Le Ciel fracassé

 
 
  • Pierre Pelot
  • 1975 | 60ème roman publié
  •  
 

Revue de presse

Affiches parisiennes - Antoinette - L'Assuré social - Bruxelles des jeunes - Bulletin critique du livre français - Bulletin des Éditions de l'Amitié - Cahiers du livre - Cahiers pédagogiques - Le Courrier picard - L'École ouverte - L'Écritoire - Le Drapeau rouge - Forces wallonnes - La Gazette indépendante - Infor Livres - Littérature de jeunesse - Les Livres - Livres Jeunes aujourd'hui - Morges Hebdo - Notes bibliographiques (1, 2) - Nous voulons lire (1, 2) - Papetier de France - Le Papetier libraire - Le Progrès - Rail et progrès - Record - TV suisse-romande - Écrits pour nuire (M.-C. Monchaux).

 

Bulletin des Éditions de l'Amitié

N° , 1975

L'auteur : Pierre Pelot a coutume de dire : "Je ne suis pas un auteur pour la jeunesse. Je suis quelqu'un qui raconte des histoires. J'en raconte beaucoup parce que j'en ai beaucoup en moi. Je n'écris pas pour les jeunes, ni pour les vieux, ni pour les entre-deux. J'écris pour celui ou celle qui voudra bien me suivre dans cette histoire".

L'ouvrage : Adrien déserte. Célia le suit. Où ? Peu importe. L'espoir. On laisse derrière soi tous les vieux clichés imposés par la société. Le soleil est là qui suffit à faire de chaque journée une fête. Mais est-ce vraiment possible ?

Une tente plantée sur un terrain privé, une colère impossible à contenir, un geste malheureux, un climat général de peur et d'insécurité vont déclencher une impitoyable chasse à l'homme.

Les raisons de notre choix : La violence, le malaise d'une certaine jeunesse, la désertion, la "justice" des hommes, autant de thèmes qui nous ont accrochés. Des mots qui touchent, une histoire d'une rare intensité. Un grand roman moderne.

Autour du livre : Texte d'une grande richesse, excellent point de départ d'une discussion-débat. Le "ras-le-bol" et le malaise d'une certaine jeunesse. La justice, la criminalité, les milices privées. Les jeunes et le service militaire. Le romantisme et le néo-romantisme. D'un point de vue purement littéraire, étudier le style adapté à la lecture d'un adolescent contemporain habitué au langage télévisé et radiophonique et à la lecture elliptique des gros titres de journaux.

Annexe : Traduit en allemand, danois. "Le plus remarquable des romans de Pierre Pelot pour l'instant... Un constat cruel tout autant qu'une mise en garde pour une société qui ne voit pas qu'elle s'autodétruit" (Janine Despinette). "Un poème sur la difficulté de vivre aujourd'hui" (Record).

 

T.V. suisse-romande

Bulletin N° 33, octobre-novembre 1975

Un grand Pelot, au niveau du Pain perdu, du Cœur sous la cendre ! Émouvant. Bouleversant. Qu'on lit d'un trait. Remarquablement écrit.

Adrien a quitté son école de recrue, après un mois. Il est déserteur. Il va être poursuivi. Il en avait marre. Il a choisi la liberté. Et, avec lui, Célia, la fille d'un riche directeur d'usine. Lui est d'extraction modeste. Ils s'aiment éperdument. Elle accepte de le rejoindre dans un petit patelin où ils se sont donnés rendez-vous. Elle emporte ses économies et quelques provisions. Et l'aventure commence. Qui se terminera tragiquement. On part en mobylette, vers le sud. On l'abandonne. On fait de l'auto-stop avec deux types qui - Adrien le remarque heureusement à temps - veulent les attirer dans un coin isolé pour violer la jeune fille. Adrien vole la voiture et l'on continue le voyage vers le sud, vers Saint-Tropez où l'on arrive, y abandonnant la voiture volée. Aux Salins où l'on campe, la police intervient pour une fouille systématique. On vole une Deux-Chevaux dans d'horribles circonstances. On remonte vers Grimaud. On s'installe pour camper. Des gardes civils interpellent Adrien et Célia qui se sont mis sur une propriété privée. On en vient aux coups. La population s'excite. On organise une chasse à l'homme. Et… tragiquement, c'est le coup de feu qui tue. La violence, cycle infernal. Ce résumé hâtif - mais le récit est rapide, alerte, sans phrases inutiles - ne saurait retracer l'atmosphère dans laquelle se déroule ce roman qui fait réfléchir, qui suscite le débat, car le thème est d'actualité. Brûlant d'actualité. Pierre Pelot est, dans ce genre-là - pour jeunes et adultes - le Maître. Livre à lire en lecture suivie, qui s'ouvre sur un débat.

