Il recycle les ordures et récupère les cadavres pour fournir aux milliards d'êtres humains qu'il gouverne une ration alimentaire congrue mais égale... Le Saint Office Dirigeant est démocratique. Il placarde les murs de slogans invitant les vieillards au suicide. Il propose aux passants le jeu du Poniachet où vainqueur et vaincu gagnent tous deux la mort... Le Saint Office Dirigeant est fraternel. Il interroge le fœtus dans le ventre de sa mère et, lui montrant le hangar bétonné qu'est devenu le monde, il lui demande s'il désire ou non vivre... Le Saint Office Dirigeant est libéral. Mais qu'en pense, hallucinant, halluciné, dupé et cajolé, le visiteur ? (4ème de couverture, 1977).
Bienvenue ! Bienvenue, cher visiteur ! Dans "la ville" où les fœtus préfèrent mourir plutôt que de venir au monde, le Saint Office dirigeant s'occupe de vous, vous loge, vous nourrit ! Et quels logements ! 16 m2 pour un couple - le luxe. Et quelle nourriture ! Cadavres recyclés, pâtés d'insectes... Bienvenue dans l'apocalypse en pente douce, le futur selon saint Pierre Pelot. Découvrez un monde où l'eau n'est polluée qu'à 70% et où la récompense du jeu le plus populaire est une pilule-suicide. (4ème de couverture, 1999).
Un jour il était né. Bel et bien pris au piège. Sans le savoir.
Un jour il était né et s'était bravement mis à mourir.
Et le monde s'était mis à mourir lui aussi. La terre entière, inexorablement. Trash se disait souvent que l'événement était en rapport étroit avec sa propre naissance. Les preuves étaient là. Au fur et à mesure que Trash avait pris de l'âge, les hommes vivants disparaissaient les uns après les autres. Ne restaient que des ombres, des fantômes grouillants qui se bousculaient, se pressaient dans les rues de la ville. Ils n'avaient pas le moindre but, c'était flagrant. Ils passaient leur mort à errer.
Lorsqu'il ouvrait les yeux, chaque matin, la première chose qu'il apercevait était ce vieux poste de radio, cette boîte, posé sur le rebord intérieur de l'unique fenêtre murée. Cette sacrée fenêtre était déjà murée lorsque Trash avait emménagé dans ce terrier minable - il s'était demandé pourquoi, au début, et puis il s'était dit que devait être à cause des odeurs et des poussières... mais ce pouvait être tout aussi bien pour une autre raison. Ce foutu poste ne lui appartenait pas. Il était là. Oublié par d'anciens locataires, morts en vadrouille qui s'en étaient peut-être servi pour écouter le célèbre jeu du Poniachet.
C'était totalement idiot de la part de quelqu'un, se disait Trash, d'oublier derrière soi un pareil objet. A moins qu'on n'ait viré ces morts de force ? La police, par exemple. Ils avaient peut-être commis...
Trash aimait bien se poser des questions au sujet de ce poste, et échafauder gratuitement toutes sortes d'hypothèses.
Le poste avait l'apparence d'une boîte rectangulaire, en plastique rouge, muni sur le devant d'un cadran rond qui tournait autour d'un axe. On pouvait lire encore le nom des stations. Cet objet datait de plusieurs siècles, à n'en pas douter. Survivant. Témoin muet d'une époque lointaine où il était encore possible d'écouter des émissions radiophoniques à longueur de jour.
A présent, il y avait une station d'État ; elle ne diffusait que les informations pratiques et le foutu jeu de Poniachet. Des amplis installés dans les rues braillaient ce programme, pour Trash et quelques autres - et pour les morts.
Et alors, mon vieux Trash ? Comment va la vie, ce matin ?
