Le Cœur sous la cendre

 
 
  • Pierre Pelot
  • 1974 | 51ème roman publié
  •  
 

Revue de presse

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Bulletin des Éditions de l'Amitié

N° , 1974

L'auteur : Tour à tour peintre, scénariste, auteur de livres-westerns et de romans de science-fiction, Pierre Pelot nous prouve une nouvelle fois d'étonnantes qualités de romancier-cinéaste.

L'ouvrage : Après une vie de travail monotone, Bastien pense être arrivé au bout de sa dette envers la société. Enfin, il va vivre, espère-t-il. Mais il se trompe et on lui fait vite comprendre qu'il n'est qu'un vieux gêneur improductif. Exilé dans une cité pour "retraités", il mourra avec la seule affection d'un ivrogne marginal.

Les raisons de notre choix : On a peu écrit sur la vieillesse, mais comment ignorer que ce problème prend de plus en plus d'importance à une époque où le rendement, la rentabilité et la "lutte pour la vie" sont rois.

La détresse de Bastien, la solitude de cet homme qui, toute son existence, a durement travaillé pour les autres, est aussi celle de tous les honnêtes gens abusés qui comprennent trop tard que vivre, c'est aussi rire, boire, chanter et danser.

Autour du livre : La retraite, les personnes âgées et le problème à la mode du 3° âge. Les conflits de génération. Les clans, le patriarcat. La vie à l'usine, les conditions de travail. Le rendement. Le bonheur de vivre. Discussion avec les élèves sur les réponses des jeunes à un sondage publié dans le dossier. Le darwinisme.

Annexe : Ouvrage traduit en allemand, hollandais, danois. "L'ouvrage a vivement impressionné certains adolescents qui ne s'étaient jamais souciés des réactions que pouvaient avoir "les vieux". Peut-être ce roman exceptionnel aidera-t-il les jeunes à réagir désormais plus généreusement vis-à-vis d'eux ?" (Littérature de jeunesse).

 

L'Est républicain

1974

Saint-Maurice-sur-Moselle.- Le Cœur sous la cendre ou Saint-Maurice à cœur ouvert.

C'est le titre du dernier roman de notre concitoyen Pierre Pelot, paru récemment dans les collections Les Chemins de l'amitié. L'action de ce livre a pour cadre notre cité, et certains en le lisant pourront reconnaître quelques figures caractéristiques du pays.

L'auteur nous fait vivre un de ces petits drames propres à notre commune et qui demeure d'actualité. Même si quelques-uns se sentent touchés, ce roman se présente dès à présent comme un document sur la vie de certains de nos concitoyens et sur leurs difficultés vues par un des leurs qui, bien qu'en retrait, continue à les observer.

 

Le Papetier libraire

octobre 1974

Cet article est également paru dans Mutualité et l'Argus des collectivités, novembre 1974.

Tour à tour peintre, scénariste, auteur de livres de style western et de romans de science-fiction, Pierre Pelot nous prouve une nouvelle fois d'étonnantes qualités de romancier-cinéaste.

Après une vie de travail monotone, Bastien pense être arrivé au bout de sa dette envers la société. Enfin, il va vivre, espère-t-il. Mais il se trompe et on lui fait vite comprendre qu'il n'est plus qu'un vieux gêneur improductif.

Exilé dans une cité pour "retraités", il mourra avec la seule affection d'un ivrogne marginal.

On a peu écrit sur la vieillesse ; mais comment ignorer que ce problème prend de plus en plus d'acuité à une époque où le rendement, la rentabilité et la "lutte pour la vie" sont rois.

La détresse de Bastien, la solitude de cet homme qui, toute son existence a durement travaillé pour les autres, est aussi celle de tous les honnêtes gens abusés qui comprennent trop tard, que vivre, c'est aussi rire, boire, chanter et danser.

 

Bulletin d'analyses de livres pour enfants

Paris, octobre 1974

Une fin de vie décrite sans sensiblerie ni complaisance ; un excellent Pelot qui évoque le sort du "troisième âge" avec un indiscutable talent.

 

L'Assuré social

Octobre-novembre 1974

Le Cœur sous la cendre. Ou la vie, les réminiscences et la "retraite" d'un homme qui se penche sur son passé. Le Cœur sous la cendre, c'est en définitive la plongée en arrière que chacun fait au soir de sa vie, en y trouvant la peur de l'avenir parfois, et la joie du passé, le plus souvent. Ce livre aidera les plus de 13 ans à comprendre les problèmes d'un âge qu'ils ne saisissent, en général, que mal.

