La Guerre olympique

 
 
  • Pierre Pelot
  • 1980 | 84ème roman publié
  • SF
 

Revue de presse

Présence du futur

Catalogue analytique, 19..

Las de se faire la guerre, les deux camps qui se partagent le monde ont trouvé le moyen de résoudre d'un coup leurs problèmes démographiques, leurs troubles intérieurs et les besoins nationalistes de leurs administrés : la guerre olympique, qui fait tous les deux ans dans le camp des perdants dix millions de morts. Un roman prémonitoire, d'une extraordinaire violence. Du meilleur Pelot.

 

A&A infos

N° 44, 25 février 1980, ronéoté. Francis VALERY, page 2

Pelot / Suragne : le forcing.

En Folio Jeunesse, réédition de Sierra brûlante. Au Fleuve noir, Virgules téléguidées, un inédit, et La Peau de l'orage, une réédition. Blues pour Julie, un admirable bouquin chez Ponte Mirone, inédit.

Un autre inédit au Fleuve noir, bientôt, des rééditions attendues chez Casterman, Parabellum Tango chez J'ai Lu, inédit, un ou deux Presses Pocket en vue, et surtout La Guerre olympique, chez Denoël. Celui-ci va être un gros coup pour que le service publicité de Denoël ait pris la peine de monter cette affaire de boycott, avec la complicité plus ou moins consciente de Carter...

 

Opzone

N° 7, mars 1980 [daté d'avril 1980 à la page du sommaire...], mensuel. Limoux. Francis VALERY, page 92

Et un très bon Pierre Suragne au Fleuve Noir Super Luxe de plus, avec La Peau de l'orage, réédition d'un Angoisse de 1973. [...] Pierre Pelot-Suragne publie beaucoup en ce moment, et de l'inédit qui plus est, au Fleuve noir, chez Ponte Mirone également, avec le très beau Blues pour Julie, et l'on attend avec impatience la sortie de La Guerre olympique, chez Denoël. L'événement devrait être de taille, vu le battage effectué par le service promotion de Denoël - vous savez cette énorme rumeur d'un boycott des J.O., montée avec la complicité de Carter... Même que ça commence à faire beaucoup avec cette histoire [...].

 

A&A infos

N° 52-52 bis, lundi 21 avril 1980, ronéoté.

Deux avis. Celui de Jean-Lionel MASSERY, page 10 :

Comme l'a déjà expliqué, assez bien d'ailleurs, mon confrère Vernay, Pelot ne se sent pas à l'aise sur une trop courte distance. La preuve en est : Virgules téléguidées paru récemment au Fleuve noir. Le roman n'était pas exempt ni de qualités ni d'idées, mais, après un début bien mené et où Pelot avait dit ce qu'il avait à cœur de dire, notamment sur l'armée et le travail de la forge, le reste s'est accéléré jusqu'à une fin pas trop satisfaisante. C'est vrai qu'il faut faire "court" au FN... Or, on peut trouver d'autres exemples, comme Canyon Street par exemple. Mais là, c'est pour une autre raison : le manuscrit étant trop important, on lui a demandé d'en couper une cinquantaine de pages. Dur... Rassurez-vous, il existe quand même des romans où Pelot dit tout ce qu'il a sur le cœur, comme dans La Guerre olympique, où la longueur (320 pages) convient bien.

Le sujet est simple : dans l'avenir, la guerre est supprimée et remplacée par ces jeux, constitués des épreuves les plus barbares et sanglantes possibles (le pugilat, les courses piégées, le moto-glace où les concurrents roulent autour du stade chacun dans un sens différent...).

La Terre est divisée en deux camps : les Blancs et les Rouges, terminologie transparente qui, au lieu d'enfermer leurs assassins et autres dissidents, leur greffent des mini-bombes qui doivent exploser lorsqu'un des camps perd. Moyen rapide de se débarrasser des opposants, comme on le voit.

Pelot prend plusieurs personnages pour illustrer son propos, et notamment un super-guerrier fabriqué génétiquement pour en faire un champion, qui gagnera bien sûr. Même si c'est au prix d'un amour perdu. Un autre personnage est condamné politique, auquel une journaliste a demandé de le suivre, afin de filmer les instants qui pourraient être ses derniers si son camp perd.

Venant après Virgules téléguidées et La Rage dans le troupeau, ce roman est plein d'une violence insoutenable, qui fascine Pelot, le dégoûte et le déroute à la fois.

Les longs discours du prisonnier politique sur ces jeux, ce sont les tripes de Pelot qu'on voit étalées, ses impressions, ses condamnations du système, où il fait référence à un de ses amis : Patrice Duvic, sous la forme de clin d'œil.

La Guerre olympique est un roman profondément sincère, à la lecture très rapide, qui montre que Pelot a plein de choses encore à dire malgré sa centaine de bouquins publiés...

Et celui de J. P. THOMAS, pages 10-11 :

Au-delà de son sujet apparent de circonstance (le sport), ce roman présente une similitude frappante avec deux autres Pelot parus récemment, La Rage dans le troupeau et Virgules téléguidées. A nouveau il est question de gladiateurs, - d'un petit nombre de gens qui, dopés et encadrés, vont tuer et se faire tuer de façon particulièrement sanglante pour le compte du plus grand nombre.

Pour son compte, mais guère pour son bien. Les comptes, ici, sont tenus par les ordinateurs des deux camps, et pour donner un enjeu significatif à la Guerre olympique (compétition régulièrement organisée entre les deux camps), la défaite d'un camp se traduira par l'application aux populations d'un certain nombre de "pertes" - fruit de calculs élaborés mettant en jeu aussi bien des considérations démographiques que des scores sportifs.

Les pertes en question seront prélevées, astuce, sur les éléments "antisociaux" dont on n'est finalement pas fâché d'être débarrassé, de toute façon... Pelot raconte de front les histoires d'un champion engagé dans les épreuves de la Guerre, et de deux condamnés, ce qui donne à ce roman plus de complexité et de profondeur qu'aux Presses Pocket (ou a fortiori au Fleuve...).

Cela dit, c'est le produit Pelot habituel, toujours très compétent.

 

Les Nouvelles littéraires

8-15 mai 1980. François RIVIERE

Le prolifique Pierre Pelot (alias Suragne) n'arrête pas de surprendre agréablement ses aficionados et d'irriter ceux qui aimeraient lui voir pondre de mauvais livres. Même lorsqu'il s'adresse résolument à un public populaire, ses romans ont le goût d'une aventure partagée, c'est le cas de La Rage dans le troupeau et Le Ciel bleu d'Irockee. Le dernier Pelot appartient à la catégorie la plus ambitieuse, se hisse au rang des plus illustres réussites : La Guerre olympique s'empare d'un thème à la mode, les rapports entre le sport et la politique, pour en tirer la fable la plus délirante mais en même temps la plus implacablement réaliste, en relation avec les fantasmes cataclysmiques secouant actuellement notre monde ! Des champions belliqueux s'affrontant dans le cadre de jeux Olympiques "swiftiens", voilà qui unit l'humour le plus noir au réalisme fictionnel le plus avant-gardiste !...