Science-Fiction magazine
Mensuel, n° 4, printemps 1977. P. 34, Marianne LECONTE
En commençant cette quatrième page de critiques pour Science-Fiction Magazine, je viens de réaliser un fait extrêmement curieux. Il faut savoir que dans le petit monde de la science-fiction - éditeurs, amateurs, critiques -, on passe son temps à déplorer le mauvais état de la science-fiction française : manque d'hommes (je n'ose même pas parler de femmes!), rabâchages dans toutes les nouvelles de débutants des mêmes thèmes socio-politiques qui dissimulent des idéologies fascisantes derrière un paravent chinois teinté de la bonne conscience d'un gauchisme contestataire, sans jamais prendre la peine de raconter une histoire ni de fournir des idées intéressantes. Suivant en cela le mode de pensée du "ghetto", je déplorais donc, moi aussi, ce manque. Or, au moment de parler des deux derniers romans de Pelot qui sortent ce mois-ci, je m'aperçois que depuis le début de S.F.M., sur quatre numéros parus, j'ai critiqué six romans français, et pas n'importe lesquels, je parle de romans d'excellent niveau : Michel Demuth et ses Galaxiales, Curval et sa Chère humanité, Jeury et son Soleil chaud Poisson des profondeurs, Douay et L'Échiquier de la création, et aujourd'hui les deux romans de Pelot.
Pour une littérature qui se porte mal, six romans de cette veine en l'espace de quelques mois, c'est réconfortant. Le pessimisme n'est plus de mise.
Pierre Pelot est un jeune auteur bouillonnant d'idées, d'une trentaine d'années, ayant déjà publié une trentaine de romans. Les uns au Fleuve noir sous le pseudonyme de Pierre Suragne (dont les inoubliables Mécanic Jungle et Mais si les papillons trichent), les autres dans des collections pour enfants sous son vrai nom.
Soumis à l'école du Fleuve noir, Pelot-Suragne en possédait les qualités et les défauts. Les qualités : le désir fiévreux d'écrire, de raconter, de distraire, de séduire le lecteur. Les défauts : des romans écrits très vite, jetés sur le papier à la hâte, sans les fourbir ni les relire. Mais avec une trentaine de romans derrière soi, on acquiert du métier, Pelot arrive à une charnière de sa carrière d'écrivain. Car voilà que, du fin fond de sa forêt vosgienne où il vit dans sa petite ferme, l'ermite barbu offre à ses idées un support plus soigné et plus digne de son oeuvre.
La première conséquence de cette maturité se traduit par Fœtus-Party : description d'une Terre future rongée par la surpopulation et dirigée par le Saint Office, défenseur du Bien et de l'être humain qui, sous couvert de sauvegarder la morale et l'ordre, a institué différentes façons d'éliminer les gens pour enrayer la surpopulation. L'un de ces moyens consiste à "interroger" les fœtus en gestation car on s'est aperçu qu'ils étaient conscients. On les pousse donc, à l'aide d'une drogue, à révéler leur vie future. Si les rêves du fœtus montrent des pulsions qui risquent d'ébranler la société, crac, on le supprime. On évite ainsi les asociaux et les marginaux, tués dans l'œuf! La leçon de morale de Fœtus-Party est terrifiante, car trop logique : la technologie moderne préserve la vie et repousse les frontières de la mort. Du coup les dirigeants sont obligés de jouer le rôle de la sélection naturelle et d'éliminer les gens. A la fin du roman, l'un des personnages déclare que la vie est un jeu de cartes truquées.
[Suite sous Les Barreaux de l'Eden].
Galaxie
N° 154, avril 1977, pp. 146-150. Philippe CURVAL
[A la suite de la critique des Barreaux de l'Eden, dans sa Petite chronique de nuit, 25] : C'est pourquoi je préfère, de beaucoup, Fœtus-Party. Là, Pelot n'a pas mis son smoking par-dessus son vieux chandail ; il est parti à la va-comme-je-te-pousse, sans mettre en place la grosse artillerie de l'aspirant littérateur. Ici, il travaille au bulldozer (bouteur) et trace une transamazonienne à travers la forêt de l'imaginaire, rejetant çà et là les gros blocs de construction et de syntaxe qui gênent son parcours. D'où l'impression de chantier abandonné que donne ce roman où les mousses et les lianes du rêve partent à l'assaut des chapitres, rongent leurs bords, où le tas de gravats de la réalité témoigne encore du formidable tumulte qui a présidé à son élaboration.
