La Guerre olympique

 
 
  • Pierre Pelot
  • 1980 | 84ème roman publié
  • SF
 

Date et lieu

Juillet 2222, sur le territoire des États d'Union d'Amérique du Nord.

Sujet

Comment concilier la paix mondiale, le chauvinisme des peuples, le contrôle de la démographie, la lutte contre la délinquance et l'amour du sport ? C’est simple... Tous les deux ans sera déclarée, entre le camp blanc et le camp rouge, la guerre olympique. Des champions dopés, surentraînés, s'affronteront au cours d'épreuves mortelles où tous les coups sont permis. Pénalité des vaincus ? Dix millions de morts dans leur camp, choisis parmi les délinquants, les subversifs, les déviants dont le cerveau est piégé à l’aide d’une mini-bombe réglée pour exploser dès la proclamation du résultat. Quelle belle invention ! Pourquoi n'y a-t-on pas pensé plus tôt ? La guerre olympique est un roman d’anticipation glaçant, où la violence ne fait que souligner la justesse du propos. Un futur que l’on aimerait ne jamais connaître !(4ème de couverture, 2012).

 

Éditions

Couverture de Stéphane Dumont.

  • 1ère édition, 1980
  • Paris : Denoël, I/1980 [impr. : 25/03/1980].
  • 18 cm, 319 p.
  • Illustration : Stéphane Dumont (couverture).
  • (Présence du futur ; 297).
  • Avec bandeau-jaquette : "Un roman prémonitoire".
  • Réimpression : sans bandeau, 1982 (?). ISBN : 2-207-30297-0.
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  • 2ème édition, 1994
  • Paris : Denoël, 1994 [impr. : 01/1994].
  • 18 cm, 319 p.
  • Illustration : Michel Borderie (couverture).
  • (Présence du futur ; 297).
  • ISBN : 2-207-50297-X.
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  • 3ème édition, 1998
  • Éditions 00h00, 1998.
  • Édition numérique.
  • 319 p., poids : 1200 ko.
  • Téléchargement sur : http://www.00h00.com.
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    Couverture de Caza.

  • 4ème édition, 1999
  • Paris : Denoël, octobre 1999 [impr. : 10/1999].
  • 18 cm, 319 p.
  • Illustration : Caza (couverture).
  • (Présence du futur ; 297).
  • ISBN : 2-207-25023-7.
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    La Guerre olympique.

  • 5ème édition, 2012
  • Paris : Folio, avril 2012
  • 18 cm, 352 p.
  • Illustration : (couverture).
  • (Folio SF ; 422).
  • ISBN : 978-2070446339.
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    Première page

    Le 1er juillet 2222, fut déclaré ouvert, par le porte-parole des gouvernements, le 12e conflit international planétaire. Il se situait, cette année-là, sur le territoire des États d'Union d'Amérique du Nord (American Group, de la Confédération libérale), dans le camp BLANC.

     

    Le premier conflit international planétaire programmé éclata en l'an 2200, sur le territoire national éthiopien (Fédération socialo-communiste) du camp ROUGE.

    Le camp ROUGE fut vainqueur, avec une perte en vies humaines qui ne dépassait pas le chiffre de 3 millions. Le camp BLANC vaincu annonça plus de 8 millions de victimes.

    Le deuxième conflit international planétaire programmé eut lieu en 2202.

    Le troisième en 2204. Et ainsi de suite. Il éclatait régulièrement tous les deux ans - c'était ce qu'avaient décidé les Nations.

    On l'appelait également LA GUERRE OLYMPIQUE.

     

    La 12e GUERRE OLYMPIQUE de 2222 opposait comme à l'accoutumée les camps BLANC et ROUGE, le camp BLANC regroupant les États et nations de la Confédération libérale, le ROUGE les États et nations de la Fédération socialo-communiste.

    Il y avait 26 pays inscrits pour le camp BLANC, et 27 pour le camp ROUGE. A l'issue des sélections restaient en lice 23 pays pour le camp BLANC, et 21 pour le camp ROUGE.

    Ce qui portait le nombre des nations en guerre à 44.

