L'Enfant qui marchait sur le ciel

 
 
 

Date et lieu

Dans plus de 20 000 ans sur Zod et en 1975 sur Terre…

Sujet

Le monde s'appelle Zod. Et dans le monde de Zod, avoir huit ans, c'est parfois avoir l'âge de mourir. Ce n'est pas cruel, ce n'est pas inhumain : c'est la loi, pour la survie de Zod. Il suffit parfois qu'un enfant se lève, à l'aube de ses huit ans, et qu'il refuse la mort, qu'il refuse tout ce que l'on enseigne dans le monde de Zod…

Il suffit d'un rien pour mettre en danger la plus ancienne des civilisations humaines. Il suffit qu'un enfant marche sur le ciel rocheux de Zod, là-haut, dans le pays des monstres… (4ème de couverture).

 

Éditions

Couverture de Gaston de Ste-Croix.

  • 1ère édition, 1972
  • Paris : Fleuve Noir, IV/1972.
  • 18 cm, 233 p.
  • Illustration : [Gaston de Ste-Croix] (couverture).
  • (Anticipation ; 530).
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    Couverture de Angus McKie.

  • 2ème édition, 1981
  • Paris : Fleuve Noir, II/1981 [impr. : 20/03/1981].
  • 18 cm, 217 p.
  • Illustration : Angus McKie / Vloo, Young Artists (couverture).
  • (Super luxe Les Lendemains retrouvés ; 102).
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    Première page

    Le monde lui-même possède un nom. Le monde s'appelle Zod.

    Dans le ventre du monde, on dit que la machine est là, palpitante et silencieuse. Depuis le commencement des Temps, la Machine compte et calcule. Depuis le commencement, la Machine copie et traduit le Temps, et elle en fait quelque chose de vaguement compréhensible pour l'esprit des hommes. C'est elle, c'est la Machine, qui calcule la lente succession des années. Une année est un cycle de temps bien défini qui dépend des rouages et de certaines révolutions de sphères transparentes, dans le ventre de la Machine.

    L'enfant était âgé de huit années. Huit, c'est parfois déjà très vieux, très désespéré. C'est parfois l'âge de la mort.

    Il avait huit années d'âge et s'appelait Horan. C'était un crime supplémentaire - mais il n'en était plus à un crime près, il n'en était plus à compter ses révoltes.

    Dans le monde de Zod, les enfants n'ont pas de nom. Les adultes faisant partie de la classe des Sujets n'en ont pas davantage, d'ailleurs. Le Premier Maître possède un nom. Les Enseignants, les Responsables aussi.

    Mais surtout pas les enfants.

    On les appelle en gueulant un chiffre.

    Avant, son chiffre était 47. Il était 47. Le quarante-septième élève de la classe des Inadaptés dans le monde de Zod. Il était à peine né que déjà on l'avait placé dans cette classe d'éducation contrôlée "spécialement".

     

    Revue de presse

    Fleuve Noir informations

    Novembre 1972

    Le Monde s'appelle Zod.

    Et dans le monde de Zod, avoir huit ans, c'est parfois avoir l'âge de mourir. Ce n'est pas cruel, ce n'est pas inhumain : c'est la loi pour la survie de Zod.

    Il suffit parfois qu'un enfant se lève, à l'aube de ses huit ans, qu'il refuse la mort, qu'il refuse tout ce que l'on enseigne dans le monde de Zod… Il suffit d'un rien pour mettre en danger la plus ancienne des civilisations humaines.

     

    Chroniques internationales de police

    N° 114, janvier 1973. CRITIAS

    On hésite à révéler les aventures de cet enfant, enfant par l'âge, mais déjà à un haut degré de maturité.

    L'auteur a fait oeuvre originale, ce qui est rare dans la littérature d'anticipation ou de fiction. On trouve dans son roman, au travers des péripéties de la vie de son héros, une intention sociologique exprimée dans les réactions de l'enfant qui s'évade d'une civilisation ultra-conditionnée formée en vue d'une hypothétique ère de bonheur terrestre, tombe dans une tribu restée à l'âge de pierre et finalement est victime de la civilisation terrienne contemporaine.

    Ainsi, après La Septième Saison, qui avait révélé un nouvel auteur dans la collection, après Mal lergo le dernier rappelé ci-dessus, ce troisième roman classe Pierre SURAGNE parmi les meilleurs de Fleuve Noir.

