Arian Dhaye n'est pas un tueur… Pourtant il supprime cent mille individus. Kirja n'est pas un Dieu. Pourtant un peuple entier le vénère et le suit. Mais entre ces deux hommes, il n'y a peut-être qu'une simple différence d'univers, de dimension.
L'existence des mondes parallèles permettra-t-elle de rapprocher, d'unir et même d'identifier ces deux destinées ? (4ème de couverture, 1972).
Arian Dhaye n'était pas un tueur.
En son âme et conscience - car il possédait encore âme et conscience-, il était même tout le contraire d'un tueur.
Pourtant, il avait reçu pour mission de mener à bien une sorte de génocide parfait ; il avait reçu l'ordre de détruire, de tuer, d'anéantir totalement plus de cent mille individus. Cet ordre, Arian Dhaye l'avait reçu consciemment, et il l'exécuterait de son plein gré, sans qu'aucune contrainte, physique ou mentale, ne s'exerce sur lui.
Mais Arian Dhaye n'était pas un tueur. Il était simplement homme. Mais peut-être n'y avait-il plus beaucoup d'hommes en ce temps de la deuxième Ère, sur la vieille planète Terre. Peut-être, en cette année 3127 de la deuxième Ère, les hommes devaient-ils utiliser les méthodes du banditisme, pour survivre. Et Arian Dhaye était un de ceux-là, un de ces survivants, perdus, refoulés par une société horrifiante dans le sein de laquelle l'homme-individu n'avait plus sa place.
Depuis plus d'un mois ; il s'appelait Noro. C'était bien sûr une fausse identité, fournie par le Comité de l'alliance clandestine des Errants avec cartes anthropométriques et données biologiques à l'appui. De magnifiques faux papiers. Souvent, Arian s'était demandé par quels prodiges d'astuce Markiam, le chef du groupe clandestin, parvenait à rassembler de tels documents à ce point criants de vérité. Sur ce chapitre là, Markiam demeurait muet, ou bien il souriait et se bornait à assurer que les rangs des rebelles étaient plus fournis qu'on pouvait le croire à priori. En général, on acceptait ces explications, avec plus ou moins de satisfaction ; il était clair que Markiam désirait tenir sa langue.
Ainsi, depuis un mois de temps, Arian se nommait Noro, et il vivait dans la vaste cité de Gardis. Jadis, le continent s'appelait "l'Amérique", et cette vallée de béton sur laquelle poussait la ville était un lac. Muni de ses faux papiers, Arian était entré facilement dans Gardis, et il avait été accepté tout aussi facilement au Centre d'armement biologique et exobiologique, en remplacement normal d'un chercheur muté pour une période annuelle de repos. Aucune difficulté. Tout avait été admirablement calculé par Markiam. De la même façon, précise et efficace, Arian avait été préparé, entraîné psychiquement à sa mission. Il avait en mémoire un passé irréprochable, ancré plus dur encore que son propre passé. Il était, pour un mois, quelqu'un d'autre. Il "était" Noro.
Sélection Jeunes Lecture Promotion 1973.
Chemins
2e trimestre 1972
Article également paru dans Papetier de France, juin 1972 ; Mutualité, juillet 1972 ; Jeunesse informations, novembre 1972 ; Pas à pas, 1972 ; Jeunesse Poche, 1972.
Parfaitement lucide, Arian Dhaye supprime cent mille individus. Et pourtant il n'est pas un criminel. Dans un autre monde, Kirja est vénéré et écouté par un peuple entier. Et pourtant il n'est pas un Dieu.
Entre ces deux hommes, il n'y a peut-être qu'une simple différence d'univers, de dimension. Leurs destins, leurs identités vont se rejoindre pour présenter d'une manière imagée et séduisante la théorie des mondes parallèles.
Pierre Pelot, jeune auteur de grand talent dans un genre tout nouveau pour lui, donne à ses personnages, aux situations, une dimension profondément humaine. Il réconciliera les irréductibles adversaires de l'Anticipation avec un genre qui présente d'extraordinaires possibilités.
Action laïque Bretagne
Juin-juillet 1972. H. PENAULT
La planète Terre en l'an 3127. Un homme qui n'est pas un tueur, mais qui a reçu pour mission de supprimer plus de cent mille individus. Un bon roman d'anticipation.
Sang neuf
Septembre 1972. B. de LEOBARDY
Critique adulte.