 

Le Progrès

Lyon, 15 mai 1980. Jean-Michel ROYER

Voici dans un proche futur, des jeux olympiques qui sont devenus une fête mondiale chargée de remplacer la guerre, de canaliser la violence, de résorber la surpopulation, et de surcroît d'éliminer les contestataires et les marginaux.

Comment s'y prend-on ? Oh ! très simplement. Le monde est divisé en deux camps, les Rouges et les Blancs. Leurs athlètes s'affrontent sur les stades, et chaque défaite est immédiatement traduite... en massacres. Si les coureurs "blancs" perdent le marathon, par exemple, un million de "blancs" périssent immédiatement. Une partie de la population, celle qui gène le pouvoir, étant vouée d'avance, dans chaque camp, à un holocauste télécommandé. Le vainqueur étant, au bout du compte, celui qui aura subi le moins de pertes.

Une science-fiction échevelée, ce roman tout récent que je viens de résumer ? Sans doute. Lisez pourtant La Guerre olympique de Pierre Pelot, et vous verrez que la fiction sur le futur n'est pas une mauvaise façon d'interroger le présent. Deux camps disputant une partie de bras de fer mondiale à la fois très sauvage et très prudente... Des jeux olympiques qui sont un champ de bataille pour les nationalismes en même temps qu'un élément de la stratégie planétaire. La violence des groupes ou des individus fusant partout, et partout combattue par la violence d'État, voire suscitée par elle... Tout cela, n'est-ce pas, déjà, l'actualité la plus brûlante ?

 

Libération

20 mai 1980. Docteur SOURIRE

A l'heure où tout le monde s'interroge sur le sort des Jeux Olympiques de Moscou (ira, ira pas ?) et sur leur avenir apparemment compromis, Pierre Pelot tranche le débat pour le futur dans la logique même qui a depuis quelques années transformé le rêve libéralo-conservateur de Coubertin en un affrontement entre nations par sportifs interposés.

En 2200, les guerres ont été abolies sur la planète et remplacées définitivement par les Jeux Olympiques qualifiés alors de Guerre Olympique. Tous les deux ans, les deux grands blocs se partageant la Terre s'affrontent comme au Moyen Age à travers les "héros" que sont leurs sportifs. Camp blanc contre camp rouge, confédération libérale contre Fédération Socialo-Communiste. Mais cette guerre (pas particulièrement en dentelles) en est une véritable puisque le camp perdant à l'issue des épreuves doit sacrifier une partie de sa population civile. Au total, chaque guerre se solde par la perte d'une dizaine de millions de vies humaines (une bagatelle en regard d'une population terrienne de l'ordre de 14 milliards et demi en 2222 lorsque démarre le livre). Comment sont désignées les victimes ? Ce sont tous les prisonniers de droit commun de chaque État (délinquants et criminels), plus tous ceux (parents, amis) qui n'ont pas su les retenir sur la pente fatale de la criminalité de toute nature.

On implante dans la tête de tous une petite bombe commandée à distance et on les parque dans de grandes places-jardins où ils peuvent suivre sur écran géant les diverses compétitions. Si leur camp perd, boum ! S'il gagne à la fin, ils seront graciés, réinsérés, choyés et on est sûr qu'ils ne recommenceront jamais leurs petites contestations, vaccinés par le suspense entre la vie et la mort. Comme ça, on fait d'une pierre deux coups : on résout "pacifiquement" les conflits entre nations et on résout les problèmes intérieurs de chacun des États par la même occasion. C'est pas beau ça ? Trêve de plaisanterie, car le roman de Pierre Pelot n'est pas gai. D'une violence terrifiante, sa lecture est comme un coup de poing répété, avec quelques rares moments de tendresse et d'humanité pour souffler et adoucir. Servi par son style tranchant, "efficace", et un "savoir faire" dans la constitution de l'intrigue remarquable, ce livre est d'une rare férocité et d'un amer pessimisme lucide sur les êtres, même si ce qui les sauve (ce qui leur reste) c'est la qualité possible de leurs rapports. C'est aussi un pamphlet virulent sur le sport de masse qui laisse pantois par sa rage furieuse. Du bel ouvrage !

 

Luxemburger Wort

20 mai 1980

Pierre Pelot et le rôle prémonitoire de la science-fiction

Désarmés devant une démographie galopante, las de consacrer des fortunes à la fabrication de gadgets meurtriers destinés à se faire peur les uns les autres avant de s'entre-tuer tous les trente ans, les gouvernements du monde ont enfin trouvé la solution idéale, qui leur permet en outre d'éliminer humainement leurs contestataires, tarés et autres délinquants.

En 2200 est déclarée la première guerre olympique programmée, qui désormais aura lieu tous les deux ans. Des champions dopés, surentraînés, s'affronteront devant des foules immenses et des milliards de téléspectateurs, au cours d'épreuves mortelles : saut d'obstacles piégés, course de motos sur glace, lancer de haches à planter de préférence dans le ventre de l'adversaire, etc… Gain des vainqueurs ? L'idolâtrie de leurs compatriotes. Pénalité des vaincus ? Environ dix millions de morts dans leur camp, selon les estimations des ordinateurs.

Mais comment sont choisies les victimes ? Dans deux catégories distinctes : celle des "condamnés-coupables" - droit commun, politiques et autres déviants - et celle des "condamnés-innocents", leur famille, leurs amis qui n'ont pas su les maintenir dans le droit chemin ou les dénoncer à temps. Ces gens portent tous, implantés dans le cerveau, une mini-bombe, réglée de manière à exploser dès qu'est connue la défaite de leur champion. On voit la beauté du châtiment : les sueurs d'angoisse des condamnés suivant le déroulement des épreuves. Et son côté humain : car, si leur camp gagne, ils seront débarrassés de leur mini-bombe et réadmis à vivre en société. Inutile de préciser qu'ils seront doux comme des moutons après un tel martyre.

Ce livre d'une rare violence est la démonstration même du rôle prémonitoire que joue la science-fiction, puisqu'il a été écrit en juin 1979, c'est-à-dire à une époque où on ne s'interrogeait guère sur les liens du sport et de la politique, sinon pour en nier l'existence. Les événements récents le placent au cœur de l'actualité la plus brûlante.

