Les Mangeurs d'argile

 
 
 


Revue de presse

Fiction

N° 327, mars 1982. Claude ECKEN, pages 163-164

Puisque la mode américaine en est aux séries en plusieurs volumes, rien n'empêche les auteurs français d'en faire autant. Au Fleuve, la série des Glaces d'Arnaud; chez Presses Pocket, les Colmateurs de Jeury, et maintenant les Hommes sans futur de Pierre Pelot.

Le sujet ne manque pas d'intérêt : l'évolution de l'espèce n'a pas cessé avec l'apparition de l'homme. Ce dernier se voit maintenant dépassé par sa propre descendance, si supérieurement intelligente qu'il ne comprend rien à ses actes. C'est peut-être la plus terrible des fins de l'humanité que celle qui se produit en douceur, au fil des générations.

Pierre Pelot s'attache à raconter le destin de quelques représentants de la race condamnée. Mais les pérégrinations de ses personnages, de péripéties en rebondissements, lassent quelque peu. Cette nouvelle délayée laisse le lecteur sur sa faim et ne semble constituer qu'une introduction à une série qui pourrait devenir passionnante. Mais n'est-ce pas justement le rôle des récits à épisodes que de faire évoluer l'histoire le plus lentement possible pour tenir éveillé l'intérêt du lecteur ?

 

Transfert

Mensuel N° 1, mars 1982, page 64. Jean-Louis LE BRETON

Premier volume d'une série qui s'annonce longue, Les Mangeurs d'argile est l'histoire des hommes sans futur. Le postulat de base est simple : une nouvelle classe de mutants est apparue chez les humains. Ces fameux "supérieurs" sont les tenants de l'évolution du monde… mais Pelot ne nous parle pas d'eux. En effet, il préfère décrire les autres : ceux qui sont restés des hommes "normaux", ceux pour qu l'avenir n'est plus un horizon azuréen à la limite duquel miroitent des lendemains qui chantent. Les paumés, les perdus, ceux qui se nourrissent de la terre, les "mangeurs d'argile"…

 

Fantastik

Mars-avril 1982, n° 8, page 76, Claude ECKEN

Darwin a montré comment l'évolution des espèces a progressé jusqu'à l'homme. Pelot tente de deviner comment elle se poursuivra, et surtout comment pourrait réagir l'espèce supplantée.

Point d'éclat ni de combat désespéré; tout se passe en douceur. Simplement, les hommes supérieurs - totalement incompréhensibles pour les autres - deviennent de plus en plus nombreux, et les Homo Sapiens de plus en plus faibles numériquement. Ils cessent d'occuper toute la surface de la planète pour se regrouper sur des territoires toujours plus réduits. L'apocalypse se déroule sous le signe de la résignation. Les enfants des Sapiens deviennent pour la plupart des Supérieurs et l'espèce s'éteint doucement. Ce livre est le premier d'une nouvelle série, Les Hommes sans futur, qui conte le destin de quelques-uns des derniers représentants de l'espèce humaine. Les Mangeurs d'argile tirent cependant un peu à la ligne. On n'en finit plus de suivre Lice et Caïne à travers leurs pérégrinations. Mais le décor n'en est pas moins planté, et laisse augurer de passionnantes lectures. A suivre, donc.

 

Ère comprimée

Le magazine de l'homme du futur, bimestriel, N° 14, page 78. Charles MOREAU

Pierre Pelot visiblement se lance dans une nouvelle saga dont Les Mangeurs d'argile, premier épisode des Hommes sans futur, n'est destiné qu'à planter un décor, curieusement westernien d'ailleurs, il faut bien le reconnaître.

Dans une Amérique future, les nouveaux hommes, appelés aussi les Supérieurs, entreprennent d'asseoir énigmatiquement leur suprématie sur le reste de la vieille race humaine qui a fait son temps et a donné naissance à des enfants qu'elle ne comprend plus et qui la rejettent.

C'est là un fort bon roman dont on n'est pas prêt d'oublier certains personnages, tels le vieux chef de milice Kildred ou l'entêté Rough Nandura parti à la poursuite de Caine, l'homme bois-bonheur, ou bien encore la jeune Lice qui pressent d'une manière hystérique les manœuvres d'encerclement des mystérieux supérieurs.

Pelot est plus maître que jamais de son écriture. On peut regretter cependant une certaine complaisance dans quelques descriptions qui n'apportent rien en force à son roman.

 

Le Science-fictionnaire

Paris, Denoël, 1994, tome 1 (Présence du futur, N° 548). Stan BARETS, page 316

[A propos du cycle des Hommes sans futur, 1981-1985]: Les hommes normaux - vous, moi - sont progressivement supplantés par les Supérieurs, de la même manière que les grands primates ont été supplantés par l'Homo Sapiens. Mais comment peut-on survivre lorsqu'on n'est qu'un "mangeur d'argile" ?

