Dans les locaux pyrénéens de l'Institut de Recherches Télergiques
Européen, Carry Galen est revenu d'un nouveau Voyage accompli sous hypnose.
Car l'IRTE se préoccupe d'exploiter les aptitudes, longtemps tenues pour
paranormales, de sujets comme Galen. Les Voyages sont en principe destinés à
permettre d'étudier les facultés précognitives de Galen.
Mais cette fois, un incident surprenant est survenu. Au cours de son
Voyage immobile, Galen a physiquement disparu. Est-ce lui, cet amnésique
surgi du néant que Lone est chargée de guider sur Gayhirna, et qui va
devoir tout réapprendre, la langue, les gestes et les rites d'une société
différente de la nôtre, fraternelle : libérée... ? Et de quoi se souvient
le Cobaye Galen, à son retour dans notre monde ? (4ème de couverture,
1977).
Au début du XXIIe siècle, l’Europe sert de zone tampon entre les grands blocs qui veulent se partager le monde. En France, Carry Galen est un chercheur cobaye qui travaille au sein d’un organisme qui procède à des expérimentations sur des personnes douées de facultés paranormales. Gaynes, quant à lui, est un amnésique qui vient de s’échouer sur une mystérieuse planète, où il va pouvoir découvrir une société anarchiste en totale opposition avec l’Europe dans laquelle évolue Carry Gallen… (Présentation de l'éditeur, 2013).
Son nom était une grosse bulle, ventrue et rebondie, de couleur safran. Il était sur le point de la reconnaître, de l'identifier, lorsqu'elle éclata - vilaine farce - en une multitudes d'éclats dont l'apparente composition se trouvait en totale opposition avec celle de la bulle originelle - comme une sphère d'eau savonneuse qui se serait métamorphosée en myriades de cristaux de glace acérés et mauvais. Cette pluie scintillante retomba en gerbe dorée contre son crâne nu, cliquetant sur la peau luisante.
Il savait que l'image n'avait pas de sens ; il savait que ce crâne n'était pas le sien - ne pouvait pas être le sien. Pour une quelconque raison, aux fondements ensevelis sous la boue, il était persuadé que son crâne, s'il en avait un, n'était pas chauve. Et puis cette certitude fut à son tour gagnée par les ondes de choc qui n'en finissaient pas d'aller et venir, gonflées, dégonflées, selon un rythme imprévisible et tout à fait désordonné.
L'image s'effaça. Elle n'avait peut-être jamais existé.
Il courait à corps perdu sur une vaste plaine, au centre d'un paysage mauve dont il était l'unique point mouvant. Il n'avait jamais vu semblable plaine, aussi parfaitement plane, aussi parfaitement plaine : la perfection. Le sol était de terre, évidemment, bien qu'il ressemblât davantage à une immense plaque de métal froid, lisse, de teinte grise. Il courait là-dessus. Chaque fois que l'un ou l'autre de ses pieds touchait la surface de la plaine, cela faisait un bruit sourd qui venait rebondir contre ses tempes. Il avait d'ailleurs décidé que le sol était métallique à cause de cette résonance : le bruit qu'il traînait derrière lui était tout à fait celui d'une course essoufflée sur une plaque de fer.
Il courait. Il ne savait ni pourquoi, ni vers où il allait ; ni d'où il venait. Il savait simplement qu'il courait - parce qu'il devait courir.
Le ciel (le ciel ?) était tantôt d'un vert limpide, tantôt bleu de Prusse, strié de longues veinules jaunâtres.
Il comprit que quelque chose d'anormal était en train de lui arriver.
L'image s'effaça. Elle n'avait peut-être jamais existé.
Graoully d'Or de la Ville de Metz 1978
Grand prix du Festival international de Science-Fiction, Metz 1978
Dédicace : Pour toi, naturellement, comme pour moi, évidemment.
Épigraphe : ... toi qui me ceintures en ce vacarme... (Alice, un jour et quelque part).
Page créée le dimanche 26 octobre 2003. |