Engagés dans les marais de Floride, Dylan et Kija affrontent Wahoo Swamp, le tombeau de Satan. Guidés par le vieux Séminole Coccha, ils s'enfoncent dans un labyrinthe putride, visqueux, infesté d'alligators. Deux anciens du bagne de Mountain Grove sont déjà sur les lieux et les dangers sont multiples : enlisement, crocs des sauriens, îlots infestés de moustiques, armes à feu...
Le magot d'El Paso semble une mauvaise légende et Kija aimerait bien retrouver la belle Maria rencontrée à Sannactoochee, avant le départ de cette expédition maudite. (Raymond Perrin, Dylan Stark 2, Lefrancq, 1998).
La petite histoire... Il s'agit du seul roman jamais préfacé par Hergé !
Le visage dur, le métis remontait lentement la rue de Sannactochee. En ce milieu d'après-midi, le soleil d'août poussait devant l'homme une ombre pleine et vibrante sur le sol inégal. La chaleur avait tué les bruits de la ville.
L'air tremblait sur la dune séparant, au nord, Sannactochee des marais, et sur les pinèdes qui se déroulaient sans ordre, et sur le sable. Au-delà de la Withlacoochee paresseuse, un brouillard terne et sec unissait le ciel et la terre dans une sorte de néant incertain.
Le métis marchait d'un pas égal, vêtu de pantalons blue-jeans neufs et chaussé de bottes assez fatiguées, sans que son regard clair étréci par la trop vive réverbération accorde la moindre attention aux maisons blanches s'écoulant doucement à ses côtés. Il portait sur le dos une étrange veste indienne, de peau fanée, dont les franges et les broderies décoratives avaient considérablement souffert. Il était coiffé d'un feutre mat qui emprisonnait mal sa chevelure corbeau, abondante, aux boucles luisantes sur le cou. Il avançait au milieu de la rue, et on pouvait aisément deviner, à son visage serré, que de lourdes préoccupations l'habitaient tout entier.
Sannactoochee compte deux rues principales. Elles naissent au bout de la piste à fascines qui vient d'Hernando, puis galopent de concert, droit sur le cours perpendiculaire de la Withlacoochee - qu'elles traversent, unies à nouveau sur un pont branlant qui pourrit au fil des jours.
Le métis stoppa au bout de la rue. Un moment, il considéra l'espace désolé qui relie la fin du village au pont sur le fleuve. Du ravin bordant la rivière montait le grelottement d'une guitare courageuse.
Le regard du métis se porta sur la gauche.
La maison était construite en coquina, mélange de coquillage et de coraux amalgamés donnant une sorte de pierre tendre très employée dans cette partie de la Floride centrale. Sous le soleil, la maison étincelait et le métis cligna des yeux. Au fronton de l'arcade - sous laquelle une ombre grêlée bleuissait la terrasse - les mots : "Bodega Carlo", en lettres écaillées, étiraient une tache pâle. Il n'y avait personne sous l'arcade, et les trois tables de bois rude qui encombraient la terrasse étaient désertées. Couverture bariolée sur l'épaule, un Indien apparut au sommet du ravin qui suivait le fleuve, et, droit sous le soleil, trottina vers la ville. Le métis eut un coup d'œil distrait pour cette apparition, puis il se dirigea vers la bodega. Le rideau qui voilait la porte de l'établissement était tissé aux mêmes couleurs vives que la couverture de l'Indien.
Le métis entra dans l'ombre bleue de l'arcade, repoussa quelques bancs et s'affala près de la dernière table, à l'extrémité de la terrasse, contre le mur. Assis trop lourdement, il fut obligé de desserrer le fouet qui lui ceignait la taille, le court manche de "l'arme" lui meurtrissant l'abdomen. Il étendit les jambes et, accoudé au plateau de la table, se renversa dans le fauteuil d'osier. Distraitement, il regarda passer devant lui l'Indien à la couverture, le suivit des yeux jusqu'à ce qu'il disparaisse entre deux maisons. Une femme et trois enfants débouchèrent à l'extrémité de la rue droite. Il dut réitérer l'appel plusieurs fois avant, qu'enfin, le rideau bouge, livrant passage à une sorte d'ogre ébouriffé, hideux comme une teigne, les yeux rouges d'une sieste brutalement interrompue. De très mauvaise humeur - et probablement bien décidé à le faire comprendre -, le patron de la taverne fit quelque pas, lourdement, puis son visage changea lorsqu'il reconnut le métis. Car le métis était arrivé deux jours plus tôt, accompagné d'un ami plus rouquin que le diable, et ils avaient loué une chambre - la seule de la bodega -, payant quinze jours d'avance sans rechigner contre les punaises et les blattes. Un sourire mince fendit la gélatine du visage boursouflé.