 

Affiches parisiennes

30 octobre 1975

Adrien, un militaire, vole une voiture, veut vivre sa vie. Rentrera-t-il chez lui ? Il se réfugie dans une cabane de cantonniers au bord de la route. Le lendemain, il va au café prendre le petit déjeuner et écrit à son amie Célia. Il reprend la route, fier de sa liberté. Célia est fidèle au rendez-vous. Il explique pourquoi il a déserté. Célia accepte de le suivre.

Pourquoi est-il parti de la caserne ? A cause des murs, des fusils, des appelés qui montaient la garde, à cause des soûleries au mess.

Vous les suivrez dans leurs aventures, leurs rêves et leurs mésaventures… (10 à 12 ans).

 

Le Papetier libraire

Novembre 1975

Article repris dans : Rail et progrès, 4° trimestre 1975.

Pierre Pelot a coutume de dire : "Je ne suis pas un auteur pour la jeunesse. Je suis quelqu'un qui raconte des histoires. J'en raconte beaucoup parce que j'en ai beaucoup en moi. Je n'écris pas pour les jeunes, ni pour les vieux, ni pour les entre deux. J'écris pour celui ou celle qui voudra bien me suivre dans cette histoire".

La dernière en date : un étonnant Ciel fracassé.

Adrien déserte - Célia le suit. Où ? Peu importe. On laisse derrière soi tous les vieux clichés. Le soleil est là qui suffit à faire de chaque journée une fête. Mais est-ce vraiment possible ?

Une tente plantée sur un terrain privé, une colère impossible à contenir, un geste malheureux, un climat général de peur et d'insécurité vont déclencher une impitoyable chasse à l'homme.

La violence, le malaise d'une certaine jeunesse, la désertion, la "justice" des hommes, autant de thèmes traités par P. Pelot. Des mots qui touchent, une histoire d'une rare intensité. Un grand roman moderne.

 

Le Courrier picard

Amiens, 25 décembre 1975

Dans Le Ciel fracassé, Pierre Pelot raconte, avec un style sobre dont la qualité littéraire est indiscutable, l'aventure d'un homme qui lui aussi, comme le héros d'Ajar, Prix Goncourt, a "la vie devant soi". Soldat déserteur, il fuit pour retrouver la vie avec Célia. Pour aller ailleurs, vers le soleil. Car défendre la France, contre qui, contre quoi ? Hors-la-loi, il part en quête de liberté jusque dans le Midi… Mais la liberté ne se tolère pas. Une bande de vacanciers poursuit le couple à travers la garrigue. Adrien et Célia tombent sous les coups de fusil.

Un livre sur la violence contemporaine. Sans clichés, ce qui est rare.

 

La Gazette indépendante

27 décembre 1975

"Le soldat Adrien Levreau, crâne pelé comme le veut la coutume, le deuxième pompe Adrien s'est échappé". Le pas franchi, accompagné de Célia, Adrien s'en va ; ils ont faim et soif "d'autre chose", mais l'aventure sera peut-être la cause d'un drame, de leur drame. A partir de 14 ans.

 

Forces wallonnes

27 décembre 1975. Louis PIETERS

Une perception remodelée d'un aspect d'actualité :
Le Ciel fracassé, de Pierre PELOT

Reprenant le thème du jeune mal dans sa peau, Pierre Pelot nous fait suivre, dans son dernier roman, un jeune milicien déserteur qui, accompagné de la jeune fille qu'il aime, fuit, au-delà de l'armée, toute notre société qui l'écœure.

C'est un roman bref, puissant, dont les quelques moments de touchante tendresse et de réflexions monologuées ou dialoguées ne ralentissent pas l'action incessante, mais en soulignent l'haletante respiration, accentuent le désarroi des fuyards. Ébranlé et pantelant devant le drame inéluctable dont il est témoin privilégié, le lecteur doit-il acquiescer, cependant, à l'incroyable crescendo de cette folle et irréversible violence ? Ou prendre conscience de ses raisons, de son processus en spirale, et percevoir surtout sa signification de langage instinctif pour un jeune ouvrier révolté, pauvre de moyens libérant d'expression ?