 

Le Matin

30 mai 1980. J.-P. M.

Vous vous rappelez sans doute L'Ère des gladiateurs de Pohl et Kornbluth, La Dixième Victime de Sheckley... Pour faire face à une démographie galopante et mettre un terme à toute forme d'opposition, les Gouvernements du monde viennent de trouver la solution idéale. La guerre, c'est vraiment pas propre et ça n'enthousiasme pas inconditionnellement les foules. Mais le sport !... Grâce à des Jeux olympiques à faire frémir le baron de Coubertin, les deux blocs ont trouvé un ingénieux moyen de se débarrasser, bon an mal an, tous les deux ans de quelque neuf millions d'êtres superflus. On regrettera peut-être d'être resté un peu trop sur le stade et de n'avoir pas assez pénétré les arcanes de cette nouvelle société de l'an 2000.

 

Le Quotidien du Médecin

30 mai 1980

En 2200, la paix mondiale règne. La Terre est divisée en deux camps, "blanc" et "rouge", et tous les deux ans sont organisées des guerres olympiques. Les champions s'affrontent au cours d'épreuves préliminaires très correctes, et dans le camp du vaincu ce sont plusieurs milliers de personnes qui s'effondrent, mortes : les délinquants sont ainsi éliminés. A l'issue du parcours final qui confronte les meilleurs héros, c'est l'ensemble des déviants du camp perdant qui sont tués, des millions de personnes : le problème démographique est ainsi résolu... pour deux ans. Ce livre violent est destiné à tous ceux qui s'interrogent encore sur les liens entre le sport et la politique.

 

Fiction

N° 309, juin 1980. Francis VALERY, pages 148-149

Pierre Pelot semble véritablement fasciné par la violence, tout en en ressentant un profond dégoût - terrifié également par certaines formes de violence, notamment celles que l'on est amené à exercer, tout d'abord sous la contrainte, puis en finissant par s'y habituer, en oubliant scrupules et morale. Bon nombre d'êtres humains sont ainsi manipulés, comme ces Virgules téléguidées (Fleuve noir), pour la plupart paisibles campagnards transformés en machines à assassiner par une science détournée au profit des forces de la répression, ou comme ces sujets des expériences menées dans La Rage dans le troupeau (Presses Pocket)...

Ici, l'alibi est le sport, les jeux olympiques plus exactement, mais des Olympiades truquées, où le sportif est remplacé par un gladiateur manipulé par un ordinateur, engagé dans un combat dont les seules issues sont la mort pour lui, et ceux de son camp, ou la destruction totale de "l'adversaire".

Plus de guerres dans ce proche futur, seulement des règlements "pacifiques" et "propres", le pays devant uniquement appliquer à sa population un certain quota de "pertes". Mais que l'on se rassure, les éléments antisociaux partiront les premiers. Dangereuse vision que celle qui consisterait à encourager Michel Debré, en espérant que les femmes enceintes compteraient pour deux !

Rendez-vous à Munich donc, pardon, à Moscou, et nous en reparlerons plus longuement.

Pelot écrit énormément, publie tout autant, et reste cependant toujours un écrivain bourré d'idées, avec un cœur gros comme ça, qui ne demande qu'à vider son sac. Pelot a beaucoup de choses à dire, ce roman le confirme une fois de plus.

 

Lire

Juin 1980

Si Flaubert écrivait un Dictionnaire des idées reçues de la science-fiction française, on y lirait sûrement ceci: "Pelot : trente-cinq ans, et il a déjà publié soixante-quinze romans ! S'extasier. Tonner contre. Le comparer à une mitrailleuse lourde. Chic : lui préférer Pierre Suragne...". Ajoutons que Suragne est... un des pseudonymes de Pelot. Que cette Guerre olympique (où les exploits des sportifs sont traduits, dans le camp vaincu, par des explosions qui font des millions de morts) est un cauchemar logique d'une actualité assez hallucinante. Que du même Pelot, Le Ciel bleu d'lrockee (186 p., Presses Pocket) est un cauchemar en moins logique et qui rappelle furieusement le génocide jadis subi par les Indiens d'Amérique. Et enfin, que les mitrailleuses lourdes écrivent sacrement bien ces temps-ci...

 

Magazine littéraire

N° 162, juin 1980. Antoine GRISET, page 58

Lorsque ce numéro du Magazine littéraire sortira, nous serons fixés sur le sort des jeux olympiques de Moscou. On saura définitivement si la grande kermesse quadriennale a été rabaissée au niveau de plus modestes "spartakiades", remettant ainsi en question l'avenir même de cet affrontement programmé des nations entre elles par sportifs interposés.

Cet avenir, que beaucoup situent dans une logique de l'effacement progressif, Pierre Pelot, avec son dernier livre, La Guerre olympique, le voit au contraire de façon plus optimiste ; si l'on peut dire. Au XXII° siècle, par décision des Nations Unies, les Olympiades remplacent définitivement les guerres sur la planète, et prennent de ce fait le nom de guerres olympiques. Leur retour tous les deux ans joue le rôle de soupape à l'agressivité humaine et aux conflits entre les deux grands blocs qui se partagent la Terre : la Confédération libérale (le camp blanc) et la Fédération socialo-communiste (le camp rouge). Mais cette guerre, menée à la manière des tournois du Moyen Age, à travers ces héros de chaque camp que sont les sportifs, en est réellement une puisque chaque défaite s'accompagne pour le camp perdant de la mort d'une dizaine de millions de civils, répartis dans toutes les nations qui le composent. La désignation de ces victimes de la guerre n'est pas due au hasard : ce sont tous les délinquants et criminels de chaque Etat, ce sont aussi tous ceux (parents, amis, relations, etc.) qui n'ont pas su empêcher les premiers de verser dans la contestation, l'opposition et la criminalité de "toute nature". Pour ce faire, on leur implante dans la tête une mini-bombe commandée à distance, qui sautera en cas de défaite. Si leur camp gagne la guerre, ils seront graciés, réinsérés dans la société, et… vaccinés à jamais contre la délinquance. Car je vous laisse le soin d'imaginer ce que peut bien constituer pour un individu "implanté" de cette façon, le suspense final des épreuves olympiques qu'il suit sur écran de télévision géant dans les "champs d'honneur" où on l'a parqué dès le début des épreuves.

