L'Affaire du collier d'Irène

 
  • Éric Verteuil
  • 1976 | 7ème roman publié
  • Policier |
 

Date et lieu

Au milieu des années 1970, dans les Landes et à Paris.

Sujet

Une très habile machination. Un collier de diamants et d'émeraudes. Un meurtre diabolique. Un très beau garçon rencontré sur une plage.

Une jeune femme qui passe par hasard. ... Et Irène. (4ème de couverture, 1976).

 

Éditions

Couverture de Michel Gourdon.

  • 1ère édition, 1976
  • Paris : Fleuve Noir, IV/1976.
  • 18 cm, 219 p.
  • Illustration : Michel Gourdon (couverture).
  • (Spécial police ; 1291).
  • ISBN : 2-265-00187-2.
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    Première page

    Irène referme sans bruit la porte de sa chambre, descend l'escalier rapidement et accroche sa clef au tableau.

    - Toujours matinale, mademoiselle Delile, dit la patronne de la pension "Les Pins" en lui adressant un sourire commercial.

    - C'est la meilleure heure pour se baigner.

    - Vous avez bien raison, répond-elle sans conviction.

    Elle regarde la jeune femme s'éloigner et hausse les épaules. Décidément, elle ne comprendra jamais l'engouement immodéré de ses clients pour la natation, surtout au mois de septembre. Elle a ménagé un jardin rempli de fleurs qui donne sur la forêt landaise et elle est toujours surprise de constater que la plage lui est préférée.

    Irène monte dans sa vielle 2 CV qu'elle a garée sur un terrain caillouteux pompeusement appelé "parking de l'hôtel" et démarre aussitôt. A quelques kilomètres, elle a trouvé un coin désert, les rares touristes de septembre préférant rester sur la plage près des commerçants.

    Elle range sa voiture à l'ombre d'un pin et se dirige vers l'océan ; comme d'habitude, il n'y a personne. Elle se déshabille et s'allonge entièrement nue sur sa serviette de bain. Elle regarde avec satisfaction son bronzage naissant ; elle sait qu'elle est plutôt jolie avec ses cheveux blonds qui tombent sur les épaules. La quarantaine qui approche - elle a trente huit ans - ne l'effraye pas ; depuis longtemps, elle a renoncé à se remarier car les aventures qu'elles a eues n'ont jamais été jusqu'à cet aboutissement et elle en a pris son parti.

    Elle saisit une poignée de sable entre ses doigts et le fait couler lentement sur ses jambes ; brusquement, elle se lève pour faire un peu de gymnastique. Apres quelques mouvements, elle croit sentir une présence derrière elle, se retourne trop vivement et trébuche. Elle ouvre la bouche pour reprocher à l'intrus son indiscrétion mais s'arrête éblouie : que cet homme est beau ! Son corps musclé est intégralement bronzé, ses yeux bleu clair, ses cheveux blonds donnent un charme inexprimable à son visage viril… et il ne cherche pas à dissimuler l'émoi dans lequel il se trouve. Elle est comme fascinée…

    Il s'approche, la caresse et murmure :

    - Nous sommes au paradis terrestre, vous êtes Eve et…

    Elle ne l'écoute plus, ne le voit plus.

    Longtemps après, il l'aide à se relever et l'entraîne vers la mer. Tout en nageant, il la caresse, glisse le long de son corps, lui fait perdre encore la tête. Elle ne se reconnaît plus, elle qui se flattait de ne jamais céder à un homme si elle n'était pas sûre de ses sentiments.

    C'est seulement en fin de matinée qu'il lui dit :

    - Je m'appelle Jean-Yves Lorrain.

     

    Revue de presse

    La Liberté de l'Est

    Novembre 1976. Bernard VISSE

    Deux auteurs, une signature

    Ou quand le roman policier se met au vert dans les Vosges

    Un jeune séducteur sur une plage landaise... Une jeune femme qui passe par hasard sur les Champs-Élysées... Un meurtre diabolique... Une ingénieuse machination... Les amateurs de romans policiers sont tenus en haleine tout au long de L'Affaire du collier d'Irène, le dernier polar d'Eric Verteuil.