Ainsi, grâce au roman, les faits divers à l'égard desquels la presse nous rend insensibles ou faussement accusateurs prennent leur vraie dimension humaine. P. Pelot veut secouer l'indifférence ; il y réussit pleinement.

[En note : ] Hautement consciente de sa mission, cette Maison a toujours voulu éditer le roman de qualité pour la jeunesse. La Bibliothèque de l'Amitié s'adresse aux plus jeunes ; aux aînés, elle propose les récents Chemins de l'Amitié, avec, en fins de volumes, filmographie, bibliographie et extraits de presses, revues, livres sur le sujet.

Les auteurs retenus y sont forcément écrivains de qualité. Récompensé par plusieurs prix littéraires mérités, Pierre Pelot est, au sens noble du terme, un écrivain populaire de grande valeur, qu'il conviendrait de ne pas cantonner dans la seule littérature pour la jeunesse. Son écriture très personnelle, de plus en plus dépouillée, allie en une parfaite unité la force virile et la profonde poésie. Par refus de notre Société mécanisée, il a d'abord, avec nostalgie, situé l'action de ses premiers récits dans l'W. américain d'autrefois (il fut le créateur, chez Marabout, de Dylan Stark) ; libéré de cet exotisme, toujours défenseur inconditionnel des opprimés, il assume maintenant son époque, avec une plus grande résonance. Chez le même éditeur : Le Cœur sous la cendre.

 

Cahiers du livre

Chambray-les-Tours, janvier 1976

Adrien a quitté la caserne. Le voici, déserteur, dans une voiture volée, dont il se débarrasse en l'envoyant dans un ravin. Et puis, il retrouve Célia qu'il aime et avec qui il veut partir, parce qu'ils ont toujours voulu "inventer d'autres pays". L'aventure : celle des hors-la-loi, traqués et pris entre la peur et la joie de s'aimer, jusqu'à la tragédie qui éclate sous le ciel bleu. Violent et douloureux, un roman où les jeunes reconnaîtront leurs inquiétudes.

 

L'Assuré social

Janvier 1976.

Un roman pour les adolescents, autour des thèmes du malaise de la jeunesse et de la violence. Très bon ouvrage, complété par une série d'extraits de revues ou de livres sur la violence et la criminalité.

 

L'École ouverte

N° 30, janvier 1976.

La fuite en avant de deux adolescents - il a déserté au bout de deux mois de service militaire, elle l'a suivi - qui, pour échapper aux recherches, traversent la France en auto-stop, volent des voitures, et finissent sous les balles de vignerons, pour avoir campé une nuit dans une vigne : la révolte des jeunes, acculés à la délinquance par la cruelle indifférence ou l'agressivité des adultes, dans une analyse accessible à tous les adolescents.

 

Record

Paris, 24 janvier 1976

C'est vivant, un roman de Pierre Pelot. Le style est chouette, on y est, cela coule à toute vitesse. Le Ciel fracassé, c'est une histoire d'amour et de fuite qui se termine en drame pour deux jeunes amoureux.

Adrien, il a déserté après un mois de service militaire. Célia, elle, l'a suivi : un grand départ pour des vacances sans fin.

On fait du stop, on pique des bagnoles, on évite la police, on campe en"sauvages" dans des coins tranquilles Et puis, un jour, voilà deux types du village voisin qui arrivent avec un fusil pour contrôler votre identité. Pourquoi ? Parce qu'il y a eu plusieurs mauvais coups dans le coin, faits par des gens incontrôlés. Alors Adrien s'affole, se défend, cogne, c'est la chasse à l'homme, ou plutôt au couple. Elle se termine mal, très mal.

Est-ce une histoire pour faire peur aux petits écervelés qui veulent "vivre leur vie" hors des sentiers bien fréquentés ? Non, c'est plutôt un poème, un poème sur la difficulté de vivre aujourd'hui.