Très original également, mais dans un tout autre domaine, le roman de P. Pelot évoque "les mondes parallèles" dans le domaine du psychique. Il s'adresse donc à des lecteurs plus avertis. Pour essayer de sauver la personnalité humaine, le héros détruit cent mille individus-robots, mais abattu, il se réveille dans un autre monde où il est vénéré comme un dieu par un peple primitif - mais dans quel temps vivent-ils ? passé, ou vie parallèle ? - à se libérer de la servitude. Sommes-nous dans la fiction ou dans le symbole ?
Livres Jeunes Aujourd'hui
Paris
Article également paru dans Notes bibliographiques, septembre 1972.
Deux histoires se chevauchent au cours de ce livre de science-fiction : celle d'Arian Dhaye qui, pour sauver la dernière poignée d'errants, entre par effraction dans le laboratoire de la vaste cité des Guardis, leurs maîtres, et tue 100 millions de robots humains, enrayant ainsi une future guerre intergalactique ; et celle de l'homme-Dieu, Kirja, qui se réveille après des siècles de sommeil dans une tribu prisonnière des hommes-chiens qu'il conduira vers la liberté au pays des lacs. A la fin du livre, Kirja retrouve la mémoire et sa véritable identité : Arian Dhaye.
Cette vaste épopée de l'avenir est un enchevêtrement d'aventures étranges jamais terrifiantes. Le livre est d'une grande qualité littéraire et poétique mais l'on ne saisit pas très bien l'idée directrice de l'auteur qui jongle avec toute l'imagerie de l'Huxley du Meilleur des mondes, sans rien apporter de nouveau. L'accumulation des thèmes d'anticipation en fait quelque chose de délirant. Les deux histoires sont présentées alternativement, chapitre par chapitre, sans aucun lien apparent jusqu'à la fin du livre et rendent la lecture confuse pour les 14-15 ans.
Nécronomicon
N° 1, septembre 1972. Pierre ZOL
Un roman pour la jeunesse ! allez-vous peut-être vous écrier. Eh oui, une fois encore, Pierre Pelot se veut l'ambassadeur de l'aventure auprès des jeunes lecteurs, mais pas de l'aventure pour l'aventure. Avec Pelot, quand un personnage perd la vie, il ne le fait pas sans penser à sa mère, aux yeux doux d'une belle, à un parfum humé pendant l'enfance. C'est à l'aide d'une plume superbement poétique que le prolifique auteur vosgien dépeint les situations, les décors, l'action et les sentiments. Une autre Terre est le premier roman de science-fiction de P. Pelot qui, jusqu'à présent, s'était attaqué avec brio (deux prix littéraires) à la littérature de western. Il est le premier, mais espérons-le, pas le dernier, car c'est bon, c'est même très bon. Et, si vous ne vous sentez pas si sénile que ça, lisez donc ces pages.
Lisette, Nade
10 septembre 1972
En cette année 3127 de la deuxième ère, les hommes de notre vieille planète, la Terre, ont perdu le goût de la vie. Réduits à vivre en robots dans un monde de béton, peut-on encore les appeler des hommes ? Pourtant ils sont quelques-uns à penser que tout n'est pas perdu. Peut-être existe-t-il une "autre terre" où tout est encore possible ! Cette mission sera confiée à Arian Dhaye. Réussira-t-il ? C'est ce que tu découvriras en lisant ce passionnant roman.
L'École et la Nation
Paris, octobre 1972
C'est lui redonner une autre vie que de renouveler son univers par la plongée en avant dans les récits d'anticipation. Ce qu'a remarquablement compris Pierre Pelot dans Une autre terre (Hatier Jeunesse Poche) où s'épanouit la vision cinématographique si caractéristique de ce jeune auteur en une histoire qui n'est pas sans analogie avec les grandes épopées nordiques, mais dont la construction à double entrée s'alimente à l'imaginaire de notre temps, tel qu'il se matérialise dans l'existence de mondes parallèles. L'entrée en force, cette année, de la science-fiction dans la littérature enfantine est un événement dont il convient de mesurer l'importance future en dépit des accidents de parcours inévitables.
Bulletin d'analyses de livres pour enfants
Décembre 1972
Un roman de science-fiction touffu, mais original (12 ans).
