La Grande Berline

 
  • Alain Bernier et Roger Maridat
  • 1972 | Théâtre
 

Date et lieu

En mars 194., à Berlin.

Sujet

Pièce burlesque, en seize tableaux et une apothéose.

 

Création à Paris

  • Le Sélénite - 18, rue Dauphine - Paris
  • 1ère représentation le 8 novembre 1972
  • Du 8 novembre 1972 au ...., tous les soirs à 22 heures 30, sauf le mardi
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  • Mise en scène
  • Nicolas Bataille
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  • Distribution
  • Frédérique Ruchaud : Martha
  • Nicolas Bataille : Adolf Hitler
  • Jacques Legré : Werner (Eva Braun)
  • Didier Beaudet : Mussolini - Goering
  • Maki : Un journaliste japonais
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  • Régie
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    Radio

  • Diffusée sur France Culture le 20 décembre 1972, à 21 h 45
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    Autres mises en scènes

  • Lyon, avril 1973
  • Japon, mise en scène de Nicolas Bataille
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    Extrait

    VOIX INTERPHONE

    Un certain Mussolini est dans l'entrée.

    HITLER

    Qu'il entre !

    MUSSOLINI, entrant

    Duce !

    HITLER, à Werner en Eva Braun

    Déguerpit !

    MUSSOLINI

    Signora Déguerpi, ommagio !

    WERNER, après s'être fait baiser la main

    Ave Cesar !

     

    Revue de presse

    Le Nouvel Observateur

    N°421, 4 décembre 1972

    Il y eu Paul et Virginie, Roméo et Juliette et enfin, plus récemment, Adolf Hitler et Éva Braun. Tous deux, souverains maîtres du Grand Reich, selon Alain Bernier et Roger Maridat, n'étaient pas "ceux que l'on croyait" : Adolf naquit du sexe féminin et Éva du sexe fort. Nicolas Bataille (Adolf Hitler) que l'on connaît pour avoir mis en scène La Philosophie dans le boudoir du marquis de Sade et La Cantatrice chauve d'Eugène Ionesco (qui tient la scène depuis 17 ans) a monté ce spectacle en "16 tableaux et une apothéose". Il joue de la caricature, de la déraison et de la dérision. Et lorsque tous les grands de l'État nazi s'ennuient, ils montent à Paris pour présenter des numéros de travestis dans des lieux peu recommandables. La farce dure une heure : elle a quelque chose du numéro de chansonnier et des grands délires surréalistes.

     

    Politique Hebdo

    N° 57, 14 décembre 1972. Jean-Michel PALMIER

    Le nazisme en dentelles

    Nicolas Bataille est non seulement un très grand acteur, mais l'un des rares metteurs en scène qui, avec des moyens réduits, s'efforce de faire du théâtre marginal un espace de recherches, de création et de renouvellement. Sa mise en scène des Quinze pièces futuristes de Marinetti au Lucernaire, qui faisait revivre le caractère violent et provocateur du futurisme italien était une tentative aussi originale que fascinante. Aujourd'hui, avec le nouveau spectacle qu'il monte au café-théâtre Le Sélénite, il fait surgir dans l'épopée burlesque de La Grande Berline, l'histoire pitoyable d'Hitler et de ses proches et leur étrange destin.

    Monté d'après une pièce d'Alain Bernier et Roger Maridat, c'est un spectacle d'une ironie cruelle, l'épopée du III° Reich réécrite par Jarry et Charlie Chaplin. Dans la lignée des couples célèbres, après Roméo et Juliette, Tristan et Iseult, Adolph Hitler et Éva Braun : mais les cartes sont brouillées, Hitler est une femme qui cache son identité derrière le masque du Dictateur, et Éva est un homme. Quant à Himmler, c'est une femme en bottes de cuir, et seul Göring est semblable à son personnage historique, caricaturé avec un réalisme saisissant. Ridicules, pitoyables, complexés, tous ces personnages mettent l'Europe à feu et à sang en jouant à la bataille navale. Le spectacle est délirant par ses caricatures, ses gags, mais lorsque Nicolas Bataille surgit, véritable sosie d'Hitler, on ressent un choc.

    Après une série de tableaux invraisemblables, admirablement joués, le spectacle s'achève sur une apothéose. Après l'effondrement du Reich, ses dignitaires font pendre à leur place leurs sosies et s'enfuient à l'étranger. Certains viennent à Paris et ont la chance de commencer une nouvelle carrière. Hitler, Éva Braun, Himmler et Göring deviennent des travestis au music-hall. On les voit, grimés, toujours reconnaissables, nous interpréter les airs les plus célèbres des années 40. Le Führer lui-même, perruque, chapeau haut de forme et collant, se prend pour Marlène Dietrich et chante la Lola de L'Ange bleu, nouvelle vedette berlinoise des cabarets français. Acclamés, applaudis, ils ont oublié leur passé et on a oublié leur passé. Écoutez comme ils chantent bien ! Himmler lui-même fredonne Lili Marlène...

