Virgules téléguidées

 
 
 

Date et lieu

De septembre 1865 à février 1866.

Sujet

Minuit en Larzac, France-Europe. Une fois de plus, la radio a diffusé le communiqué. "Manœuvres exceptionnelles de l'U.F.A.M. (Union des Forces Armées Mondiales). Frontières fermées. Black-out sur tout le pays. On court de grands risques si on ne suit pas les consignes à la lettre. Chacun doit rester chez soi. Interdiction de sortir, pour une période qui ne doit pas excéder quelques jours."

- Allez vous faire foutre ! bougonne Jean-Charles Duhoques. Et il accélère. Il file droit dans l'épouvante et l'horreur. (4ème de couverture, 1980).

 

Édition

Couverture : Anonyme / Vloo, Young Artists.

  • 1ère édition, 1979
  • Paris : Fleuve Noir, I/1980 [impr. : 20/12/1979].
  • 18 cm, 215 p.
  • Illustration : Anonyme / Vloo, Young Artists (couverture).
  • (Anticipation ; 970).
  • ISBN : 2-265-01219-X.
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    Première page

    La sueur était progressivement venue au front de Léridan, avec les rides soucieuses creusées dans la peau brune. Du dos de la main, il essuya cette moiteur luisante, s'efforçant de rendre le geste machinal. Ses doigts tremblaient, trahissant sa nervosité. Entre le pouce et l'index, Léridan saisit le mégot humide collé au coin de sa lèvre inférieure ; il considéra longuement le papier jauni, noirci, avant d'effriter le tabac gorgé de salive. Puis il essuya ses doigts sur son pantalon de velours rude. Il dit :

    - Je ne te crois pas, Juan-Majin.

    Juan-Majin prit un air ahuri, qu'il conserva quelques secondes, avant de pousser un long soupir et de hausser les épaules, fataliste. "Si tu ne me crois pas, Léridan Jorgue, c'est ton affaire, et je n'y peux rien."… Voilà ce que signifiait son attitude. Il jeta un coup d'œil du côté de Mueppe Dalavio, son éternel complice, mais ce dernier regardait ailleurs, en direction du troupeau de chèvres sur la pente encore jaune, et sèche, qui plongeait vers le village.

    Juan-Majin était de ce genre de types interminables, qui donnent l'impression de se plier en six ou sept lorsque, tout simplement, ils s'assoient. Pommettes saillantes et joues creuses, avec une dentition chevaline, des yeux d'un noir total profondément enfouis dans leurs orbites, le cheveu raide et dru, la peau des mâchoires bleuissante sous la barbe, même fraîchement rasée.

    Juan-Majin haussa encore les épaules, puis il tira de sa poche de chemise un paquet de cigarettes toutes faites : un paquet de papier joliment coloré, rouge et blanc, avec des lettres dorées et un sur-emballage de cellophane transparent soigneusement découpé à une extrémité. (Des cigarettes achetée en ville par Enrique Bastèle, certainement.)

    Mueppe Davalio et Léridan regardèrent sans mot dire Juan-Majin qui extirpait précautionneusement une cigarette du paquet, la pinçait entre ses lèvres. Juan-Majin rempocha le paquet rouge et blanc, sans l'avoir présenté aux deux hommes assis sur le petit muret de pierres sèches.

    - Demande à Mueppe, alors, dit-il. (La cigarette s'agita tandis qu'il parlait ; il ne semblait pas avoir l'intention de l'allumer, comme s'il voulait la faire durer.) Demande à Mueppe si je mens.

     

    Épigraphe

    C'est fini le bon temps où l'armée était uniquement le refuge des esprits de troisième ordre. Voilà qu'au sein de cette Grande Famille, les fous, les déments grimés et maquillés, se carrent le cul dans les fauteuils de premier rang. Voilà qu'ils ont pris position dans le trou du souffleur.

     

    Revue de presse

    A&A infos

    N° 44, 25 février 1980, ronéoté. Francis VALERY, page 7

    On l'attendait, le retour de Suragne au Fleuve noir! Mais on est déçu tout de même.

    Bien sûr, c'est fort joliment écrit, les personnages sont vivants, multiples, proches du lecteur. C'est du Pelot, pas de problème. Beau à souhait.

    Mais l'intrigue est bien légère, et tant de pages (certes agréables) pour en arriver là...

    Un poil nouvelle SF, avec tous ces infâmes militaires à Canjuers... Un autre poil Picromagnon, on y manipule à coup de substances...

    Pelot écrit merveilleusement bien, mais dans ce bouquin, finalement, il n'avait rien à dire! C'est peut-être ça, le professionnalisme, parler bien de rien ?

     

    SFFAN

    Bulletin n° 23, février 1980. Richard D. NOLANE, page 13

    Pierre Pelot a encore frappé. Son alter ego Pierre Suragne vient de faire sa réapparition au Fleuve Noir Anticipation, avec un bouquin au titre ringard, Virgules téléguidées, mais qui vaut le détour. Agréable et sympa à lire, au sein de la masse FN...