 

Le Ligueur

18 octobre 1974

Lecture pour adolescents

Il n'y a pas si longtemps, les jeunes passaient sans transition des livres "pour enfants" aux livres "pour adultes". Les parents souvent fouillaient les librairies, à la recherche d'ouvrages pour les grands adolescents.

Aujourd'hui, deux collections veulent répondre à ce besoin : Duculot dans sa collection Travelling et Hatier, avec Les Chemins de l'amitié. Les ouvrages choisis ont pour ambition de présenter sous forme de romans, les grands thèmes de l'actualité.

Derniers parus : […] Les Chemins de l'amitié publient Le Cœur sous la cendre, l'histoire poignante d'un vieil ouvrier rejeté du monde du travail par l'âge et de son milieu par l'usine propriétaire de son logement.

 

Le Monde

26 octobre 1974. Edwige TALIBON-LAPOMME

Cette chronique de la vieillesse est prétexte à une réflexion idéologique. L'accent est mis sur l'exploitation, à tous les niveaux, des travailleurs, qui accélère le processus de mort. Réflexion amère mais dynamique. (A partir de treize ans).

 

L'École des parents

Paris, novembre 1974

Sébastien a atteint l'âge de la retraite. Il se souvient du jour de juillet 1921 où il prit pour la première fois le chemin de l'usine, il avait alors treize ans ! Aujourd'hui, il en a soixante-cinq ! Mais raconter davantage ce nouveau et très beau roman de Pierre Pelot serait le déflorer. Il suffit de savoir qu'il pose le problème des travailleurs qui ont donné cinquante ans de leur vie à leur labeur sans s'accorder ni vacances, ni loisirs et se retrouvent brusquement, un jour, à la retraite, seuls et désœuvrés. Certes, ils ne sont pas officiellement abandonnés. La société s'occupe d'eux mais dans un contexte mal adapté aux besoins du troisième âge. Pierre Pelot nous surprend à chaque fois, car on découvre toujours de nouvelles facettes de son talent si divers. Une permanence cependant : sa sincérité totale et son besoin de réagir contre toutes les formes d'injustice ou d'oppression ; c'est pourquoi ici on retrouve la même force que lorsqu'il prend le parti des Indiens face aux blancs envahisseurs.

Le Cœur sous la cendre comme Les Étoiles ensevelies a pour cadre les Vosges, la plupart des personnages existent et se reconnaîtront non sans amertume dans des rôles qui ne sont pas toujours flatteurs.

Un livre fort, humain, pour tous !

 

Livres Jeunes Aujourd'hui

Paris, novembre 1974

Après cinquante-deux ans de vie laborieuse, Bastien est parvenu à l'âge de la retraite tant attendue. Pour la première fois ce jour-là, il ne se rendra pas à l'usine... Le bouleversement de ses habitudes, l'abandon de ses outils de travail, l'inaction désoriente le vieil homme solitaire qui ne s'est jamais marié : il a presque honte de ne plus travailler. Pour occuper ses soirées, il achète un poste de télévision... Vient le jour où la direction de la filature récupère son appartement et le reloge dans une cité éloignée où il ne connaît personne. Désespéré, il ne s'y installe même pas... Un vieil ivrogne recueilli une nuit d'hiver l'entraîne, pour fêter Noël, en compagnie de quelques clochards, et le fait boire. Quand il veut rentrer chez lui, il tombe et meurt dans la neige.

Ce drame de la solitude révèle une nouvelle facette du talent de Pierre Pelot, bien qu'il apparaisse moins spontané que dans le reste de son oeuvre.

Il nous livre une fine observation psychologique des cœurs simples et des images réalistes et poétiques d'un pays empreint de gravité et de douceur. On souhaiterait que les jeunes, si sensibles à l'injustice sociale, soient conscients de la détresse de ceux qui, comme Bastien, n'ont eu d'autre bonheur que celui de leur travail bien fait.

 

Cahiers du livre

Chambray-les-Tours, novembre 1974

Après une vie de travail monotone, Bastien pense qu'il va enfin pouvoir vivre tranquille et heureux. Mais qu'est-il devenu pour la société, si ce n'est un vieux gêneur improductif, bon à être exilé dans une cité pour retraités ? Il est difficile d'écrire sur la vieillesse et ses drames secrets, mais l'histoire de Bastien, dans son émouvante simplicité, est calquée sur une réalité que les jeunes ne peuvent ignorer.

