieuse dramatique : on a du mal à s'intéresser au personnage de Lou, dur, fermé, figé, tandis que Patte-Folle est très séduisant. A côté de scènes extrêmement sophistiquées - notamment une bagarre pleine d'hémoglobine, filmée au ralenti, qu'on trouvera, selon son humeur, ou grotesque, ou d'une insoutenable angoisse - on entrevoit certaines vérités toutes simples d'une vie très rude, avec des personnages qui valent leur pesant d'authenticité. C'est furtif mais ça repose de quelques invraisemblances. A voir quand même et à épargner aux enfants pour la scène de la bagarre.

     

    Télé Poche [?]

    Programmes du 26 au 1er avril 1977, p. 102-104

    Attention ! cette dramatique comporte certaines scènes de violence.

    Le pain perdu, c'est un plat typiquement vosgien qui se prépare avec du pain dur, des oeufs et du lait. C'est aussi l'un des souvenirs d'enfance du héros de cette dramatique, de retour dans son village après dix années passées en prison. Un retour qui va provoquer haine et violence.

    Cette histoire ne s'embarrasse par de détails psychologiques. Les personnages y sont entiers, tout bons ou tout méchants, comme il convient à ce western moderne, signé par Pierre Pelot.

    "J'ai commencé par écrire des westerns, explique l'auteur. Avec Le Pain perdu, je voulais m'attaquer à un sujet plus moderne ; je me suis aperçu après que mon roman rassemblait toutes caractéristiques du western. Mais c'est avant tout une histoire d'amitié et le problème très actuel de la réinsertion d'un prisonnier dans la vie".

    Pierre Cardinal, dont on vient de voir récemment Messieurs les galopins, a choisi des comédiens peu connus du public, qui apportent à son film beaucoup d'authenticité, notamment Alain Claessens et Jacob Weisbluth. Le tournage s'est effectué, avec la participation des habitants, à Saint-Maurice-sur-Moselle, dans les Vosges, là où vit Pierre Pelot.

    L'histoire débute ainsi... Après dix années passées en prison pour le meurtre d'un homme, Lou Carmaux rentre à l'improviste dans son village natal. Il retrouve sa maison vide et abandonnée depuis la mort de ses parents, et décide de s'y installer. Mais le retour de Lou n'est pas du goût de tout le monde. La famille Millot, dont il a tué un des fils il y a dix ans, est décidé à se venger. Quant à Huguette, la fiancée de Lou, elle s'est mariée avec un homme du village dont elle a eu trois filles. Lou voudrait revoir le fils qu'il a eu d'elle, et qui a maintenant onze ans. Seul Patte-Folle, le copain d'enfance de Lou, est réellement heureux de retrouver son ami...

    - On a vu Alain Claessens à la télévision dans Frontière de Guy Joré, Un Voyage en province de Jacques Tréfouel, et de nombreux films de Claude Santelli. Ce jeune comédien au jeu sobre et intelligent, aborde ses rôles avec beaucoup de rigueur : pour se mettre dans la peau du personnage du Pain perdu, il a passé une journée en prison à Poissy. Alain Claessens joue actuellement Les Brigands de Schiller, au Théâtre de la Ville.

     

    Télé 7 Jours

    Semaine du 26 mars au 1er avril 1977

    Le sujet : Après une longue période d'incarcération, un homme revient dans son village natal pour tenter de refaire sa vie. Mais la famille du jeune homme qu'il avait tué au cours de la bagarre, a décidé de se venger.

    Si vous avez manqué le début : Lou Carmaux, un garçon d'une trentaine d'années, arrive dans le village vosgien, où il a passé son enfance et son adolescence. Par un chemin de terre et de pierres, il rejoint sa maison.

