Les Étoiles ensevelies

 
 
  • Pierre Pelot
  • 1972 | 32ème roman publié
  • Adaptation à la télévision
 

Adaptation à la télévision

Roger Ibanes.

  • Dramatique, 1974
  • Réalisation : Michèle Tournier
  • Adaptation : Pierre Cardinal
  • Directeur de la photo : Michel Carre
  • Assistant réalisateur: Jean-Yves Jeudy
  • Scripte : Hélène Le Cornec
  • Ensemblier: Janine Darthe
  • Atelier: Gil Brogly
  • Son : Jacques Pietri
  • Costumes : Liselle Ross
  • Cadreur: Michel Bonne
  • Musique : Paco Ibanes
  • Chef de production : Alain Supene
  • Durée : 70 mn
  • Distribution
  • Roger Ibanes (Antonio), Frank Tennenbaum (l'enfant Ludo), Fred Personne (l'aubergiste), Jacques Serizier (le patron), Yvon Prévot (le chauffeur), Jenny Muller (Ève), Jean Grossier (Julien).
  • Tournage dans les Vosges et en Haute-Saône du 12 mars au 8 avril 1974 : la vallée de Prèle (cabane) du 12 au 17 mars, la route des Crêtes (l'auberge et la ruine) du 18 au 28 mars, la vallée de Longeligoutte (la ferme de Ludo) du 1er au 5 avril, …
  • Diffusion
  • 1ère diffusion : jeudi 26 décembre 1974, sur la première chaîne de 17 h 10 à 18 h 20, dans le cadre des "Émissions pour les enfants".
  • Catalogue I.N.A., n° 272
  • Catalogue C.N.D.P., réf. 002INA8A
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    Revue de presse

    La Liberté de l'Est

    5 mars 1974

    L'ORTF va tourner une dramatique dans les Vosges

    Épinal.- L'ORTF a choisi les Vosges pour le tournage d'une dramatique intitulée Les Étoiles ensevelies.

    Il s'agit de l'adaptation du roman de Pierre Pelot, l'auteur bien connu de plusieurs romans policiers à succès qui demeure à Saint-Maurice-sur-Moselle.

    Ce tournage qui sera supervisé par Michèle Tournier, aura lieu du 11 mars au 8 avril dans la région du Thillot.

     

    L'Est Républicain

    Dimanche 10 mars 1974

    Les Étoiles ensevelies, un roman de Pierre Pelot
    bientôt sur le petit écran

    Le 12 mars, une équipe de l'ORTF installera son quartier général sur les hauteurs de Saint-Maurice-sur-Moselle. Elle opérera également dans le secteur du Col des Croix, à la recherche de paysages noyés dans la brume. Elle sera là pour mettre en images un roman intitulé Les Étoiles ensevelies, de Pierre Pelot.

    Pierre Pelot ? Mais oui, c'est ce jeune écrivain qui gîte dans une ancienne carrière à Saint-Maurice-sur-Moselle. C'est cet écrivain auquel on a collé l'étiquette "Goncourt des jeunes" après qu'il eut obtenu le prix Jeunesse en 1970, mais qui, en fait, écrit pour tout le monde ; c'est cet écrivain qui, durant un temps, a "donné" dans la bande dessinée.

    Il va donc maintenant côtoyer les gens du petit écran.

    Publié par la Bibliothèque de l'Amitié en 1972, un de ses quarante ouvrages édités, Les Étoiles ensevelies a retenu l'attention de Pierre Cardinal.

    Le sujet ? Pierre Pelot le résume ainsi : "Un petit Français de huit ans, Ludo, orphelin de père, dont le rêve est de rapporter un âne à sa mère pour l'aider dans son travail, rencontre un ouvrier espagnol, Antonio, qui fuit la France, où, en un an, il a connu les pires humiliations. Il regagne son pays natal.

    L'homme et l'enfant cheminent ensemble dans le pays haut-saônois ; ils échangent des propos, décrivent leur état d'âme. Une amitié sincère lie bientôt Ludo et Antonio..."

    Ludo trouvera-t-il son âne ? Si oui, il faudra que le chef de production en trouve un. Et les téléspectateurs l'apprendront en regardant un soir le petit écran (chaîne 1).

    Avec Roger Ibanes

    La réalisatrice de ce film, d'une durée de 52 minutes, sera Michèle Tournier, et l'adaptation sera de Pierre Cardinal. L'une et l'autre ont été séduits par le décor qu'offrait la montagne vosgienne à Saint-Maurice, au Thillot et dans le secteur des étangs hauts-sâonois. Le chef de production sera Alain Suspène, qui participa durant plusieurs années à l'émission Cinq colonnes à la une.