 

Les Parents et l'école

Novembre-décembre 1974

La collection Les Chemins de l'amitié publie des romans pour adolescents qui sortent parfois des limites banales du genre.

L'idée est excellente, par exemple, d'attirer l'attention des jeunes sur les difficultés du 3ème âge, en leur contant la simple et triste histoire, la solitude d'un ouvrier retraité : Le Cœur sous la cendre, de Pierre Pelot.

 

L'École et la Nation

Paris, décembre 1974

A priori, Pierre Pelot, l'auteur fou de westerns, était bien le dernier que l'on attendait pour raconter cette histoire émouvante et simple d'un vieil ouvrier retraité aux prises avec la solitude et l'injustice de notre monde dominé par l'exploitation. Et puis, à y regarder de plus près, c'est bien tout Pelot qui est là, sa générosité pour tout ce qui vit, souffre et se bat, son attachement aux formes simples de la vie, la chaleur d'un regard jeune qui ne s'habitue pas au malheur et qui sait se tourner sans pitié du côté des vrais responsables. Ce regard jeune qui fait que la vieillesse est parfaitement à sa place dans cette collection pour adolescents.

 

Littérature de Jeunesse

Bruxelles, N° 241, t. 6, 1974. H. LEEMANS

Le problème du troisième âge traité sans concession, avec amertume et désespoir, dans un style dépouillé, très différent de celui des westerns de l'auteur.

En montrant comment un ouvrier célibataire mis à la retraite devient une épave et est trouvé mort devant la petite maison où il a passé sa vie, ce roman très noir dans son réalisme, force le lecteur à s'interroger.

Tout travailleur ne doit-il pas se préparer à avoir des loisirs ? De plus, dans ce cas précis, Sébastien devait savoir qu'il serait obligé de quitter sa maison proche de l'usine. Mais il ne pouvait pas s'attendre à être traité par son ancien patron conne un objet devenu inutile. Quant à ses anciens voisins, ils semblent l'oublier ; on tarde à réinstaller sa TV... Par contre, viennent à lui des hommes - dont un alcoolique - qui lui offrent la vision de ce qu'il sera sans doute demain...

L'auteur ne pose aucun diagnostic, ne suggère aucune solution : le lecteur doit découvrir ce qui, plus encore que les faits matériels, conduit un vieillard à désespérer.

L'ouvrage a vivement impressionné certains adolescents qui ne s'étaient jamais souciés des réactions que pouvaient avoir "les vieux".

Peut-être ce roman exceptionnel aidera-t-il les jeunes à réagir désormais plus généreusement vis-à-vis d'eux ?

Parmi les extraits de publications qui complètent le volume, on trouve des passages du livre-enquête d'Annie Laurant, L'Âge scandaleux, bouleversants de cynisme, de cruauté, d'inconscience. A partir de 14 ans.

 

Bulletin d'analyses de livres pour enfants

Paris, décembre 1974. Sylvie CHARLOT

Un vieil homme seul prend sa retraite. Tout ce temps libre l'effraie un peu, mais petit à petit, il prend goût aux loisirs : promenades, bavardages avec les voisins, bricolages. Il s'est même acheté la télévision en couleurs. C'est la grande folie de sa vie calme. Mais un jour il doit quitter le village, qui est celui de l'usine, pour être transplanté dans une cité anonyme où il n'est rien. Il ne parvient pas à s'adapter et bêtement il meurt un soir de Noël, dans la neige, alors que malheureux, ivre-mort, il tentait de rejoindre son ancien village. Pierre Pelot aborde ici un thème difficile et rarement traité dans les collections pour les jeunes. Il le fait avec beaucoup de sensibilité mais sans complaisance. C'est l'existence sans éclat d'un vieil homme dénué d'ambition et de passion qui fut toujours un ouvrier consciencieux et docile, qui croyait trop au gentil patron et lui a donné toute sa vie. Ce livre ouvre les yeux des jeunes sur un univers qu'ils rejettent plus par ignorance et par crainte que par méchanceté.

 

Heures claires

Paris, décembre 1974. Germaine FINIFTER

Il y a des histoires qu'on n'invente pas ! Le Cœur sous la cendre est sans aucun doute de celles-là.