     

    Opzone

    N° 7, Limoux, mars 1980 [daté d'avril 1980 à la page du sommaire...], mensuel. Jean-Pierre VERNAY, page 91

    Le précédent Pierre Suragne publié au Fleuve noir date déjà de 77, il s'agissait de La Cité au bout de l'espace, roman "pour adolescents" faisant partie du cycle des Légendes de terre, et qui n'avait convaincu personne, car faisant suite à l'incontestable réussite de Vendredi, par exemple.

    Virgules téléguidées est dans la droite ligne de ce dernier roman.

    Des extraterrestres ont débarqué en France! C'est la rumeur que propagent les autorités militaires pour enrôler les civils, en particulier les habitants d'un village catalan paumé dans les montagnes. Depuis le début, on sent bien que cette histoire d'extraterrestres qui débarquent est bidon, mais que cache-t-elle ? Qui peut deviner que des militaires tentent un putsch et font respirer à des soldats la fameuse "picro-toxine" (cf : La Rage dans le troupeau) qui rend insensible à la douleur.

    Le début de l'histoire, grâce à la description d'un village catalan et de ses habitants, évoque certains romans de J.L. Le May dans la même collection, mais en plus on devine cet amour que porte Pelot à la chose bien faite - il suffit pour s'en convaincre de lire le chapitre sur le forgeron et sa forge.

    Puis, tout se précipite, et les personnages se font nombreux, et Suragne semble avoir hâte d'en finir avec ce roman. Achetez-le au moins pour deux raisons : il serait dommage de manquer un Pelot, et pour la première centaine de pages.

     

    Ère comprimée

    Revue bimestrielle, n°3.- Bayonne, avril-mai 1980. Charles MOREAU, page 44

    Sur un thème unique - celui d'une guerre dans un futur assez proche -, Pierre Suragne pour son come-back dans la collection Anticipation, développe d'une manière interminable l'histoire d'un Candide, berger de son état, qui se trouve enrôlé de force pour venir se battre en France contre de mystérieux envahisseurs.

    On aurait eu bien du plaisir à saluer le retour de Pierre Suragne, mais il faut reconnaître à contrecœur que ce n'est pas le cas cette fois, car l'auteur a produit dans le passé et dans la même collection d'excellents ouvrages.

    Outre une couverture criarde et mensongère, dont Suragne n'est pas responsable car elle trahit en fait et ses idées et ses choix politiques, on peut reprocher à ce livre d'égarer le lecteur comme le héros sur une série de fausses pistes indigne du talent de l'écrivain.

    Cette histoire aurait pu faire l'objet d'une excellente nouvelle, sans plus.

     

    Sud-Ouest Dimanche

    6 avril 1980. Michel JEURY

    Suragne fait une rentrée très attendue avec cette histoire d'une fausse invasion de la Terre… qui était une vraie manœuvre politique. Vivant, chaleureux, assez proche de son meilleur livre, Vendredi, par exemple, mais sans doute inférieur.

     

    A&A infos

    N° 74, juin 1981, ronéoté.

    Dans le Forum, pp. 20-21, un extrait d'une lettre de René BARONE (Berem) :

    [...] Puisque j'y suis, je vais aussi répondre au dernier édito de Fiction où Stéphanie Nicot parle de copinage à propos des critiques. OK, les maisons d'édition boycottent les critiques non complaisants envers leurs bouquins. Mais il n'y a pas que ce copinage : et le copinage des auteurs entre eux ? Je n'ai jamais vu une mauvaise critique de Pelot ou de Jeury, comme s'ils n'écrivaient que des chefs d'œuvre. Ou bien, comme ils sont considérés comme les plus grands, les "petits" critiques n'osent pas émettre un avis défavorable de peur de passer pour des imbéciles. Et pourtant, faut reconnaître que les deux derniers Pelot/Suragne du FN sont franchement soporifiques! Le premier (Virgules téléguidées), j'ai abandonné à la page 50 ou 60, quand ce brave berger ne savait toujours pas ce qu'il allait faire. J'ai bien le sentiment que Pelot ne le savait pas non plus, on sentait qu'il s'agissait d'une nouvelle étirée, étirée, étirée, tellement étirée qu'il n'en restait plus rien. Et pas une critique virulente de ce bouquin! C'est pas du copinage, ça ? Pareil pour Jeury dont l'avant-dernier bouquin (Le Seigneur de l'histoire) m'est tombé des mains vers les pages 60-70 (sorry, Valéry, j'ai critiqué ton idole!). Bon, d'accord, c'est de la SF alimentaire, faut bouffer. OK. Mais nous, lecteurs, on doit en avoir pour notre argent malgré tout! Et enfin le copinage c'est aussi de voir sur la couverture de Fiction le nom de Andrevon dont le dessin est franchement minable, mais Dorémieux et Andrevon sont bien copains, c'est bien connu. Encore dans Fiction, les réflexions de Pelot (encore lui) qui vient nous dire qu'il a tant de romans en lecture, qu'il a pas reçu son SP, etc... etc... C'est pas du copinage encore ? Y a que lui qui a des romans en rade ? Il a pas reçu son SP ? Et alors, j'en reçois, moi, des SP ? Et puis le SP c'est encore un truc pour que les petits copains reçoivent des bouquins à l'œil. Le copinage est partout. Merde. Merde. Merde. J'ai pas de copains, comment je vais faire pour publier mes nouvelles ?

     

    Page créée le mardi 28 octobre 2003.