D'abord, il est bon de dire que ce Fœtus-Party est un hommage pur et simple à Tunnel d'André Ruellan. Bien des thèmes y sont repris, ceux du fœtus en sursis dans le ventre de sa mère, des vastes paysages d'ordure où vit toute une faune de marginaux et de la toute puissance de la religion. Hommage, mais non plagiat, car Pelot, s'il reprend ces idées, les attaque de l'intérieur. En fait, contrairement à Tunnel où le héros fœtus jouera à l'Arlésienne, Fœtus-Party raconte les troubles nuits d'avant la gésine.
Fidèle aux données du feuilleton, Pelot, comme dans tous les romans que j'ai lu de lui , applique la technique de l'alternance ; c'est-à-dire qu'il passe d'un personnage à l'autre après de brutales ruptures de chapitre destinées à soutenir le suspense. C'est un moyen violent d'écrire, qui supporte le négligé. Ainsi, sans s'embarrasser de ses arrières, part-il fièrement à l'assaut de son roman. C'est ainsi que nous verrons successivement Gédéon Trash rompre le ban avec la société en se faisant fourgueur de drogue, des candidats s'aventurer dans le jeu du Poniachet qui fait fureur en ce siècle futur, Eva et Mark Lipton se préparer à mettre au monde un enfant malgré les conditions qu'y met le Saint-Office, gérant de la civilisation terrienne. Dans ce monde pollué à en craquer, la place de chacun est précaire. A vrai dire, la planète n'a plus besoin de personne et le fait bien sentir à l'humanité. C'est parce qu'il faut se serrer les coudes que l'autorité religieuse peut imposer ses lois. Jusque dans le choix des naissances.
Malheureusement, et comme il faut reprendre en main le récit qui s'est emballé, s'est gonflé au gré de l'improvisation, Pelot est obligé de s'arrêter soudain sur des dialogues interminables où il explique péniblement au lecteur une masse d'informations qui manquent à sa démonstration. C'est dommage ! Car, dans ce Fœtus- Party qui met en cause un au-delà de la pollution, où les données de l'existence seraient si restreintes qu'elles ne permettraient même pas de rêver à la révolution, il y a une force, un désespoir qui donnent à réfléchir. Si je ne suis pas un fervent de la science-fiction catastrophe, je peux dire que Pelot à les moyens de me la faire aimer, car il sait ajouter aux données de base qu'utilisent habilement les plus futés des tâcherons de la SF, une liberté de ton, une aisance d'invention qui laisse parfois pantois. A travers les conflits qui se trament, l'idée de ce héros fœtus qui cherche à vivre malgré qu'il ne sache pas encore ce qu'est un être humain est une des plus bouleversantes qui soit ; elle donne la véritable dimension de ce roman, sorte de défi désespéré aux sociétés qui nous gouvernent, aux religions qui nous endorment, aux excréments qui nous recouvrent et, sous un pessimisme plus noir que la fumée, Fœtus-Party rend bien compte de cet absurde désir de naître que nous ressentons malgré la finalité dérisoire de notre vie.
Vous allez sans doute penser que je terminerai cette courte analyse des romans de Pelot par un petit couplet moralisateur et paternaliste en conseillant à un jeune confrère de travailler un peu plus pour accéder au Parnasse. Eh bien non ! Si j'ai fait des réserves, qui me sont toutes personnelles, sur l'aspect un peu bâclé des Barreaux de l'Eden et de Fœtus-Party, ce n'est pas une raison pour en nier l'intérêt. Et si Pelot veut continuer à suragner, pourquoi l'en dissuaderais-je ? Il y a des amateurs pour toute oeuvre qui s'élève au-dessus du lot et tout le monde n'a pas les mêmes exigences ; certains préfèrent l'escalade des idées à la plénitude formelle - bien que l'un empêche melba. Alors ?
Le Point
18 avril 1977. Jean-Patrick EPSTEIN
Après guerre.