 

Bulletin critique du livre français

Paris, février 1976

Adrien ne peut plus supporter le service militaire et ses contraintes, aussi déserte-t-il. Accompagné de son amie Célia, il va connaître la peur, l'angoisse et enfin la violence... Ce nouveau livre de Pierre Pelot nous décrit ici l'angoisse d'une certaine jeunesse qui a de plus en plus de mal à supporter l'injustice et la violence sous toutes ses formes. La sensibilité d'Adrien, son histoire toucheront certainement un grand nombre de jeunes lecteurs eux aussi à la recherche d'un monde meilleur (à partir de 16 ans).

 

Littérature de jeunesse

Février 1976. A. TOUSSAINT-JOASSIN

Thème : La révolte et la contestation.

Résumé : Un jeune milicien français déserte.

Adrien est socialement inadapté - père ancien combattant en Indochine, ivrogne ; mère bigote et résignée. Il conteste toute forme d'autorité et rêve d'une autre vie qu'il se sent incapable de trouver seul. Son amie d'enfance, Célia, appartenant à un milieu aisé, accepte de fuir avec lui.

C'est la course folle vers le Sud en auto-stop, puis à bord de voitures volées. La vie en marge n'est pas pour leur déplaire ; certaines haltes sont même idylliques. C'est "autre chose", même si Célia ne partage pas toujours le manque de scrupules d'Adrien. Après une fuite ou ce dernier abandonne lâchement un copain, ils font du camping sauvage et surpris par des gardiens de vignobles, ils sont traqués par les villageois : Célia est tuée. Le livre se referme sur le désespoir d'Adrien, "gommé" comme s'il était lui aussi fauché par les chevrotines.

Portée de l'œuvre : L'aventure est écrite dans un style vif, nerveux, haletant et le ton persifleur traduit très bien l'état d'esprit du héros. L'auteur connaît bien ses personnages, leur psychologie, leurs réactions. L'histoire est bien menée, sans temps mort, en dosant les effets.

Les jeunes, surtout les garçons, aimeront sans doute la dramatique histoire d'Adrien si mal engagé dans sa quête de la liberté. Le livre reste ouvert, aucune solution n'apparaît. La lecture devrait donc être suivie de discussions sur le problème de la délinquance, de l'armée, de la liberté, de l'autorité, du travail, etc.

Il faut également attirer l'attention sur la liste des livres et films proposés aux lecteurs, concernant le même sujet. Si certains sont valables, d'autres sont à déconseiller pour leur violence délibérée (Orange Mécanique, Le Fonceur) ou pour leur immoralité désinvolte (A bout de souffle, Solo, L'Important c'est d'aimer).

Jeunes ayant une suffisante maturité, à partir de 14 ans.

 

Livres Jeunes Aujourd'hui

Culture et bibliothèques pour tous, Paris, n° 2, février 1976

Repris dans : Notes bibliographiques, Paris, 1976.

Page 52: "L'ombre du tricolore, il en avait assez ; il voulait du soleil, il voulait respirer". Adrien a déserté la caserne, car il étouffe à la caserne comme il étouffait dans son cadre familial et social. Drogué dès sa naissance par la "consommation-production-consommation", il ne veut plus faire partie de cette masse grouillante de "pantins". Avec son amie Célia, à bord de voitures volées, ce sera la fuite éperdue des Vosges vers le Midi. Ils découvriront la mer, le soleil, les bains, le rire et l'amour. Tout est simple et beau : c'est la liberté... du moins le premier jour, car bien vite ils devront repartir. Devenus des hors-la-loi, leur course les mènera au bord d'un champ où la chasse à l'homme dont ils sont le gibier s'achèvera de façon dramatique.

* Cet ouvrage d'un style direct emprunte son thème - la quête de la liberté - au romantisme qu'il met au goût du jour en lui donnant le cadre des préoccupations politiques et sociales de notre époque. Ce n'est pas parce que l'histoire se termine mal que le phénomène est analysé. Cette étude d'un cas particulier (que les jeunes auront peut-être tendance à généraliser) sans que l'antithèse soit fournie ou le remède proposé, ressemble fort à de l'endoctrinement. D'où la nécessité d'une discussion avec les lecteurs éventuels de ce roman. (J. L., Belfort).

* Écrit dans un style moderne, percutant, imagé, le livre se lit d'un trait. Il peut faire réfléchir les jeunes sur le danger de se laisser prendre dans le terrible engrenage de la révolte et de la violence qui a conduit Adrien et Célia à leur perte. Il souligne également le danger de l'utilisation de "milices" se substituant à la justice et qui risquent de provoquer des drames comme celui qui termine ce livre (G. P., Dinan).