Ce livre est d'une violence, d'une amertume et d'un pessimisme souvent difficiles à avaler, que seuls de rares moments de tendresse viennent éclairer et adoucir ; il est servi par le style terriblement efficace, tranchant, de Pierre Pelot et par sa maîtrise de l'action romanesque. Le suspense de la fin ou l'issue de la guerre (et donc le sort de 10 millions de personnes dans chacun des camps) est en balance jusqu'au bout de l'ultime épreuve de ces jeux, est du grand art. Comme la chute du roman, mi-amère, mi-résignée. Pierre Pelot écrit toujours avec une rage contenue et n'y va pas avec des gants dans ses descriptions et dans les conséquences qu'il tire des situations qu'il crée. Il a écrit là un roman qui vous secoue profondément et dont il est difficile de ne pas sortir meurtri et les yeux grands ouverts sur l'intolérable violence dont nos complaisances quotidiennes sont grosses .

 

Best

Juin 1980

Lance-flamme olympique.

Il est des gens, qui parfois, comme ça, ont une vision du futur, des gens qui entrevoient ce que sera demain, ou qui, du moins, en perçoivent une partie. Quand ces gens-là pratiquent un art, cela donne 1984 d'Orwell dont nous ne sommes, à quelques détails près, pas très loin, ou Metropolis de Fritz Lang, ou encore l'œuvre de Jules Verne ou les croquis de Léonard de Vinci... Pierre Pelot, lui n'a pas "vu" très loin. Son bouquin La Guerre Olympique doit dater d'un ou deux ans. Mais quand même ! Arriver à entrevoir les implications entre la guerre froide que se livrent les deux grands blocs, les jeux olympiques, et l'élimination des marginaux et autres sujets remuants et gênants, chapeau ! Faire là-dessus un bouquin qui se tienne, encore mieux !!

Imaginez… Imaginez notre vieille Terre, dans pas très longtemps. Les positions se sont durcies, et le monde est divisé en deux camps, le Rouge et le Blanc. Et tous les deux ans, on déclare ouverte la Guerre Olympique. Quatorze disciplines, dont certaines meurtrières, dans lesquelles, les champions hyper-dopés s'affrontent farouchement. Chaque athlète remportant une épreuve fait approcher son camp de la victoire finale. Oui me direz-vous, tout ceci est bien joli, mais une guerre sans victimes, sans millions de morts, une guerre où le sang ne coule pas n'est pas une guerre. Exact, mais tout a été prévu et chaque victoire sportive se solde par des centaines de milliers de vie dans le bloc adverse. Comment ? C'est très simple. En désignant les victimes et en les choisissant parmi les "gens qui gênent", les délinquants, les marginaux, les subversifs, tous ceux dont la société souhaite se débarrasser. On leur a placé chirurgicalement une mini-bombe dans la tête, un "ange gardien" à double vocation. D'abord de les empêcher de mal penser, en déclenchant d'horribles migraines dès qu'une idée "tordue" germe dans les replis du cerveau, et d'exploser sur commande lorsque le camp auquel on appartient perd une épreuve.

Ce livre est l'histoire de Yanni Bog Bonnefaye, mort en sursis avec dans la tête, la plus horrible épée de Damoclès que l'on puisse imaginer, et celle de Pietro Coggio, champion de pugilat, vedette des rings, qui tient entre ses poings gantés de métal le sort de millions de vies. C'est aussi l'histoire de Slim, la rousse journaliste révoltée contre cet inhumain système qui propose à Yanni une bien étrange association, et celle de Virginia, la petite fiancée de Coggio, d'apparence si fragile... L'éditeur a, vite fait bien fait, fait placer autour du bouquin un bandeau portant la mention "Un roman prémonitoire". Il aurait pu ajouter que c'est avant tout un cri d'alerte…

 

Nouveau Stéphanie

Juin 1980. Yves LE BONNIEC

En 1936, les Jeux Olympiques se déroulèrent dans la capitale d'un pays où les opposants au régime et ceux qu'on étiquetait comme "asociaux" étaient parqués par milliers dans des camps de travail pour leur "rééducation". En 2222, dans le monde imaginé par Pierre Pelot, les camps sont devenus inutiles : l'ordre règne dans les cerveaux des "condamnés"; des "illégaux". Les "médecins-juges" leur implantent dans le crâne, un "ange-gardien" qui les punit au moindre signe d'agressivité ou de rébellion. Qui peut les tuer à distance aussi, sur commande d'un ordinateur. Et les J.O. sont devenus la G.O. : la Guerre Olympique. Les défaites des champions sur le ring ou au stade se paient comptant pour les pays vaincus : tant de milliers de ces "condamnés" exécutes pour tel ou tel score. Un roman de Science-Fiction sans accumulation de gadgets et qui se laisse lire facilement.

 

Le Quotidien de Paris

3 juin 1980. P. J.

Que les Jeux Olympiques soient un terrain privilégié d'affrontement entre les grandes puissances, l'actualité de ces derniers mois le montre à l'évidence. Mais la même actualité prouve également que la compétition olympique ne constitue pas un substitut suffisant à d'autres formes de combat plus meurtrières. Pour remédier à cela, une solution : remplacer les Jeux par la guerre olympique. Dans cet affrontement organisé à l'échelle mondiale, deux camps : les rouges et les blancs. Des épreuves sportives traditionnelles légèrement modifiées : les matches de boxe se poursuivent jusqu'à ce que mort s'ensuive, et il n'est nullement interdit, durant les concours de tir à l'arc, de planter une flèche dans la gorge de l'adversaire. Dans le camp vaincu, au terme de la guerre, dix millions de personnes sont exécutées, choisies parmi les délinquants et les opposants politiques. Un système parfait qui, aujourd'hui, permettrait de régler d'un coup le problème de la rivalité des grandes puissances au Moyen-Orient, celui des dissidents soviétiques et, bien sûr, celui des Jeux de Moscou. Un remarquable roman de l'un des plus confirmés des auteurs français de SF.

 

Est Éclair

Troyes, 4 juin 1980

Rollerball ou Death race poussés à leur paroxysme. Tous les deux ans, la guerre est déclarée par jeux interposés. Et quels jeux : leur but consiste tout simplement à freiner l'augmentation de la démographie terrestre. Autant dire qu'il y a des morts, beaucoup de morts. Et en filigrane, une question qui fait de ce roman une œuvre prémonitoire : quel rapport y a-t-il entre le sport et la politique ?

 

Afrique Asie

9 juin 1980

La Guerre Olympique, par Pierre Pelot. Elle se passe en l'an 2200. Tous les deux ans, des gouvernements du monde organisent des jeux mortels auxquels participent "marginaux" de toute sorte et leurs familles, par contrecoup. Bilan de chaque guerre organisée en spectacle télévisé : dix millions de morts…

C'est de la science-fiction, école occidentale : celle qui ne voit l'avenir que dans la violence destructrice, le désespoir…

 

24 heures

14 juin 1980. Bernard CHAPPUIS

La Guerre olympique de Pierre Pelot, c'est Rollerball puissance 10. Ou le sport au service exclusif de la politique. Deux camps en 2200 et la vie de millions de droits communs et de déviants politiques dans les mains et les jambes de champions superdopés et surentraînés. La solution idéale pour juguler une démographie galopante. L'horreur hante les stades. L'Apocalypse sur un fond de pistes cendrées.