- Hey ! Carlos ! dit le métis.
Le couard, c'est celui qui, dans une situation périlleuse, pense avec ses jambes (Ambrose Bierce).
Bulletin des Éditions Marabout
Date ?
Biographies, aventures vécues et romanesques, documentaires, espionnage, romans d'anticipation, westerns, tous les genres ont été abordés et par les collections Junior et Mademoiselle. Le goût prononcé des lecteurs pour le roman d'aventure a donné naissance à la collection à la collection Pocket, laquelle, curieusement, accroche en même temps jeunes et adultes. Finalement, depuis près de vingt ans que Marabout publie des livres spécialement destinés à la jeunesse (qui doit être sans doute celle du cœur....), une constellation de volumes a pris place dans les bibliothèques, constellation dont se détachent trois étoiles.
Première étoile de la collection : Bob Morane. Plus de dix millions de volumes en circulation. Né il y a à peine quinze ans, ce coureur d'aventures connaît actuellement les faveurs de la bande dessinée, du disque, de la télévision et, bientôt, du cinéma. L'heureux père se porte bien (merci !) et mettra, en 1969, la dernière main à la centième aventure de Bob Morane. Pas d'essoufflement, au contraire : 1968 a vu la création d'une nouvelle série dans la série : Le Cycle du temps, qui fait le bonheur des admirateurs d'Henri Vernes.
La deuxième étoile, c'est Doc Savage qui vous entraîne dans les aventures les plus délicieusement délirantes en l'espace de quelque cent cinquante pages bourrées des rebondissements et des trouvailles d'un des auteurs les plus prolifiques et les plus imaginatifs du monde. Vous allez penser que ces qualificatifs sont peut-être exagérés... Essayez donc de coucher sur papier cent soixante cinq autres récit du même tonneau et cependant très différents ! C'est ce qu'a fait Kenneth Robeson, cette espèce de Féval américain. Actuellement, douze traductions ont été publiées ; il faudra évidemment quelques années pour que toute la série soit traduite... et c'est pourtant ce que nous avons l'intention de faire.
Vingt-quatre ans, vingt romans publiés, un prix littéraire... La troisième étoile de la collection Pocket creuse fermement le sillon de son succès. Lauréat du Prix des Treize 1967, Pierre Pelot est parvenu en très peu de temps à mettre de son côté les amateurs de littérature d'aventure et de littérature tout court. Ceux-ci savent maintenant que ces petits livres aux couleurs de western contiennent bien autre chose que les habituels coups de colt propres au genre, et ce n'est pas pour rien que Hergé a accepté de préfacer Le Tombeau de Satan, une des dernières aventures de Dylan Stark.
Dans les bibliothèques, les étoiles de la collection Pocket brillent de toutes leurs couvertures...
Belgique, août 1969. Marthe DUMON
Pour les jeunes garçons et filles avides de lecture (dès
11 ans) : collection Dylan Stark. L'été dernier, j'avais consacré toute une
chronique à Pierre Pelot, jeune auteur français découvert et lancé par Marabout
et dont je disais la générosité, l'intelligence, l'art d'écrire. L'un des
rares auteurs de langue française à donner aux adolescents une littérature
authentique.
Depuis un an, Pierre Pelot a continué d'écrire et sa production n'a rien perdu
en qualité. Je vous conseille de Pierre Pelot : Deux
hommes sont venus, Quand gronde la
rivière, Un jour un ouragan,
Le Tombeau de Satan.
Page créée le samedi 20 avril 2002. |