A partir de 15 ans.

Pages 46-47: "Récit âpre et dur, fait des refus et des révoltes des jeunes habités par un ardent désir de liberté et de bonheur immédiat : une tentative d'évasion de la société et de ses contraintes dont l'issue est désespérée... Le style vibrant de Pelot donne au récit une grande intensité dramatique" (M. M. L., 06 Cannes).

"... Le thème de la peur avec tout le mal qu'elle entraîne (vols, lâcheté, violence) est bien traité dans ce très beau livre qui, s'il est dur, émeut le lecteur, l'angoisse, l'irrite, mais se lit d'une traite. A conseiller aux jeunes de 16-17 ans" (V. M., 84 Avignon).

"... Dès le début du livre, l'auteur fait le procès du service militaire, de la société de consommation et, naturellement, des parents : Adrien est en somme une victime irresponsable! La fin dramatique de l'histoire est encore le fait des adultes. C'est un affrontement des deux générations. Livre destructif à déconseiller aux jeunes, surtout s'ils n'ont pas plus de jugement et de réflexion que Célia et Adrien. Les jeunes lecteurs s'attendriront sur les malheurs de ce jeune couple et finiront par trouver leur conduite normale" (J. L., 42 St-Etienne).

"... Ce roman laisse une impression pessimiste : aucune porte de sortie, aucune chance de briser l'engrenage de la violence ne se présente pour Adrien et Célia. L'irréalisme dont fait preuve Adrien est un trait caractéristique d'une certaine partie de la jeunesse. La fin est trop dramatique : la mort de Célia qu'il a lui-même provoquée est pire pour Adrien que sa propre mort. Le refus de la société conduit-elle toujours au désespoir ? Ce livre ne peut être prêté sans discernement. Pour les lecteurs à partir de 15 ans d'un bon équilibre psychologique, il peut être un moyen de réflexion sur les rapports des jeunes avec la société ; les motifs qui la conduisent à se défendre sont vrais, clairement exprimés : la peur, si humaine, en est le moteur" (B. G., 33 Bordeaux).

"... Roman très déprimant, mais passionnant et d'un style alerte, à ne prêter qu'à partir de 16 ans, en essayant d'établir un dialogue avec le lecteur. Les jeunes en ont "marre", ils veulent partir ailleurs ; ils se dressent contre notre société qu'ils ont raison de vouloir réformer... Mais, par leur attitude, ils sont bien loin de la vraie liberté. En contrepartie, les adultes régissent violemment, l'esprit brouillé par leurs soucis et leur tristesse. Cette révolte leur cache l'aspiration des jeunes à faire quelque chose de beau et de désintéressé" (C.G., 92 Garches).

"... Triste histoire, pleine de violence et de poésie, qui incite à réfléchir. Ces deux jeunes sont inconscients, confiants, puérils et heureux d'être en vacances. Ils jouent aux grands, aux nantis, à ceux qui peuvent partir sans se poser de questions, et l'on se sent responsables de cette société mal faite, où ce sont toujours les mêmes qui ont des problèmes réels" (G. D., 41 Vendôme).

"... Dur, violent, sans espoir : les seuls moments de détente sont les descriptions poétiques de la nature provençale ou les tendres échanges des deux jeunes gens. Pelot a-t-il voulu prouver que les fruits de la violence sont inévitablement la mort et le désespoir ou au contraire est-il du côté de ses héros qui, pris dans l'engrenage d'un système qui les écrase, sont acculés à l'irréparable ?" (G. D., 78 St-Germain-en-Laye).

 

Notes bibliographiques

Supplément février 1976

Adrien a déserté la caserne. En compagnie de sa jeune amie Célia, il fuit vers le Midi dans une voiture volée. Les jeunes gens vont-ils être pris dans l'engrenage de la violence alors qu'ils croyaient découvrir la vraie liberté ? Un livre dur, bouleversant, qui mérite discussion.