    Certains de nos lecteurs se souviennent peut-être du Drame de chez Maxime, de La Mémoire rongée, de Fascinée ! (thème du dédoublement de personnalité : le personnage principal a une vie incaïque et une autre au XX° siècle !), de Au bout... la Mort...

    Le lecteur vosgien a pu être intéressé par le suspense de ce dernier titre qui a pour cadre... les Vosges ! L'action se déroule en effet près de Vagney, dans un endroit très sauvage : le Houé.

    Pour ne faire aucun suspense, quant à nous, il faut vous dire que sous ce nom se "cachent" deux jeunes quinquagénaires : Alain Bernier et Roger-Louis Maridat, et que le premier de ces joyeux lurons a de solides attaches vosgiennes. Son père étant Angevin et sa mère Romarimontaine, il passait, jeune encore, chaque été dans la maison de famille, rue de la Paltrée, et adorait pérégriner à bicyclette ou à pied avec une équipe de joyeux Romarimontains et Val-d'Ajolais. Il animait alors, avec Simone Bitterly et d'autres, une revue ronéotypée intitulée Jeunesse. Alain Bernier a gardé ainsi - 30 ans plus tard - des souvenirs impérissables de ses longues randonnées sur les hauts de Saint-Maurice, sur les chaumes du Drumont et de Rouge-Gazon... Il a d'ailleurs écrit seul un premier livre (D'une pierre... deux corps, sélectionné pour le Grand Prix de Littérature policière) dans lequel des scènes entières se déroulaient dans une maison isolée de la forêt du Fossard, et tous ses textes ou presque décrivent les torrents, les eaux vives et les gorges qui ont tant marqué sa jeunesse.

    Alain Bernier et Roger-Louis Maridat travaillent en collaboration depuis 1963, et le polar (un genre qui a ses lettres de noblesse, quoiqu'en pensent certains) est leur plus récente aventure. Ils ont écrit de nombreuses pièces radiophoniques (une bonne trentaine, certaines traduites en allemand), puis des pièces parodiques pour le café-théâtre ou le théâtre (La Grande berline, qui s'est jouée 150 fois à Paris puis à Tokyo, Dernier tango dans la jungle, Nid d'espions, Safari dans un placard, toutes au Sélénite ou au Théâtre La Bruyère).

    Leur livre Les Ineffables de La Fontaine, illustré par Piem, a obtenu le prix de l'humour gaulois 1972. Ils ont publié plus de 200 nouvelles humoristiques, policières ou étranges, dans divers journaux ou magazines...

    Généralement, c'est Alain Bernier qui écrit, après qu'ils aient imaginé une intrigue, et Roger-Louis Maridat lit, se gausse, discute, sabre, modifie : au foisonnement de l'un correspond la grande rigueur de l'autre. Le résultat est probant : l'intrigue est ficelée de manière diabolique ; le suspense est garanti avec un brio extraordinaire jusqu'à la dernière page ; la phrase est courte, nerveuse, efficace.

    L'un est publiciste, l'autre dans la recherche. Ils vivent à Paris, mais écrivent toujours le week-end, dans leur maison de campagne normande. Écrire est véritablement leur seconde vie, et ils s'y adonnent joyeusement. Il n'y a qu'à lire leurs textes, voir certains de leurs titres... En parlant de titre, voici une petite nouvelle en exclusivité : le prochain roman d'Éric Verteuil, intitulé Liliane et son odyssée sortira début mars... et son action se déroule à Remiremont !

    Sous la signature de cet auteur bicéphale, le roman policier a trouvé un souffle authentique et original. Gageons que le commissaire Varlet (qui en est à sa seconde enquête avec cette Affaire du collier d'Irène) connaîtra une très brillante carrière...

     

    Page créée le dimanche 7 décembre 2003.