Sélénite Nid d'espions

 
  • Alain Bernier et Roger Maridat
  • 1974 | Théâtre
 

Date et lieu

 

Sujet

Pièce burlesque.

 

Création à Paris

  • Le Sélénite - 18, rue Dauphine - Paris
  • 1ère représentation le 24 décembre 1974
  • Du 24 décembre 1974 au ...., tous les soirs à 22 heures 30, sauf le mardi
  •  

  • Mise en scène
  • Jacques Legré
  •  

  • Distribution
  • Ada Lonati (remplacée par Jacqueline Jefford *) : Mata
  • Jacques Legré : Le colonel - Monsieur Smith- Le garçon
  • Didier Beaudet : 1er espion - Le domestique - Le tueur - L'indic - SVP 11 11
  • Maurice Audran : 2ème espion - Rabindrah - Le commissaire - Hildegarde - Le professeur - Le pape - Le directeur
  • *Ada Lonati ayant abandonné ses partenaires sans raison, au milieu d'une représentation, a dû être en remplacée en catastrophe. On n'a plus jamais entendu parler d'elle.
  •  

  • Régie
  •  
  •  

    Autre mise en scène : en Belgique

  • Théâtre Arlequin - 3, rue Rutxhiel - Liège
  • Sous le titre : Chair et rasades
  • 1ère représentation le 14 septembre 1979
  • Jusqu'au ....
  •  

  • Mise en scène
  • José Brouwers
  •  

  • Distribution
  • Claire Servet : Mata
  • José Brouwers : Le colonel - Monsieur Smith et quelques autres
  • Jean Brouwers : 1er espion - Le domestique - Le tueur - L'indic - SVP 11 11
  • Alex Tasset : 2ème espion - Rabindrah - Le commissaire - Le professeur - Un personnage énigmatique - Le directeur
  •  

  • Régie
  •  
  •  

    Extrait

    MATA, au téléphone

    Allo ! C'est vous, colonel ? Ici, Mata-Hari !… Ah non ! Plus de mots de passe, je vous en prie… Pourquoi ? Aujourd'hui vos services avaient décidé que ce serait "Garçon ! Un scotch !". Conclusion : trois personnes qui demandaient du whisky ont été assassinées par les autres qui étaient au courant… Je voudrais bien savoir qui est l'imbécile qui a eu cette idée !… Oh ! Excusez-moi, colonel.

    VOIX D'HOMME - OFF

    Garçon, un scotch !

    Coup de feu

    MATA, imperturbable

    Colonel ! Voici le quatrième meurtre.

     

    Revue de presse

    Le Quotidien de Paris

    7 janvier 1975. Patrick de ROSBO

    Sélénite nid d'espions
    de Alain Bernier et Roger Maridat :
    Les trente-six chandelles du rire

    Des clins d'œil à faire sauter la planète : imagine-t-on parodie plus burlesque ? Chaque réplique porte. Chaque situation explose. Comment résister à cette jubilation féroce ? Sur quelle terre piégée avons-nous échoué ? Quel désordre fou dans cette valse d'espions qui se télescopent, rivalisent de naïvetés, de ruses, de folies, de crimes, comme autant de météorites déboussolés ! Les pages du roman policier tournent toutes seules, agitées comme par un souffle invisible. L'Hispano s'est emballée. Le volant nous échappe. Laissons-nous conduire. Reconnaissons tout de même que le paysage file vite, derrière le carreau de la fenêtre.

    Tous, déjà, nous sont familiers. N'est-elle pas depuis toujours notre amie, cette arrière-petite-fille de Mata Hari, coquine incendiaire dont le nez en trompette flaire le vent, traîtresse en fourreau de satin noir, la prunelle charbonneuse, et plus que jamais disposée à ravager le monde de sa féminité à facettes ? Ada Lonati rampe, zozote, arbore capeline et lunettes fumées, joue les Garbo, toise de haut ce grand flandrin de colonel à monocle dont Jacques Legré fait le sosie d'Éric von Stroheim, botté, sanglé de cuir fauve, aussi superbe et taré que nous pouvions l'espérer. SVP 11-11, pour sa part, est à lui seul toute l'Amérique : casquette à larges carreaux qui, lorsqu'on la soulève, chante l'hymne étoilé, face de Tintin vicieux nourri à la mamelle d'Al Capone et dont les vêtements doivent conserver quelque odeur de cercueil et de whisky. Didier Beaudet, second Buster Keaton, a le visage le plus tranquille du monde. Le sourcil s'arrondit. Le cil qui frise a des gourmandises, des innocences de poule. Il est à lui-même sa première farce.

