Adapatation pour la télévision
Télérama
22 mai 1985. Jeannick LE TALLEC
Des routards somnolents, dans un train de marchandises : Lorrain et Sergio. Ils se sont rencontrés en Bretagne. Le premier a débauché le second, qui travaillait sur un port, promettant de faire avec lui le tour du monde. Et de commencer par l'Italie, pays natal de Sergio, dont celui-ci ne garde aucun souvenir, ses parents ayant émigré en 1929, alors qu'il était bébé. Voici donc les deux hommes en route vers la frontière. Du moins, c'est ce que Lorrain fait croire à Sergio, qui ne sait pas lire. En réalité, le convoi, empruntant une ligne de voyageurs désaffectée, a pour terminus Bussang, dans les Vosges... Et, profitant d'un arrêt à Saint-Maurice (Ballon d'Alsace), Lorrain abandonne Sergio, cuvant le vin dont il a un peu abusé. Pourquoi ? Parce que Saint-Maurice est le village que Lorrain a quitté, une dizaine d'années auparavant, pour courir l'aventure. Peut-être y revient-il en pèlerinage, quelques heures, quelques jours, avant d'entreprendre le "grand" voyage ? Quoi qu'il en soit, à Bussang, Sergio, dessaoulé, se retrouve seul, désemparé
Histoire d'un rêve brisé, d'une confiance trahie, ce téléfilm évoque la contradiction entre l'attachement au passé, aux racines, et la soif d'un ailleurs, plus ou moins idéalisé. Il décrit aussi une situation d'une cruelle actualité : celle de jeunes privés d'avenir, dans une région sans débouchés professionnels. Les couleurs vertes et grises du paysage vosgien - que le réalisateur se défend d'avoir filmé "pour faire joli" - renforcent le sentiment de tristesse et de monotonie qui émane du récit, auquel, seul, un authentique feu de la Saint-Jean apporte une note "folklorique". Néanmoins - est-ce parce que le dialogue est un peu bavard ou le sujet trop ambitieux ? -, on a du mal à entrer dans le jeu. Comme si les comédiens en faisaient trop, pour nous convaincre que ce Pantin immobile n'a rien d'artificiel, de fabriqué.
Télé Poche
22 mai 1985
Un routard d'une trentaine d'années décide de revenir dans son village des Vosges après avoir bourlingué dans le monde entier. A-t-il réellement visité tous les pays dont il parle ? Nul ne le sait. Mais en tout cas, tout le monde l'accueille auréolé d'un prestige qui finit par le gêner. "Ce que je veux, c'est éviter à nouveau de me faire des idées", dit-il en pensant avec nostalgie à ses 20 ans. Revenu de ses voyages, il a l'impression d'être devenu "un pantin immobile".
Le tournage de cette fiction régionale s'est déroulé à Saint-Maurice-sur-Moselle et Bussang, sur les lieux mêmes où a été écrit le livre de Pierre Pelot, romancier vosgien prolixe.
Michel Guillet, le réalisateur, en a scrupuleusement respecté la trame. Pas d'effets spectaculaires, mais une histoire toute simple, filmée simplement, sur l'amitié, les illusions de jeunesse et la rencontre avec les dures réalités de la vie.
Henri Deus, le comédien principal, a obtenu le Prix du syndicat de la critique pour la pièce Gotha, créée en 1979. Il a également tourné pour la télévision (Le Bunker) et le cinéma (Églantine, T'empêches tout le monde de dormir...).
Le réalisateur, Michel Guillet, tournera au mois de juillet une série, également d'après Pierre Pelot : La Mission.
L'histoire commence ainsi... Après onze ans d'absence, Lorrain rentre dans son village natal des Vosges, accompagné de son ami Sergio. Dans le train de marchandises qu'ils ont emprunté, ce dernier ne pense qu'à continuer vers l'Italie...
Télé 7 jours
22 mai 1985
Le sujet : Sacrifiant une amitié, un aventurier velléitaire revient au village natal.