    Laissée à l'abandon depuis la mort de la mère de Lou, la vieille bâtisse est entourée d'un fouillis de ronces. Le jeune homme force une porte à l'aide d'un pic. A l'intérieur, tout est couvert de poussière et de gravats. Mais les meubles et les objets sont en place, tels que Lou les a connus autrefois, avant son arrestation. Dix ans plus tôt, à la sortie d'un bal, une rixe a éclaté entre un fils Millot et Lou Carmaux. L'affaire a mal tourné et le fils Millot est mort au cours de la bagarre. Lou a, alors, été condamné à quinze ans de réclusion. Bénéficiant d'une remise de peine, il vient d'être libéré. Les Millot, une famille de paysans, sont bientôt informés du retour de Lou…

    Note critique : Une interminable histoire de vengeance campagnarde qui ne réussit guère à nous accrocher. Pierre Cardinal nous avait habitués à de meilleurs récits que cette banale vendetta.

    Exclu du Conservatoire pour indiscipline, Alain Claessens a été, à la télévision, le protagoniste de plusieurs émissions dramatiques dont Frontières d'Emmanuel Roblès, réalisées par Guy Jorré, et Un Voyage en province de Jacques Tréfouël. Nous le retrouverons bientôt dans Le Dimanche des criminels. Il joue actuellement au Théâtre de la Ville, à Paris, Les Brigands de Schiller. Alain Claessens, qui vit le plus souvent dans sa maison de l'Allier, vient d'écrire un scénario pour TF1, Le Soleil en hiver.

     

    Top Télé

    Programmes du 26 au 1er avril 1977, p. 64-65

    Le thème : Un homme revient dans son pays, après avoir subi une lourde peine de prison.

    L'histoire : Lou Carmaux, condamné à quinze ans de prison pour avoir tué un jeune garçon dans une bagarre, revient dans son village natal, après avoir bénéficié d'une remise de peine. Sa mère est morte pendant son incarcération et les premiers amis qu'il rencontre lui disent qu'il ferait mieux de déguerpir. La famille de sa victime est décidée à se venger...

    La cote Top Télé : Tous publics.

    Il ne faut pas chercher à réveiller le passé

    Saint-Maurice-sur-Moselle… Un petit village des Vosges, région âpre et austère. C'est là que vit, dans une maison qu'il a construite de ses propres mains, un jeune écrivain de trente et un ans, Pierre Pelot, auteur du Pain perdu. C'est aussi là qu'il est né et que Pierre Cardinal a planté ses caméras.

    L'auteur et le réalisateur se sont connus grâce à la télévision. Michèle Tournier, qui est la femme de Pierre Cardinal, cherchait un roman à adapter pour une émission littéraire destinée à la jeunesse. Son choix se fixa rapidement sur une oeuvre de Pierre Pelot, Les Étoiles ensevelies. En cinq ans, le jeune homme n'avait-il pas remporté trois prix : le Prix des Treize, le diplôme Loisirs jeunes et le Prix Jeunesse ?

    "Après Madame Bovary et Saint-Just, dramatiques à budget élevé, avoue Pierre Cardinal, je me suis dit qu'il fallait, vu la politique menée à cette époque à la télévision, trouver un sujet que je puisse tourner avec des moyens modestes. En même temps, j'avais envie de raconter une histoire contemporaine".

    "Ce livre est une fiction que j'ai entièrement imaginée et qui traduit mon malaise dans la société, dit Pierre Pelot. Il y a un thème qui me tracasse beaucoup : celui du retour. Les gens reviennent dans un endroit où ils ont laissé des souvenirs et trouvent toujours autre chose que ce qu'ils cherchent. Le Pain perdu, ce sont les images d'une enfance terriblement lointaine. C'est le passé qu'il ne faut pas chercher à réveiller".

    Et ce passé, pour Lou Carmaux, le héros de l'histoire, est symbolisé par un plat typiquement vosgien, le pain perdu, qui se prépare avec du pain rassis, des oeufs et du lait. Un plat que son père faisait souvent, quand Lou était petit...

