Dernier Tango dans la jungle

 
  • Alain Bernier et Roger Maridat
  • 1974 | Théâtre
 

Date et lieu

 

Sujet

Spectacle burlesque. La grande star Déborah retrouvera-t-elle Monsieur Zan ? Jim la sauvera-t-il de tous les dangers de la forêt vierge ? Traquée par l'Homme-Singe, les gorilles, les éléphants, les cannibales, sera-t-elle enfin heureuse ?

 

Création à Paris

  • Le Sélénite - 18, rue Dauphine - Paris 75006
  • 1ère représentation le 29 novembre 1973
  • Du ... au ...., tous les soirs à 22 heures 30, sauf le mardi
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  • Mise en scène
  • Jacques Legré
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  • Distribution
  • Jacques Legré : Jim
  • Frédérique Ruchaud : Deborah
  • Jalil David : Zan
  • Didier Beaudet : Daryl - Le gorille - Madame Livingstone - L'homme
  • Jibo Naberab : Le chef cannibale
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  • Régie
  • Chorégraphie : Daniel Sander
  • Ambiance sonore : Didier Beaudet
  • Costumes : Jacqueline Guilbert
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    Autre mise en scène : en Belgique

  • Théâtre Arlequin - 3, rue Rutxhiel - Liège
  • 1ère représentation le 25 février 1977
  • Jusqu'au ....
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  • Mise en scène
  • José Brouwers
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  • Distribution
  • José Brouwers : Daryl - Le gorille - Madame Livingstone - L'homme
  • Maïté Honhon : Deborah
  • Alex Tasset : Zan
  • Christian Cheniaux : Jim
  • Charly Setton : Le chef cannibale
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  • Régie
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    Autre mise en scène : à Epinal (Vosges)

  • Théâtre de Lumière
  • 1ère représentation le ... 1977
  • Jusqu'au ....
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  • Mise en scène
  • Bernard Visse
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  • Distribution
  • Bernard Clop : Daryl - Le gorille - Madame Livingstone - L'homme
  • Catherine Visse-Fayolle : Déborah
  • : Zan
  • : Jim
  • : Le chef cannibale
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  • Régie
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    Extrait

    1er Extrait

    DEBORAH

    Vous lui direz que madame Bovary est en danger.

    LE CANNIBALE

    Madame Emma Bovary ?

    DEBORAH

    Je ne sais pas, je n'ai pas de prénom !

    LE CANNIBALE, à part

    Et ça se dit civilisée !

    -:-:-:-:-:-:-:-

    2ème Extrait

    DEBORAH

    Cette femme dont je vous ai parlé, je voudrais qu'elle disparaisse… sans laisser de traces bien sûr. Alors puisque vous êtes cannibale… je vous… je vous la donne.

    LE CANNIBALE

    Qu'est-ce que vous voulez que j'en fasse ?

    DEBORAH

    Ne me forcez pas à mettre les points sur les "i".

    LE CANNIBALE

    Je vois, mais c'est impossible.

    DEBORAH

    Pourquoi ?

    LE CANNIBALE

    Je suis végétarien.

    -:-:-:-:-:-:-:-

    3ème Extrait

    Madame LIVINGSTONE, appelant

    Monsieur Stanley !… Monsieur Stanley !

    ZAN

    Je croyais que vous étiez madame Livingstone.

    Madame LIVINGSTONE

    Ca n'empêche pas d'avoir un amant !

    -:-:-:-:-:-:-:-

    4ème Extrait

    DEBORAH

    Pourquoi me faites-vous marcher dans le noir ?

    JIM

    Parce que c'est la nuit !

    DEBORAH, rassurée

    Ah bon !

    -:-:-:-:-:-:-:-

     

    Revue de presse

    Ici Paris

    31 décembre 1973

    La petite salle du Sélénite a tenu la gageure de faire rentrer la forêt vierge sur ses minuscules tréteaux : charge d'éléphants, fosse à panthères, poursuite de cannibales et, dans un entrelacs de lianes, l'homme-singe bondissant à la recherche de la grande star Déborah, qu'il doit séduire à des fins publicitaires. Sur les mythes des bandes dessinées, des films de Tarzan, les acteurs s'amusent fort à jouer, sur un rythme endiablé, ce texte à l'humour débridé, soutenu par de nombreux gags souvent épicés d'un érotisme farfelu.