L'histoire ne manque pas de densité et il est vrai qu'elle est la démonstration du rôle prémonitoire que peut jouer la SF puisqu'elle a été écrite en juin 79. A une époque où l'on niait officiellement qu'il puisse exister un lien entre la politique et le sport. Aujourd'hui la réalité n'est-elle pas en train de dépasser la fiction ? Un livre à lire absolument, à grandes enjambées.

 

Sud-Ouest Dimanche

15 juin 1980. Michel JEURY

La Guerre olympique est un gros livre prophétique plein d'action, de sport… et de politique. Beaucoup, beaucoup de violence… Ce sera sûrement un succès commercial, mais des trois, c'est celui que j'ai le moins aimé.

 

Espaces libres

Été 1980. R. T.

Le phénomène Pelot nous livre un nouveau chef-d'œuvre dans une production pourtant abondante et de qualité (à noter - notamment parce que passé plus inaperçu - le très beau et déchirant Blues pour Julie chez Ponte Mirone, fascinant exercice sur l'écriture), en abordant un thème assez peu exploité en science-fiction : le sport.

Seul, le film Rollerball avait quelque peu exploité le thème. Mais à côté de La Guerre olympique, Rollerball est paisible. La violence du livre est continue, éclairée pourtant par des touches de tendresse comme seul Pelot sait le faire pour ses personnages (la "fiancée" de Coggio, le "clown" Mäger).

En tout cas, Pelot règle ses comptes avec le sport de compétition sous toutes ses formes : sport-spectacle, sport-médecine (les soigneurs sont des "dope-man"), sport-argent, sport-politique, et montre bien l'étroite imbrication de tous ces thèmes si bien que finalement, on peut se dire que cette olympiade entre deux camps où finalement tout le monde est gagnant ("les perdants" sont les "dissidents" des deux camps qui meurent - grâce à une bombe greffée dans le cerveau - à la suite de la défaite de leur camp dans les épreuves des olympiades).

Le style de Pelot s'adapte bien à tout cela : ce n'est pas par hasard si les lecteurs de L'Équipe retrouvent au détour d'une page le "style" de Pierre Charny ou de Jacques Goddet. Un petit plagiat très amusant.

En tout cas, un livre à lire avant le 19 juillet (pour les ignares, c'est le début des "jeux olympiques" de Moscou !). Et puis Pelot ne livre-t-il pas un moyen de les sauver, ces fameux jeux ?

Plus question de boycott avec ces enjeux, en effet !

 

Pilote

Juillet 1980. Laurence HARLé

Vous avez dit science-fiction ?

Quelles sont les solutions aux problèmes posés par la surpopulation et la délinquance dans un monde où règne une paix durable, en admettant que l'agressivité doit quand même s'exprimer quelque part ? Une idée au hasard : organiser un conflit international programmé tous les deux ans, entre le camp rouge et le camp blanc. On aura des athlètes surdopés, couvés et conseillés, même pendant les épreuves, par leurs soigneurs et psychologues personnels. Ils s'affronteront dans des combats sportifs, sanglants et spectaculaires : boxe à mort, lancer de haches ou tir à l'arc, y compris sur l'équipe ennemie, courses de haies piégées, etc. Spectacle d'autant plus palpitant que chaque défaite coûte au bloc vaincu un certain nombre de victimes, choisies par le grand ordinateur parmi les condamnés coupables : assassins, déviants politiques ; et innocents : les membres de leur entourage qui n'ont pas su les dénoncer à temps. Pour eux, aucun espoir d'évasion : l'implant greffé dans leurs cerveaux déclenche d'atroces douleurs dès qu'une pensée incongrue, révolte ou qui sait, suicide même, se forme à la limite de leur conscience, en attendant l'impulsion qui les fera exploser de l'intérieur, très proprement. Les victimes ont une chance de survie : la victoire de leur camp signifie l'ablation de l'implant et le retour à la vie normale, après une petite période de réadaptation. Torture par l'espoir ? Mais non, tout cela est très humanitaire. Voyons, réfléchissez ! Plus de prisons, guillotines ou chambres à gaz ; les survivants auront reçu une bonne leçon, ils n'y reviendront pas. La Guerre olympique résout tout, les citoyens libres sont contents, et personne n'ira dire que le quota de morts à respecter détermine quoi que ce soit dans le déroulement des Jeux. Le sport et la politique ? Aucun rapport.

 

La Liberté

6 juillet 1980. Martine THOMé

La science-fiction, c'est quoi ?

Pierre Pelot s'est fait un nom dans la science-fiction française nouvelle vague, faisant partie de la génération montante des nouveaux auteurs puisqu'il est né en 1945. Véritable professionnel - ce qui est souvent péjoratif lorsqu'il s'agit d'écriture - il a déjà publié une soixantaine de romans tant policiers que SF, également pour adolescents, sous le pseudonyme de Pierre Suragne ou sous son nom. Mais cette abondance de production n'a pas terni son imagination et ses romans se renouvellent tout en étant toujours très prenants. Ce qui n'est malheureusement pas le cas de tous les professionnels !

Si La Guerre olympique fait figure de roman prémonitoire, il faut se rappeler qu'il a été écrit en juin 1979, donc à une époque où on ne pouvait prévoir tout le "cirque" qu'allaient déclencher les Jeux Olympiques de Moscou. Bien sûr, il est toujours facile de voir des prémonitions après tout ! Quoi qu'il en soit, l'idée est excellente. En 2200 la Terre est partagée en deux camps : la Fédération socialo-communiste (ou Camp rouge) et les États et nations de la Confédération libérale (ou camp blanc), plus 12 pays neutres et deux opposants. Comme la démographie galopante et la course aux armements sophistiqués posent des problèmes cruciaux, les hommes décident de s'affronter désormais par la guerre olympique. Celle-ci aura lieu tous les deux ans, le conflit sera international et planétaire. Le nombre des victimes sera déterminé à l'avance par des ordinateurs. Les athlètes participants pour chaque camp seront sélectionnés rigoureusement pour accomplir les 14 épreuves dans diverses disciplines. Lors des éliminatoires, les pays dont les athlètes ont perdu seront sanctionnés par la mise à mort d'un nombre déterminé de condamnés. Idem lors des 14 épreuves. Enfin, des héros seront désignés dans chaque camp pour l'épreuve finale, le parcours des héros. Le vainqueur de ce parcours déterminera le camp gagnant. Ceux parmi les condamnés qui auront réussi à rester en vie tout au cours de la guerre olympique seront sauvés, ou, au contraire, tous tués, selon le camp vainqueur.