    Le rôle d'Antonio sera tenu par Roger Ibanès, frère de Paco Ibanès. La présence de l'équipe de l'ORTF durant près d'un mois va provoquer une certaine animation dans la vallée de la Moselle. Les Vosgiens s'en réjouiront comme ils se réjouissent du succès mérité d'un des leurs : Pierre Pelot qui, lentement mais sûrement, passe de la pénombre à la pleine lumière.

     

    L'Est républicain

    13 mars 1974

    Ludo devant les caméras…

    On a donné hier le premier tour de manivelle à Saint-Maurice-sur-Moselle

    12 mars… jour "J" pour l'équipe de l'ORTF qui a la tâche de mettre en images Les Étoiles ensevelies, un roman de Pierre Pelot, ce jeune écrivain qui a élu domicile dans une ancienne carrière de Saint-Maurice-sur-Moselle.

    Techniciens et acteurs étaient hier en place à Saint-Maurice-sur-Moselle sur les lieux même choisis par l'auteur pour situer son roman. Pas de round d'observation, on s'est mis immédiatement au travail sous la direction de la réalisatrice Michèle Tournier.

    C'est à Presles qu'ont été donnés les premiers tours de manivelle. La pluie a salué l'arrivée de l'équipe, mais il en aurait fallu davantage pour doucher la bonne humeur et l'enthousiasme.

    "On nous avait dit qu'il pleuvait souvent dans les Vosges… Apparemment, cela ne doit pas être faux", constatait un technicien.

    Il n'empêche que ces averses orageuses ont compliqué le travail des techniciens et trempé les acteurs…

    Fred Personne dans la distribution

    Ici, s'affaire l'équipe de réalisation qui s'est mise aux ordres d'Alain Suspene, chef de production, et Michel Carré, directeur de la photo pour la durée des prises de vues en décors naturels. Là, les acteurs s'habillent. Parmi eux, Roger Ibanes, frère de Paco Ibanes, qui tiendra le rôle d'Antonio, cet Espagnol venu travailler en France et qui, déçu et rejeté, regagne son pays en évitant les pièges des grandes routes.

    Il n'est pas en règle avec la loi, mais son bon cœur le conduira à se pencher sur le sort d'un enfant en fuite comme lui. Ludo, lui, fait une fugue pour trouver un âne qu'il destine à sa maman.

    Dans la vie, une vie d'écolier abandonnée pour un mois, Ludo s'appelle Franck Tenenbaum. Il est là, bien sûr. Un bout d'chou de huit ans et demi, au regard vif, intelligent. Robuste, il a l'allure d'un véritable petit montagnard mais d'un montagnard dont l'esprit s'est éveillé à la ville.

    A deux pas de là, sa maman le couve du regard. Elle aussi a pris un congé.

    "Oui, Franck est un bon élève." Il n'a pas été présenté par ses parents. C'est par hasard qu'il a été choisi.

    Très à l'aise devant les caméras, il donne l'impression d'avoir fait du cinéma durant toute son enfance.

    Dans quelques temps, il sera amené à côtoyer un "grand" du cinéma Fred Personne qui figure dans la distribution. Yvon Prévot, Ève Muller, Jean Grossier, tous comédiens nancéiens, complèteront cette distribution.

    L'équipe est là pour un mois environ durant lequel Pierre Pelot, l'auteur, assistera à une seconde naissance de son enfant Les Étoiles ensevelies, roman adapté pour le petit écran par Pierre Cardinal.

     

    L'Est républicain

    13 mars 1974

    Premier tour de manivelle dans les Vosges :
    Les Étoiles ensevelies avec l'ORTF

     

    35 ans, amoureux fervent de sa montagne, le Vosgien Pierre Pelot, sans relâche, écrit mille et une choses. Pierre Pelot, c'est la vie, celle de tous les jours, mais c'est aussi l'évasion, l'Amérique et ses Indiens, et maintenant la science-fiction…

    Autant dire que ses écrits se prêtent merveilleusement aux adaptations radiodiffusées et télévisées. Depuis mardi dernier, une équipe de l'O.R.T.F. du Service de la jeunesse, parcourt les vallées vosgiennes, autour de Saint-Maurice, à Longegoutte, mais aussi sur la route des Crêtes.

    Depuis mardi, Michèle Tournier et son équipe s'attachent à mettre en boîte Les Étoiles ensevelies, une des histoires toutes simples de Pierre Pelot.