    Un western dans les Vosges

    Pierre Pelot est un passionné de westerns, dit Pierre Cardinal. Il a écrit là une sorte de western vosgien, avec des bagarres, des maisons qui brûlent et des gens qui sont tout bon ou tout méchant.

    Ca qui n'a rien d'étonnant : Pierre Pelot, qui avoue se fascination pour ce genre, a commencé en écrivent des romans d'aventures.

    En tout cas, il est tout à fait satisfait de la distribution choisie par Pierre Cardinal qui, désireux de montrer au public des visages nouveaux, a donné les principaux rôles a des comédiens peu connus. Et les habitants de Saint-Maurice recrutée pour la figuration ont pris part à l'action avec le même plaisir que des enfants à qui on proposerait d'entrer dans un grand jeu.

     

    Télé Guide

    Semaine du 26 mars au 1er avril 1977

    Adaptation par Pierre Cardinal, qui l'a réalisée, d'un roman de Pierre Pelot. Après dix ans de prison pour meurtre, Lou Carmaux revient dans son village natal. Il retrouve avec émotion le décor de son passé : la maison de ses parents, en ruine aujourd'hui… Mais si ce retour ravive ses souvenirs, Lou reçoit un accueil glacial qui le ramène à la réalité. En effet, dans une ferme voisine, la famille Millot se souvient que le jeune homme, dix ans plus tôt, a tué un de ses fils au cours d'une bagarre… Si Pierre Cardinal a bien rendu en images le décor triste des Vosges en hiver ; si, par certains côtés, ce décor rappelle au début le climat du Beau Serge, le premier film de Claude Chabrol, la réalisation et l'histoire s'enlisent dans le sentiment. Le problème de la réinsertion sociale d'un ancien détenu suffisait. Il n'était point besoin de faire du jeune homme le père d'un garçonnet dont la mère, mariée, avait assuré le bonheur. Quant à la réalisation, elle s'étire et se perd dans des détails qui montrent à l'évidence que Pierre Cardinal n'a pas le sens de l'ellipse !

     

    ?

    Pprogramme télé, semaine du 26 mars au 1er avril 1977

    Notre avis : C'est un sujet difficile et passionnant que Pierre Cardinal a illustré avec Le Pain perdu : la vie d'un condamné à sa sortie de prison et les difficultés de son retour dans la société. Avec une sobriété et une pudeur exemplaires, Pierre Cardinal et son équipe ont fait de ce téléfilm une réussite. Tourné au cœur des Vosges, dans le village où réside l'auteur, Le Pain perdu nous offre des images d'une grande beauté. A noter : des scènes de bagarres filmées au ralenti qui évoquent les rêves de western des enfants.

    L'histoire : Après dix ans de prison, Lou Carmaux, qui a bénéficié d'une remise de peine, revient sans crier gare dans son village natal des Vosges. Cet homme d'une trentaine d'années, marqué par l'épreuve qu'il a subie, retrouve avec émotion et tendresse le décor de son passé. Mais, au village, Lou reçoit un accueil glacial. La famille Millot n'est pas prête à accepter sa présence dans la région. Chacun se souvient que, dix ans plus tôt, Lou Carmaux a tué un fils Millot au cours d'une bagarre. Les frères de ce dernier ont décidé de le venger…

    Alain Claessens : derrière les barreaux. Pierre Cardinal ayant choisi volontairement des comédiens peu connus, le visage d'Alain Claessens est le seul qui nous soit familier. Il a en effet déjà tourné plus de vingt rôles à la télévision dont La Confession d'un enfant du siècle, de Claude Santelli.

    Et peu d'acteurs peuvent se vanter de pousser la conscience professionnelle aussi loin qu'Alain Claessens. Pour bien comprendre le personnage de Lou Carmaux, qu'il incarne dans Le Pain perdu, il a en effet tenu à effectuer un court séjour en prison. L'autorisation lui a été accordée par l'administration pénitentiaire et Alain est allé passé quelque temps à la centrale de Poissy. Il est sorti très déprimé de l'expérience. Mais il avait eu le temps de comprendre et de sentir un certain nombre de choses qu'il a fait passer dans son interprétation de Lou Carmaux sortant de prison.