Bulletin critique du livre français
Janvier 1973
Ce roman d'anticipation est conçu de façon assez originale pour la forme, sinon pour le fond. Il se compose apparemment de deux nouvelles dont le lecteur suit le déroulement simultanément, car les chapitres de l'une sont intercalés régulièrement dans les chapitres de l'autre. On change donc de nouvelle à chaque chapitre. En fait, ces nouvelles ne sont qu'une seule histoire coupée à un moment crucial de l'action. La deuxième présente un homme qui n'a plus aucun souvenir après un sommeil de quatre-vingt-huit années et qui recherche son identité. La première répond petit à petit aux questions que se pose le lecteur sur cet homme en nous racontant son passé, celui d'un homme qui quitte la Terre pour tenter de sauver la race humaine. C'est dans cette première partie surtout que Pierre Pelot nous introduit dans le domaine de l'anticipation, dans lequel il ne fait pas preuve d'originalité et accumule les thèmes classiques de ce genre. Par le biais de ces thèmes, l'auteur pose les problèmes habituels : ceux de la guerre, de l'utilisation de la science, de l'exploitation de l'homme, etc…
L'attrait de ce livre vient surtout de la correspondance entre les deux nouvelles dont l'une résout petit à petit l'énigme contenue dans l'autre. Livre touffu, dont le style est direct, rapide, imagé. Il se lit facilement à partir de douze ans et passionnera les jeunes. On notera quelques négligences de vocabulaire, telle que la pénombre la plus parfaite pour l'obscurité la plus parfaite. (A partir de douze ans).
Les Livres
Mars 1973. R. DUBOIS
Deux destins se poursuivent en parallèle. Celui d'Arian Dhaye le conduit à lutter pour l'humanité soumise à l'oppression et à la déshumanisation progressive par une "élite" qui gouverne et, en fait, tyrannise. Son premier acte de lutte, la destruction des hommes artificiels qui forgeraient une dangereuse armée de guerriers le conduit à une expédition dans les mondes parallèles à la Terre. Celui de Kirja, l'homme-dieu qui dort depuis un siècle après son accident et, à son réveil, unira les peuples pour reconquérir l'ancien territoire de l'ancien peuple des lacs.
La jonction des deux destins entraînera Kirja dans de nouvelles aventures. La difficulté du récit est certes grande, mais Pierre Pelot nous donne ici, encore une fois, la mesure de son talent; on croit à cette aventure, on vibre avec ces hommes qui refusent l'anéantissement des valeurs humaines. Nul doute que les plus de 14 ans suivent ce rythme porté par une langue souple et nerveuse, un peu haletante parfois comme toujours chez Pelot.
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?. D. L.
En l'an 3127 de la deuxième Ere, nous vivons la double aventure d'Arian Dhaye, révolté contre la tyrannie de "l'Elite", dans ce qui fut jadis l'Amérique, et de son double l'Homrne Dieu Kirja adoré par le peuple des lacs demeuré à l'état tribal quelque part en Afrique.
Un récit bien conduit et bien, c'est-à-dire simplement, écrit par P. Pelot. La syntaxe convient tout particulièrement à des adolescents non lecteurs.
J'ai de plus apprécié la thèse de ce roman de science-fiction qui reprend le vieux mythe de la métempsycose et du double tout à la fois. Cela peut faire l'objet d'une étude intéressante. On pourrait intéresser des élèves de 3ème pratique par exemple à la réalisation d'un roman-images de science-fiction1 voire des élèves de 2ème.
Formule 1
17 octobre 1973
Voyage dans le futur. Nous sommes en l'an 3127 de la deuxième Ère. Arien Dhaye, qui pourtant répugne a toute forme de violence, a décidé de supprimer cent mille individus. Pourra-t-il échapper aux monstrueux scientifiques qui ont décidé d'utiliser leur savoir et leurs techniques pour l'asservissement des "êtres inférieurs" ? Pourquoi d'autres hommes, primitifs, à la fois semblables à lui et à la fois différents, le vénèrent-ils comme un Dieu ? Peut-on, au cours de la même existence, se déplacer dans des univers différents, vivre sur d'autres Terres, à diverses époques, et pourtant rester un homme de chair et de sang, capable de souffrir, de rire, d'aimer et d'être aimé ?
Un peu compliqué, ce livre de Pierre Pelot passionnera cependant tous les lecteurs qui ont l'habitude de la littérature d'anticipation.