Ces condamnés sont des droits communs ou des politiques qui vivent en liberté avec une mini bombe dans la tête qui explosera en temps voulu. Les athlètes sont superdopés des deux côtés. On suit ainsi un athlète du camp blanc et un condamné de chaque camp. Au fur et à mesure que s'avance la guerre, l'angoisse des condamnés croît. Elle sera un châtiment suffisant s'ils parviennent à sauver leur peau. Ces parias de la société ne sont guère mieux lotis que les héros qui se livrent entre eux à des épreuves ultra violentes et meurtrières. Au total, 9 millions de morts sur la terre et deux ans pour souffler avant la prochaine guerre olympique. Mais est-ce vraiment les athlètes, qui vivent eux aussi des temps de préparation et des épreuves inhumaines, qui décident ? Tout n'est-il pas truqué et résolu d'avance par les ordinateurs ? Les peuples vivent en paix et ne craignent rien… sauf s'ils se font condamner, ou même sont condamnés innocents s'ils font partie de la famille d'un déviant, par exemple. Pierre Pelot a mené là un suspense angoissant à tout point de vue. Une fois de plus, on se dira : et si demain…, car il suffit de peu pour être du mauvais côté ! Enfin, le récit se passe en 2222, c'est-à-dire lors de la douzième guerre olympique. Car, une fois les choses en train, on ne sait jamais quand elles s'arrêteront.

 

Sud-Ouest dimanche

27 juillet 1980. Michel JEURY

Entre le Festival de Cannes et le Tour de France (dans la caravane publicitaire), Joëlle Wintrebert, journaliste de cinéma, a publié son dernier roman Les Olympiades truquées (Kesselring). Un livre intense et prémonitoire, comme La Guerre olympique de Pierre Pelot, dont j'ai parlé dans ma chronique du 15 juin. Ces deux romans ont été écrits en 1978-1979, bien avant les "événements". Mas ce n'est pas leur seul mérite.

 

Le Figaro

1er août 1980. M. NURIDSANY

Roman prémonitoire ? Peut-être. Pour moi le meilleur texte de Pierre Pelot : un livre extraordinairement violent où les rouges et les blancs se font la guerre par sportifs interposés, la défaite d'un camp entraînant la mort de dix millions d'individus choisis parmi les contestataires et les marginaux. Ceux-ci portent, implantée dans leur cerveau, une mini-bombe qui doit exploser dès qu'est connue la défaite du champion. On devine avec quelle intensité est suivi le déroulement des épreuves ! En cas de victoire, les dissidents seront admis à réintégrer le sein de la société. On comprend qu'après une telle torture, ils filent doux…

 

Le Monde

15 août 1980. Alexis LECAYE

La guerre au cœur de la science-fiction

La guerre, classique ou nucléaire, chaude ou larvée, totale ou codifiée, impérialiste ou défensive, est un des principaux ressorts de la littérature de science-fiction. Deux passionnants romans : Le Naguen, de Jean Hougron, et La Guerre olympique, de Pierre Pelot, et un non moins excellent recueil de nouvelles, La Troisième guerre mondiale n'aura pas lieu, anthologie réunie par l'Américain Joe Haldeman, en administrent une fois de plus la preuve.

Après la phase "amour fou" des années 60 où les humanoïdes de tous pelages pratiquaient un coït ininterrompu, nous voici revenu aux jeux virils du casse-pipe. Virils ? Voire... Dans la nouvelle vague en science-fiction, les femmes ne se contentent plus du rôle passif de faire-valoir : les héroïnes musclées sont aujourd'hui sur tous les fronts (…).

Le retour au combat des Horaces

Pierre Pelot dans sa Guerre olympique, se limite plus modestement à la surface de notre vieille et belliqueuse planète : "La douzième guerre olympique de 2222 oppose comme à l'accoutumée le camp Blanc et le camp Rouge, le camp Blanc regroupant les États et les nations de la confédération libérale, le Rouge les États et les nations de la fédération socialo-communiste. (...)La douzième guerre olympique comptera un minimum de neuf millions de victimes. C'est prévu, calculé".

Finis les guerres stupides, le napalm, la bombe atomique ! Finis les excès démographiques, la pollution sauvage et les révolutions ! Tous les deux ans, les champions surentraînés des deux blocs s'affrontent dans une lutte à mort. Au moment de la victoire, neuf millions de déviants et de délinquants de la fédération vaincue meurent rapidement, proprement, quand une capsule introduite préalablement dans leur cerveau explose sous l'impulsion de l'ordinateur central. Les encapsulés du camp vainqueur (ceux du moins qui ne meurent pas de peur), libérés de leur prothèse mortelle, n'ont rien de plus pressé que de se transformer en citoyens modèles. Le système, clos et logique, fonctionne à la perfection.

Pierre Pelot, jeune étoile variable de la science-fiction française, maîtrise dans ce dernier roman toutes les ficelles du suspense. Il saisit ses héros juste avant l'holocauste : deux condamnés, morts en sursis de chaque camp, aussi sympathiques et pitoyables l'un que l'autre, et un super-champion de l'Occident, bête de combat dopée jusqu'aux oreilles et tout aussi pathétique, en route vers la sanglante finale. officiels et spectateurs, industriels du spectacle et du sport, politiciens, tous - moins neuf millions de personnes - communient dans la même ardeur, sous les écrans de télévision géants des stades. Ces jeux olympiques ne connaissent pas le boycottage.

 

Le Point

N° 413, 18 août 1980, p. 74. Jean-Claude LOISEAU

L'an 2000 n'est plus ce qu'il était

C'est un fait historique indiscutable : la première guerre olympique s'est déroulée, avec succès, en l'an 2200 de notre ère. Cette année-là, le camp rouge l'a nettement emporté, avec seulement trois millions de morts contre plus de huit millions de victimes dans le camp blanc. Depuis ce premier "conflit international planétaire programmé", les héros des deux camps en présence sur la Terre (y compris la Lune) s'affrontent tous les deux ans devant des foules immenses. Chaque point compte, et le règlement stipule que les vaincus sont pénalisés en millions de morts dans leur camp. Choisis comment ? Rien de plus simple : délinquants, contestataires et déviants de tout poil portent dans leur cerveau une mini bombe réglée pour exploser dés le résultat connu...