     

    Le Monde

    30 mars 1977

    Lyrisme et nostalgie, pour cette succession de tableaux sur la confrontation d'un homme avec son passé, dans un petit village des Vosges.

     

    L'Aurore

    mercredi 30 mars 1977. M.-D. LANCELOT

    … Jusqu'à en perdre le goût !

    Pierre Cardinal nous revient ce soir à 20 h 30 sur TF1 avec Le Pain perdu, une dramatique tirée du roman de Pierre Pelot et agrémenté d'une musique de Jacques Loussier.

    "En fait, il s'agit de deux histoires. Au premier degré, il est d'abord question d'un homme qui après dix années de prison s'en retourne dans son village natal des Vosges. Jadis, il a tué, par accident l'un des fils Millot, et la famille du mort n'a pas oublié, qui veut se venger à tout prix… Ca, c'est si l'on veut, le premier plan de l'histoire."

    Et puis, derrière ce simple retour au pays, cette vengeance latente, il y a la personnalité même de l'ex-prisonnier, Lou Carmaux qui se décante.

    "Ce qui m'a le plus intéressé, c'est que le retour de Lou ravive chez lui plein de souvenirs d'enfance. Il va ainsi partir à la recherche d'un amour perdu. Le Pain perdu se rapporte précisément à cette jeune femme perdue de vue."

    Et tout en la recherchant, le héros va retrouver, renouer avec ses émotions d'adolescent, avec une ancienne amitié d'enfance. Un sentiment très vif qui va lui remonter au cœur, à la gorge.

    "Toute cette quête a lieu sur un fond de western villageois. D'un côté Lou cherche à revivre un amour passé. De l'autre, et Cardinal insiste, on cherche à le tuer, à lui faire payer ce meurtre."

    Difficulté

    Avant d'en arriver à ce Pain perdu, Cardinal avait proposé la Phèdre de Racine, qu'il désirait filmer dans des palais et dans les déserts marocains. Seulement la tragédie, fut-elle signée Racine, ça effraie ! Alors…

    "Je connaissais ce jeune auteur qui vit de sa plume en écrivant pour les enfants dans la collection Rouge et Or."

    Et comme on fait découvrir au monde un jeune comédien, un chanteur, un peintre ou un cinéaste, Pierre Cardinal a mis Pelot dans la lumière et en scène ce film plein de tendresse qui a été tourné tout de suite après Saint-Just. Justement à propos de cet ouvrage - si mal servi par son interprète Patrice Alexandre - pourquoi avoir choisi un petit jeune homme si mièvre ? Cardinal en profite pour mettre les i sous les points.

    "C'est vraiment le portrait craché de Saint-Just par David. Et justement, son aspect physique, si l'on se rapporte à Michelet, comptait énormément."

    En somme c'est un peu comme si Jacques Chazot présidait l'Assemblée nationale…

    "Je sais que j'allais totalement à contre-pied, à contre-goût de la parfaite distribution hollywoodienne. Il est évident que Lorenzi est certain de gagner lorsqu'il choisit Marie-José Nat pour jouer Ethel Rosenberg, alors que le rôle devrait revenir à … Sapritch."

    C'est pour éviter cette trop naturelle tendance à truquer les événements, que Cardinal, souvent, additionne comme à plaisir les difficultés. Parfois, aussi, il lui arrive de rectifier son premier tir. Sa version restructurée - pour faciliter les ventes à l'étranger - de Madame Bovary, va pouvoir ainsi repasser à l'antenne en deux fois une heure trente.

    "Je compte de la même manière revoir et corriger Saint-Just, et faire tomber pas mal de séquences."

    Pour l'instant, toutefois, l'unique préoccupation de Cardinal porte sur Les Chênes qu'on abat. Autrement dit, sa version personnelle du livre de Malraux.