    Un enfant vient de perdre son père et part à la recherche d'un âne pour aider sa mère aux travaux ménagers. Cette quête lui fait rencontrer un ouvrier espagnol et le contact s'établit rapidement, l'un épousant la cause de l'autre.

    Une histoire toute simple, nous l'avons dit, mais une histoire qui marque point par point les réalités quotidiennes.

    Durant près d'un mois, le tournage se poursuivra dans cette région des Vosges. Aussi et dès maintenant, c'est toute la Lorraine qui attend.

    Le tournage a débuté ce 12 mars, dans la vallée de Prelles. Du 18 au 28, il se poursuivra sur la route des crêtes et, du 1er au 5 avril, dans la vallée de Longegoutte.

     

    L'Est républicain

    19 mars 1974. M. C.

    L'âne et l'enfant

    Remiremont.- Il était une fois un petit âne qui vivait aux confins des Vosges et de la Haute-Saône, où les étangs sont aussi nombreux que les perles de rosée, un matin de printemps. Ce petit âne vivait sa vie d'âne... qui n'est pas si bête puisqu'elle consiste à gambader le plus souvent, à travailler le moins possible, à braire de temps en temps.

    Vint à passer un chef de production de l'ORTF, en quête d'un âne pour réaliser le tournage d'une séquence du film : Les Étoiles ensevelies, d'après le roman de Pierre Pelot, un jeune écrivain de Saint-Maurice-sur-Moselle.

    L'âne vosgien

    "Vous voulez bien me prêter votre âne, Monsieur"... Le propriétaire très surpris de se trouver devant un chef de production de l'ORTF se fit un peu tirer l'oreille, mais il accepta. Son âne à la télévision... Tout l'honneur allait être pour lui, M. Gehent d'Esmoulières.

    Et c'est ainsi que Bichette, car tel est le nom de l'âne, et non Archie, ce qui eût été gênant dans le générique, fut engagé.

    Dans le même temps à Paris, il était un petit garçon aux yeux sombres, élève studieux, intelligent, au prénom tranchant comme une lame en acier trempé : Franck. Entre tous les petits garçons candidats à un rôle dans le film Les Étoiles ensevelies, il fut choisi par la réalisatrice, Michèle Tournier.

    Pour la première fois

    Et ce fut la révolution dans sa vie d'enfant de huit ans... Voyage jusque dans les Vosges inconnues, premières scènes... Début de la vie d'artiste, moins marrante qu'on ne le pense, plus astreignante qu'on ne l'imagine.

    ... Un jour, il devint nécessaire de présenter l'un à l'autre, deux des acteurs de ce film : l'âne et l'enfant. Ce fut très simple. L'âne qui n'avait jamais vu d'enfant (ses maîtres n'en ont point) alla vers le petit Franck... Et ce dernier qui n'avait jamais vu d'âne s'en approcha sans crainte.

    Ils ne sont point encore des amis, mais le deviendront. A deux pas de là, passa un lapin... "Oh, un lapin", s'exclama l'enfant, "je n'en avais jamais vu".

    Et ce fut le moment de se dire que des milliers de petits Parisiens, de petits citadins, ne connaissent les animaux domestiques que par l'image... Ils ont souvent vu des girafes, des éléphants, des ours, et cent autres animaux, mais point de lapins, d'ânes, de poules, de chèvres et de coqs...

     

    L'Est républicain

    31 mars 1974

    Insolite

    Présentée à la T.V, la "chose" filmée dans le ciel vosgien est-elle un OVNI ?

    Dans la soirée de vendredi la deuxième chaîne TV a présenté un document exceptionnel : un objet volant non identifié filmé dans le ciel vosgien.

    C'est par hasard que M. Michel Bonne, caméraman de la télévision à Paris, qui travaillait dans les Vosges, près de Le Thillot, a enregistré en fin d'après midi du 23 mars, le passage de la "chose" dans le ciel.

    Cette séquence est la première jamais enregistrée sur la pellicule d'une caméra de cinéma ou de télévision. Jusqu'à présent des photos avaient pu être prises souvent par hasard. Ce fut le cas de la "soucoupe de Concorde", lors de l'éclipse solaire du 30 juin dernier, au-dessus du Tchad.

    Pour la première fois des téléspectateurs ont pu voir, sur leur petit écran, l'apparition, une évolution, puis la disparition d'un point lumineux de forme ronde, puis elliptique, au-dessus d'un paysage de montagnes vosgiennes, le tout en couleur.