 

Antoinette

Février 1976

Adrien Levreau, incorporé pour faire son service militaire, déserte. Il ne peut plus supporter les contraintes de la société. Avec son amie Célia, il partira pour une échappée sauvage au cours de laquelle il connaîtra drame sur drame. Cette histoire bien pessimiste est la démonstration que l'action individuelle n'est pas la solution aux problèmes que se posent les jeunes. Peut-être la démonstration est-elle faite de façon un peu systématique. Mais le livre se lit très facilement

 

Infor Livres

Février 1976

Adrien Levreau, milicien, vient de déserter : "L'ombre du tricolore, il en avait assez. Il voulait du soleil, il voulait respirer". En outre, il a volé une voiture pour fuir. D'un seul coup, il s'est donc mis en marge de la société.

Il rentre au village pour enlever sa fiancée, dans la plus pure tradition des épopées romantiques. Sinon que cette fois, le beau prince charmant et son fougueux destrier se sont transformés en deuxième classe tondu et en vélomoteur poussif.

C'est pourtant bien l'aventure dans laquelle s'engagent Adrien et Célia, l'aventure comme on croit qu'elle n'existe plus. Autre différence importante avec les drames romantiques, la fin sera loin d'être radieuse.

La bande publicitaire de l'ouvrage faisait allusion à la violence. Et elle est à l'état brut dans ce nouveau roman de Pierre Pelot. Nous rejetons avec indignation les coups de fusil qui achèvent le récit, mais ne sont-ils pas la conséquence logique de cette rupture brutale qu'ont voulue Adrien et Célia d'avec la société ?

Un livre à lire et à discuter par les jeunes de 14 à 16 ans, mais surtout pas en se basant sur les compléments de la fin de l'ouvrage, et qui renseigne notamment Orange mécanique, tant en bibliographie qu'en filmographie.

 

Papetier de France

Février 1976

La violence, le malaise d'une certaine jeunesse, la désertion, la "justice" des hommes : autant de thèmes traités par l'auteur. Des mots qui touchent, une histoire d'une rare intensité.

 

Bruxelles des jeunes

Février 1976.

Un sujet fort : un jeune soldat déserte l'armée, tourne le dos à sa famille, la société, la moralité et entraîne dans sa course folle mais justifiée à ses yeux, une jeune fille, le seul être qu'il aime. Malheureusement, l'aventure se termine très mal pour eux.

Ce livre dense et riche propose aux lecteurs quelques réflexions très pertinentes : la violence, l'armée (son utilité), la criminalité, la notion de filialité, d'amour chez les jeunes.

Le livre est suivi d'une bibliographie et d'extraits de journaux, revues et livres.

 

Le Progrès

Lyon, 8 février 1976. Janine DESPINETTE

Article repris dans : Morges Hebdo (Suisse), 20 février 1976.

Le Ciel fracassé est sans doute le plus remarquable des romans de Pierre Pelot, pour l'instant, par la qualité de l'écriture, par la maîtrise d'un sujet des plus difficiles parce que vérité immédiate et tragique pour des milliers de jeunes gens certainement. Un roman oui, d'une forme littéraire parfaitement ciselée, adaptée à la lecture d'un adolescent contemporain habitué au langage télévisé et radiophonique et à la lecture elliptique des gros titres des journaux, un roman donc mais aussi un constat cruel tout autant qu'une mise en garde pour une société qui ne voit pas qu'elle s'autodétruit.

 

Nous voulons lire

Talence, 13 février 1976. C. G.

Quel plaisir de lire un nouveau Pelot ! peut-être le meilleur. Ici, il parle des jeunes, de leur difficulté de vivre, de s'insérer où que ce soit : dans l'armée, dans la vie des adultes, de subir toute contrainte sociale. Adrien déserte et entraîne Célia dans une vie libre, marginale, heureuse, ensoleillée. Et, très vite, c'est le drame. Pour une tente plantée dans un champ privé, surgissent la colère, l'injustice, la peur, la violence et c'est la chasse aux jeunes.

Ce livre excellent intéressera aussi bien des adolescents que des adultes. Comme toujours dans cette collection, une bibliographie, une filmographie, des extraits de livres et de revues traitent des problèmes de délinquance.

 

Cahiers pédagogiques

Biarritz, mars 1976. R. DUBOIS

Article repris dans : Les Livres (Paris), juin 1976.