     

    Fiction

    N° 230, février 1973, pp. 159-160. Denis PHILIPPE

    Après un an de bouillonnement, le Fleuve Noir "Anticipation" semble à nouveau rentrer dans le rang. Pour la "livraison" d'octobre dernier, trois nullités (Randa, Limat, Piret), une médiocrité (La Planète empoisonnée de Pierre Barbet, à l'intéressant départ écologique vite noyé dans un style pâteux et un développement confus) et un très bon ouvrage, Les Fruits du métaxylia, de J. et D. Le May, analysé par ailleurs. Le même schéma se retrouve pour la cargaison de novembre : trois nullités (Rayjean, Caroff, Richard-Bessière), une médiocrité (La galaxie engloutie de Robert Clauzel, toujours l'interminable et pesante épopée des Gremchkiens, qui vont de plus en plus loin tout en ayant l'air de rester sur place) et un livre intéressant, L'Enfant qui marchait sur le ciel, de Pierre Suragne.

    Un bien beau titre en tout cas, dont je serais tenté de dire que c'est le meilleur de l'ouvrage ! De Suragne, la recrue la plus intéressante de cette année écoulée, le deuxième roman (Mal Iergo le dernier) ne valait pas le premier (La Septième saison). Son troisième, hélas, ne vaut pas le second. Est-il sur une pente définitive ? Rien heureusement ne peut encore l'affirmer, comme rien ne prouve que l'ordre de parution des ouvrages soit bien celui de leur rédaction. Le seul fait que ce jeune auteur a du métier et un style (mais il signe, paraît-il, sous un autre nom des romans de western) devrait nous éviter d'être trop pessimiste au sujet de son avenir.

    L'Enfant qui marchait sur le ciel reprend une donnée maintes fois exploitée dans la SF aussi bien classique que moderne : les représentants d'une civilisation hautement évoluée vivent dans une cité enterrée et refermée sur elle-même, en ayant oublié leur origine ; un homme (ici, un adolescent) s'en évade, gagne le monde extérieur et prend contact avec les primitifs de la surface. Il suffit de citer Surface de la planète de Daniel Drode ou La Cité et les astres d'Arthur C. Clarke pour mettre en branle le mécanisme de comparaisons qui seraient écrasantes pour Suragne ; mais ce n'est pas mon propos, d'autant que l'auteur sait être personnel en montrant son jeune héros, Horan, confronté avec les mystères de l'extérieur : les animaux, la succession du jour et de la nuit, les naissances naturelles (dans Zod - la cité enterrée - il y a une "machine à naître"), le feu - un feu très inhabituel, fait de volutes colorées, qui ne consommait aucun gaz comprimé, n'était aucunement produit par l'échauffement de résistances électriques : un feu qui mangeait des portions d'arbres secs et des brassées d'herbes craquantes (p. 142). C'est là prendre le contre-pied de ces très nombreux récits où l'on a plutôt l'habitude de décrire les émois d'un "sauvage" face aux mystères de la technologie.

    D'un autre côté, on soupirera plutôt d'ennui en lisant les longues digressions sur le passé de Zod et toutes les expérimentations biologiques qui ont conduit à "l'amélioration" (mais on comprend bien sûr qu'il s'agit d'un appauvrissement) de la race enterrée. Mon œil exercé devine même où Pierre Suragne a pioché toutes ses références : dans La Révolution biologique de Gordon Rattray Taylor (Marabout Université), un ouvrage qui pousse tellement loin la futurologie de la médecine et de la génétique qu'il est une véritable mine d'or pour tout écrivain de SF passionné par ces questions !

    La dernière partie du roman, qui donne la clé de l'histoire (contrairement à ce que le lecteur a pu croire, nous ne sommes pas sur une Terre future, mais dans le monde contemporain; et les habitants de Zod appartiennent à une branche divergente de nos ancêtres, enterrée sous l'Amazonie, ce qui explique que Horan, retrouvant la surface, ait rencontré des primitifs) est un peu décevante et semble tourner court. Cependant, les toutes dernières pages, en forme d'anti-chute quelque peu greffée, viennent nous secouer grâce à leur vigueur et leur cruauté pessimistes. Je n'en dirai pas plus, sauf qu'on peut retrouver, dans ces lignes ultimes, l'auteur engagé de La Septième saison. Mais il nous faudra attendre le prochain Suragne avant de crier notre satisfaction.

     

    Page créée le dimanche 12 octobre 2003.