    Était-ce un "objet volent non-identifié" (OVNI) comme l'a aussitôt affirmé M. Pierre Guérin , astrophysicien et partisan de l'existence des soucoupes volantes ?

    Le fait est que ce document est fort intéressant et surprenant et qu'il va être étudié plus en détail qu'il n'a pu l'être jusqu'à présent par trois experts - MM. Guérin, Claude Poher, Jean Meyer - auxquels il a été présenté. Va-t-il permettre de relancer en France les études scientifiques poussées, financées par des organismes officiels, comme certains scientifiques intrigués, tels MM. Claude Poher, Pierre Guérin et d'autres, le demandent avec plus en plus d'insistance ?

    Certains sceptiques font cependant remarquer que la nuit l'observation du groupement de recherches "Lumière dans la nuit" et du "Groupe d'études des objets spatiaux" devait débuter à 21 heures, le 23 mars, quelques heures seulement après l'étrange apparition dans le ciel vosgien.

     

    France Soir

    31 mars 1974

    C'est la "chose" filmée par un cameraman d'INF2

    "C'est le meilleur document existant au monde sur les objets volants non identifiés". Pierre Guérin, astrophysicien et partisan des "soucoupes volantes", commentait ainsi, jeudi, l'étonnante séquence présentée à 20 heures au Journal télévisé de la deuxième chaîne.

    Au-dessus d'un paysage de montagnes, se profilant derrière un calme lac des Vosges, ce document filmé montre une boule brillante qui descend du ciel presque verticalement, semble hésiter un court instant devant une montagne, devient alors elliptique, et repart rapidement en biais pour se perdre dans le ciel.

    Cette curieuse apparition a été enregistrée tout à fait par hasard, le 23 mars dernier, par Michel Bonne, cameraman de la télévision. Il tournait dans les Vosges, en fin d'après-midi, un plan fixe de paysage, près du Thillot, à 50 km environ d'Épinal, pour une dramatique destinée au Service de la jeunesse.

    "Soudain, dit Michel Bonne, j'ai eu l'impression que quelque chose traversait le champ de vision de la caméra".

    Il envoya aussitôt la pellicule au centre de tournage de Joinville, avec un petit mot indiquant qu'il avait été surpris par quelque chose d'inhabituel et qu'il craignait que son plan soit gâché. En développant le film, tourné en couleur, les techniciens de la télévision ont constaté l'étrange phénomène que François de Closets a présenté jeudi après-midi, avant la projection, à trois experts.

    Ces experts, Pierre Guérin, astrophysicien et partisan déclaré des OVNI, et deux astronomes de l'Observatoire de Meudon, MM. Claude Kohler et Jean Meyer, ont été d'abord surpris, puis très intéressés par le document. Mais aucun n'a voulu se prononcer sur ce qu'était réellement le phénomène. Tous ont déclaré qu'il fallait examiner de plus près le film, qui va donc être soumis à une minutieuse expertise.

     

    L'Est Républicain

    1er avril 1974

    L'âne et l'enfant sur le petit écran

    Une vallée vosgienne, berceau retrouvé des Étoiles ensevelies

    Les Étoiles ensevelies, 13 - 4 - 2°. Moteur. Le silence appelant le silence, les chiens qui aboyaient se taisent brusquement. Alors l'équipe ORTF qui réalise actuellement, près de Saint-Maurice-sur-Moselle, un film d'après le roman de Pierre Pelot, un jeune auteur vosgien, se met au travail. Réalisatrice, acteurs, techniciens oublient un instant le paysage bucolique qui les entoure pour ne penser qu'à "leur" film. Tous sans exception n'ont qu'un seul but : la perfection.

    "C'est une équipe formidable", constate Michèle Tournier, la réalisatrice, avec dans la voix un accent de sincérité qui ne peut être feint. Il fallait qu'elle le soit, car elle a dû travailler dans des conditions épouvantables à la mi-mars : sous la pluie, la neige, et même la grêle.

    "Il pleut vraiment beaucoup dans les Vosges...", déploraient les Parisiens de l'ORTF, mais par la suite la situation devait évoluer au point de plonger la réalisatrice dans le plus profond embarras : "C'est presque le printemps... et j'avais besoin de givre, de glace, d'étangs gelés... Dommage ! Mais que le paysage est beau"...