Après 52 années passées à travailler dans la même usine, Sébastien Liard prend sa retraite. Quand il était fatigué, il lui arrivait d'en souhaiter le moment venu et pourtant maintenant, après le vin d'honneur au cours duquel son patron a vanté ses bons et loyaux services, il est en plein désarroi. Les premiers jours d'inactivité le trouvent désorienté, embarrassé de tout ce temps inutile qu'il a devant lui. Peu à peu, grâce à Gaumelin, un camarade chaleureux marqué par la guerre, Sébastien Liard découvre de nouveaux intérêts, prend de nouvelles habitudes. Il s'offre même une folie : la télévision en couleurs. C'est alors que tombe l'incroyable nouvelle : il doit "rendre" le logement qu'il occupe depuis toujours, car M. Louis, le propriétaire de l'usine qu'il a vu grandir et prospérer cinquante-deux années durant, a besoin d'y loger un ouvrier plus jeune. Certes, on ne jette pas Sébastien à la rue ; on le reloge correctement, confortablement, mais loin du village, loin des gens qu'il connaît, loin de ses habitudes... Et nous voyons le bon, le fidèle Sébastien Liard décliner et mourir. Pourtant, ce roman-vérité n'est pas triste, car il éclate de la généreuse indignation de son auteur qui pourrait bien avoir été témoin d'une affaire semblable. Aucun jeune lecteur ne restera insensible à cette aventure humaine racontée avec le talent vigoureux et pourtant sensible qui caractérise Pierre Pelot.

 

Le Monde

10 décembre 1974

Le troisième âge, "cet âge scandaleux" pour les jeunes, pour les très jeunes surtout, c'est un monde dans lequel ils se refusent à pénétrer.

Intéressant donc, le thème de ce roman sur la "vieillesse" qui donnera à penser aux adolescents. Un homme, Sébastien, soixante-cinq ans, vit son premier jour de retraité et le début d'un immense enlisement dans les vieux jours, dans l'ennui.

Le style simple, spontané, tendre, permet une lecture facile et attentive.

 

La Vie catholique

Paris, 11 décembre 1974

Bastien a 65 ans. Enfin, il prend sa retraite à laquelle il aspirait tant. Mais il ne se doutait pas de la solitude qui allait être la sienne. Une fin de vie décrite sans complaisance ni sensiblerie.

 

La Vie ouvrière

11 décembre 1974

Le drame de la vieillesse n'est pas seulement celui de l'âge, mais aussi celui des injustices sociales que Pierre Pelot évoque dans un roman pour la pitié et la révolte.

 

Agri 7

12 décembre 1974

Un vieil homme, un peu triste, dans un village de l'Est. Les problèmes de la vieillesse sont abordés avec tact et justesse (Diplôme Loisirs Jeunes).

 

Le Progrès

22 décembre 1974

Article également paru dans Centre Dimanche, le même jour.

Roman sur un sujet d'actualité : la vieillesse et la retraite. Un exemple significatif de l'effort de certaines maisons d'édition à répondre effectivement aux besoins d'information sociale des adolescents.

 

Formule 1

24 décembre 1974

Un admirable roman de Pierre Pelot, réservé aux plus grands et consacré à la vieillesse, à la solitude, au désarroi. Un des merveilleux titres de l'excellente collection Les Chemins de l'amitié.

 

L'Humanité

26 décembre 1974

Entré à l'usine à 13 ans, Sébastien Liard en sort 52 ans plus tard pour prendre sa retraite. Après le vin d'honneur et le discours du patron, il rentre chez lui. Pas pour longtemps… Il lui restait à découvrir qu'aux yeux de ceux qui l'ont employé, il n'est rien de plus qu'un objet hors d'usage. L'auteur communique sans peine l'indignation qui lui a fait raconter ce "fait divers".

 

Bulletin critique du livre français

Paris, janvier 1975

Bastien a soixante~cinq ans. Il est à la retraite. Les premiers jours se déroulent paisiblement. Il est agréable de penser que le réveil ne sonnera plus le matin pour partir à l'usine. Mais vite l'oisiveté pèse et Bastien ressent maintenant le vide de sa vie. Le logement qu'il occupait, loué par l'usine, lui est repris. Il ira vivre dans un immeuble moderne, mais les souvenirs amassés dans sa petite maison n'ont plus leur place. Pour Bastien, c'est le début d'une époque triste. Il n'a plus envie de voir ses amis, un couple plus aisé et plus évolué, son neveu ne lui écrit qu'une fois par an, au moment des fêtes de fin d'année.

