La guerre de Sécession s'achève. La "reconstruction" commence, difficile et chaotique. Deux mille tête de bétail quittent les pâturages secs de l'Arkansas du Sud pour le Pays de l'herbe verte du Nord-Dakota.
Parmi tous ces sudistes vaincus, Brad le nordiste et son compagnon indien, Attowack, prennent la Piste du Dakota pour conduire cette transhumance infernale et rentrer au pays. Cette chevauchée extrême, dans des paysages grandioses, est rendue plus périlleuse encore par les pièges que leur réservent la nature et les hommes, sans parler de ce bétail qu'un rien rend fou. Pierre Pelot, du haut de ses dix-neuf ans, nous donne une belle leçon d'humanité. La Piste du Dakota plaide en faveur de la fraternité, de l'Aventure et de l'Amitié avec un grand A. (4ème page de couverture, 1999).
L'homme était grand. De son visage noyé dans l'ombre d'un stetson noir, on ne voyait qu'une bouche aux lèvres rouges et charnues, un menton volontaire où la poussière se mêlait à une barbe drue, couleur de charbon. Il était vêtu d'une chemise qui avait dû être noire avant que le soleil et la sueur ne la décolorent, et d'un pantalon de toile grise élimé aux cuisses et aux genoux. D'une main souple, il tenait les rênes de son cheval.
A première vue, l'homme ressemblait à un vagabond, un tramp. Ses bottes de cuir brun, calées dans les étriers, étaient recouvertes de poussière et les plis du cou-de-pied tranchaient sombrement. Son coude gauche reposait sur la crosse d'un colt dormant dans l'étui de sa ceinture d'armes ; sa main droite pendait, accusant par de petits soubresauts les inégalités de la piste et la marche du cheval.
Des nuages de poussière rouge naissaient régulièrement sous les sabots de l'animal pour s'enfler, grandir et mourir dans l'air chaud que ne brassait aucun souffle de vent...
Le soleil était rouge quand l'homme arriva en vue de Little Rock. Il avait gravi une colline semée d'orties et de mûriers jaunis et, à présent, du sommet de coteau, il voyait la ville étalée à ses pieds. Son ombre s'étirait longuement en direction du bourg, comme pressée d'y arriver.
"A mon père ".
L'Est républicain
29 mars 1966
Saint-Maurice-sur-Moselle.- Au fil de l'Agne.- Les livres de Pierre Pelot, notre écrivain "fremi", commencent à sortir en librairie. Après des années de documentation, Pelot s'est spécialisé dans les livres d'aventures de l'époque des Sioux et des cow-boys. On peut trouver chez Toto sa première œuvre : La Piste du Dakota. Et l'auteur annonce la sortie prochaine de son troisième livre. De quoi pour la jeunesse de vivre quelques heures mouvementées en compagnie des shérifs et des outlaws de l'Arizona.
Littérature de jeunesse
Bruxelles, [1966]. J. S.-G.
Au retour de la guerre de Sécession, Brad Heart rejoint sa femme et son ranch en convoyant un troupeau de deux mille bêtes qu'il s'agit de conduire de l'Arkansas jusqu'au Dakota du nord. En compagnie de son ami l'indien Attowack, il doit faire face non seulement aux immenses dangers de la route, du climat, du troupeau susceptible d'être pris d'une panique meurtrière, des Sioux qui convoitent le troupeau, mais aussi à la haine implacable que lui a vouée un certain Cudgel. Du voyage de l'immense troupeau avançant péniblement à travers des terres sauvages se dégage une sorte de poésie rude qui impressionne le lecteur. Les cow-boys apparaissent ici sous un aspect réaliste et intéressant. L'œuvre est pleine de chaleur humaine et au sein des meurtrières rivalités, l'accent est mis sans cesse sur la nécessité de l'entente entre les hommes. L'amitié y paraît d'autant plus solide peut-être que peu démonstrative entre ces hommes rudes. Certes, le colt parle souvent et haut... mais en fin de compte, ce sont des qualités de ténacité, de sang-froid, de fidélité qui triomphent même quand les hommes sont au bord de la folie. L'œuvre est trop dure pour pouvoir être lue par des lecteurs très jeunes et par ceux qui seraient anormalement impressionnables. A partir de 14 ans, c'est une lecture tonique, vivifiante, où le documentaire et même un brin d'humour ont une place.
L'Humanité
3 février 2000. Fabrice LANFRANCHI
L'homme qui racontait des histoires
Choisir quelques livres dans l'œuvre de Pierre Pelot est une tâche impossible. Il en existe trop. Le trop, ici, est à prendre dans le sens positif, celui de l'excès, celui de la démesure, comme le "trop de notes dans Mozart" lâché par un Salieri dépité. Désolé, Pelot cavale haut et fort et si son imagination arpente les landes de notre enfance pour bondir sur nos terres d'adultes jamais complètement remis, tant mieux. Si parfois le petit monde littéraire parisien préfère encenser l'anorexie de récits pingres dont seul l'ego flirte avec les superlatifs tant pis. Merci alors au calendrier éditorial de lancer, en ce début d'année, quatre nouveaux titres signés par le Vosgien barbu.
[Les trois autres romans sont : Avant la fin du ciel, L'Ombre de la louve, Natural Killer]
Enfin, une rareté rééditée par les éditions Pétrelle, La Piste du Dakota le premier bouquin signé Pelot qui vit l'encre en 1966. Un western grandiose où l'on croise les ombre de Shane, l'homme des vallées perdues, de John Ford et le talent déjà palpable d'un homme qui toujours ne fera que raconter des histoires.
Page créée le dimanche 5 octobre 2003. |