    Le choix du livre

    "Pourquoi Les Étoiles ensevelies ? Pourquoi Pierre Pelot ? C'est très simple, explique Michèle Tournier. Je réalisais une émission littéraire pour les jeunes. J'ai interviewé Pierre Pelot en tant qu'auteur d'un livre qui avait été lu par des enfants : Les Étoiles ensevelies. Je l'ai trouvé intéressant parce qu'il ne bêtifie pas et aussi parce qu'il peut être compris par tout le monde, petits et grands".

    "Il restait à séduire Jacqueline Joubert, directrice du Service de la Jeunesse, et Monique Remoyko, administratrice... puis dans un second temps, Pierre Cardinal, pour obtenir de lui l'adaptation".

    Le livre de Pierre Pelot fit tous ces ravages... et quelques mois plus tard, au creux d'une vallée vosgienne, était donné, près du Thillot, le premier tour de manivelles du film Les Étoiles ensevelies.

    En Pierre Cardinal, l'adaptateur, Pierre Pelot, 29 ans, a un admirateur sincère. "Les Étoiles ensevelies, c'est l'histoire d'un adulte et d'un enfant qui marchent et qui se causent... C'est un livre en marche, très agréable pour le cinéma car tout bouge avec le paysage". Pierre Cardinal ne cherche pas du tout à grandir son rôle, au contraire : "L'adaptation a été extrêmement simple. Elle a consisté à enlever ce qui était explicatif et à accuser au contraire l'inconnu... Ainsi, dans le film, au début, on ne connaîtra rien de l'Espagnol. Est-ce un évadé ? Un criminel ? Il y a là une sorte de suspense".

    Puis, revenant sur son adaptation : "Je ne crois pas aux choses compliquées. On ne fait bien que ce qu'on fait facilement. Aimant beaucoup le livre de Pierre Pelot, je n'ai pas eu de difficultés".

    Mais très vite, Pierre Cardinal, qui a adapté plusieurs chefs-d'œuvre de la télévision (Madame Bovary, Les Fossés de Vincennes, Vipère au poing, Le Rouge et le noir) se place en retrait : "En vérité, c'est la mise en scène qui compte énormément. L'écrivain et l'adaptation doivent disparaître, être en quelque sorte trahis par le réalisateur qui doit tout sentir".

    Ce rôle, c'est Michèle Tournier qui le tient. Elle est bien entourée : Roger Ibanez, l'Espagnol, est un remarquable acteur, et le petit Ludo (8 ans) est bon d'instinct.

    "Je suis très gâté"

    A quelques kilomètres du tournage, Pierre Pelot travaille à son prochain livre, dans un chalet qu'il a construit à l'entrée d'une ancienne carrière reconquise par la forêt. Un sourire éclaire son visage pâle couronné d'une chevelure et d'une barbe qui se rejoignent en un aimable fouillis : "Pour moi, c'est quelque chose d'inattendu, de formidable, dit-il avec une humilité rare chez un homme de talent... C'est un peu un rêve que je vis. Je sens déjà que ce film sera bon, excellent même, mais pas grâce à moi".

    Et Pierre Pelot, originaire de Saint-Maurice où il a poussé comme un arbre, de vanter les mérites de Michèle Tournier, de Pierre Cardinal, de Roger Ibanes, du petit Franck et de toute l'équipe... "Je suis gâté", reconnaît-il. Non, il ne va pas souvent sur les lieux du tournage. Un peu parce que ce solitaire n'a pas de moyen de locomotion, ce qui éloigne de lui les soucis nés de la crise du pétrole ; beaucoup parce qu'il estime son rôle terminé.

     

    L'Alsace

    Télémagazine, semaine du 8 au 14 avril 1974. Jean-Marie STOERKEL

    Au pied du col de Bussang,
    l'ORTF tourne Les Étoiles ensevelies
    d'après le roman de Pierre Pelot

     

    - Tout le monde en place ! On y va pour le plan 36/1. Roger, prêt ?.. Moteur !

    Le "clapman" : "Les Étoiles ensevelies. 36, première !".

    On tourne.

    L'enfant sur l'âne : - Regarde, c'est ma maison.

    L'homme qui est avec lui : - Oui, il y a beaucoup de voitures devant ta maison… Il y a trop de voitures…

    - Coupez ! C'est bon ! lance Michèle Tournier, la réalisatrice.

    Cela se passe en pleine nature vosgienne, autour de la ferme Vengeligoutte à Fresse-sur-Moselle, tout près de Bussang. L'ORTF y tourne en décors naturels, une dramatique d'après un livre de Pierre Pelot, Les Étoiles ensevelies paru aux Éditions de l'Amitié.

