Le Train ne sifflera pas trois fois

 
 
 

Date et lieu

Mars-avril 1900, en Oklahoma (le narrateur, 92 ans, parle en 1973).

Sujet

500 dollars pour arrêter Soltero : ça vaut la peine de prendre quelques risques. Bob Hart, chasseur de prime à vingt ans, prend le train et va enquêter dans une petite ville qui lui a laissé des souvenirs.

Mais à Enid, il y a moins de dollars que de boue, de coups de feu et de tord-boyaux. L'alcool aidant, Bob deviendra un crack de la "guerre des gares" et la dynamite aura le dernier mot (4ème de couverture, 1983).

La petite histoire... Ce roman est inspiré de la B.D. montrée à Hergé : Un train pour Enid-Sud, demeurée inédite.

 

Éditions

Illustrations de Daniel Dupuy.

  • 1ère édition, 1974
  • Paris : Éditions G.P., I/1974 [impr. : 03/1974].
  • 18 cm, 185 p.
  • Illustrations : Daniel Dupuy (couverture et intérieures).
  • (Spirale ; 3.522 (212)).
  • Réimpressions : avec la même date, et en 1975 ?
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    Illustrations de Paul et Gaëtan Brizzi.

  • 2ème édition, 1983
  • Librairie Générale Française, Paris, avril 1983.
  • 18 cm, 159 p.
  • Illustrations : Paul et Gaëtan Brizzi (couverture et intérieures).
  • (Le Livre de poche Jeunesse ; 99).
  • ISBN : 2-253-03196-8.
  • Réimpression : 01/1986.
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    Illustrations de Jean-Luc Didelot.

  • 3ème édition, 1989
  • Brain-sur-L'Authion (Maine-et-Loire) : CNELBLA, III/1989.
  • 30 cm, 148 p.
  • Illustrations : Jean-Luc Didelot (couverture et intérieures).
  • (Gros caractères ). Livre en gros caractères, in extenso.
  • ISBN : 2-908036-01-0.
  • Publié avec le concours de la Fondation de France et du Ministère de la Culture (Direction du livre).



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  • 4ème édition, 1989
  • Brain-sur-L'Authion (Maine-et-Loire) : CNELBLA, III/1989.
  • Livre en braille (3 volumes).
  • Publié avec le concours de la Fondation de France et du Ministère de la Culture (Direction du livre).
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    Première page

    Mon nom est Robert Hart. Autant commencer tout de suite par les présentations.

    Du diable pourtant si je me souviens qu'on m'ait jamais appelé par ce nom. C'était plutôt Bob, ou bien toutes sortes de surnoms qu'il vaut mieux que je taise. Pourquoi les passer sous silence ? Parce qu'ils ne me convenaient en rien, tout simplement. Exemple : on m'a surnommé le Bavard, à un certain moment - c'était du côté d'El Paso, je crois. Et aussi "Girouette", et même "Trente-six Langues", sous prétexte, à ce qu'ils disaient, que j'avais un certain don pour ce qui est de transformer la vérité… Voilà. Vous comprenez que ça ne tient pas debout.

    En réalité, l'Ouest était peuplé de sauvages et d'envieux, à cette époque. Et puis voilà.

    Donc je m'appelle Bob Hart. Puisque vous voulez tout savoir, je suis né aux alentours de 1881, quelque part dans le Montana. "Quelque part", "aux alentours"… Pour la précision, on fait mieux, je sais. Mais tout çà, c'est la faute de mon papa.

    Mon papa, qui s'appelait Jedediah Armwell Hart - mais que tout le monde avait surnommé Jed - s'est consacré, à un moment de sa vie, à la chasse aux bisons. Chasser le bison, ce n'était pas rigolo, je vous le dis. On a fait un tapage énorme autour de certains types comme William Cody, et je ne comprends pas. Si je me souviens bien de ce que me racontait mon papa, à propos de ses chasses aux bisons, il aurait mérité de figurer dans les manuels scolaires au même titre que l'autre. Mais peut-être qu'il était un modeste et que la gloire, ça ne l'attirait pas.

    Mon papa puait. Ce que je dis là n'est pas méchant : c'est l'insigne de son courage ; tous les chasseurs de bisons puaient. Ils avaient avec eux, perpétuellement, l'odeur de la mort et du sang, de la graisse froide, tout ça… C'étaient des drôles de types.

    Ma maman aussi, c'était un drôle de type, si l'on peut dire. On rencontrait rarement des chasseurs de bisons qui soient mariés. Il y avait cette fameuse odeur ; l'amour, à la rigueur, peut être aveugle, mais je n'ai jamais entendu dire qu'il puisse être dépourvu d'odorat.

    Ma maman était quasiment une sainte. Elle était tombée sous le charme de mon papa un jour qu'il était pasteur et prêchait l'abstinence et des tas d'autres trucs dans une petite ville de la frontière. Ils s'étaient mariés le soir même et ils avaient quitté la ville. Toujours, ma maman a suivi mon papa. Je suppose maintenant que si elle ne l'a jamais lâché d'une semelle c'était avant tout pour lui faire regretter d'avoir, un jour, cessé de prêcher ses belles choses. C'est mon idée.

    Quand il devint chasseur de bisons, elle le devient aussi. L'odeur que traînait mon papa ne pouvait donc pas la gêner : elle en avait sa part elle-même.

     

    Prix littéraire

    Sélection Jeunes Lecture Promotion 1974.