     

    Pariscop

    3 janvier 1974

    Décidément Le Dernier Tango à Paris fait des petits. Après le film La Dernière bourrée à Paris, un spectacle au Sélénite : Dernier Tango dans la jungle. Dans ce spectacle qui pastiche tous les mythes de la jungle liés au grand succès de la littérature et du cinéma, l'angoissante question est : l'homme-singe échappera-t-il à tous les périls de la jungle et épousera-t-il la célèbre star Déborah ? Écrit par Alain Bernier et Roger Maridat, ce spectacle nous fait pousser des cris à la Tarzan !...

     

    Le Parisien libéré

    Vendredi 4 janvier 1974

    Tarzan sur scène

    Les fils de la jungle sont en ce moment fort à la mode sur les écrans. Ainsi la télévision nous a-t-elle présenté pour les fêtes de fin d'année Tarzan le magnifique avec Gordon Scott, puis hier un autre Tarzan dans le feuilleton Le Jour où la terre tremble. Enfin il ne faut pas oublier la reprise de L'Enfant sauvage de François Truffaut, et l'autre feuilleton de petit écran Elephant Boy.

    Néanmoins, en ce début d'année 1974, c'est sur scène que le seigneur de la jungle fait son grand retour à Paris, et cela au théâtre Le Sélénite. Il s'agit d'un spectacle burlesque d'Alain Bernier et Roger Maridat, parodiquement intitulé Dernier Tango dans la jungle.

    L'histoire est celle d'un homme-singe, sosie de Tarzan, dit Jim, et interprété par J. David. En fait, il s'agit d'un homme à l'univers des grands serials, ou films populaires à épisodes de la période du muet et des débuts du parlant. Ainsi, Jim la Jungle fut un des plus célèbres héros d'Alex Raymond. De plus, le spectacle du Sélénite rend aussi hommage à des classiques du 7° art, tels que La Reine africaine (African Queen) de John Huston, avec Katharine Hepburn et Humphrey Bogart ; à King Kong, à Quand la marabounta gronde, à La Piste des éléphants...

    Pour l'ambiance sonore, Didier Beaudet, qui en a eu la responsabilité, a tiré les airs les plus célèbres des années 1950 et cela afin de souligner les gags et les péripéties dans la tradition burlesque. Enfin la télévision japonaise a filmé les répétitions du spectacle au Sélénite, alors que la pièce elle-même doit être aussi montée à Tokyo, dans le premier trimestre de cette année.

     

    L'Humanité

    9 janvier 1974. Roger MARIA

    Voilà une pièce burlesque, qui ne peut trouver sa place - et son public - que dans un café-théâtre : c'est la satire brillante, pleine de trouvailles comiques, de ces films exotiques de série B des années 50 - et déjà avant guerre - où l'on voit des "Occidentaux" conventionnels aux prises avec les menaces de l'Afrique "primitive et mystérieuse"et s'en sortir de justesse.

    Ici, la dame est une superstar d'Hollywood qui s'appelle Déborah (Frédérique Ruchaud), à qui son agent de publicité a conseillé de partir à la recherche de l'homme-singe à travers la jungle. Plus ou moins protégée par un grotesque Zorro matamore aseptisé (Jacques Legré, auteur de mise en scène), elle va devoir affronter des dangers et tentations en chaîne, dérision des poncifs de toute une époque du cinéma : les pièges à léopards, la marabounta dévoratrice, les fourmis géantes, les cannibales (mais leur chef est... végétarien), l'homme-singe enfin, trop beau, une mince peau de bête autour des hanches, l'entrée en action de deux volcans : celui qui crache une lave menaçante - et celui qu'allument les sens d'une Déborah mûrissante...

     

    L'Aurore

    Jeudi 10 janvier 1974. Michel GREY

    Les auteurs nous ramènent à la belle époque d'Hollywood. Le "star-system"s'emploie sans relâche à créer de nouveaux mythes et à consolider les plus éprouvés, quitte à s'ingérer dans la vie privée des vedettes qui, d'ailleurs, se laissent docilement manipuler. Témoin la célèbre Déborah, spécialisée dans les films d'aventures exotiques.