    - Le film s'appellera comme le livre, explique Michèle Tournier. Nous le réalisons pour le Service de la Jeunesse de l'ORTF que dirige Jacqueline Joubert et il sera vraisemblablement programmé à la rentrée sur la première chaîne. Au départ, c'était une émission prévue pour une durée de 52 minutes, mais nous débordons déjà largement.

    Pierre Cardinal - qui a réalisé pour l'ORTF Vipère au poing, Les Fossés de Vincennes, L'Oeuvre de Zola, Sous le soleil de Satan, Madame Bovary et qui s'apprête à tourner La Vie de Saint Just, a adapté pour la télévision le livre de Pelot et a confié la réalisation à Michèle Tournier.

    - Ce qui m'a intéressé au départ, dit celle-ci, c'est que le livre de Pelot n'était pas une chose débile. Il est aussi intéressant pour des enfants, pour des adolescents que pour des adultes.

    Pour l'écrivain, Pierre Pelot, ce tournage est une chose très importante :

    - Non pas dans le sens d'un tournant dans la carrière. C'est avant tout pour moi une joie énorme. Les Étoiles ensevelies est mon premier bouquin adapté à la télé et c'est toujours une chose merveilleuse de voir à l'image ce que l'on a créé dans son esprit, avoue ce Vosgien de 29 ans qui va fêter cette année son cinquantième livre paru.

    Les Étoiles ensevelies est une dramatique tournée sur les lieux même de l'action, autour du Thillot et en Haute-Saône.

    C'est l'histoire d'une rencontre, d'une amitié entre un travailleur immigré espagnol (et anarchiste) et un enfant en fuite. L'Espagnol a travaillé clandestinement en France sans papiers et rentre chez lui parce qu'il en a assez de vivre en hors-la-loi. Il va rencontrer un enfant qui a fait une fugue pour aller chercher un âne pour sa mère. Les complications arrivent quand Antonio (l'Espagnol) se rend compte que l'enfant est recherché par la police.

    Les rôles principaux sont tenus par Roger Ibanes (Antonio), Fred Personne, Frank Tannenbaum (l'enfant), Jennie Muller, Jean Grossier et Jacques Cerizier. La musique est de Paco Ibanes qui a accepté pour la première fois d'écrire une musique de film.

    - C'est peut-être parce que je suis son frère et que j'y tiens le rôle principal, dit Roger Ibanes.

    Le rôle de ce dernier lui colle à la peau. Il est lui-même Espagnol (basque) et, en 1948, il est venu en France clandestinement avec son frère Paco pour échapper au franquisme. Leur père a fait la guerre d'Espagne dans les rangs républicains et les avait précédés en France en 1939. Or, dans Les Étoiles ensevelies, cet Espagnol est le fils d'un républicain qui est mort durant la guerre.

    D'un autre côté, ce rôle est le plus important de la carrière de Roger Ibanes (il est ébéniste de métier et faire du cinéma pour faire du cinéma ne l'intéresse pas). Il avait déjà joué un rôle important et similaire dans L'Espagnol de Jean Prat où Jean-Claude Rolland était en tête de distribution.

    - Si Rolland vivait encore, il aurait ce rôle. Puisqu'il n'est plus là, c'est moi qui le tient, ajoute-t-il un peu amer. Et pour en revenir au film : Ce qui est très intéressant pour moi, c'est ce personnage anarchiste dans la clandestinité que Pelot a très bien dessiné. Cet Espagnol doit se battre. Il défie la société, la police. Un moment donné, il en a marre des difficultés. C'est un problème qui existe dans la réalité. Pour travailler aujourd'hui, il faut être fiché. Il y a en France je ne sais pas combien de travailleurs immigrés qui sont sans papiers. Si tu n'as pas de papiers, tu n'as pas le droit de travailler !

    Mais déjà la réalisatrice l'appelle. Il reste encore des scènes à tourner et tout doit être terminé demain.

     

    La Vie catholique

    18 décembre 1974

     

    Les Étoiles ensevelies, d'après le très beau roman de Pierre Pelot, l'histoire d'un enfant qui cherche un âne et qui se lie d'amitié avec un immigré espagnol (Le 26, 1ère chaîne, 17 h 10).