     

    Revue de presse

    Le Ligueur

    Bruxelles, 26 décembre 1975. Monique BERMOND et Roger BOQUIé

    Avec ce livre, nous découvrons encore une autre facette du talent de Pierre Pelot : l'humour. Nous avons là une étonnante parodie de western : tout y est bousculé, les thèmes, les personnages classiques, l'écriture ! Les clichés sont joyeusement piétinés et les spécialistes de la gâchette ne sont là que pour nous faire rire à leurs dépens. A recommander à partir de 12 ans, malgré l'allure enfantine de la collection.

     

    ?

    ?, pp. 13-14

     

    Un jour du mois de mars de l'année 1900, Bob Hart, chasseur de primes novice, prend le train pour Enid (Oklahoma) où la présence de Soltéro, un hors-la-loi mexicain, a été signalée. Il espère bien lui mettre la main au collet et toucher les cinq cents dollars promis pour sa capture. Le destin va alors jouer avec notre héros : l'homme dont il sauve la vie au cours de la bagarre tumultueuse qui éclate à l'arrivée du train, et avec lequel il sympathise, n'est autre que le malfaiteur qu'il recherche mais il ignore ce détail. Il n'en est pas moins considéré comme un héros bruyamment fêté, conduit à prendre en mains les intérêts d'une petite ville de l'Ouest privée de sa station de chemin de fer au profit d'une autre sous la coupe d'une bande organisée. A l'issue d'un combat épique qui verra le prisonnier prêter main forte à ses geôliers, Enid aura enfin sa gare.

    On imagine que Pierre Pelot avant de nous amuser, s'est amusé lui-même à écrire ce western non conformiste dont les héros le sont malgré eux et dont les péripéties se succèdent et s'achèvent dans la plus grande bonne humeur. C'est un roman bien construit, savoureux, dont le style direct, imagé, animé, est proche du style cinématographique.

     

    Dossier de l'enseignant

    Paris : Le Livre de poche Jeunesse, 19 .- N° , pp. 97-98

    L'auteur : Pierre Pelot est le pseudonyme de Pierre Grosdemange, né en 1945 à Saint-Maurice-sur-Moselle, dans les Vosges. Après le certificat d'études, il entre dans un centre d'apprentissage pour en ressortir aussitôt ; une seconde tentative, dans la mécanique, ne lui réussit pas davantage. Attiré par la peinture, il travaille par correspondance puis essaie la bande dessinée ; consulté, Hergé lui conseille d'écrire. Pierre Pelot a trouvé sa voie. Depuis 1966, il publie sous divers pseudonymes des westerns, des policiers et de la science-fiction, des romans pour les jeunes qui lui valent plusieurs prix. Il écrit aussi pour la radio. Fidèle au pays vosgien, il y vit avec les siens et en fait volontiers le cadre de ses romans, à moins qu'ils ne se passent en Amérique ou sur quelque planète…

    Le roman : 500 dollars pour arrêter Soltero : ça vaut la peine de prendre quelques risques. Bob Hart, chasseur de primes à vingt ans, se paie le train et va enquêter à Enid, une petite ville de pionniers qui lui a laissé des souvenirs. Mais Enid est coupée en deux : d'un côté l'ordre et les honnêtes citoyens, de l'autre les malfrats. Or ce sont les malfrats qui ont la gare et la compagnie de chemins de fer […] moins de dollars que de boue, de coups de feu et de tord-boyaux. S'étant emparé sans le savoir du hors-la-loi qu'il cherchait, il sera chargé, sans le vouloir, de nettoyer la région et de rendre à ses habitants des moyens de transports normaux.

    L'intérêt du livre : Comme le laisse entendre le titre, inspiré d'un film célèbre, il s'agit d'un western pour rire, mais on peut aussi bien se laisser prendre par l'histoire, car les aventures n'y manquent pas. L'idée est bonne, le récit se déroule sans temps morts, sur un ton d'humour froid, très américain. C'est l'erreur et le malentendu qui règnent sur ce monde d'anti-héros ; le père du narrateur avait déjà raté la course des pionniers : les chevaux partis à fond de train, la charrette n'avait pas bougé : on avait oublié d'atteler ! Vingt ans après, Bob revient au même endroit et tombe dans une histoire de fous, où le hasard a plus de part que la raison. Une façon amusante d'évoquer l'histoire de l'Ouest et l'époque héroïque du chemin de fer.

    Quelques questions aux lecteurs :

    - Aimez-vous les westerns ? Pourquoi ?

    - Les préférez-vous dramatiques ? humoristiques ? En film, en roman, en bande dessinnée ?

    - Comment l'auteur traite-t-il celui-ci ?

    - Quels sont les personnages et les scènes amusants qu'on pourrait mettre en images dans le style de Lucky Luke ? (le vieux qui raconte son histoire; les parents pittoresques : le père qui rate son départ, la mère "sainte" et terreur du Far West. Soltero, son arrestation involontaire, sa collaboration pour la bonne cause, sa reconversion finale dans la confiserie. Le représentant en produits de toilette. Mme Lottom avec ses patins et ses corvées de bois, etc.).

    - Avez-vous lu des romans de William Camus - un ami de Pierre Pelot - qui racontent des aventures américaines avec le même genre d'humour ? (les aventures de Pete Breakfast : Le Faiseur-de-pluie).

    - Quels sont vos livres documentaires préférés sur l'Amérique de cette époque ? Connaissez-vous Au temps de la conquête de l'Ouest, dans la collection La vie privée des hommes ?

    - Qu'avez-vous lu encore sur les bandits et les hors-la-loi ? Sur les débuts du chemin de fer dans l'Ouest ?

    - Pourquoi l'histoire de l'Ouest américain a-t-elle inspiré tant de livres et de films ? Comment l'Amérique est-elle devenue une terre d'aventures ?

     

    Page créée le dimanche 19 octobre 2003.