Il se lie à un ivrogne, rejeté par beaucoup et qui s'est fait une existence de marginal. Un soir de Noël, tout se terminera très mal pour Bastien. Honteux des plaisanteries de ses soi-disant amis, il les quitte et part dans le froid. On le retrouvera, plus tard, mort dans la neige.

Le thème de l'homme seul et qui n'a plus rien à espérer des autres, car il est maintenant inutile, est très bien abordé par l'auteur. Bastien a toujours travaillé en usine, il a vécu dans ce village et toute sa vie est représentée par le travail. Bastien n'a pas une grande instruction, il a commencé à travailler très jeune et il admire les discussions que peut avoir le couple ami, il subit un tant soit peu leur influence. Bastien est très seul et il est prêt à accepter une amitié quelle qu'elle soit, pourvu que son existence routinière change un tant soit peu, et l'on comprend cette étrange amitié entre lui et cet ivrogne.

Ce livre au thème difficile ne s'adresse pas aux très jeunes (14 ans, adolescents).

 

Christiane

Février 1975

Bastien a soixante-cinq ans. C'est l'âge de la retraite, cette retraite dont on rêve quand on travaille et qui vous surprend quand elle arrive… N'avoir plus rien à faire, lire dans le regard des autres que l'on est inutile, se savoir "en marge" pour toujours… Bastien n'est pas malheureux, mais il n'est pas heureux et à travers lui, c'est le drame des vieillards que nous vivons. Un livre poignant qu'il faut lire, ainsi que les éléments documentaires, d'une cruelle vérité, qui se trouvent en fin d'ouvrage.

 

Éducateur

Mars 1975

Le troisième âge est évoqué avec émotion par Pierre Pelot. Avec l'histoire de Bastien, un ouvrier de 65 ans qui vient d'avoir sa retraite, l'auteur veut faire prendre conscience aux jeunes des problèmes qui se posent aux gens âgés : solitude, inactivité, santé, logement, argent, etc.

L'histoire est belle, simple, teintée de poésie. C'est avec intérêt qu'on partage les soucis et les joies de Bastien. Je pense que ce récit plaira aux adultes et aux jeunes qui veulent bien s'intéresser à ce sujet. Comme toujours dans cette collection, un certain nombre d'articles de journaux, de titres de livres et de films nous sont proposés comme complément d'informations.

 

TF1

Mercredi 16 avril 1975. Claude COUDERC et Thierry NOLIN

A 15 h 25, dans l'émission Le Club, ils présentent le livre de Pelot (réalisation : Yves Gautier).

 

Ouvrages pour la jeunesse

2° trimestre 1975

Triste récit du déclin d'un ouvrier d'usine retraité, qui ne sait que regretter le passé et qui, contraint de quitter sa maison pour se recaser ailleurs, perd peu à peu ses raisons de vivre, et reste seul malgré sa bonté, dernière lueur qui sommeille en lui et le fait, jusqu'au bout, pratiquer un altruisme qui n'est pas payé de retour.

 

Bibliothèque de travail 2

N° 81, LE ZEN

Pierre Pelot, qui a 31 ans et vit dans les Vosges, écrit des livres de science-fiction (Aïo, terre invisible), des westerns (Le Hibou sur la porte) et des ouvrages de réflexion sur de grands thèmes d'actualité (Je suis la mauvaise herbe, Le Ciel fracassé) ; Le Cœur sous la cendre (Collection Les chemins de l'amitié, 20 F) appartient à cette dernière catégorie.