Si vous avez manqué le début : Parti de Bretagne, un train de marchandises roule en direction de l'est. A son bord, deux vagabonds voyagent gratuitement, Lorrain et Sergio. Ils partent pour un prétendu tour du monde dont la première étape sera l'Italie. Sergio boit sans cesse puis s'écroule ivre mort alors que le train s'arrête à la gare désaffectée de Saint-Maurice-du-Ballon-d'Alsace. Lorrain abandonne son compagnon endormi et le convoi continue vers Bussang, à quelques kilomètres, terminus fin de ligne. Saint-Maurice est pour Lorrain une ville pleine de souvenirs. C'est là qu'il a passé son enfance. C'est de là qu'il est parti, onze ans plus tôt, pour faire un tour du monde qui, en fait, ne l'a conduit que jusqu'en Bretagne. C'est la veille de la Saint-Jean et, sur la place, les conscrits de l'année dressent le bûcher. C'était aussi la veille de la Saint-Jean quand il avait quitté Bussang...
Note critique : Un mini-drame touchant sur l'amitié. Une interprétation homogène et une réalisation honnête sur un scénario qui aurait demandé plus de rigueur.
Le Monde
22 mai 1985
Lorrain, parti faire "le tour du monde", revient après onze ans d'absence dans son village natal, abandonnant Sergio à qui il avait promis "le grand voyage". Il retrouve ses amis installés, amours déçues. Sergio, parti à sa recherche, rencontre un couple désœuvré et décide de faire la route avec lui. Un drame non dénué de poésie, mais qui reste peu convaincant.
L'Est républicain
22 mai 1985. Roseline JOLY
Beaucoup de Lorrains vont pouvoir retrouver, ce soir, dans le téléfilm de Michel Guillet, Le Pantin immobile, des paysages qui leur sont familiers : ceux des Vosges. Pour les autres, c'est peut-être l'occasion de connaître une région montagnarde et riche en couleurs.
Le Pantin immobile, c'est avant tout l'histoire d'une amitié très forte entre deux hommes, Lorrain (Henri Deus) et Sergio (Serge Sauvion). Une amitié que Sergio croit solide. Depuis deux ans, en effet, les deux copains ont fait les 400 coups ensemble. Voyageurs ou vagabonds, nul ne le sait vraiment. Mais ce qui est sûr, c'est que tous deux sont animés d'une profonde envie de voyager, de partir à la recherche de nouveaux continents car, comme le dit Lorrain, "on ne peut mourir sans voir le monde".
Les feux de la Saint-Jean
Mais ce beau rêve s'achève un jour dans une gare vosgienne, à Bussang pour Sergio, à Saint-Maurice pour Lorrain. Décidés à partir pour l'Italie, les deux amis empruntent un train de marchandises. Sergio, l'analphabète, suit aveuglément Lorrain. Enivré par cette perspective du voyage (et avec l'aide de la dive bouteille), Sergio s'endort.
Profitant alors d'un des multiples arrêts du train, Lorrain saute sur la voie et abandonne son ami. Lorrain se retrouve dans son village natal, à Saint-Maurice. Sergio, plongé dans un profond sommeil, ne se réveillera qu'à quelques kilomètres de là, à Bussang, le terminus du train.
Sergio et Lorrain apprendront donc à vivre l'un sans l'autre pendant quelques temps. Mais Lorrain n'est pas seul : il retrouve ses anciens amis, Poli (G. Surugue) et surtout Anne (Patricia Elig) qu'il avait quittée il y a 11 ans, et qui était à l'époque une petite fille. Le paumé, c'est Sergio. Il ne comprend pas et ne veut même pas voir que son fidèle compagnon l'a abandonné. Deux jeunes lui tendront alors la main, Jean-Louis (Bertrand Penot) et Isabelle (Marianne Epin).
