L'Été en pente douce

 
 
 

Adaptation au cinéma

Film de Gérard Krawczik.

 
  • Comédie dramatique, 1987
  • Réalisation : Gérard Krawczyk
  • Scénario et dialogues : Gérard Krawczyk et Jean-Paul Lilienfeld
  • Directeur de la photographie : Michel Cenet (Fujicolor)
  • Chef décorateur: Jacques Dugied
  • Costumes : Martine Rapin
  • Son : Pierre Befve
  • Assistants réalisateurs : Évelyne Ragot, Giacinto Pizzuti, Jean-Jacques Robert
  • Musique : Roland Vincent
  • Montage : Marie-Josèphe Yoyotte
  • Scope-couleurs
  • Coproduction : Solus Productions, Flach Film/Films A2, Selena Audiovisuel: Jean-Marie Duprez, Jean-François Lepetit, Pascal Hommais
  • Directeur de production : Bernard Grenet
  • Budget : 12 millions de francs (1 830 000 €)
  • Distribution : A.A.A.
  • Presse : Danielle Gain, Annie Maurette
  • Durée : 102 mn
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  • Distribution
  • Pauline Lafont (Lilas), Jacques Villeret (Maurice Leheurt, dit Mo), Jean-Pierre Bacri (Stéphane Leheurt, dit Fane), Guy Marchand (André Voke), Jean Bouise (Olivier Voke), Jean-Paul Lilienfeld (Claude Shawenhick), Jacques Mathou (Jeannot), Dominique Besnehard (Me Leval, notaire), Claude Chabrol (le curé), Patrick Braoudé (le gendarme), Laurent Gendron (l'Américain), Gérard Krawczyk (l'accompagnateur des enfants), Andrée Laberty (Mme Castillon), Michel Lataste (le patron du Café des Sportifs), Maurice Mons (le type au comptoir), Michel Such (Paul le vigile), Charles Varel (le manutentionnaire), Georges Vaur (M. Bressoul), Noëlle Veriac (la vieille dame indignée).
  • Tournage à Martres-Tolosane et environs, en Comminges (Haute-Garonne, canton de Cazères, arrondissement de Muret), à une soixantaine de kilomètres de Toulouse, en août-septembre 1986.
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  • Diffusion
  • Sortie : mercredi 29 avril 1987 à Paris
  • 1ère diff. à la télévision : dimanche 22 mai 1988 à 20 h 30 (Canal +), puis 29 juin 1989 et 23 mai 1991 sur Antenne 2. Souvent rediffusé : dimanche 25 juin 1995 (France 2, 20 h 50), dimanche 24 mai 1998 (France 2, 20 h 55, durée : 1 h 50 mn), etc.
  • Sortie cassette vidéo : décembre 1987. Éditeur RCV-GCR.
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    Le Monde

    6 mai 1987. Jacques SICLIER

    L'Eté en pente douce, de Gérard Krawczyk
    Pauline et la fleur bleue

    Un drame romanesque qui finit bien. Une idée lancinante du bonheur.

    L'affiche d'un hyperréalisme un peu crapoteux avec la poitrine-obus de Pauline Lafont crevant les yeux au bord d'une route, la bande-annonce truffée de mots obscènes, donnent une fausse idée du deuxième film de Gérard Krawczyk. Elles le rapprochent de tout un cinéma où les paumés de la société moderne s'agitent dans la moiteur de jours et de nuits qui font transpirer, l'érotisme et la dérive. Quelque part entre les romans de Philippe Djian et Jean-Jacques Beinex, mais sans l'attitude esthétique. Faire de L'Ete en pente douce un produit mode 1987 est une erreur, même si, par certains côtés, cela peut s'y prêter.

    L'histoire est tirée d'un roman de Pierre Pelot. Fane (Jean-Pierre Bacri), manutentionnaire de supermarché, intervient dans une scène de ménage de ses voisins d'HLM (crasseux) et Shewanhick (Jean-Paul Lilienfeld) lui échange Lilas (Pauline Lafont), sa compagne souffre-douleur, contre un lapin. Fane part avec Lilas aux obsèques de sa mère dans un village du Sud-Ouest. Il hérite d'une vieille maison, coincée maintenant entre deux garages, dont les propriétaires guettent son bien, et de son frère Mo (Jacques Villeret), rendu idiot, dans son enfance, par l'explosion d'une grenade qui a, d'ailleurs, privé Fane de l'usage d'une main et lui a laissé une vilaine cicatrice au visage.

    Fane largue son boulot, achète une machine à écrire pour se faire auteur de romans policiers, refuse d'envoyer son frère débile à l'hôpital. Lilas s'occupe des deux hommes. La cohabitation (jusqu'au lit) fait jaser et André Voke (Guy Marchand) monte les esprits contre la pute de Fane. Conflit bien sûr entre les paumés au grand coeur et les médiocres bien nantis. Le langage relâché ou ordurier est bien d'aujourd'hui, comme le débraillé de certaines situations.

    Mais, surprise, Gérard Krawczyk retourne les stéréotypes par une mise en scène extrêmement bien construite, où le réalisme psychologique et la tradition populiste (l'importance donnée aux seconds et petits rôles, tous très bien tenus) du cinéma français des années 50 reprennent leurs droits. Après Je hais les acteurs, comédie satirique et loufoque, voici un drame romanesque qui finit bien, où les sentiments enfouis dans une glèbe rude, la tendresse latente d'êtres mal éduqués, mal barrés dans la vie, conduisent les spectateurs hors de sentiers qui paraissaient, au début, plutôt rebattus.

    Jean-Pierre Bacri extirpe des brouillards de Fane une humanité touchante, une virilité qui se retrouve dans une vraie passion amoureuse. Jacques Villeret ne cesse d'étonner, de toucher par les apeurements et l'obstination de Mo à être comme tout le monde. Pauline Lafont, enfin, surtout, gagne une partie difficile. Prisonnière de son corps trop pulpeux, bonne fille affamée de gentillesse mais obligée de se défendre bec et ongles, Lilas porte en elle la fleur bleue du mariage, des enfants, de la maison-foyer. Une idée lancinante du bonheur qui se détourne parfois vers l'imitation rêvée de Marilyn Monroe. Ce qui est formidable chez Pauline Lafont, c'est la manière dont elle fait sentir, avec ses moyens de comédienne, toute la distance qui sépare l'apparence physique, les chimères et les désirs qu'elle engendre, le mythe de Marilyn, de l'idéalisme et de la douce féminité de Lilas. Même Claude Chabrol, qui joue - sérieusement - le curé du village, a l'air estomaqué.

     

    Page créée le mardi 18 novembre 2003.