Les Épaules du diable

 
 
 

Date et lieu

En 1886, dans le Wyoming.

Sujet

1886. Les grandes compagnies de bétail règnent en maîtres sur les vastes pâturages de l'Ouest américain. Caine, le petit fermier, veut protéger son domaine derrière des clôtures de barbelés. C'est la guerre… et c'est la ruine. C'est surtout le désespoir pour Chikitt, son fils.

Alors pour le sourire de sa femme, pour Chikitt, qui voit trop rapidement la lâcheté dans la moindre défaillance, Caine décide de renouer avec le passé, avec le temps lointain où on l'appelait "Crazy Caine". Ses seules chances sont au cœur de cet univers fou qu'est le rodéo. Pour une ultime tentative, sous les yeux de son fils, Caine va affronter le taureau écumant, remonter sur les épaules du diable… (4ème de couverture, 1972).

 

Éditions

Couverture de Daniel Dupuy.

  • 1ère édition, 1972
  • Paris : Éditions G.P, II/1972 [impr. : 09/1972].
  • 21 cm, 185 p.
  • Illustrations : Daniel Dupuy (jaquette), Jean Retailleau (intérieures).
  • 21 cm, 185 p.
  • (Rouge et Or Olympic ; 2549).
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    Illustrations de Jean Retailleau.

  • 2ème édition, 1980
  • Paris : Éditions G.P., I/1980 [impr. : 04/1980].
  • 21 cm, 185 p.
  • Illustrations : Jean Retailleau..
  • (Rouge & Or - G.S.).
  • ISBN : 2-261-00716-7.
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    Photo de Charles Lénars Paris.

  • 3ème édition, 1993
  • Paris : Flammarion, février 1993 [impr. 01/1993].
  • 17 cm, 206 p.
  • Illustration : Charles Lénars (photo de couverture).
  • (Castor poche senior ; 398). Collection animée par François Faucher et Martine Lang.
  • ISBN : 2-08-162259-9.
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    Première page

    Une fois encore, le vaillant éclaireur Joe Brandt se trouvait dans une fâcheuse situation, bien décidé à vendre chèrement sa peau. La fière et valeureuse garnison du fort avait tenu, faisant preuve d'un courage inouï. Du commandant au cuisinier chinois, tous... Le fort ne comptait que des héros, c'était connu.

    A présent, tous ces héros notoires étaient morts, percés de flèches, lardés de fers de lances et proprement remplis de plomb. Tous. Sauf un.

    Sauf le vaillant éclaireur Joe Brandt.

    Pour lui, la situation n'était pas nouvelle. Maintes et maintes fois, dans sa vie tumultueuse de coureur de pistes, éclaireur, chasseur de bisons, bagarreur patenté, redresseur de torts et défenseur de veuves et orphelins, maintes et maintes fois, donc, Joe Brandt l'invincible s'était retrouvé seul, environné de ruines et de cadavres, et "décidé-à-vendre-chèrement-sa-peau". Ce qu'il faisait généralement très bien, il faut l'admettre, avec tout le sérieux et l'héroïsme requis, passé maître dans l'art d'offrir aux yeux curieux de l'Histoire le visage noble du "Dernier Survivant".

    Pour l'heure, enfoui jusqu'aux yeux dans les ruines de Fort Canada, superbe, essoufflé et sanglant, Joe Brandt rechargeait fiévreusement son Winchester seize coups. Une pluie de flèches s'abattit sur lui, chacune d'elles le manquant d'un pouce.

    Joe Brandt jaillit du chaos comme un diable sort de sa boîte, fusil levé, hurlant :

    - Vous m'aurez peut-être, mes gaillards ! Mais je vais vous vendre chèrement ma peau !

    C'était son mot.

    Il pressa rageusement la détente de son arme, tiraillant en rafales - ce qui n'excluait pas, dans son cas, une mortelle précision. Une vingtaine de guerriers arapahoes emplumés basculèrent de leurs montures et s'écroulèrent sur la plaine sauvage. Ce n'était pas suffisant, néanmoins, pour stopper la ronde folle des cavaliers indiens, bien décidés, des sachems aux derniers des braves, à cueillir le scalp fourni de Joe Brandt l'indestructible. Celui-ci, précisément, se rendait compte que sa carabine n'était pas de taille à accomplir les miracles de destruction nécessaires à sa survie. Il se souvenait brusquement d'une mitrailleuse oubliée quelque part dans les ruines, bondissait comme un singe. Dans un déluge de fer et de feu, au cœur du vacarme infernal mêlant les coups de fusil, les galops des chevaux et les cris de guerre des emplumés, il se ruait dans le fatras, faisant preuve d'une témérité folle. Retrouver la mitrailleuse et la remettre en batterie fut un jeu pour Joe Brandt. Alors, scandée par le tacatacatacatacatac de l'arme automatique, commença une valse mémorable. Un véritable enfer. Une mitrailleuse savamment maniée est parfois de taille à faire réfléchir quelques milliers d'Arapahoes déchaînés...