    Contrastant violemment avec ces teintes pastel, d'autres plats plus épicés nous attendent, et d'abord le plus monumental étouffe-chrétien dont gastronome puisse rêver : j'ai nommé la star internationale Hildegarde von Nibelung. Imaginez une seconde la corpulence du bonhomme Michelin, le profil d'un Shadok, la perruque en tempête d'une Callas, les mines fugitivement rapaces d'une Madame Soleil, les décolletés abondants d'un archevêque de Pasolini ; cachez notre cantatrice-espionne derrière l'éventail en plumes d'autruche roses de Zizi Jeanmaire, et je vous mets au défi de reconnaître Maurice Audran sous un tel fatras. Et d'ailleurs nous n'en avons pas le temps. De Constantinople à Palavas-les-Flots, nous faisons déjà une escale à Rome, pris comme des rats dans les replis les plus humides de ces caves du Vatican d'où surgira bientôt Hildegarde (encore elle), nouvelle papesse coiffée de sa tiare dans laquelle se trouve enfermé le plus mortel des engins de mort, inventé par la cervelle délirante d'un savant russe... Enfin qui nous empêche de croire que nous sommes en présence du dernier caprice baroque que s'est offert "la Mafia" ?

    Nous commençons d'y voir clair. Giscard, Ford, Brejnev ? Autant de quidams sanguinaires grossièrement copiés sur les originaux, et mis en place par les agents secrets, ces monstres anonymes. Le Sélénite est leur nid de guêpes. Allez donc les y étrangler dans l'œuf, si vous voulez entendre aussi résonner dans votre tête les trente-six chandelles du rire.

     

    Pariscope

    15 janvier 1975

    Top secret

    De Marlène, agent X27, à James Bond, ils sont tous là, au Sélénite, pour le nouveau spectacle de 22 h 30 : Sélénite, nid d'espions. Cette parodie due à Alain Bernier et Roger Maridat a une vertu thérapeutique. Si vous êtes un ancien de la CIA, évitez la rue Dauphine, l'endroit est bien surveillé. La discrétion légendaire des espions est remplacée par une suite de gags menés par Ada Lonati, Jacques Legré et Maurice Audran. Espions farfelus s'abstenir. Il y en a assez dans ce café-théâtre.

     

    Ici Paris

    7 février 1975. Robert CHAIX

    La petite-fille de Mata Hari réussira-t-elle à déjouer les ruses d'implacables ennemis ? L'agent SVP 11-11, armé d'invraisemblables gadgets, supprimera-t-il les affreux qui le poursuivent ?

    Dans la salle exiguë du Sélénite, tout ce monde se pourchasse, lutte sans merci, s'entrégorge, ressuscite avec une pirouette, se mêle au public ravi, qui se prête au jeu et s'esclaffe. Le texte burlesque, entrelardé des cris d'effroi des victimes, est aussi alerte que les courses, les chassés-croisés des bandes rivales.

    Ada Lonati (Mata Hari) est superbe dans ses crises de peur simulée, Maurice Audran (cantatrice wagnérienne, faux pape, vrai chef de la mafia) est énorme de cocasserie, étourdissant. Jacques Legré, imperturbable dans les gags les plus surprenants, Didier Baudet s'amusent à nous amuser, dans cette parodie des James Bond, des films rétros d'espionnage, et nous entraînent des caves du Vatican à l'Élysée, du rapide de Palavas aux boîtes de nuit truffées de tueurs.

     

    Télé 7 Jours

    8 février 1975

    Cette suite de sketches burlesques, qui parodient plaisamment les films d'espionnage, anciens et récents, est due à l'imagination fertile d'Alain Bernier et de Roger Maridat. Le rythme est allègrement soutenu grâce à l'entregent d'un quatuor homogène où Maurice Audran, Didier Beaudet et Jacques Legré, metteur en scène par surcroît, donnent justement la réplique à l'excellente Ada Lonati, ici plus que mystérieuse petite-fille de Mata Hari.

     

    Le Figaro

    13 février 1975. Françoise VARENNE

    Eh bien oui, j'ai ri. Après s'être moquée du mythe hitlérien avec La Grande Berline, des films hollywoodiens série B style Tarzan et la sauvagesse blanche avec le Dernier Tango dans la jungle, la troupe des Colossales Productions s'attaque à l'espionnite du grand écran.

    Il y avait une fois un "inoubliable" long métrage aujourd'hui presque oublié qui s'intitulait Salonique, nid d'espions. Tout un programme, évidemment. S'inspirant cette fois du nom du lieu où se déroulent chaque soir leurs "méfaits", les auteurs Alain Bernier et Roger Maridat ont écrit Sélénite, nid d'espions. Titre prélude à une foule de gags, de pirouettes, de rebondissements d'autant plus cocasses qu'ils sont attendus. Sur le thème, bien sûr, de "le plus espion qu'on croit n'est pas celui qu'on pense".