    Mais là on ne rit plus, car on comprend que ce n'est plus un jeu et que cette fantaisie burlesque recouvre une vérité pénible. Hitler n'est pas mort, ses amis non plus. Ils ont seulement changé de masques et de style. La swastika n'est plus le symbole d'Auschwitz, mais un gadget qu'affectionnent certains jeunes, on fabrique de nouveaux poignards nazis et les défroques des SS se vendent très chers à St-Ouen. Non seulement le fascisme n'est pas mort mais il relève la tête. Klaus Barbie regarde les vitrines. Tous les anciens nazis, de Balduch von Schirach à Arno Breker publient leurs émouvants souvenirs et clament bien haut leur innocence...

    Qui donc irait imaginer qu'ils n'ont pas les mains blanches ? On les a simplement abusés. Ils ont cru en Hitler, comme tout le monde... ou presque. En librairie, les histoires de médecins nazis, de SS et des camps de la mort concurrencent les traditionnelles "histoires de la torture". Sous ces défroques, Hitler se vend bien. Il fait partie de la grande parade, du grand cirque capitaliste. Lui et ses amis sont tous là, sous les feux de la rampe, prêts à revenir saluer le public si on les acclame un peu, si on les applaudit encore.

     

    Charlie-Hebdo

    N°110, 25 décembre 1972

    C'est pas une pièce de notre Bernier à nous, il s'agit d'un imposteur. D'ailleurs sa pièce est aussi une imposture. Soi-disant qu'Hitler aurait été une femme et Éva Braun un mec. Le reste à l'avenant. Nicolas Bataille a bien fait de monter ça à la rigolade comme il sait le faire, ça donne une bonne heure de café-théâtre (au Sélénite). Montée sérieusement, dans un vrai théâtre, les gens auraient cru que c'était vrai. Et alors, la mémoire de ce pauvre Adolphe !

     

    Paris Match

    N° 1237, 20 janvier 1973

    Hitler au féminin

    Toute la vérité sur Hitler révélée dans La Grande Berline de Roger Maridat et Alain Bernier, au café-théâtre Le Sélénite. Cet Hitler mis en scène par Nicolas Bataille, avec sa panoplie complète de Führer, moustache, mèche, croix gammée et voix cassée comprise est en réalité une femme, une juive de surcroît. Et c'est pour dissimuler au monde ce lourd secret qu'il déclenche la guerre mondiale.

    Sur ce point de départ burlesque, les auteurs ont agencé une série de scènes d'une logique sans faille et d'un comique limpide qui fait toujours rire, mais qui fait aussi réfléchir. L'épopée de cet Hitler femelle s'achève sur une apothéose historique où l'on voit les chefs nazis réfugiés à Paris chanter et danser sur la scène d'un cabaret les grands succès des années 40. Nicolas Bataille assume tour à tour le rôle de Hitler et celui de Marlène. Il n'y a pas de débat à la fin du spectacle.

     

    Télé 7 Jours

    20 janvier 1973

    La Grande Berline, sur les amours d'Hitler et d'Eva Braun, un spectacle fort burlesque que l'on doit à Alain Bernier et Roger Maridat.

     

    Combat

    30 janvier 1973. Jacques HERBERT-LEDUC

    La Grande Berline roule un train d'enfer. On y fait des révélations historiques inattendues : Hitler était une femme, Eva Braun un homme ! Mais ouis. Pourquoi pas ?

    Les auteurs, Alain Bernier et Roger Maridat, s'amusent et nous amusent dans une succession de gags en musique et de coups de théâtre plus drôles les uns que les autres. Voici la plus grande farce de l'Histoire.

    Nicolas Bataille met en scène avec esprit et humour. Il interprète aussi Hitler entouré de ses fidèles amis (Frédérique Ruchaud, Didier Beaudet, Jacques Legré et Maki). Impossible de vous raconter : des révélations historiques aussi importantes se méritent. Allez les entendre ! Vous rirez beaucoup et je suis persuadé que vous vous laisserez charmer par les jambes d'Eva Braun et Jacques Legré dont le machiavélisme est déjoué par une mauvaise chance providentielle.

    Ne manquez surtout pas le finale, où, après la guerre, le troisième Reich donne à Paris une représentation de travestis burlesques sur la musique de Cabaret. Il est rare de trouver une représentation aussi proche de l'esprit même du café-théâtre. Nicolas Bataille et ses amis y sont parvenus. Bravo !

     

    L'Espresso

    Rome, 4 février 1973

    [Photo légendée]. Parigi. Nicolas Bataille, nella parte di Hitler, e Frederique Ruchaud in una scena dello spettacolo satirico La Grande Berline, che lo stesso Bataille ha allestito sul palcoseenico dela Sélénite. In alto, Hitler e Eva Braun, impersonata da Jacques Legré.

     

    Pariscope

    ... au fil des gags, les amours d'Hitler et d'Eva Braun...

     

    Journal du Dimanche

    ... tout ce que vous ignoriez sur les amours d'Hitler... Un spectacle burlesque...

     

    Mystère Magazine

    ... tout le monde se réjouira de voir revenir en force le rire...

     

    Page créée le mardi 9 décembre 2003.