L'auteur y aborde un sujet dont on ne parle pas très souvent : le sort des personnes âgées. Ce cœur sous la cendre, c'est celui de Sébastien Liard, un vieil ouvrier à la retraite. Le livre raconte la vie d'un homme habitué à travailler pour les autres et qui se retrouve un matin, sans travail, avec ses soixante-cinq ans bien tassés sur les épaules. Sans femme, sans enfant, avec pour seule famille un lointain neveu dans une lointaine ville, il menait une vie tranquille dans la maison qu'avaient habitée ses parents et où se trouvent tous ses souvenirs d'enfance. Mais maintenant qu'il est à la retraite, on l'invite à quitter les lieux pour l'exiler, en compagnie d'autres personnes âgées, à quelques kilomètres du village… Et lui qui, depuis l'âge de treize ans, a donné sa vie à l'usine, s'est consacré tout entier à un métier qu'il aimait, se retrouve seul, "au rebut" parce qu'on n'a plus besoin de lui. Il en souffre et se révolte intérieurement mais il ne peut rien dire : les patrons sont les plus forts. On ne lui parle plus comme à un homme mais comme à un chien. Bastien se sent humilié : on lui enlève sa dignité. Bien sûr, il y a Gaumelin "quelqu'un d'instruit et qui parle toujours" et sa femme qui l'aident à briser l'ennui et la monotonie des jours, mais Gaumelin habite le village…La véritable amitié, Bastien la découvrira en définitive, quand il sera à la "réserve" chez La Burette, un clochard qui passe souvent ses nuits à la gendarmerie. Amitié entre deux hommes très différents, vivant chacun dans un monde différent. C'est peut-être un poison, une amitié dangereuse peut-être, mais si agréable. Je crois surtout que c'est une amitié par désespoir…

Ce livre, écrit tout simplement, sans sentimentalité, relatant des faits actuels, nous éclaire sur le problème de la vieillesse, de la retraite. C'est une histoire courante mais cruelle que nous, adolescents d'aujourd'hui, nous ignorons. Que fait-on finalement pour les personnes âgées ? Des repas, des colis, des maisons de retraite dans lesquelles parfois on les case comme on parque les animaux dans des "réserves"… alors qu'elles auraient besoin de toute la chaleur et de la tendresse humaines, alors qu'elles auraient besoin de se sentir libres, c'est-à-dire respectées. Dans notre société, elles se sentent de trop, on les traite parfois en "morts" : quand elles ne sont plus rentables, on les remercie, on les met "au rebut", on les déracine et on les condamne à la solitude.

J'ai beaucoup aimé ce livre qui a ouvert pour moi une porte sur un monde que je ne connaissais pas.

L'auteur : Pierre Pelot, né en 1945, un barbu sympathique au rire communicatif, habite un petit village des Vosges.

- J'écris depuis que j'ai quinze ans… mais il s'est écoulé quelques années avant que l'une de mes histoires - La Piste du Dakota - soit publiée… J'écris parce que j'ai envie de dire, de crier certaines choses : je pourrais le faire par le cinéma, le théâtre, etc. Je trouve que, pour moi, le livre c'est la solution la plus facile, car il suffit d'avoir du papier et une machine à écrire.

- Pourquoi avez-vous écrit Le Cœur sous la cendre ?

- Au départ, il y avait la situation effective dans le village où je vis… Dans ce village montagnard et ouvrier, les trois quarts des habitants travaillent dans des usines de tissage toute leur vie. Ils sont logés par les patrons et il arrive qu'on les déloge, lorsqu'ils ont atteint l'âge de la retraite, parce qu'on a besoin de leur logement. Alors on les envoie ailleurs… Et j'ai connu en particulier un monsieur qui en est mort. J'ai trouvé ça dégueulasse et il a fallu que je le dise. (extraits d'une discussion avec des élèves du C.E.S. de Vizille - Isère).

D'autres livres de Pierre Pelot : Les Étoiles ensevelies (Bibliothèque de l'Amitié), l'amitié entre un jeune garçon et un travailleur émigré espagnol. Le Ciel fracassé (Les chemins de l'Amitié), deux jeunes tentent de vivre "leur vie" en marge de la société… mais elle ne l'accepte pas facilement ! Je suis la mauvaise herbe (Grand Angle), l'histoire d'un marginal au cœur tendre, rejeté par bien des gens, et condamné à la solitude en dépit de l'amitié d'un petit garçon et de sa famille.

Et encore La Drave, Le Hibou sur la porte, Les Légendes de Terre

 

Horizons protestants

Été 1975

Auteur solitaire, qui fuit les contacts avec "le monde littéraire", Pierre Pelot a écrit un très beau livre chez Hatier : Les Étoiles ensevelies (9/12 ans) qui était "un chant à l'amitié" d'un réfugié espagnol et d'un enfant en fuite. Il fut très estimé ensuite pour Le Cœur sous la cendre (Hatier), drame du retraité qui découvre la solitude à l'entrée de la retraite. On trouvera une conception très particulière des indiens dans Le Hibou sur la porte (Hatier), Le Train ne sifflera pas trois fois (G.P.) et Le Vent de la colère (Hatier).