    "Il s'agit d'une triple visualisation. J'en ai parlé à Jean-Louis Guillaud. J'ai souligné le risque, mais comme c'était une chose intéressante, j'ai eu le feu vert. A côté du dialogue entre Malraux et de Gaulle, on entendra les commentaires intérieurs du général. Puis ceux de Malraux, dits à tour de rôle par Pierre Vaneck et Pierre Dux. Filmés chacun en énormes gros plans ; parlant pratiquement dans l'œil de l'objectif. Si ça marche, il s'agira d'un nouveau genre d'émissions typiquement télévisuelles. J'espère, je souhaite réussir. En tout cas, je suis passionné…"

     

    Le Républicain lorrain

    30 mars 1977

    Une histoire de vengeance dans un village lorrain

    Adaptée d'un roman de Pierre Pelot par le réalisateur Pierre Cardinal, l'histoire de Pain perdu a pour thème la vengeance. Germaine Delbat, une des vedettes de l'émission, nous en parle.

    "Tourné en 1976, Pain perdu a été pour moi une aventure enrichissante et positive, explique-t-elle, et j'ai été vraiment enchantée de pouvoir participer à cette "entreprise". Il s'agissait au départ d'un excellent roman de Pierre Pelot que j'avais prix beaucoup de plaisir à lire et qui, adapté pour le petit écran, a été un peu modifié tout en gardant naturellement le ton et l'esprit de l'auteur.

    Mon rôle est celui d'une brave femme, la mère des deux frères qui cherchent à se venger. Elle est très malheureuse et brisée par la mort de son premier fils, et est partagée entre son désir de vengeance contre l'assassin de son enfant et la crainte de voir mourir un autre de ses "petits".

    Très simple, elle est avant tout bonne et dévouée. C'est un personnage d'une grande sensibilité qui m'a véritablement enthousiasmée. C'est un type de femme que l'on peut retrouver dans la vie courante et dont la psychologie est extrêmement bien décrite.

    En ce qui concerne le tournage proprement dit, ajoute la comédienne, il s'est passé d'une façon très agréable, dans un site tout d'abord admirable : un petit village très typique, sur la Moselle, d'où l'on voyait vraiment "la ligne bleue des Vosges".

    Pierre Cardinal est quelqu'un de très consciencieux qui sait exactement ce qu'il veut et dirige les comédiens avec maîtrise et talent. Pour Pain perdu, l'auteur, Pierre Pelot, qui possède une ravissante maison dans la région, est venu sur les lieux du tournage et c'était intéressant pour tous d'avoir l'opinion de l'écrivain lui-même.

    J'étais de plus entourée de partenaires fort agréables que je connaissais pour la plupart, et c'est ainsi que cette période de travail en équipe s'est effectuée d'une façon tout à fait charmante, dans une ambiance très chaude, sans aucune espèce de clans. C'était un peu comme une grande famille dont les membres s'entendent à merveille. Il n'y avait aucune scission entre les comédiens et techniciens : une très bonne chose".

    Le Pain perdu

    A l'origine, Le Pain perdu est un roman de Pierre Pelot, dont un autre livre, Les Étoiles ensevelies, avait déjà été adapté à la télévision. L'auteur, qui s'est spécialisé dans la littérature pour la jeunesse et pour l'adolescence, maintenant âgé de 31 ans, vit dans une maison construite de ses propres mains au cœur d'un village des Vosges, Saint-Maurice-sur-Meuse, qu'il prétend n'avoir jamais quitté et où est allé tourner Pierre Cardinal.

    Pierre Pelot dit de son roman : "Ce livre est une fiction que j'ai entièrement imaginée et qui traduit mon malaise dans la société. J'ai voulu poser le problème de la réinsertion sociale des détenus. Dans le roman, Lou Carmaux était doublement inadapté. Il avait vécu la guerre d'Algérie avant son incarcération. A son retour, il prend conscience que sa vie d'enfant est révolue".