     

    Télérama

    21-27 décembre 1974. Mireille CHALVON, p. 54

    Un petit garçon fuit sa maison pour acheter un âne à sa mère. Un travailleur espagnol se cache parce qu'il n'a pas de permis de séjour. Ils se rencontrent au coin d'un bois et poursuivent ensemble leur chemin. Un chemin lent et semé d'embûches, mais propice aux confidences et à l'amitié. Une très belle et très touchante histoire pleine de rêve et de poésie. Aucune recherche de l'effet, tout y est traité en demi-teintes, l'aventure même est gommée au profit du subtil jeu des sentiments. Même pas une dernière concession à la fin. On espérait que la mère épouserait l'ami. Non, ils devront se séparer. Alors, c'est certain, les enfants amateurs d'action et de bagarres risquent de s'ennuyer, surtout au début, car la mise en condition est longue. Mais ceux qui auront la patience de suivre le lent déroulement du voyage ne seront pas déçus.

     

    Télé 7 Jours

    21 décembre 1974

    Par un soir d'hiver glacial, Antonio, un travailleur émigré espagnol, rencontre sur la route un jeune garçon de huit ans, Ludo. L'homme et le garçonnet sympathisent rapidement. Une sorte de complicité s'établit entre eux. Ludo emmène Antonio dans la cabane qu'il s'est construite...

    Note critique.- Une oeuvre pudique et sensible qui a le mérite de traiter un sujet actuel, celui des travailleurs émigrés. Elle est jouée sans mièvrerie par le jeune Franck Tenenbaum et par Roger Ibanez. Peut être vue aussi bien par les adultes que par les enfants.

     

    La Dépêche du midi

    23 décembre 1974. Joseph RIBAS

    Les Étoiles ensevelies :
    l'amitié d'un enfant et d'un travailleur immigré espagnol

    On ne saura être trop attentif à la dramatique que présente le Service des émissions pour la jeunesse, d'après le roman de Pierre Pelot, Les Étoiles ensevelies, paru aux éditions de l'Amitié, GT Rageot. La réalisatrice, Michèle Tournier, à qui nous devons déjà 13/20, Court-circuit, Fenêtre ouvre-toi, La Passion de l'Histoire, et dont nous connaissons les projets de feuilleton sur le thème des rapports enfants-adultes, peut espérer réussir à la télévision, dès sa première dramatique, la démarche originale qui a fait des livres de jeunesse une littérature de premier plan : une littérature qui pourrait devoir à Hemingway une remise en cause de la situation de l'enfant face aux adultes et aux problèmes de notre époque.

    Deux chemins se rencontrent dans un endroit discret de la campagne vosgienne : celui d'Antonio, l'Espagnol, travailleur immigré en rupture de chantier, et celui de Ludo, un enfant de huit ans, égaré, à la recherche d'un âne. Deux êtres que tout semble séparer apparemment : la différence d'âges et d'origines ; deux êtres semblables pourtant, et que réunit un même refus de supporter, pour l'un l'inconfort de sa condition de travailleur clandestin, pour l'autre la fatigue d'une mère privée de soutien. L'âne de Ludo et le village ensoleillé d'Andalousie ne procèdent-ils pas du même espoir ? Deux êtres donc, qu'une suite d'aventures va conduire, en une complicité d'abord forcée puis nécessaire, vers plus de compréhension, de solidarité, d'amitié et de tendresse.

    Le thème des travailleurs immigrés court tout au long du récit avec tout à la fois une insistance et une pudeur qu'il sera intéressant de suivre dans l'éclairage de cette émission tournée en quatre semaines, par une équipe de quinze personnes, aux environs de Saint-Maurice-sur-Moselle. Il conviendra d'apprécier comment les caméras sauront traduire dans le jeu et la situation des personnages cet air d'inconfortable clandestinité qui souffle l'aigre au début du récit et qu'adoucissent lentement les qualités de cœur d'un homme et d'un enfant.

    Encore faudrait-il se demander où est l'homme, où est l'enfant, où est l'étranger, dans ces deux êtres seuls et qui ont la vertu de croire en une légende : l'étoile ensevelie rencontrée par hasard, un vœu de bonheur réalisé à force de foi, la chance qui rendra l'un à l'Andalousie et l'autre à sa mère.

    Cette émission nous vaudra le plaisir de revoir Roger Ibanez, inoubliable dans L'Espagnol de Jean Prat, dans le rôle d'Antonio. Quel qu'en soit l'accueil, Michèle Tournier aura eu le mérite de tenter de sensibiliser de jeunes téléspectateurs à un problème grave de notre temps. Il ne saurait y avoir pour cet âge de l'homme qu'est l'enfance et la pré-adolescence, de sujets étrangers ou interdits dans un monde comme le nôtre, aussi vivant, aussi tourmenté. Il ne suffit plus d'être témoins, mais d'être présents et concernés si l'on veut espérer agir sur les événements de notre vie quotidienne, personnelle ou collective.