N° 240, décembre 1973. Denis PHILIPPE, pp. 158-159
Nous trouvons le même décor de ville tentaculaire [que dans Mecanic jungle] au début de Une autre Terre, signé Pierre Pelot aux Éditions Hatier-Rageot. Cela n'a rien d'étonnant, Pelot et Suragne étant une seule et même personne. Je précise que ce détail ne s'apparente aucunement au mouchardage de pseudonyme secret : Pierre Pelot a commencé sa carrière en écrivant des ouvrages pour la jeunesse sous son nom et, intégrant par la suite le Fleuve Noir, il a dû y prendre, comme cela se fait dans l'édition, un autre patronyme dont il ne cherche pas à faire mystère. Une autre Terre, donc, nous replonge dans une cité belliqueuse dont Arian Dhaye, le rebelle, veut essayer de saboter une des productions essentielles : la fabrication in vitro de cyborgs destinés à la poursuite d'une guerre de conquête interstellaire. Cela se passe en 3217 au lieu d'avoir lieu des dizaines de millénaires dans le futur (Mecanic jungle), la cité n'a pas encore couvert le monde, les résistants sont mieux organisés et, malgré des détails concordants (ici, un "boîtier pectoral", là des "plaques bio-témoins", pareillement destinés à ficher électroniquement les individus), on peut fort bien considérer avoir affaire au même monde à deux étapes différentes de son évolution.
Les rebelles ayant eu la révélation qu'il existe une infinité de mondes parallèles à la suite du naufrage dans leur dimension d'un homme d'un autre univers, ils décident d'y émigrer en masse, envoyant Arian Dhaye en éclaireur. Celui-ci se réveille sur "l'autre Terre", qui vit un âge barbare à la suite d'une guerre interplanétaire et, pris pour un dieu, il aide à la résolution pacifique d'un conflit entre deux tribus, avant de se lancer à la recherche des vestiges de l'ancienne civilisation. Toute cette série de trames peut paraître touffue à l'extrême mais, grâce à un montage parallèle désynchronisé dans le temps, qui ne nous livre qu'en fin de volume la clé des deux dimensions et la double personnalité d'Arian, Pelot s'en tire bien pour débrouiller les fils, malgré le passage un peu mécanique d'un chapitre à l'autre et d'une Terre à l'autre. En fait, la plupart des thèmes de la SF sont là (univers parallèles, futur déshumanisé, dieux-héros, régression d'une civilisation), et ce court livre me semble être une bonne initiation au genre pour le public visé, celui des 14-15 ans.
Le Ligueur
Bruxelles, 26 décembre 1975. Monique BERMOND et Roger BOQUIé
Un aspect de Pelot qu'il ne faut pas ignorer, c'est l'amateur de science-fiction. Une autre Terre : Nous sommes en l'année 3127 et l'auteur imagine des mondes parallèles où le temps et l'espace perdent le sens que nos connaissances scientifiques actuelles leur attribuent. Un roman plein de suspense qu'il serait dommage de dévoiler ici. Un style incisif et une hypothèse fascinante. Pour les plus de 14 ans.
Bulletin des Éditions de l'Amitié
N° , 1983 (?)
L'auteur : Une carrière littéraire déjà longue d'une quinzaine d'années, plus de 140 livres publiés et une consécration grand public grâce à Fou comme l'oiseau adapté à la télévision pour Antenne 2: Pierre Pelot est un romancier sollicité et convoité.
L'ouvrage : Parfaitement lucide, Arian Dhaye supprime cent mille individus. Et pourtant il n'est pas un criminel. Dans un autre monde, Kirja est vénéré et écouté par un peuple entier. Et pourtant il n'est pas un Dieu.
Entre ces deux hommes, il n'y a peut-être qu'une simple différence d'univers, de dimension. Leurs destins, leurs identités vont se rejoindre pour présenter d'une manière imagée et séduisante la théorie des mondes parallèles.
Argument plus général : Le premier roman de science-fiction dans Les Maîtres de l'aventure, qui se devait d'accueillir un genre très prisé du jeune public. Un livre remarquable offert par un des plus grands auteurs de science-fiction français.
Autour du livre : La science-fiction : un genre littéraire aux possibilités infinies. Les mondes parallèles. S'investir dans une mission. Croyances et superstitions. Les "chefs" et les "moutons". Les impressions bizarres et inexpliquées (sensation d'avoir déjà vécu une situation pourtant nouvelle, etc.).
Page créée le dimanche 12 octobre 2003. |