     

    Prix littéraires

    Sélection Jeunes Lecture Promotion 1973.

    Sélection 1000 Jeunes lecteurs 1973.

     

    Revue de presse

    Francs et Franches camarades

    Septembre 1972. R. D.

    A la fin du 19° siècle, le temps des troupeaux errants est terminé. Caine dans son ranch est en butte aux déprédations du bétail des grandes compagnies. Ruiné, il va essayer de se refaire dans un rodéo, malgré sa peur ancienne, pour partir vers la Californie. Il y parviendra.

    Le récit est presque entièrement vu du point de vue du fils de Caine, un garçon de 13 ans, Chikitt, qui passe de l'admiration à l'étonnement, à un quasi mépris, à la colère pour ce père dont il a fait un Dieu.

    Un bon roman pour les plus de 12 ans.

     

    ORTF (radio)

    Interdit aux plus de quinze ans, 14 septembre 1972, 18 h 30. Roger MOREAU

     

    La voix lorraine

    1er octobre 1972

    1886. Les grandes compagnies de bétail règnent en maître sur les vastes pâturages de l'Ouest américain.

    Caine, le petit fermier, veut protéger son domaine derrière les clôtures de barbelés. C'est la guerre… et c'est la ruine. C'est surtout le désespoir pour Chikitt, son fils.

     

    Quinze ans

    Décembre 1972. Francine AGNEAU

    Chikitt, qui aime à jouer les héros invincibles, voue à son père, Caine, une admiration passionnée. Or ce dernier, petit fermier du Wioming, doit céder devant les grandes compagnies de bétail qui détruisent les clôtures et ravagent son petit domaine. Chikitt se sent humilié et déçu. La ferme vendue, Caine décide de renouer avec le passé, de jouer sa chance dans un rodéo, de gagner de l'argent pour acheter une ferme en Californie. Il espère retrouver ainsi le sourire de sa femme Sabra et l'admiration d'un fils exigeant. Durant un terrible rodéo, le jeune Chikitt voit mourir son vieil ami Tundy et son père mordre la poussière. Alors il se jette dans l'arène sans réfléchir... Caine sauve l'enfant de justesse et, dans un immense sursaut de courage, maintient une ou deux secondes le taureau. L'homme achètera un élevage de chevaux et n'aura plus à monter sur "les épaules du diable".

    L'admiration filiale de Chikitt est émouvante et les péripéties dramatiques s'enchaînent.

     

    Notes bibliographiques

    Janvier 1973

    Un adolescent assiste au retour de son père dans les dangereux rodéos où il était autrefois champion. Récit semblable à un excellent western, aux nombreuses péripéties et aux psychologies bien analysées. L'atmosphère familiale chaleureuse, quelques notes d'humour et l'ouverture à une amitié sincère en atténuent l'intensité dramatique.

     

    Notes bibliographiques

    Janvier 1973

    En 1886, dans l'Ouest américain, les grandes compagnies de bétail écrasent tout sur leur passage. Le fermier Caine défend son petit domaine contre les vaqueros convoyeurs de troupeaux, mais il se voit obligé de tout vendre et décide alors d'emmener sa famille en Californie. Pour gagner l'argent nécessaire à ce projet, il renoue avec le jeu dangereux du rodéo, dont il était champion quinze ans auparavant. Chikitt, son fils de 12 ans, l'accompagne et tremble pour lui, le croyant lâche ; mais la remontée de Caine sur "les épaules du diable", c'est-à-dire sur un taureau furieux, se termine par une victoire dont Chikitt sera fier.

    Dans un style plus sobre qu'à l'habitude, l'auteur nous offre un récit qui se déroule comme un excellent western : paysages, actions, suspense, états d'âme, tout est merveilleusement vivant. Le lecteur est sensible à l'atmosphère chaleureuse de la famille, au réalisme des psychologies, en particulier celle de Chikitt dont l'imagination est tout à fait celle d'un adolescent. Il est passionné aussi par les péripéties dramatiques qui accompagnent le retour de Caine dans l'arène (quelques notes d'humour en atténuent l'intensité). L'ouverture à une amitié sincère apporte une note apaisante à la fin du récit. Garçons, surtout de 12-13 ans.