 

Bulletin du livre

25 octobre 1975

Destinée aux adolescents, la collection Les Chemins de l'amitié a atteint l'objectif qu'elle s'était fixé, sensibiliser les adolescents à des problèmes d'actualité, à travers des romans vivants et bien écrits. Signalons, parmi les derniers ouvrages, Le Cœur sous la cendre, de Pierre Pelot, qui évoque le problème du troisième âge et de la retraite […].

 

Faim et développement

Novembre 1975

On ne trouvera pas ici de référence à un quelconque projet global d'éducation, non plus qu'un panorama complet, mais seulement l'énumération à titre d'exemples, d'un certain nombre d'auteurs, d'ouvrages ou de collections dont les qualités ont retenu notre attention.

Le fait de limiter notre recherche presque exclusivement à des livres dont l'action se déroule dans des pays dits du "Tiers Monde" ne signifie nullement que nous minimisons la portée d'œuvres situées chez nous ; simplement ces dernières nous semblent mieux connues déjà. Ainsi lorsque Pierre Pelot évoque, dans Le Cœur sous la cendre, le sort des vieux travailleurs en France même ou, dans Le Pain perdu, un homme au sortir de la prison, il contribue davantage à l'éducation à l'universel que telle présentation fantaisiste des Indiens.

 

Loisirs Jeunes

Novembre 1975

Un roman sur un sujet d'actualité sociale : la vieillesse. Un exemple significatif de l'effort de certaines maisons d'éditions à répondre effectivement aux besoins d'information du public adolescent.

 

La Dépêche du Midi

Toulouse, 25 décembre 1975. Renée CALVET

A un moment où le problème du troisième âge tient une telle place dans tous les discours, le voilà évoqué sans mièvrerie et d'une manière poignante, à laquelle les adolescents ne resteront pas insensibles. La fin de l'ouvrage fait état des résultats d'une enquête faite chez des jeunes. Est-ce au vu de ce résultat que P. Pelot a décidé de livrer aux jeunes sa vision du problème ?

 

La Vie du rail

26 décembre 1975

Un beau matin, un homme de soixante-cinq ans est brusquement plongé dans la retraite. C'est le récit de toute une vie de labeur et de son arrêt brutal…

 

Le Ligueur

Bruxelles, 26 décembre 1975. Monique BERMOND et Roger BOQUIé

Ce beau roman pose le problème des travailleurs qui ont donné cinquante années de leur vie à leur labeur sans s'accorder ni vacances, ni loisirs, et se retrouvent brusquement, un jour, à la retraite, seuls et désœuvrés. La société s'occupe d'eux, mais dans un contexte mal adapté aux besoins du troisième âge.

 

Le Bibliothécaire

Bruxelles, N° 10, 1975

Ce roman est un réquisitoire contre une société qui ne se préoccupe pas suffisamment des personnes du troisième âge. L'auteur a illustré ce problème par un exemple valable mais qui manque peut-être d'action pour que les adolescents suivent l'intrigue avec plus d'attention. A remarquer les extraits des journaux, livres et revues qui ont abordé le problème et qui sont rassemblés en fin de volume. Cette partie est particulièrement intéressante pour les jeunes qui auraient un travail à faire sur ce sujet.

 

Le Quotidien du peuple

3 janvier 1976

Comment les vieux travailleurs, une fois à la retraite, c'est-à-dire considérés comme désormais inutiles sont rejetés de la société. Intéressante description de ce que peut ressentir alors le retraité, mais beaucoup trop pessimiste.

Suit également une filmographie, une bibliographie, des extraits de presse (sur le même thème).

 

?

?. Gilles TOUZALIN

Les Chemins de l'amitié : un regard sur la vie sans fard ni mièvrerie

Depuis quelques années, les livres pour la jeunesse connaissaient un succès et un engouement de plus en plus grands auprès du public… et auprès des éditeurs. Des collections sont créées pour toutes les tranches d'âge. Les grandes maisons d'édition rivalisent d'ingéniosité pour attirer le public en culottes courtes et celui pour qui les culottes courtes ne sont pas un souvenir trop lointain.