Les jeunes écrivains de SF s'intéressent aux techniques néo-fascistes. Pierre Pelot, 31 ans, soixante-dix romans, décrit une société d'après guerre en pleine pénurie. On décourage les enfants à naître par communication directe avec le fœtus. On promet aux citoyens un dialogue avec les morts.
Le Magazine littéraire
N° 125, juin 1977. Antoine GRISET, p. 58
Venons-en aux Français, qui sont heureusement toujours fidèles au rendez~vous, et de plus en plus variés. Ce mois-ci, c'est Pierre Pelot, avec deux livres. Pelot n'est pas un débutant exactement, puisqu'il se "fait la main" depuis quelques années déjà en signant au Fleuve noir (sous le pseudonyme de Suragne), des romans qui, dans les pires des cas, ont toujours quelque chose qui retient l'attention. Il fait paraître chez Denoël : Fœtus-Party, un roman très court, écrit au galop, mais dont l'idée centrale est assez fascinante. Le monde qu'il décrit n'est pas d'une gaieté folle ; c'est celui de l'hyper-sécurité sur une terre écologiquement épuisée, avec tout le réseau de contraintes et de discipline que cela suppose. Inutile de révéler la trame, il faut la découvrir en le lisant. C'est un excellent suspense.
Rock & Folk
N° 125, juin 1977. Marjorie ALESSANDRINI
Il faut lire deux récits angoissés prenant pour thème le devenir de l'humanité.
Dans Fœtus-Party, la surpopulation a atteint son point limite, à tel point qu'on recycle les ordures et qu'on encourage les candidats au suicide, tout en pratiquant un moyen de contrôle des naissances d'une cruauté peu commune…
Et Hier, les Oiseaux parle de la mort de l'humanité, devenue stérile à cause de la pollution, de la guerre atomique, etc., et de sa renaissance future. Ce sont deux visions assez terrifiantes d'un avenir, après tout, possible… Demandez aux écologistes ce qu'ils en pensent !
La Gazette
2-3-4 juin 1977. Pierre DESCAMPS
Fœtus-Party décrit la Terre, vingt-sept siècles après Jésus-Christ. Quinze milliards d'hommes y sont soumis au contrôle du Saint Office Dirigeant. Il recycle les ordures et récupère les cadavres pour servir une ration alimentaire aux êtres qu'il gouverne. Le Saint Office est démocratique. Il placarde sur les murs des slogans invitant les vieillards au suicide. Il propose aux passants le jeu de Poniachef où vainqueur et vaincu gagnent tous deux la mort. Le Saint Office est fraternel. Il interroge le fœtus dans le ventre de sa mère et, lui montrant le hangar bétonné qu'est devenu le monde, il lui demande s'il désire ou non vivre. Le Saint Office est libéral. Cependant, un certain Visiteur, officiellement reçu par les autorités et qui découvre cette planète surpeuplée et mécanisée, est kidnappé par des inconnus qui l'emmènent dans un champ d'ordures où des marginaux vivent en clans, luttant contre le totalitarisme du Saint-Office. C'est là que le lecteur, stupéfait, découvre la véritable personnalité du Visiteur…
L'Alsace
10 juin 1977
Pierre Pelot est Vosgien. Il a 32 ans. Il a déjà publié plusieurs livres, notamment sous le pseudonyme de Suragne au Fleuve Noir. Fœtus-Party est le cauchemar d'une terre du 27° siècle où vivent 15 milliards d'hommes. Un livre bien écrit, mais qui inévitablement fait penser à Soleil vert. L'idée, ici, est de déterminer si un fœtus mérite de vivre : l'examen prénatal effectué sur les femmes enceintes permet de savoir comment se comporterait le bébé puis l'adulte. En fonction de quoi la Société décide s'il doit naître ou non.
Crytik
N° 2, novembre 1977, M.J.C. Vandoeuvre. Pages 18-19
Encore un univers illusoire, rêvé par un fœtus. Petite anti-utopie sans prétention. Pourrait mieux faire, c'est vrai quoi. Moyen, et je n'suis pas carne.