    Dans sa villa de Beverley Hills, elle reçoit un appel téléphonique du patron de la société de production. Elle va devoir convoler avec l'Homme-Singe de la jungle africaine, qui, auparavant, l'aura sauvée de multiples périls. Ce ne sera jamais que son cinquième mariage. Il coïncidera avec la "première" de son prochain film. Aussitôt, Déborah s'envole incognito, avec des lunettes noires et un passeport au nom de Madame Bovary. En Afrique, on la parachute au-dessus de la Clairière des éléphants. Mais le correspondant local a mal interprété le message, de sorte qu'elle se trouve aux prises avec les cannibales, les gorilles, les lions et même, Hollywood n'ayant pas pour principe de lésiner, les tigres. Dieu merci, les cannibales sont végétariens, les gorilles sentimentaux, et Jim, le superman de la forêt vierge, protège efficacement l'héroïne contre les serpents, les fauves de tout poil et les fourmis géantes. En faisant sauter des ponts et des montagnes pour peu que la situation l'exige. On voit le ton du spectacle, c'est celui des bandes dessinées.

    Tous les clichés du genre sont passés en revue, après avoir subi une distorsion parodique. Les auteurs multiplient les gags réjouissants. La scène montrant Déborah enduite de confiture de goyave et livrée, enchaînée, aux appétits de fourmis carnivores, est impayable. En plus, Alain Bernier et Roger Maridat empruntent sans vergogne le quiproquo au vaudeville et ne se privent pas de faire des "mots". "Raciste, moi ? Absolument pas ! La preuve : mon premier mari était anglais." L'action est menée à bride abattue, selon la formule "de plus en plus fort", par une comédienne que les directeurs de grandes salles et les metteurs en scène devraient bien employer plus souvent : Frédérique Ruchaud. La mise en scène de Jacques Legré pétille d'inventions et la distribution masculine est sans reproche.

     

    Combat

    N° 9187, jeudi 10 janvier 1974. Patrick de ROSBO

    Le Dernier Tango dans la jungle nous replonge dans l'univers des bandes dessinées, des stars platinées, des hommes-singes impressionnants de muscles et des récits coloniaux de notre enfance, enfermés dans leur belle reliure de cuir rouge. La mise en scène de Jacques Legré dépense des prodiges d'astuce et de drôlerie pour faire exploser une Afrique sophistiquée, à l'image des films tremblotants des années 30. Frédérique Ruchaud, Liz Taylor en caramel fondant, se débat assez joliment au milieu de ces Tarzans montés sur ressorts. Un soleil en papier mâché brûle de tous ses reflets possibles de ce très pittoresque bijou en strass.

     

    Le Nouvel Observateur

    14 janvier 1974. Michel GRISOLIA

    Pour cinéphiles pas sérieux

    Sur ordre de Darryl le producteur, la star Déborah se voit parachutée dans la jungle pour y épouser l'éternel Tarzan. Les amours extravagantes et parodiques de la vedette avec l'homme-singe, qui ne dédaigne pas non plus les messieurs, sont surtout prétexte à une série d'allusions savoureuses, cocasses et sans prétention, pour cinéphiles et nostalgiques de la grande période de Hollywood : entre le rugissement du lion de la Metro Goldwyn Mayer et la montagne étoilée de la Paramount, une suite de poursuites burlesques, de mots d'esprit et de silhouettes inattendues (Mme Bovary entre autres).

    Les auteurs à qui l'on doit déjà La Grande Berline, présenté l'an dernier au Sélénite, sont très bien servis par la mise en scène de Jacques Legré (ancien élève de Nicolas Bataille). Spécialistes de la nouvelle policière, ils ont le sens du raccourci et de la concision. Musique délicieusement démodée, gestes outrés, poses inspirées du cinéma muet, les acteurs s'amusent comme des fous. Nous aussi.

     

    Le Figaro

    Mercredi 16 janvier 1974. Françoise VARENNE

    Qu'on ne s'y trompe pas ! Alain Bernier et Roger Maridat n'ont en aucune façon voulu s'inspirer du film de Bertolucci. Ce Dernier Tango dans la jungle est une fantaisie burlesque pour tam-tam et hommes-singes. Autrement dit, un pastiche de tous les films de Tarzan et de ses frères sauvages qui firent les beaux jours du cinéma américain à grand spectacle conscient du fait qu'un retour à la nature hygiénique devait combler les désirs secrets d'une société ultra-mécanisée.