    La tentative de Michèle Tournier participe de cet esprit d'ouverture et d'engagement. Le Service des émissions pour la jeunesse doit s'enhardir davantage en portant le débat sur des sujets essentiels de la vie active. Dans cet ordre, un livre comme Un passage difficile de Michel-Aimé Baudouy, réalisé sur le petit écran, contribuerait sans doute à une approche du problème du divorce, à travers le comportement raisonné d'enfants décidés à affirmer la responsabilité d'eux-mêmes.

     

    Femmes d'aujourd'hui

    25 décembre 1974

     

    Les Étoiles ensevelies. D'après le roman de Pierre Pelot, aux Éditions de l'Amitié, adapté par Pierre Cardinal et réalisé par Michèle Tournier. Dans les environs de Saint-Maurice-sur-Moselle, dans les Vosges, Ludo (8 ans) a quitté sa famille pour acheter un âne. Il rencontre Antonio, un émigré espagnol. En chemin, Antonio raconte la légende espagnole selon laquelle un désir très fort se réalise si l'on découvre, le soir, une étoile tombée, cachée dans la terre. Histoire d'une amitié, évocation du problème des travailleurs émigrés. Les Étoiles ensevelies est merveilleusement joué par le petit Frank Tenenbaum (Ludo) et Roger Ibanez (Antonio). Le 26 décembre, à 17 h 20, durée 1 h 10.

     

    Télé Poche

    26 décembre 1974

    Voici la première vraie dramatique d'une jeune réalisatrice, Michèle Tournier, qui raconte ici l'histoire d'une amitié entre un petit garçon et n travailleur émigré espagnol. Si elle a eu beaucoup de mal à trouver un jeune garçon pour tenir le rôle de Ludo, en revanche, elle n'a pas hésité à confier celui d'Antonio à Roger Ibanez. Le tournage s'est effectué dans les Vosges durant quatre semaines…

    L'histoire débute ainsi… Par un beau matin d'hiver, Antonio rencontre un petit garçon, seul sur la route glacée. L'enfant se cache dans une petite cabane mais très vite, une sorte de complicité s'établit entre les deux. Plutôt que de laisser Antonio dans la nuit glacée, le petit garçon le fait entrer dans la cabane…

     

    L'Est Républicain

    28 décembre 1974

    Une réalisation qui aurait mérité
    une meilleure heure de programmation

    Tournée au début de l'année entre Vosges et Haute-Saône, l'adaptation du roman de Pierre Pelot, Les Étoiles ensevelies, a été diffusée jeudi par la 1ère chaîne de télévision dans le cadre des "émissions pour les enfants", ce qui est regrettable, car non seulement cette dramatique pourrait très bien être vue par les adultes, mais encore sa programmation ne fut précisée que récemment en ce qui concerne son heure de passage sur le petit écran.

    La réalisation de Michèle Tournier est empreinte de poésie et de sobriété, la caméra observant les acteurs qui évoluent dans les sites sauvages de la forêt vosgienne et les étangs perdus des contreforts comtois.

    Quant à Pierre Cardinal, il a su demeurer dans le sillage de Pierre Pelot en conservant l'essentiel de la trame d'un roman plein de rudes sensibilités et de réalisme.

    Roger Ibanes est un Antonio aussi vrai que son physique d'authentique espagnol. Alors que le petit Franck Tenenbaum donne à Ludo dans sa touchante spontanéité le sérieux des enfants qui prennent conscience des difficultés de ceux qui les entourent.

    Les autres acteurs interprètent avec une juste discrétion des rôles de second plan, laissant Ludo et Antonio vivre leur émouvante amitié.

    Bon nombre de téléspectateurs notamment de la région n'auront certainement pas pu découvrir ce très bon court métrage où quelques personnes de Saint-Maurice-sur-Moselle font une brève apparition, cependant ils oseront espérer une reprise à une heure mieux appropriée.

     

    La Liberté de l'Est

    15 janvier 1991. Raymond PERRIN

    Quant à l'adaptation télévisée, elle aurait sans doute été plus efficace si elle n'avait pas été diffusée une seule fois lors d'une semaine de grève (donc sans publication précise des programmes), un très mauvais jour, le lendemain de Noël 1974, et vers 16 h 30 comme il se doit. L'I.N.A. qui possède une copie indiquée dans son catalogue serait donc bien inspiré de susciter au moins une deuxième diffusion. Chiche !

     

    Page créée le mardi 18 novembre 2003.