    Pour le réalisateur Pierre Cardinal, Le Pain perdu est la tendresse d'un homme pour une femme, à travers un enfant, et c'est aussi la tendresse d'un homme pour un autre homme à travers leurs rêves de jeunesse.

    Ces sentiments, Pierre Cardinal les a traduits en utilisant volontairement un rythme lent et en confiant à des voix off le soin de restituer un passé révolu que l'on voit s'inscrire en belles images sur l'écran.

     

    Dernières nouvelles d'Alsace

    N° 75, 30 mars 1977. Daniel WALTHER

    En marge d'une dramatique de TF 1
    L'écrivain vosgien Pierre Pelot

    Ce soir à partir de 20 H 30 les téléspectateurs pourront suivre sur TF 1 une dramatique réalisée par Pierre Cardinal d'après un roman d'un jeune écrivain vosgien, Pierre Pelot. Le Pain perdu est une œuvre profondément humaine, écrite dans un style simple, direct, chaleureux, vibrant souvent de cette saine révolte qui est comme le levain des récits de l'auteur.

    A l'époque du tournage, nous nous étions rendus chez Pelot, à Saint-Maurice-sur-Moselle, à quelques kilomètres de Bussang, où l'équipe de Pierre Cardinal avait installé ses caméras. Cela se passait au mois de mai 1975 et l'on tournait justement une séquence devant la maison de l'écrivain, perdue entre les arbres et les rochers, au large du village.

    Pierre Cardinal avait déjà adapté pour le petit écran un autre roman de l'auteur, Les Étoiles ensevelies (Éditions de l'Amitié-Rageot), et d'après ce qui nous avons pu voir au tournage du Pain perdu, le réalisateur semble avoir grandement respecté l'esprit du livre. Un livre qui raconte le retour au pays d'un homme jeune encore mais marqué par la guerre d'Algérie et les dix années qu'il a passées en prison.

    Pierre Pelot a longtemps écrit presque exclusivement pour les adolescents, et Le Pain perdu a été publié dans une collection destinée aux jeunes (Grand Angle-Editions GP). Mais il y a quelques années, il s'est mis à produire avec succès des romans de science-fiction dont certains critiquent violemment la société dans laquelle nous vivons, par le biais de l'anticipation. Pelot, qui signe également Pierre Suragne, n'a guère que 31 ans, mais il a déjà publié une soixantaine de romans et toute une série de nouvelles.

    - Je ne fais aucune différence, affirme-t-il, entre les livres pour enfants ou adolescents et ceux dont on dit qu'ils sont destinés aux adultes. Ma politique est de toucher le plus large éventail de lecteurs. Pourvu qu'on ne me colle pas d'étiquette !"

    Si ses deux derniers romans, parus très récemment, sont du domaine de la science-fiction (Fœtus Party, Éditions Denoël et Les Barreaux de l'Eden, Éditions J'ai Lu), il n'oublie jamais ses attaches et quand il raconte une histoire qui se déroule dans ses Vosges natales (comme Le Pain perdu, par exemple !), il trouve toujours le ton juste, le mot qui touche et qui fait vrai. Ses personnages sont souvent des vagabonds, des enfants, des déclassés, des marginaux, et le regard que Pierre Pelot jette sur eux est celui d'un anarchiste au cœur tendre, d'un homme pour qui l'émotion véritable ne peut se vivre qu'à travers le souffle de l'amitié et de la fraternité humaine. La voix de Pierre Pelot, pour rugueuse qu'elle puisse être parfois, est de celles qui ne s'oublient pas.

     

    L'Est républicain

    30 mars 1977

    Le Pain perdu : des images de l'enfance

    "Le pain perdu, c'est les images d'une enfance terriblement lointaine… C'est le temps lointain qu'il ne faut peut-être pas chercher à éveiller. C'est un bouillonnement de violence que la seule présence de Lou va déclencher…", écrit Pierre Pelot, auteur du livre Le Pain perdu que Pierre Cardinal a adapté et réalisé pour TF1.