 

Phénix

Bruxelles : Lefrancq, 1998.- N° 46, [avril 1998], pages 270-271. Christophe CORTHOUTS

Ah, cruel destin ! J'en reviens à peine. Que mon aveuglement bassement anglophile ne m'ait pas fait découvrir Pierre Pelot des années plus tôt me scie la cervelle de part en part ! Cet homme est extraordinaire, FORMIDABLE comme dirait le guignol de Jack Lang dans ses accès laudatifs les plus poussés. Paru chez Pocket en 1981 et réédité cette année chez Denoël, la saga des Hommes sans futur se passe dans un avenir pas très lointain où la race humaine a subi un "saut d'évolution" comparable à celui qui sépare aujourd'hui les hommes de leurs cousins les singes. Conséquence immédiate, les humains simples (qui s'appellent entre eux les mangeurs d'argile car ils subsistent encore grâce aux produits de la terre) voient naître en leur sein des Supérieurs qui ont vite fait de quitter le giron familial pour rejoindre les leurs. C'est dans cette atmosphère de fin de règne pour une race qui croyait pouvoir dominer l'Univers tout entier que Pelot situe le premier volume de cette passionnante série. Dans Les Mangeurs d'argile, nous suivons les déboires de Caïne, un bois-bonheur (sorte de shaman qui serait capable d'assurer à une femme simple d'accoucher d'un enfant simple et non d'un supérieur) attaché au service d'un vieux shérif de la banlieue de Little Rock, États-Unis. Au travers de cet anti-héros désabusé, aux frontières morales par toujours très claires, Pelot nous fait pénétrer dans un univers qui se situe quelque part à la limite entre Le Fléau de King et une version soft de Mad Max. Mais réduire cet excellent roman à une simple comparaison serait bien trop injuste et je me dois de vous dire que la lecture de cet opus offre tellement de possibilités à l'imagination, ouvre tellement de portes et glisse tant de réflexion dans les replis de la cervelle du lecteur qu'il serait presque criminel de le rater. Sauf évidemment, si, à l'inverse de votre serviteur, vous connaissez déjà Pierre Pelot. Dans ce cas, relisez-le, ça ne vous fera pas de mal !

 

Galaxies

N° 8, avril 1998. Claude ECKEN, pages 182-183

Après la mutation qui a fait du singe un Homo sapiens, un nouveau bond de la nature a donné naissance aux Autres, les Supérieurs de la nouvelle espèce. Ils se regroupent entre eux et mènent des activités échappant à l'entendement de leurs géniteurs. Les hommes savent, désormais, qu'ils sont les derniers des sapiens et que leur civilisation disparaîtra progressivement, sans tapage.

Le combat étant perdu d'avance, Pelot ne s'épuise pas à confronter les deux espèces ni à imaginer à quoi ressemblera la nouvelle humanité. Des Supérieurs, on n'en saura très peu, on n'en verra presque rien : ils nous sont trop étrangers. Ce qui l'intéresse est la description crépusculaire des derniers soubresauts d'une civilisation sur le déclin. C'est ce que symbolisent la ruade de Kildred Quenan, qui a décidé de découvrir le monde au soir de sa vie, et la fuite éperdue de Lice vers des territoires où la présence des Supérieurs ne se fait pas sentir. Tous deux sont accompagnés par le bois-bonheur Caïne, un de ces charlatans dont l'amulette est censée assurer des naissances normales et qui lui, fuit une de ses victimes. Les Mangeurs d'argile est le récit de cette équipée aux allures de western.

 

La Liberté de l'Est

23 septembre 1998. Raymond PERRIN

Le cycle de SF : Les Hommes sans futur, fort de six volumes actuellement, reparaît. C'est l'occasion de prendre conscience que Pelot explore les deux maillons extrêmes de chaîne humaine. Avant de rendre compte de l'émergence de l'humanité, s'extirpant de sa gangue animale, dans sa saga préhistorique Sous le vent du monde (dont le tome 1 est sorti en Folio), il avait déjà sondé l'autre passage inverse de l'humanité, supplantée par une espèce mutante et "supérieure".

Dans Les Mangeurs d'argile, de Little Rock à Lake Village, un personnage vindicatif s'obstine à rechercher un charlatan aux multiples identités. Mais les "Supérieurs" brouillent la course-poursuite et les folles pérégrinations des "calamiteux" dans leurs dernières et illusoires gesticulations.

Page créée le samedi 1er novembre 2003.