C'est à ce dernier que Les Chemins de l'amitié s'adressent. Cette collection, renonçant délibérément aux romans à "l'eau de rose", propose aux adolescents des tableaux où la vie est présentée telle qu'elle est véritablement, sans fard et avec un talent que bien des "ouvrages pour adultes" ne possèdent pas.

Le Cœur sous la cendre

Il dit à haute voix :

- Soixante-cinq ans, Bastien.

Voilà comment s'écoulent les deux tiers d'une vie. Un matin, on se lève pour la première journée de travail. On a un peu peur et on est fier tout à la fois. Et puis il y a un autre matin, où l'on s'éveille parce que le réveil n'a pas sonné. On a 65 ans bien tassés aux épaules. On a un peu peur et on est vaguement satisfait tout à la fois.

Bon sang ! Combien de fois il avait dit : "Vivement la retraite !". Combien de fois… et pourtant.

L'univers de Sébastien Liard, "Bastien", n'avait été jusque-là que l'usine où son père et lui avaient travaillé et "sa" maison - prêtée par l'entreprise - où il était né et dans laquelle il n'avait cessé de vivre - seul - depuis la mort de ses parents.

Bastien se réveilla à 4 h 30 comme tous les autres jours. Mais ce matin-là n'était pas semblable aux autres matins : il n'irait pas à l'usine. Il avait un jour entier de libre devant lui, auquel succéderait un autre jour, et puis un autre… La conscience de son inutilité fit germer dans son âme un vague sentiment de honte.

C'était le mois de juillet ; le mois des vacances des enfants et des employés de l'usine. L'oisiveté qui régnait dans tout le village rendit moins pénible celle de Bastien. Et puis, sur le même banc, chaque jour, Gaumelin attendait Bastien. Gaumelin, l'ancien chef comptable, "l'intellectuel" parlait pendant des heures de tout et de rien et Bastien, l'ouvrier, écoutait. Les heures passaient. La retraite prenait un air de vacances.

Août arriva, les adultes reprirent le travail ; septembre, aussi, et les enfants reprirent à leur tour le chemin de l'école. Il n'y eut pas de reprise pour Bastien. Il était maintenant vraiment à la retraite. Et la vie devint plus monotone, vide et sans but.

"Il arrive un moment où les projets d'avenir s'enlisent d'eux-mêmes, s'essoufflent après deux jours de projection dans le temps. On ne pense plus "demain", on se souvient d'hier."

Octobre. "Monsieur Louis", l'ancien patron de Bastien a embauché de nouveaux ouvriers et doit les loger. La maison du retraité fera l'affaire et Bastien déménagera. C'est aussi simple que cela.

Monsieur Louis avait oublié que le désespoir, la déchéance et la mort guettaient celui qu'il avait déraciné de l'humble décor qui était le sien.

La vieillesse et le déracinement

Commencée en juillet, "l'aventure" de Bastien se termine en décembre. Les saisons loi d'être seulement un simple décor, symbolisent mieux que qui que ce soit la chute du retraité en en marquant les étapes. Ainsi est soulignée, comme dans les tragédies classiques, la marche inexorable du temps.

Cette maison où il était né, Bastien l'avait refaite entièrement. A chaque élément de ce décor, soixante-cinq années de vie avaient attaché un souvenir. Il était trop vieux maintenant pour vouloir et pouvoir redonner une âme à sa nouvelle demeure. "Ici, il n'y a rien qui t'appartienne, se dit-il à lui-même, il suffit qu'on déracine un arbre, qu'on le replante ailleurs pour qu'il se mette à sécher, neuf fois sur dix." Décidément, sa nouvelle maison "ne lui disait rien". Bastien est tombé d'avoir été déraciné.

Un air de tragédie

Il est tombé aussi par la faute "des autres". Il fallait une maison à Monsieur Louis ; Bastien déménagerait. Rentabilité d'abord. Et Bastien, ancien ouvrier et fils d'ouvrier, n'osa élever aucune protestation envers son ancien patron par une résignation ancestrale propre à sa classe. Le destin incarné par Monsieur Louis contre lequel il ne pouvait lutter avait donc eu raison de Bastien.

Un destin tout puissant dont le progrès est marqué par la marche inexorable du temps ; Le Cœur sous la cendre n'est donc pas sans faire penser aux tragédies classiques que l'on "rabache" à l'école, sans toujours se rendre compte qu'elles peuvent exister aussi dans la vie quotidienne.

 

Page créée le samedi 18 octobre 2003.