Quelle serait votre réaction si vous receviez une lettre anonyme vous disant : "Je n'ai l'âme ni d'un détective, ni d'un juge, je ne me soucie ni du bien ni du mal, j'écris... et j'écris le récit de votre mort. Car le point final de cette histoire sera votre assassinat". Régulièrement, Myriam Marèze va donc connaître les préparatifs du meurtre dont elle sera la victime.
De jour en jour, le filet se resserrera sur la malheureuse, terrorisée, impuissante. Pour quelles raisons ne peut-elle réagir ? Pourquoi son mari devient-il un inconnu pour elle ? Comment va-t-elle mourir ? Autant de questions que le lecteur se posera en lisant les péripéties de ce crime parfait dans une ambiance de suspense angoissant. (4ème de couverture, 1959).
La petite histoire... Une partie de l'intrigue se déroule dans le massif du Fossard, près de Remiremont, dans les Vosges.
Myriam s'était assise dans le grand fauteuil près de la radio ; elle avait pris un livre, l'avait reposé sans l'ouvrir, avait cherché le programme des émissions, repoussé un vase puis s'était levée pour marcher sans but à travers la pièce.
Pierre venait de sortir, il reviendrait dans dix minutes car il le lui avait dit… et n'était-il pas toujours exact ? Il ne restait donc à Myriam que quelques instants pour retrouver son calme. Il lui fallait d'abord tenter de raisonner : ce n'était pas possible que Pierre "sache". Personne ne pouvait être au courant. Il y avait seulement eu une coïncidence, durant le dîner Pierre avait parlé sans se rendre compte de ce qu'il disait ; elle était alors devenue livide mais avait eu le courage de se diriger lentement vers la cuisine, de se ressaisir et de revenir souriante, en apportant le dessert.
Maintenant, elle était à bout et avait peur de se trahir au retour de son mari. Fumer la calmerait peut-être, elle prit une cigarette, la porta à ses lèvres puis la reposa brusquement. Pierre savait qu'elle ne fumait jamais, l'odeur de tabac l'étonnerait et il se poserait des questions, or cela il ne le fallait pas. Elle courut à la cuisine pour la jeter à la poubelle mais s'arrêta net au moment de lever le couvercle. Depuis une semaine, son mari qui avait décidé de fumer moins qu'auparavant tenait une comptabilité méticuleuse de ce qu'il fumait. Elle revint donc précipitamment dans le living-room et remit la cigarette dans l'étui que Pierre avait ouvert avant de sortir. Comme il n'avait pris qu'une seule cigarette, il aurait remarqué l'absence de la seconde et l'aurait interrogée. Elle respira avec soulagement, ferma les yeux un instant, regarda autour d'elle, posa à nouveau son regard sur le paquet… et vit les traces de rouge à lèvres au bout de la cigarette. En tremblant elle la prit dans ses mains et essaya d'enlever avec son mouchoir la couleur tenace, mais comme elle n'osait pas trop frotter, ses efforts demeurèrent vains. Elle la remit à l'envers en espérant que Pierre qui, la plupart du temps fumait en lisant, ferait un geste machinal et ne remarquerait rien.
Elle regarda sa montre, Pierre aurait déjà dû être de retour.
Le Petit Matin
Tunis, 29 mai 1959. Michel B. COSEM
Alain Bernier dont il semble que ce soit là le premier roman a écrit un remarquable suspense, D'une pierre deux corps. Dommage que ce titre ne traduise pas mieux l'obsédante aventure de cette jeune femme qui chaque jour reçoit en feuilleton le récit de sa mort. Celle-ci interviendra comme prévu dans un petit village des Vosges. Les médecins diagnostiqueront une simple crise cardiaque. Mais le lecteur qui a assisté à l'angoissante période qui précède sa mort saura que c'est faux. Ce livre est implacable, dirai-je même intenable. Soutenu par un style excellent, il plaira beaucoup aux amateurs de suspense.
L'Aurore
Juin 1959. Maurice-Bernard ENDREBE
Une jeune femme, ayant un drame sur la conscience, reçoit par la poste un feuilleton manuscrit qui, tout en lui relatant des faits connus d'elle seule, lui annonce sa mort prochaine. Plus Myriam croit fuir la menace et plus celle-ci paraît se rapprocher, la plongeant dans une terreur indicible. A la vérité, depuis la révélation du tandem Boileau-Narcejac, il ne m'avait pas été donné de lire un auteur français ayant un sens aussi aigu du suspense.
Le Courrier de l'Ouest
30 octobre 1959. F.D.
Un policier ne se raconte pas. Disons simplement qu'il est de ceux qui vous tiennent éveillés jusqu'à la dernière page quelle que soit l'heure. Disons aussi que la formule en est extrêmement originale puisqu'un second roman est inclus dans le roman, un peu à la manière de certaines comédies, où une comédie se joue dans la comédie. C'est très ingénieux et si on se prend parfois à ne plus bien savoir où s'arrête et où reprend le roman du roman, ce n'est qu'une attraction supplémentaire et l'effet de suspense est soigneusement maintenu jusqu'à la dernière ligne.
Page créée le dimanche 7 décembre 2003. |