Adrien a déserté ne pouvant supporter la contrainte de l'armée, son caractère de brimade gratuite. Il rejoint sa région natale pour y retrouver Célia, la fille qu'il aime. Elle accepte de partir avec lui et la fuite commence, coupée de moments de calme, de rencontres équivoques, de vols de voitures, d'actes de lâcheté. Quelque part en Haute Provence une courte journée où l'amour éclate avec toute la puissance d'un éblouissement. Et c'est le heurt brutal avec la population, armée, excédée de certains actes, puis la mort de Célia sous les chevrotines d'un fusil de chasse.

Comme toujours, Pierre Pelot nous prend à la gorge. Jamais il n'avait mis en scène aussi directement des adolescents. Il s'agit ici d'un néo-romantisme, merveilleusement décrit et d'une justesse de ton exceptionnelle. Les pages où Adrien et Célia parlent de leur amour, la très belle variation sur "on a fait l'amour", tout cela montre à quel point Pierre Pelot plonge dans la réalité. Jusqu'à ce personnage de Tioli, le père dont le fils est aussi un "voyou" et qui tuera Célia, comme pour essayer de se délivrer de son désespoir.

Quant au style il rencontrera certes des détracteurs, mais nous pensons que ces pages sont écrites de façon remarquable, dans un langage qui colle au sujet et aux personnages.

A recommander à partir de 14 ans (Ouvrage exceptionnel).

 

L'Écritoire

N° 6, (env. avril 1976). Marie-Claude MONCHAUX

Dans sa chronique "Enfantines, Livres d'enfants", sous le titre : "Il est temps de crier au feu !", elle écrit :

[...] Pour les plus âgés (13-16 ans), vous pouvez aussi trouver aisément Le Ciel fracassé de Pierre Pelot, où ils suivront avec sympathie le calvaire d'Adrien. Adrien a déserté l'armée où il s'embêtait trop pendant son service militaire, en volant une voiture. Il fracassera du reste volontairement cette auto, puis en volera une ou deux autres, ainsi que de la nourriture, pour couvrir et aider sa fuite en compagnie d'une petite idiote admirative, au cours de péripéties toutes axées sur une haine et un mépris de ses concitoyens qui ne choisissent pas comme lui la flemme et la fauche, péripéties dont je vous fais grâce. Adrien finira en martyr, bêtement assassiné, afin qu'on puisse à la fin s'apitoyer sur lui...

Il faut dire qu'il n'y aurait vraiment pas eu moyen de lui porter un quelconque intérêt autrement [...] .

 

Le Drapeau rouge

Quotidien du Parti communiste de Belgique, 30 décembre 1985. Louis PIETERS

Fin, avez-vous lu ce 26 décembre au bas du feuilleton qui, nous l'espérons, vous aura plu.

Fin brutale, tragique, scandaleuse, comme généralement les crée Pierre Pelot. Car il ne veut pas encourager notre société par de beaux dénouements guimauve; car il reste lucide.

Fin tragique ce 26 décembre précisément : coïncidence heureuse pour nous rappeler que la trêve trop facilement euphorisante de Noël n'est que leurre.

Fin pour ce 26 décembre, sans que nous l'ayons voulu, sans que nous l'ayons calculé: le hasard - ou Dieu ? - peut bien faire les choses.

 

Écrits pour nuire

Littérature enfantine et subversion, Paris, Union nationale inter-universitaire, 1987, nouvelle éd. revue et augmentée. Marie-Claude MONCHAUX

Sur Pelot : pp. 7, 20, 34, 60, 65, 100-104, 108.

Pages 100-104. Adrien déserte. Il faisait son service militaire en Allemagne vers 1975. C'était insupportable. Il a volé une voiture et il a foncé [Longues citations des pages 19 et 41, puis chant d'une petite fille soviétique à l'accordéon, tiré de Timour et sa brigade].

Lui [Adrien] se "fout de la guerre", il est en France et il raconte aux enfants français sa désertion, et il la justifie.

En page 6 de la Revue des livres pour enfants, n°6, septembre 1979, n'attendons pas de Jean-Claude Stefani une condamnation de l'attitude d'Adrien et de ses propos pessimistes à des enfants. Cela n'est pas le plus important, je voudrais m'attarder ici sur l'écriture de Pelot dont on découvre à la lecture même des citations choisies par Bergounioux qu'elle est un véritable travail sur le langage et les mots.