    Tout ici est nostalgie. Car au-delà de la vengeance très primaire de la famille Millot, au-delà de la violence exercée - incendie de sa maison, bagarres - le film s'attache à montrer les sentiments d'un homme qui revit par la pensée des années de bonheur. Lou Carmaux est devenu un adulte, dix années de sa vie en prison, l'ont définitivement marqué et l'on découvre au fil des images les circonstances de ce qui fut un accident. C'est en défendant Huguette, sa fiancée, qu'il tua un homme.

    Aujourd'hui Lou Carmaux est revenu dans son village, il revoit celle qu'il a aimée, il revoit son enfance… Il revit ses rêves de jeunesse, ceux qu'il poursuivait avec son ami Patte-Folle. Mais son regard a changé, c'est un regard d'adulte plein de nostalgie et de tendresse posé sur ce qui n'est plus.

    Une réalisation de Pierre Cardinal

    Rythme lent, voix off qui restituent sur de très belles images un passé lointain et révolu, scènes de bagarres filmées au ralenti qui évoquent les rêves de deux enfants assoiffés d'aventures et de western, le retour de Carmaux, les sentiments de cet homme blessé sont présentés avec pudeur.

    Pierre Cardinal qui a tourné Le Pain perdu dans les Vosges, dans le village de Saint-Maurice-sur-Moselle où réside Pierre Pelot, met en scène des montagnards enracinés dans une région austère et âpre.

    Pourtant il réalise ici un film tendre et sensible. "Le Pain perdu, dit-il, c'est la tendresse d'un homme pour une femme, à travers un enfant, c'est la tendresse d'un homme pour un autre homme à travers leurs rêves de jeunesse". Pierre Cardinal a choisi volontairement des comédiens peu connus qui se révèlent de très bons professionnels dans des rôles de premier plan, Alain Claessens dont le jeu sobre exprime des sentiments complexes, Jacob Weisbluth, le chaleureux Patte-Folle. Edmond Beauchamp et Germaine Delbat campent merveilleusement un couple de vieux montagnards.

    Quant aux figurants, les habitants de St-Maurice-sur-Moselle qui ont participé au tournage, ils se sont volontiers prêtés au jeu.

    L'auteur : Pierre Pelot

    Pierre Pelot a trente et un ans, il n'a jamais quitté son village des Vosges, où il vit aujourd'hui dans une maison qu'il a lui-même construite.

    Il publie son premier livre en 1966, La Piste du Dakota, après des études de mécanique générale qui se soldent par un échec. Ses romans se succèdent, aventures, fictions, romans policiers, Pierre Pelot écrit essentiellement pour les jeunes et les adolescents. Il recevra plusieurs prix : le prix des treize (1967), diplôme loisirs jeunes 70, le Prix Jeunesse 1971.

    Pierre Pelot écrit beaucoup et s'oriente aujourd'hui vers la science-fiction et les romans d'anticipation, il signe également des nouvelles fantastiques et des feuilletons radiophoniques.

    Le Pain perdu est le deuxième roman de Pierre Pelot adapté à la télévision après Les Étoiles ensevelies.

    A propos du Pain perdu : "Ce livre est une fiction que j'ai entièrement imaginée et qui traduit mon malaise dans la société. J'ai voulu poser le problème de la réinsertion sociale des détenus. Dans le roman, Lou Carmaux était doublement inadapté, il avait vécu la guerre d'Algérie avant son incarcération. A son retour il prend conscience que sa vie d'enfant est révolue…".

    TF 1 - 20 H 30 : Le Pain perdu, d'après le roman de Pierre Pelot.