    Plus besoin de s'extasier devant les gadgets et les cascades d'un moderne "homme au pistolet d'or". Avec un peu d'imagination, on assiste au détournement du chemin de fer, à la grande scène de séduction de la petite-fille de Mata Hari (Ada Lonati), à la métamorphose de la soubrette dévouée en OSS à vocation ecclésiastique. Pas de message. Intellectuels s'abstenir. Une mise en scène de Jacques Legré, comme toujours riche d'inventions. Au spectateur d'entrer dans le jeu et, éventuellement, de servir de figurant.

    Sans prétentions, déconseillé aux grincheux, mais recommandé aux inconditionnels de l'espionnage format poche et style rétro.

     

    Paris-Normandie

    Février 1975. Danièle GROBSHEISER

    Pas de "message" : du rire

    On fait la queue dehors, dans le vent ou sous la pluie. On y entre en se poussant, en se pressant. Les verres sont mal servis. Il faut payer tout de suite. Pourtant, on sait que l'on reviendra dans ce petit café-théâtre de la rue Dauphine. Parce qu'il fleure bon le talent et l'ingéniosité et que l'on y découvre une forme d'humour irrésistible et nouvelle.

    Plusieurs spectacles sont à l'affiche dans les deux mini-salles du Sélénite. Le dernier, Nid d'espions, est une satire acide et désopilante qui fait jaillir le rire en se moquant de tous ces OSS, SAS, 007 et autres dont on nous abreuve dans les halls de gare, à la télévision et dans les films commerciaux.

    La petite fille de Mata Hari s'y déchaîne, trucide les uns, filoute les autres dans une rocambolesque histoire où l'agent SVP 11.11 est un piètre représentant de la CIA. On y découvre que le pape est une femme (la copine de Mata Hari), la reine d'Angleterre un fringant colonel à monocle, et le président de la République française un gros-z-espion très occupé à concocter des rendez-vous secrets avec Mata Hari. Le tout pour récupérer la formule d'une bombe "propre" (OSS 117 plus SAS sur 007) aux retombées radioactives nulles.

    Pas de message, pas de politique. Rien que du rire, de la belle humeur avec un esprit pétillant d'idées nouvelles et des acteurs truculents et inconnus.

     

    Mystère Magazine

    Février 1975

    Sélénite nid d'espions est une parodie pleine d'esprit des récits d'espionnage allant de Mata Hari aux James Bond. Elle est écrite par Alain Bernier et Roger Maridat, dont le nom a déjà figuré au sommaire de Mystère Magazine et qui publient des romans de suspense sous le nom d'Éric Verteuil. L'action menée avec brio est truffée de coups de théâtre, de péripéties à vous couper le souffle.

     

    France Soir

    21 mars 1975

    Allo ! Jacqueline Jefford

    Petite-fille de Mata Hari au café-théâtre

    Après la suite des Chroniques villageoises qui va bientôt passer à la télévision, dit Jacqueline Jefford, je me suis lancée dans une nouvelle aventure : le café-théâtre ! C'est passionnant, car je joue un rôle très drôle, celui de la petite-fille de Mata Hari, dans une pièce burlesque d'Alain Bernier et Roger Maridat : Sélénite nid d'espions, qui passe au Sélénite;

     

    La Libre Belgique

    21 septembre 1979. M.-F. D

    Chair et Rasades [le titre de la pièce en Belgique] conte les 1001 facettes de Mata Hari, la célèbre espionne. Ce pourrait être aussi les 1001 tours de passe-passe d'une certaine bombe et de ses plans. Cette bombe dont nous regrettons ne pas pouvoir vous dévoiler les secrets est très particulière. Chacun voudrait que son voisin l'acquiert et puisse s'en servir. Mais cette bombe dégage aussi tout au long de la soirée un frais parfum d'humour et de rire. Chair et Rasades, nouveau cabaret de l'Arlequin, est donc résolument gai. Il permet à Alex Tasset de faire d'admirables imitations follement gaies, principalement d'Amanda Lear. Le décor très simple (une table, quelques chaises) est lui aussi très amusant. En effet, les comédiens le dessinent sur un grand tableau blanc à roulettes, ou n'en tracent qu'un élément principal, souvent d'ailleurs doublé d'un gag. Les auteurs, Alain Bernier et Roger Maridat, avaient quasi donné carte blanche à José Brouwers et à son équipe. Les auteurs n'ont pas été déçus et ont ri franchement des libertés que José Brouwers a prises avec le texte. Le Théâtre Arlequin a, en effet, su donner des connotations toutes liégeoises et locales adaptant les jeux de mots sur les personnages français à nos édiles. De plus, l'Arlequin a ajouté pas mal de gags ainsi que des extraits de conférences ou de déclarations de vedettes. Claire Servais, plus féminine que jamais, joue avec tout son corps : elle est Mata Hari aux 1001 visages. Alex Tasset, comme nous l'avons dit, excelle dans la parodie d'Amanda Lear mais aussi dans ses autres rôles. Jean et José Brouwers campent eux aussi de sympathiques espions au 1001 astuces.

     

    Page créée le vendredi 12 décembre 2003.