Le Jour de l'enfant tueur

 
 
 

Date et lieu

Il y a 35 000 ans, "dans les brumes de la préhistoire".

Sujet

Il y a 35000 ans, le clan des Anâanni menait une vie paisible au bord d'un lac, dans la montagne. Lorsque Okgha le Rêve désigne Ahorn pour aller redonner vie et force au clan voisin, les Ohihani, Ahorn accepte de bon gré car il sait qu'il retrouvera Ene'a à laquelle il ne cesse de songer depuis qu'il l'a aperçue sur la rive, un jour que les femmes ohihani étaient venues en visite - c'est du moins ce qu'il croit.

Car chez les Ohihani, d'étranges hommes aux lèvres cousues, les nokh, semblent détenir un dangereux secret, et plusieurs femmes ont disparu, parmi elles Ene'a. C'est donc vers une tout autre histoire qu'Ahorn est entraîné malgré lui : retrouver Ene'a et, au péril de sa vie, affronter les forces mauvaises qui transforment les hommes en nokh. (4ème de couverture, 1999).

 

Éditions

Photo de couverture : Philippe et Karen Smith.

  • 1ère édition, 1999
  • Paris : Éditions du Seuil, juin 1999.
  • 18 cm, 220 p.
  • Illustration : Philippe et Karen Smith / Fotogram-Stone (couverture).
  • (Points ; 653).
  • ISBN : 2-02-034908-6.
  • Prix : catégorie 9.
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  • 2ème édition, 2013
  • Paris : éditions Bragelonne, 23 septembre 2013.
  • (Bragelonne Classic).
  • Livre numérique.
  • 171 p.
  • ISBN : 978-2-8205-1244-4.
  • Prix : 2,99 €.
  • C'étaient deux femmes ohihani, de la rivière que l'on peut traverser en marchant.
    C’est en se rappelant cette vision, que Ahorn accepte de rejoindre le clan voisin des ohihani, persuadé qu’il y retrouvera la jolie Ene’a. Mais quand il arrive sur place, la réalité est toute autre. Son nouveau clan traverse une mauvaise passe. Certains hommes, appelés Nokhs, ont les lèvres cousues pour protéger un dangereux secret tandis que plusieurs femmes ont disparu, dont Ene’a.
    Ahorn se lance donc à leur poursuite, courant de nombreux risques pour ne pas devenir, lui aussi, un Nokh.
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    Première page

    C'étaient deux femmes ohihani, de la rivière que l'on peut traverser en marchant. Un homme, ohihani lui aussi, venait derrière elles. Il allait du même pas. Lorsqu'elles marquaient de loin en loin une pause pour reprendre leur souffle, il faisait de même et gardait entre elles et lui une distance de quelques enjambées.

    Ils gravissaient la montage.

    Une pluie fine lustrait les feuilles des arbres et léchait le pelage des peaux de chèvres qui vêtaient les marcheurs, dans la lumière chaude et brillante d'un jour tranquille des soleils hauts.

    Beaucoup de saisons voûtaient les épaules d'une des deux femmes, tannaient son visage comme une écorce rude, teintaient de gris les mèches de cheveux plaquées sur son crâne et les quelques longs poils piquant sa lèvre supérieure. Les pierres percées, cliquetantes, enfilées sur un tendon, étiraient le lobe de ses oreilles jusqu'au bas du cou. Sous l'affaissement des paupières fripées, son regard dur, presque sans couleur, semblait ne rien voir des proches alentours. Elle allait, les bras ballants et les mains vides, à une allure égale, sans hésiter ni regarder où elle posait ses larges pieds nus, comme inéluctablement tirée vers son but.

    L'autre femme marchait tantôt derrière elle, tantôt à sa hauteur. Elle était aussi massive et grosse que la première était sèche et maigre. Les peaux qui la couvraient étaient tendues sur ses fesses et ses hanches larges, sa poitrine volumineuse. A peine plus d'une moitié des saisons vécues par sa compagne était passée devant ses yeux couleur d'eau profonde. Une lanière retenait ses cheveux épais au sommet du crâne en une touffe dressée. Des scarifications obliques barraient ses joues rebondies. C'était elle qui ponctuait la montée de pauses, ses lèvres épaisses entrouvertes, une main sur sa vaste poitrine comme pour apaiser la brûlure de son souffle, l'autre crispée sur son bâton de marche.

    Et puis l'homme.

    En taille, il dépassait de deux têtes la plus jeune (et la plus grosse) des femmes, l'égalait sans doute en poids. Fort, il avait les épaules noueuses, le torse épais, et des jambes courtes et musculeuses. Maintenue à sa taille par une large lanière, une peau de grand chevreuil passé entre ses cuisses retombait sur son ventre et dans son dos jusqu'aux genoux. Il était le seul à porter des bottes de peaux lacées jusqu'à la pliure de la jambe. Une dépouille de cerf lui faisait une longue cape nouée sur les épaules, et à sa ceinture était fixée une vaste poche, semblable à celle de la femme aux cheveux gris, mais dont le contenu était visiblement plus lourd. Des bracelets de lanières garnies de petits tubes d'os d'oiseau ceignaient ses poignets. La pluie, qui avait partiellement décoloré sa chevelure abondante frottée de terre rouge, trempait son front et ses pommettes, traçait des coulées sinueuses dans sa barbe clairsemée.

     

    Revue de presse

    Libération

    Eté 99, supplément Un poche par jour. Jean-Baptiste HARANG

    Zombis d'il y a 37 000 ans

    Le plus sûr, pour ne pas courir le risque de raconter la fin des livres à suspense, est d'en faire le compte rendu avant d'en achever la lecture. Bien sûr, avec un titre de ce calibre, Le Jour de l'enfant tueur, on se doute que ça va mal finir, que des personnages y laisseront leur peau (on craint surtout pour Ahorn), et les lecteurs un peu de sueur et de sommeil. Ca n'a pas loupé, mais nous avons promis de ne rien dire. Le livre paraît dans la collection Points-Inédit-Policier, qui, comme son nom l'indique, a la bonne idée de publier des histoires policières inédites. Dans le polar de Pelot, ni calibre, ni parapluie qui tue, ni Quai, ni Orfèvres : son aventure policière se passe bien avant l'invention même de la police, juste après l'invention du crime, comme quoi, malgré les mauvaises langues, on voit bien qui a commencé. L'histoire se déroule 35 000 ans avant Jésus-Christ, dont il n'est d'ailleurs pas question. Deux clans se partagent les rives d'un lac, les Anâanni et les Ohihani ; les premiers possèdent la force virile, les seconds ont trop de femmes à féconder. Ahorn est choisi pour livrer sa force au clan voisin, il espère retrouver Ené'a. Hélas, Ené'a a été enlevée, et les hommes transformés en nokhs, zombis aux lèvres cousues. Ou plutôt non, mais vous savez bien qu'on ne peut pas vous en dire plus... Pierre Pelot, après sa saga paléolithique, Sous le Vent du monde, par la magie de son imaginaire et son aisance à manier les noms et les métaphores inventées de ces temps d'avant l'écriture, noue et dénoue sous nos yeux ébahis une intrigue peu policée.

     

    Page créée le mardi 18 novembre 2003.