    Parmi les quelque 150 (cent cinquante) nations de la planète, on remarquait : 53 pays inscrits pour la GUERRE OLYMPIQUE, 9 éliminés, restaient 44 ; 12 pays neutres ; 2 pays opposants. Tous les autres pays non inscrits et non représentés demeuraient cependant étroitement alliés et inféodés à l'une ou l'autre des puissances en conflit, politiquement et économiquement, ce qui implique que les victimes de la GUERRE pouvaient fort bien se trouver, en partie et proportionnellement, dans leurs populations.

    Il y avait sur Terre (y compris la Lune) 14 milliards 387 millions d'humains.

    La 12e GUERRE OLYMPIQUE compterait un minimum de 9 millions de victimes. C'était prévu, calculé.

     

    La voix tranquille, posée, rassurante, de Sanzo Papa Aeschillem s'éleva et lui emplit la tête : "Ne t'en fais pas, Pietro, ne t'énerve pas, tout va bien."

    Coggio poussa un grognement profond et rageur - une manière d'acquiescement qui, à la fois, répondait à Sanzo Papa et libérait un peu de sa tension. Sanzo Papa ne l'abandonnait jamais, ne le laissait jamais seul, même là, sur le ring, où pourtant il était seul face à cette brute épaisse de Chinois. Sanzo Papa était toujours avec Coggio, et il avait les mots qu'il fallait, au bon moment. Toujours. Comment Sanzo Papa avait-il pu deviner que Coggio commençait à s'énerver ? Quels étaient les symptômes, les signes, qui l'avaient renseigné avec une infernale précision, là-bas, dans son angle lointain des soigneurs-dopemen ? Parfois, Coggio se disait que Sanzo Papa était tout à fait capable de lire dans ses pensées. C'était peut-être vrai.

    Il se mit à danser, à petits pas, pour se calmer.

    "C'est bien, Pietro", dit la voix de Sanzo Papa Aeschillem, dans la tête de Coggio. "C'est parfait, mon garçon. Ne l'attaque plus, c'est ce qu'il cherche. Ne te fatigue pas inutilement, laisse-le venir."

    Oui, Sanzo, songea Coggio. C'est ce que je fais. Je le laisse venir.

    " Ne t'en fais pas. Tiens-le encore un instant, pas longtemps. Laisse-le t'attaquer à son tour, et alors sonne-le. Ou bien il n'osera pas, il est fatigué. Alors profites-en. Je te dirai quand. Le round se termine dans cinq minutes. "

    Cinq minutes ? Comme à chaque fois, Coggio avait totalement perdu la notion du temps. Si le round s'achevait dans les cinq minutes, cela voulait dire que Coggio et Lin Sovitch Pao (le Chinois) se battaient depuis plus d'une demi-heure. Quarante minutes exactement. L'ultime combat des champions pugilistes, pour la finale de cette discipline, se déroulait en deux rounds de quarante-cinq minutes chacun. Une abominable éternité, si l'on regardait les choses du dehors… mais en combat, le temps filait comme un boulet de canon. C'était peut-être les dopes ingurgitées qui étaient la cause de cette distorsion temporelle ? Peut-être oui… mais pas nécessairement. En combat, Coggio était parfaitement incapable de songer au temps qui passe. Pour n'importe quelle compétition, c'était pareil. Pugilat, lancer de haches, moto-glace, tir à l'arc, course de chars, haltérophilie, etc. C'était pareil.

    Il vit venir le gros, sauta de côté au quart de seconde. Le coup de pied du Chinois glissa le long de sa cuisse et la semelle renforcée d'acier luisant ne fit que lui égratigner la peau, marquant le coup en rouge. Coggio plongea aussitôt, pour utiliser le déséquilibre de son adversaire. Il cogna en faucheur. Son poing crispé, alourdi par les mitaines plombées, toucha le gros homme au creux de l'épaule gauche, mais le type fit un rétablissement en catastrophe et évita partiellement le choc. Coggio tenta de doubler, du gauche ; l'autre se laissa tomber à genoux. Tout le ring trembla. Le Chinois hurla et cogna à son tour, les deux mains serrées, en faucheur lui aussi. Coggio n'eut que le temps d'effectuer un nouveau saut de côté : les mitaines frôlèrent les muscles de son abdomen luisant de graisse et de sueur.

    Il tomba sur le pied droit, leva le gauche.

    "Bravo, petit !" cria la voix de Sanzo Papa.

     

    Page créée le mercredi 29 octobre 2003.