    Le temps du pain perdu, c'était avant… Avant que Lou ne tue l'un des six frères Millot. De retour dans son village, dix ans plus tard, c'est pour la famille Millot le temps de la vengeance. A la force brutale, Lou oppose une résistance têtue. Pourtant, il reste dans son village, il est revenu trop tard. Huguette est mariée, ce fils qu'il n'a jamais connu, a maintenant un père. Lou sait maintenant que les temps sont révolus. Pour quoi, pour qui rester ? Son ami et lui vont faire leur valise. Pour ces deux marginaux, une nouvelle vie au Canada les attend peut-être…

     

    Var Matin

    30 mars 1977

    Le problème de la réinsertion des détenus

    "Vengeance, ma vengeance sera terrible". Tel pourrait être le titre de la dramatique Le Pain perdu de Pierre Pelot que Pierre Cardinal a adapté et réalisé pour le petit écran.

    Comme l'a écrit Pierre Pelot, "Le Pain perdu, ce sont les images d'une enfance terriblement lointaine ; c'est le temps lointain qu'il ne faut peut-être pas chercher à éveiller. C'est un bouillonnement de violence que la seule présence de Lou Carmaux (le principal personnage de la dramatique) va déclencher".

    Tout dans cette dramatique est nostalgie. Car au-delà de la vengeance très primaire de deux frères dont le but est de "supprimer" l'homme qui a lui-même tué, quelques années auparavant l'un des leurs, au-delà de la violence exercée contre le personnage central, Le Pain perdu s'attache à montrer les sentiments d'un homme qui revit, par la pensée, des années de bonheur.

    Lou Carmaux est devenu un adulte. Dix années de sa vie passée en prison l'ont définitivement marqué et l'on découvre au fil des images les circonstances de ce que fut "l'accident". C'est en défendant sa fiancée qu'il tua un homme.

    Aujourd'hui, Lou Carmaux est revenu dans son village. Il revoit celle qu'il a aimée, son enfance. Il revit ses rêves de jeunesse, ceux qu'il poursuivait avec son seul ami. Mais son regard a changé.

    Rythme lent, voix off qui restituent sur de très belles images, un passé lointain et révolu, le retour de Lou Carmaux, les sentiments de cet homme blessé sont présentés avec infiniment de pudeur. Pierre Cardinal dont on connaît le talent, a réalisé avec Le Pain perdu une dramatique tendre et sensible. "Le Pain perdu, dit-il, c'est la tendresse d'un homme pour une femme, à travers un enfant. C'est la tendresse d'un homme pour un autre homme, à travers leurs rêves de jeunesse".

    Brillamment interprétée par Alain Claessens, Jacob Weisbluth, Germaine Delbat et Edouard Beauchamp, Le Pain perdu est, en définitive, au-delà de toute anecdote, davantage qu'une dramatique, un des grands problèmes de notre société : celui de la réinsertion sociale des détenus.

     

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    31 mars 1977. Gabriel CHAKRA

    TF1. Le retour au bercail

    Le retour au pays offre toujours l'occasion de méditer sur le passé, de "faire le point" avec soi-même comme l'on dit. Si une trop longue absence dissipe les souvenirs en effaçant les images de jeunesse, chaque recoin du paysage, la vision d'une nuée d'oiseaux dans le ciel, procurent cette sensation d'une curiosité redoublée qui est, peut-être, le secret de la sensibilité, du lien physique avec "sa" terre.

    Cette redécouverte du terroir, un film comme Le Pain perdu de Pierre Cardinal, que nous avons vu hier soir sur cette chaîne, lui confère une dimension émotionnelle rare. Dans les Vosges, sous un ciel que l'on devine gris et bas, dans une fine couche de neige, ce personnage qui retourne au bercail est un personnage qui eût pu séduire Jules Renard. Il s'appelle Lou Carmaux. Il vient de purger des années de prison. Motif : avait tué un jeune homme au cours d'une bagarre au pays. Triste retour, car les frères de la victime veulent venger le malheureux.

    On s'est ensuite détendu avec la retransmission du match. La douche irlandaise, quoi !

     

    Page créée le mercredi 19 novembre 2003.