Flash-back. En 1980, La Guerre olympique, du Français Pierre Pelot, donne, parmi des dizaines d'autres romans publiés en avalanche, le ton d'une science-fiction foisonnante, multiple, dont le futur n'a sans doute jamais été aussi riche de perspectives. Depuis une décennie, l'avenir de la SF a changé d'échelle. Elle se déploie dans des espaces inconnus, imprévisibles des pionniers du genre. Tout, désormais, est permis, ou presque, toutes les expériences sont tentées. Et les auteurs, célèbres ou peu connus, emportent dans leurs folles dérives un public de plus en plus nombreux : depuis qu'on a conquis la Lune, ils sont devenus légion, les candidats au voyage vers l'impossible réalisé... […]

 

Notes bibliographiques

Union nationale de Culture et Bibliothèques pour tous, septembre-octobre 1980

En l'an 2200, les Jeux Olympiques ont cédé la place à la Guerre Olympique, qui, tous les deux ans, oppose le Camp Blanc au Camp Rouge, dans des épreuves spectaculaires et sanglantes. Chaque point gagné par un camp se traduit par des centaines de milliers de morts dans le camp adverse : moyen élégant pour chaque camp de se débarrasser de ses délinquants, marginaux, opposants et autres déviants...

Surnommé "l'homme qui écrit plus vite que son ombre", Pierre Pelot publie à une cadence telle qu'on s'essouffle à le suivre ; une telle production est forcément inégale. Sans être un des meilleurs, La Guerre Olympique est un bon Pelot, du moins pour les lecteurs que les scènes de violence n'effarouchent pas trop : le sujet s'y prête, et l'auteur s'y connaît. Mais cette violence n'est pas gratuite ; elle sert à dénoncer l'envahissement du sport par les combines, le dopage, l'argent, la publicité et la politique. Anticipation ? Voire ! Ouvrez votre journal habituel…

 

Le Miroir du centre

Septembre 1980

Monde cruel aussi que celui qui est décrit par Pierre Pelot dans La Guerre olympique chez Denoël (Présence du Futur n° 297). Le monde est partagé entre son désir de se survivre et celui de ne pas crouler sous la surpopulation. Il va donc falloir trouver une solution : ce sera la Guerre Olympique. Elle va opposer les blocs (qui sont plus ou moins ceux que nous connaissons aujourd'hui) par l'intermédiaire d'athlètes-combattants dans des épreuves infernales. Une seule issue : tuer pour ne pas être tué, tuer pour être un héros et partager le combat final. A chacune des défaites de l'un de ses combattants, son bloc perd quelques milliers d'individus soigneusement répertoriés : condamnés de droit commun, politiques, asociaux... tout ce qui gêne, qui encombre, coûte cher à un pays. Un procédé aussi expéditif qu'ignoble et c'est à la lutte d'un champion parallèle à celle de deux condamnés, à laquelle nous convie ici Pelot. Si le roman a parfois quelques longueurs - certains tableaux ne m'ont pas semblé être indispensables - l'ensemble est passionnant et le lecteur est tout aussi angoissé que les trois héros principaux de cet ouvrage. Pourvu que cet exercice reste à l'état de spéculation !...

 

Le Sauvage

N° 72, automne 1980

 

Nouveaux modes de vie

(…) Violents et étatisés : La Guerre olympique ou la solution miracle imaginée par Pierre Pelot (et les gouvernements du XXIème siècle) pour résoudre simultanément les pulsions chauvines collectives, la délinquance et les problèmes de démographie galopante. Plus de conflits, mais tous les deux ans une "guerre olympique" où s'affrontent par champions interposés les camps blancs et rouges. Tous les coups sont permis dans des stades transformés en arènes sanglantes, et le camp vaincu est pénalisé de dix millions de morts sélectionnés au préalable parmi les déviants et contestataires de tous types - lesquels se voient implantés dans le cerveau une mini-bombe qui saute dès les résultats proclamés... Conçu en 1979, ce roman devenu pour le moins d'actualité donne un méchant coup de pied dans les aveuglements d'aujourd'hui. De même, le premier ouvrage de Joëlle Wintrebert, Les Olympiades truquées. Dans une France où ne comptent plus que les spectacles absorbés à doses massives par des populations indolentes, où la vie sociale tout entière est dominée par l'"événement" sportif, l'itinéraire d'une jeune fille transformée en superchampionne par les laboratoires biogénétiques.

 

Le Caducée

Octobre 1980

Désarmés devant une démographie galopante, las de consacrer des fortunes à la fabrication de gadgets meurtriers destinés à se faire peur les uns les autres avant de s'entre-tuer tous les trente ans, les gouvernements du monde ont enfin trouvé la solution idéale, qui leur permet en outre d'éliminer humainement leurs contestataires, tarés et autres délinquants.

En 2200 est déclarée la première guerre olympique programmée, qui désormais aura lieu tous les deux ans. Des champions dopés, surentraînés, s'affronteront devant des foules immenses et des milliards de téléspectateurs, au cours d'épreuves mortelles : saut d'obstacles piégés, course de motos sur glace, lancer de haches à planter de préférence dans le ventre de l'adversaire, etc. Gain des vainqueurs ? L'idolâtrie de leurs compatriotes. Pénalité des vaincus ? Environ dix millions de morts dans leur camp, selon les estimations des ordinateurs.

Ce livre, de P. Pelot, d'une rare violence est la démonstration même du rôle prémonitoire que joue la S.-F., puisqu'il a été écrit en juin 1979, c'est-à-dire à une époque où on ne s'interrogeait guère sur les liens du sport et de la politique, sinon pour en nier l'existence. Les événements récents le placent au cœur de 1'actualité la plus brûlante.

 

Feuilles d'annonces de Valenciennes

1er novembre 1980. Pierre DESCAMPS

Ce livre, d'une rare violence, est la démonstration même du rôle prémonitoire que joue la science-fiction, puisqu'il a été écrit en 1979, c'est-à-dire à une époque où l'on ne s'interrogeait guère sur les liens du sport et de la politique, sinon pour en nier l'existence. Les événements récents le placent au cœur de l'actualité la plus brûlante.

 

Présence du futur

Catalogue analytique, 1990, 1992, 1994

Pour concilier la paix, le contrôle démographique, la délinquance et les troubles intérieurs, tous les deux ans, dans la liesse générale, la guerre olympique est déclarée. Les champions surdopés s'affrontent au cours d'épreuves où tous les coups sont permis, et le camp des perdants doit au gagnant dix millions de morts.

Le détournement du sport. Supporters abrutis. Critique sociale. Auteur moderne.