Présence du futur : catalogue analytique
1978
Sur une des idées les plus saisissantes qu'ait inspirées la science-fiction française contemporaine, un roman hallucinant et halluciné - celui d'un monde où l'on interroge le fœtus dans le ventre de sa mère pour savoir s'il a ou non envie de vivre - par un jeune auteur original et fécond.
L'Année 1977-1978 de la Science-Fiction et du fantastique
Présentée par Jacques Goimard. Paris : Julliard, 1978. J.-P. F., p. 207
L'histoire : Sur une Terre surpeuplée, dirigée par le Saint Office, les gens mènent une vie parfaitement programmée et les couples disposent de trois tentatives pour procréer, sous réserve que le fœtus, psychiquement stimulé, manifeste le désir de vivre.
A notre avis : Pierre Pelot démontre une fois de plus qu'il est le chantre de la stratégie de l'erreur. Les personnages, les décors, sont les ingrédients d'un théâtre où se joue la seule pièce qui n'admet pas de tricherie : celle de la vie et de la mort.
Le Sommeil du chien
Roman de Pierre PELOT, Kesselring éditeur, décembre 1978. Daniel WALTHER, p. 215
Si j'étais "marquis" jusqu'au ongles, je dirais que je suis légèrement emmerdé pour parler du bouquin de Pelot intitulé Fœtus-Party… Pour la bonne raison que c'est moi qui ai conseillé à Pierre ( au temps où j'avais encore vaguement quelque chose à dire dans la SF française !) de l'envoyer à Denoël. Si je m'en souviens bien, c'est même moi qui ai expédié le paquet vers Paname. Vous allez penser que je me vante, que je commence à devenir vieux et con, mais c'est pourtant vrai que quelques-uns, parmi les auteurs français dont on cause, me doivent un service ou un autre. C'est comme ça, je n'y puis rien, j'aime bien aider les gens…
Passons, je n'ai plus grand-chose à perdre.
Vous pensez bien que si j'ai envoyé le paquet contenant le manuscrit de Pierre qui était alors Suragne, c'est parce que je le trouvais bon. Bon, mais un peu court. Un peu trop ramassé sur la fin, mais drôlement bien ficelé malgré tout. Je crois bien que ce fut le premier SF signé Pelot (si l'on excepte les deux très bons récits "pour jeunes" parus chez Hatier-Rageot : Pour une autre Terre et L'Île aux Enragés…) Si vous voulez, c'est un roman-chrysalide : Suragne/Chenille allait devenir Pelot/Papillon.
Dans ce roman bref comme un coup de poing au creux de l'estomac, Pelot décrivait une civilisation encore plus sympathique que celle dans laquelle nous survivons, cernée par l'ordure et dirigée par des ordures. Anonymes bien sûr, toutes les ordures en question. Un univers de la superprogrammation où les fœtus eux-mêmes sont estampillés par le pouvoir.
Et Pierre se demande : "Que reste-t-il à l'être "humain" qui vit dans un monde où le Saint-Office interroge les bébés dans le ventre maternel, où les rebelles s'incrustent dans les décharges urbaines, où les drogues enkylosent les cerveaux ?"
Un gentil petit cauchemar cousu-main, comme Pelot et moi les aimons…
Évidemment, il n'y avait pas encore dans ce livre parsemé de réminiscences toute la force de ce qui fait maintenant la thématique Pelot, mais il contenait de belles promesses qui se sont concrétisées depuis.
Mais vous connaissez la suite…
Catalogue des âmes et cycles de la S.F.
Stan BARETS. Paris : Denoël, 1981, nouv. éd. rev. et augm.- (Présence du futur; 275). Page 224
La société que dirige le Saint Office récupère les cadavres, recycle les ordures. Gère, en un mot. On pousse même la sollicitude jusqu'à interroger les fœtus encore dans le ventre de leurs mères...
Actualquarto
Association pédagogique pour l'étude et la diffusion de l'actualité, Gerpinnes, Belgique, N° 13, 17 décembre 1981. Louis PIETERS
Fœtus Party, roman d'anticipation de Pierre Pelot, imagine que le téléguidage fœtal ne sera qu'un aspect du futur assassinat collectif d'État.