Sergio et Lorrain parleront chacun de leur côté, de leurs voyages. Sergio les rêve, Lorrain raconte comme s'il les avait vraiment vécus, tel Tartarin de Tarascon. Lorrain apparaît donc aux yeux de tout le village comme un véritable globe-trotter. Un article dans le journal lui est même destiné ! Sergio va tomber dessus et c'est le drame... Un drame qui se produira le lendemain des feux de la Saint-Jean. Feux purificateurs ou feux vengeurs ?
Une histoire simple
Les voyages, beaucoup les ont rêvés, d'autres réalisés, mais une chose est sûre, ils exercent sur tous une forte fascination.
Michel Guillet, le réalisateur de ce téléfilm tiré du roman de Pierre Pelot, écrivain vosgien, explique : "Ce n'est pas un film à message. C'est une histoire simple racontée au premier degré pour faire passer un moment agréable au public. Beaucoup de gens ont des envies de voyages avortées. Ce film permet donc de toucher un point sensible, car afin qu'un spectacle plaise, il faut que les spectateurs puissent s'identifier aux héros de l'histoire".
Ces héros sont, du reste, très bien servis par de jeunes acteurs dont les visages ne seront peut-être pas inconnus du public : Henri Deus a obtenu le prix du Syndicat de la critique en 1979 ; Serge Sauvion, qui a fait beaucoup de cinéma et de télévision, est la voix française de Peter Falk, le célèbre Colombo. Patricia Elig, qui fait beaucoup de publicité, est aussi la jolie hôtesse blonde de l'émission Salut les Mickeys. Une anecdote sur Bertrand Penot : c'est le dernier film où il porte ce nom, car il ne veut pas être confondu avec l'autre acteur du même nom, Jacques Penot (que l'on a pu voir dernièrement dans le feuilleton Au nom de tous les miens, dans le rôle du jeune Martin Gray).
Des paysages de vacances
Tous ces acteurs venaient, pour la première fois, dans les Vosges. Ils y sont restés un mois, le temps du tournage. "Le temps était vraiment splendide, raconte Michel Guillet, le seul jour de pluie a été le jour de la scène finale. Pour montrer l'ambiance de la fête des feux de la Saint-Jean, j'aurais voulu qu'il y ait plein de confettis. Mais avec la pluie, les confettis collaient par terre... Pour les acteurs aussi, cela a été un problème, car à chaque fois qu'ils se relevaient, ils étaient sales et il fallait tout nettoyer pour recommencer de nouvelles prises".
Seul mauvais souvenir pour Michel Guillet. Tout le reste s'est merveilleusement passé. "Tout le monde était content. Les Vosges sont des paysages de vacances. C'était d'ailleurs le piège à éviter : ne pas faire dans la carte postale, car l'histoire est importante".
Les paysages sont quand même remarquablement mis en valeur par ce réalisateur lorrain qui avoue "être sensibilisé par sa région". Une région qu'il "remettra en boîte" bientôt puisqu'il s'apprête à tourner en juillet un film de science-fiction, La Mission : "Une partie se déroulera à Nancy, l'autre dans des usines désaffectées du côté de Longwy". Un film qui racontera l'histoire d'un enfant qui erre dans des villes fantomatiques après une catastrophe. Il faut bien avouer que les usines tristement désertes de Longwy le serviront !
Cette histoire sera, une nouvelle fois, tirée d'un roman de Pierre Pelot : "Un homme qui a ses racines en Lorraine, un homme rigolo et étrange", conclut Michel Guillet.
La Liberté de l'Est
22 mai 1985
Après une longue absence, Lorrain revient dans son village et abandonne Sergio à qui il avait auparavant promis de faire le tour du monde... Cette histoire tragique a appelé la participation des habitants de Saint-Maurice et de Bussang. La séquence de la fin du film (la fête de la Saint-Jean) a été tournée le jour même de la fête. C'est en quelque sorte un moment de "cinéma-vérité" à l'intérieur de cette fiction.
Page créée le mercredi 19 novembre 2003. |