 

Le Science-fictionnaire

Paris : Denoël, 1994 [04/1994], tome 1 (Présence du futur, N° 548). Stan BARETS, page 315

En 2200, entre les Blancs et les Rouges, c'est la guerre olympique. Les athlètes dopés, surentraînés, s'affrontent devant des foules immenses au cours d'épreuves mortellement piégées où tous les coups sont permis.

 

La Liberté de l'Est

14 février 1995. Raymond PERRIN

Pierre Pelot : un maître reconnu de la science-fiction et du fantastique français

[...] Cauchemars guerriers ou les apprentis de l'apocalypse

Les armes inquiétantes de l'avenir préparent la mort de la Terre. Après l'apocalypse redoutée et effective, l'armée confectionne des cauchemars parfaits, des jeux guerriers, des expérimentations en grandeur réelle où la technologie utilise des implants-bombes individuels.

Expérimentations et illusions retorses se conjuguent pour les victimes de La Guerre Olympique. Lors du conflit de l'an 2222, le camp de la confédération libérale affronte toujours le camp de la fédération socialo-communiste. Bilan : neuf millions de victimes, répertoriées, à l'issue de combats singuliers, diffusés dans le monde entier et décidant dans quel camp vont exploser les implants-bombes des condamnés. [...]

 

Galaxies

N° 17, juin 2000. Xavier NOY

L'action se passe en 1980... Non, 2200, excusez-moi... J'ai confondu car elle se situe dans un monde qui ressemble à s'y méprendre à celui que nous connaissions il y a vingt ans, à l'époque où la guerre froide, après s'être poudrée au blocus de Berlin et fardée à la guerre du Viêtnam, ne savait plus très bien comment se travestir. La chute du Mur n'était alors qu'œuvre des plus loufoques anticipations... Mais Pierre Pelot ne verse pas ici dans cet exercice de style, ou si peu ; la grande différence (et peut-être la seule véritable) entre son monde et le nôtre est que la guerre, en 2200, n'existe plus. À sa place, des Olympiades façon Rollerball organisées tous les deux ans (tiens ? voilà qui s'est actualisé) décident de la vie de millions de personnes. Car chaque jeu se solde par un quota de morts désignés par ordinateur dans les "prisons" du camp vaincu. Une pierre, deux coups : on limite la délinquance en même temps qu'on règle les problèmes de surpopulation. Et, sublime ricochet qui rend le principe génial, l'énormité de l'enjeu excite la fibre patriotique des peuples jusqu'à des sommets insoupçonnés.

Deux camps s'affrontent : le bloc socialo-communiste (les Rouges) et le bloc libéral (les Blancs). On reconnaît ici l'auteur qui ne laisse aucune échappatoire à son lecteur : c'est bien du monde actuel dont il nous parle. Et la réalité à présent obsolète du clivage Est/Ouest ne doit pas nous leurrer : en toute compétition sportive internationale, Jeux olympiques en tête, c'est toujours nous contre les autres. Sans qu'il soit nécessaire (ni souhaitable) de le dire, le sport a un impact considérable sur les foules qui s'identifient à leurs champions et respectent les meilleurs, la nation qui remporte le plus de médailles. Est-il illogique, dès lors, que tous les moyens deviennent bons pour s'imposer dans l'Arène ? Les stimulants légalisés, les combats à mort ne sont que les conséquences normales de cet enjeu politique. Vous doutez ? En notre époque de réveil meurtrier des nationalismes, voyez la flambée du cours des produits dopants dans tous les sports...

En lisant ce brillant exposé de Pierre Pelot, on se prend à penser que, au-delà des combats de façade des idéologues, être shooté et prêt à tout pour vaincre est la seule façon de "participer aux Jeux dans le respect des règles de ceux qui nous gouvernent...".

 

 

30 juin 2004. Raymond PERRIN

Guerre et olympisme

Manipulations, illusions retorses pour les victimes sont évidentes dans La Guerre Olympique, un livre publié en 1980, à l'heure où l'on s'interrogeait sur le boycott des Jeux de Moscou. Les vingt-quatre ans qui se sont écoulés depuis ce roman ont plutôt renforcé son caractère prémonitoire puisque personne aujourd'hui ne peut douter des liens qui unissent l'olympisme et la politique. Les Jeux d'Athènes ne démentiront pas cette évidence.

Lors du douzième conflit de l'an 2222, le camp blanc des "États et des nations de la confédération libérale" affronte toujours le camp rouge, celui des "États et des nations de la fédération socialo-communiste". Il y aura un minimum de neuf millions de victimes, choisies, répertoriées. Trois personnages sont contraints de vivre intensément ces combats. A Denver-Lake, il y a Yanni Bog, un mort en sursis depuis qu'il a diffusé des tracts jugés subversifs.

A Debrecen, en Hongrie, c'est Mager Cszorblovski qui ne se résout pas à attendre l'issue des combats, conscient comme Yanni Bog que la bombe implantée dans sa tête peut exploser à la fin des combats. Et puis, il y a le champion, Pietro Coggio, dopé, surentraîné, mis en condition pour aller jusqu'au bout de ces combats qui peuvent porter atteinte à son psychisme. Évidemment, le monde entier, rivé aux écrans suit les épreuves de ce "nouvel opium de peuples décérébrés" .

Les guerres semblent donc devenues aussi inutiles que la menace nucléaire. Démographie galopante, pollution et révolutions endémiques appartiennent à un passé révolu ! Désormais, il suffit d'organiser l'affrontement bisannuel des champions sélectionnés et surentraînés des deux blocs jusqu'à ce que mort de l'un d'eux s'ensuive. Le signal de la victoire est aussi celui de l'élimination de millions de déviants et de délinquants de la fédération vaincue. La capsule insérée dans leur cerveau explose sous la commande de l'ordinateur central. Ceux qui survivent, terrorisés, vont bien évidemment tout faire pour se comporter en citoyens dociles. Le spectacle des combats est constamment retransmis sur les écrans géants des stades et orchestré autant par les politiciens que par les industriels du spectacle et du sport. Non seulement, on peut revoir à la baisse les dépenses de guerre mais la régulation démographique est assurée !

La lecture de ce roman fascinant, sans concession, d'une violence terrifiante, n'est tempérée que par quelques séquences de tendresse et d'humanité, le temps pour le lecteur de souffler un peu !

Ce livre, évidemment féroce et pessimiste, est un cri de rage contre la guerre, contre toute guerre par quelqu'un qui, après tout, est né juste à la fin d'un de ces curieux divertissements meurtriers à l'échelle de la planète, où l'on disposait déjà de "merveilles" technologiques qu'on ne cessera, n'en doutons guère, de "perfectionner" !

 

Page créée le mercredi 29 octobre 2003.