    Il faut saluer chapeau bas le metteur en scène Jacques Legré qui réussit, sur une aire de jeu de six mètres carrés au plus, à reconstituer la pénombre striée de lianes des sous-bois exotiques... et à nous y faire croire. L'homme-singe et le "cannibale végétarien" sont splendides. La blonde star Frédérique Ruchaud se tire des pires embûches sans perdre une parcelle de son sang-froid. Le dépaysement est complet. Une heure de détente agréable.

     

    Mystère Magazine

    Février 1974

    Alain Bernier et Roger Maridat (Prix Gaulois 1972) et collaborateurs de Mystère Magazine sont les auteurs de Dernier Tango dans la jungle, une nouvelle pièce pleine d'humour, qui se joue au Sélénite. Le thème : les aventures d'une star, Deborah, à la recherche de l'Homme-Singe. Dans cette fantaisie burlesque, les gags se succèdent à un rythme fou et les réparties fusent au milieu des rires.

     

    Hebdo Lyon

    22 juin 1974

    Le Dernier Tango dans la jungle permet de passer un moment de franche rigolade et de découvrir quelques comédiens remarquables comme Frédérique Ruchaud (la star Déborah, honneur aux dames), Didier Baudet, Jacques Legré et Jalil David en homme-singe qui serait certainement un merveilleux Tarzan si les producteurs voulaient bien s'y intéresser. Mais les producteurs ne sont pas des chercheurs… Ils ont bougrement tort, car au Sélénite ils découvriraient une folle équipe qui visiblement s'amuse autant que le public, une équipe capable de transformer une salle minuscule en forêt vierge et jamais à court d'imagination tant pour la mise en scène fort astucieuse, les décors, l'interprétation, que pour la musique… d'un autre temps.

     

    In

    1974

    Un tandem du nouveau théâtre, Alain Bernier et Roger Maridat (30 pièces radiophoniques, Les Ineffables de La Fontaine - prix Gaulois 1972) a donné au Sélénite sa seconde comédie burlesque : Dernier Tango dans la jungle.

    IN.- Bernier, quand avez-vous commencé d'écrire ?

    Bernier.- Dans le train, en allant à Lisbonne, parce que le voyage est interminable et que j'avais oublié de prendre de la lecture.

    Maridat.- Quand j'ai lu son premier manuscrit, je lui ai dit : "Quel gâchis ! Il y a cinq histoires là-dedans".

    IN.- Comment travaillez-vous ?

    Maridat.- Alain écrit, je coupe et étaye la construction. Enfin, ensemble, nous cherchons les gags supplémentaires.

    IN.- Et si nous vous demandions une critique - très dure - de votre Dernier Tango dans la jungle ?

    Bernier.- Je dirais d'abord que le titre est trompeur. On a l'impression qu'il s'agit d'une gaudriole où l'huile de palme va jouer un rôle primordial. Or il n'en est rien. C'est une parodie des grands succès du cinéma consacrés à la jungle : l'homme-singe et Chita devenue très sensuelle, le cannibale cultivé, le gorille affectueux, les éléphants à la trompe fureteuse semblent se liguer contre la Grande Star Déborah lancée en parachute au-dessus de la forêt vierge...

    Maridat.- La pièce, menée à un rythme effréné fait rire le public mais on peut lui reprocher de n'avoir aucune envolée littéraire rappelant - même de loin - Le Soulier de satin. Al ! les auteurs d'aujourd'hui n'ont plus le subjonctif facile et la litote aisée.

    Bernier.- Mais il faut dire que la mise en scène de Jacques Legré, qui ne disposait pas d'un budget de super-production est astucieuse : l'homme-singe saute de l'étage supérieur parmi les spectateurs, les lianes frôlent les consommateurs, l'éruption volcanique fait frémir, et le final, avec ses chansons en play-back, pastiche sur quelques mètres carrés les revues à grand spectacle. La star un peu folle, c'est Frédérique Ruchaud. Didier Beaudet, lui, interprète de nombreuses compositions et il est aussi bon en vieille Anglaise qu'en gorille (mais y a-t-il une différence ?) N'oublions pas Jybo Nabered et surtout Jalil David (Jalil est l'homme-singe plein de muscles et de naturel, que le magazine Hommes a mis en vedette dans son dernier numéro de mars).

    Maridat.- Comme c'est cruel de nous avoir forcé à fauire la critique de notre pièce car, en fait, Dernier Tango dans la jungle est encore meilleur que l'on a osé le dire.

    IN.- Bien sûr...

     

    Page créée le mercredi 10 décembre 2003.