Pelot, le rebelle
Retiré dans ses Vosges natales, Pierre Pelot hait notre société industrielle de consommation. Observateur implacable, imaginatif fécond, visionnaire généreux, il ne cesse de dénoncer les abus des pouvoirs, de créer des marginaux contestataires et solitaires dont il épouse le point de vue : c 'est un éveilleur de consciences (p. 26).
Son tempérament, sa sincérité, sa ténacité, son écriture virile, imagée et bien typée devraient lui ouvrir une audience beaucoup plus largement adulte qu'elle n'est. Entre autres romans, recommandons vivement les Dylan Stark, Les Étoiles ensevelies, Le Cœur sous la cendre et Le Ciel fracassé, Le Pain perdu et La Drave.
Labyrinthe de cauchemars
Six récits s'entrecoupent, se superposent, s'interrompent, se confondent dans Fœtus-Party. Déroutante, cette trame dans laquelle se perd le lecteur renforce puissamment le malaise provoqué par ce roman qui débouche sur une surprise hallucinante. Pour ne pas trahir l'intention littéraire de l'auteur, le résumé sera incomplet et emmêlera les faits :
Célibataire, donc stérilisé, Gédéon Trash, renégat de sa société tyrannique vend en fraude la drogue permettant aux couples de s'opposer à la "fœtus party"… Chaque jour, le jeu unique d'État offre au gagnant qui le représente la mort douce. Le vaincu perd la vie ; ce jour-là, il se rebelle…
Mark et Eva achètent la drogue de Trash : ils veulent réussir leur troisième et dernier essai permis d'enfantement : résister à l'obligatoire "fœtus party"…
Nature absente. Béton dominant en taudis, quinze milliards d'humains sous-alimentés par ordures recyclées et vieillards "invités" au suicide… Ross, appelé Visiteur, guidé par un représentant du Saint Office Dirigeant, n 'a pas de passé. Dans un parc en réserve, on l'enlève, on lui affirme qu'il se nomme Jent ; à travers un immense champ d'immondices, contre rats et marginaux solitaires dangereux, on veut le ramener au Clan-Mère… Deux franges du Saint Office Dirigeant, cependant,...
Impasse fatale ?
Le monde de 2700 qu'imagine Pierre Pelot ne sera, selon lui, que la conséquence logique du nôtre par notre Grand Gâchis (surpopulation, chômage, nature amenuisée, air pollué, sous-alimentation…), le Pouvoir politique devra devenir totalitaire et anonyme (réglementation des naissances, invitation à la mort, information monopolisée, loisir unique organisé,...) ET LA SCIENCE L'AIDERA (police efficace, drogue, anéantissement de la pensée et de l'imagination, médecine assassine, ...) ; PARADOXALEMENT, IL CONDUIRA A LA MORT AU NOM DE LA SURVIE !
Seul le soupçon pourra réveiller l'individu, mais l'égoïsme sera allié du Saint Office Dirigeant, par ailleurs trop fort !
Précédent célèbre à (re)lire
En 1932, Le Meilleur des mondes d'Aldous Huxley avertissait nos aînés. Alors qu'il suggérait, recourant au Sauvage et à Shakespeare si honoré, de changer nos conceptions de vie, on ne l'a pas écouté : nous vivons (presque) ce roman dont il situait l'action en 2050 ! Il en fallait donc un autre, qui poussât au paroxysme du noir absolu notre vie en perdition : écoutera-t-on Pierre Pelot ?
(Suit un extrait des pages 128-130).
Présence du futur : catalogue analytique
1990, 1992, 1994
Démocratique et libéral, le Saint Office Dirigeant montre à l'enfant à naître le hangar bétonné qu'est devenu le monde et lui demande s'il désire réellement vivre. La réponse est parfois "Oui". Dans ce monde sympathique, un certain Visiteur, officiellement reçu par les autorités, est kidnappé par des marginaux…
Totalitarisme et pollution. Zone béton. Critique sociale. Auteur moderne.
Page créée le samedi 25 octobre 2003. |