Alors, on consulte l'analyse de Bergounioux, en pages 13 à 21 du numéro 67 de la revue. Alain Bergounioux est attaché de recherche au C.N.R.S., historien du syndicalisme et du socialisme. Je ne puis mieux faire que de vous conseiller de vous y reporter, car le langage C.N.R.S. n'est pas un modèle de synthèse en quelques lignes. Bergounioux consent cependant à apporter quelque chose qui ressemble à une appréciation personnelle sur les mots "tondu et anonyme, bétail plus que jamais", c'est un vocabulaire emprunté à un discours dénonciateur sur l'armée, éventuellement à une presse vaguement gauchiste (p. 17).

On s'en doutait un peu. M. Bergounioux continue :

"Le sujet du roman, en fait, c'est la fuite hors d'une réalité entièrement imaginaire, quoique peinte sans aucune imagination... La réalité est entièrement pensée selon les schémas d'une idéologie individualiste. Mais pour que cette réalité imaginaire montre ces titres d'effectivité, on utilise des références à l'actualité la plus immédiate (p. 16, le nom de Maxime Le Forestier, l'emploi du vocabulaire de la drogue : "shooter à mort, l'overdose"), sortes de clin d'œil assurant que le monde dont les héros cherchent à s'évader est bien celui du lecteur. Cette identification est faite sur le mode de la complicité, le vocabulaire permettant la reconnaissance, c'est-à-dire la référence à une culture commune donc à un discours qui ne renvoie à aucune expérience et ne peut pas susciter l'imagination. Voilà pour l'aspect négatif, ce que les héros refusent : l'armée et la société."

Sur quoi, on revient à Stefani, se gargarisant :

"On sait depuis le nouveau roman que l'écriture est à la fois outil et langage et que sa matérialisation même pose problème et, consciemment ou inconsciemment, Pelot utilise ce matériau. Car si l'expression "bétail plus que jamais" ne décrit rien, il me semble qu'accolé à "uniforme", elle donne... (au contraire) à imaginer (p. 7, n° 68)".

Vous attendiez-vous donc à un débat sur le fond ? Ce serait très naïf. Sur la forme, l'écriture, oui, mais sur le fond! Fi donc! Sur l'influence que cette écriture si soigneusement disséquée peut avoir sur un esprit de treize ou quatorze ans... Qui parle de cela dans la Revue des livres pour enfants ? Ah si : on en a parlé quelquefois, pour jeter l'anathème sur les excellents romans scouts de Serge Dalens (Signe de piste), envers qui on ne peut avoir l'indulgence un peu distraite qu'on affiche en face d'un emprunt à "une presse vaguement gauchiste", ou pour écrabouiller le soi-disant racisme du bon Lucky Luke de Goscinny et Morris!!

Laissons ces filandreuses conférences à l'usage des élèves bibliothécaires de la rue Saint-Bon. Passons aux preuves de plus en plus lourdes, et voyons où nous allons arriver ?

On en arrive à ce terrible pilonnage : la violence est normale. Elle est même rendue nécessaire. Il est naturel que Lou Carmaux, rentrant de la guerre d'Algérie, "cette guerre d'Algérie qui lui avait marqué le cœur d'écœurement et de honte", aille en prison pour une bagarre, naturel qu'il se révolte contre tout le monde. On ne peut prendre parti que pour lui dans cette malheureuse affaire (Le Pain perdu). [Suite concernant Le Renard dans la maison].

Page 102, une fiche de lecture publiée par Nous voulons lire (Talence), n° 22, décembre 1977 (cf. NVL n° 17): "C'est un livre très bien que j'ai beaucoup aimé. C'est l'histoire d'un jeune garçon de 18 ans qui déserte de son service militaire; il en avait marre. Il part sans rien. Mais sa fidèle amie Célia à qui il a fait appel part avec lui. Ils font de l'auto-stop pour aller le plus loin possible. Mais ils devront affronter quelques aventures. Adrien vole une voiture pour se tirer d'un sale pétrin où l'on fourre deux hommes. Ensuite, à Saint-Tropez où ils dorment sur la plage, un autre problème : les gendarmes. Ils devront fuir, toujours fuir. Enfin ils campent dans un pré et fuient encore devant deux hommes armés de fusils et Célia est tuée alors qu'ils s'enfuyaient.

C'est un livre très bien que je relirai; mais je ne m'attendais pas à ce que Célia soit tuée à la fin. (X., 3ème)."

 

Page créée le vendredi 24 octobre 2003.