     

    Télévision suisse romande

    Silence on lit, mercredi 24 janvier 1973, 17 h 05

     

    Le Bibliothécaire

    1973

    Un roman qui plaira aux amateurs de westerns à l'âme point trop sensible. En 1886, un petit fermier, pour l'amour de son fils, va renouer avec la grande tradition des rodéos. Ce livre conviendra plus particulièrement aux garçons de 14-15 ans environ. Tant le vocabulaire que les illustrations sont particulièrement bien adaptés à leur niveau.

     

    Littérature de jeunesse

    N° 230, mars 1973. Janine STEYLAERS-GOLLIER

    Un western de plus - et très réussi - de Pierre Pelot, dont l'action mouvementée tout en étant limitée à deux faits essentiels, met bien en valeur l'aspect humain. Cette fois, les minorités opprimées sont de petits éleveurs de l'Ouest, en 1886, obligés de céder le terrain aux grandes compagnies. Le père de Chickitt (13 ans) les représente. Il doit renoncer au fuit de dures années de labeur. De plus, il se sait jugé sévèrement par un garçon heureux, dont l'univers s'écroule parce que, pour lui, son père est un lâche qui a cédé à la force. L'évolution psychologique de l'adolescent se dessine au cours du rodéo et des épisodes dramatiques qui se succèdent avec brio, mettant les vies en danger, dont celle de son père qui tente de reprendre la place qu'il a occupée quinze ans auparavant. Il espère que le gain réalisé lui permettra de refaire sa vie. Survient un homme qui évoque le passé en l'accusant d'avoir causé la mort de son frère, par sa couardise. Il lui faut donc se surpasser pour effacer cette image qui a mis le comble au désarroi de son fils. Rien de tout cela n'est trop appuyé et il faut que les lecteurs réfléchissent par eux-mêmes à cette idée que "la force et les poings ne sont pas le seul signe de courage" et aussi que la douleur peut faire naître des réactions prises pour de la méchanceté. Ce dernier aspect a trait à la volte-face de l'ennemi du père qui devient son associé et à ce propos il est dit assez justement que Chickitt "ne comprenait pas encore tout à fait bien ce qui se passe parfois dans la tête des hommes".

     

    Le Ligueur

    Bruxelles, 26 décembre 1975. Monique BERMOND et Roger BOQUIé

    L'action se situe autour des années 1886 dans une ambiance fabuleuse de rodéo. Le roman tout entier sent la poussière et la sueur. Mais aussi quelle tendresse pudique !

     

    Télérama

    N° 2257, 14 avril 1993. Nicole DU ROY

    1886. Comme tout l'Ouest américain, le Wyoming est peu a peu occupé par les compagnies d'éleveurs de bétail. Inutile, lorsque l'on est petit fermier comme Caine, de lutter contre elles : la récolte massive qui devait couronner quinze ans de travail est piétinée, dévastée par les troupeaux des gros propriétaires. Afin de gagner quelques dollars pour partir vers un autre rêve, la Californie, Caine participe à un rodéo.

    Le roman de Pelot est plein de rage et de fureur. A l'image des vrais rodéos, il décrit une lutte parfois mortelle, et non un jeu pour cow-boys acrobates. Mais c'est aussi un récit de tendresse et d'espérance. A partir de 11 ans.

     

    La Liberté de l'est

    Supp. La Liberté des livres, 15 juin 1993. Raymond PERRIN

    Retour vers l'Ouest américain

    Après l'édition du roman "américain": Les Croix en feu, l'année dernière, la collection Castor-poche publie Les Épaules du diable dont l'action se déroule au Wyoming, à la fin du siècle dernier.

    Parce qu'il a été humilié devant son jeune fils, lorsque les éleveurs de bétail l'ont battu et ont incendié sa récolte, le petit fermier Caine veut renouer avec son passé, faire renaître le sourire de sa femme et retrouver l'estime de Chikitt.

    De nouveau, il va affronter "les épaules du diable", c'est-à-dire remonter sur celles des taureaux sauvages qui ne pardonnent aucune faiblesse, dans les rodéos sans pitié.

    S'agit-il de retrouver la gloire d'antan, celle du réputé Crazy Caine, pour quelques malheureux dollars ? Non, pour accepter ainsi de vaincre la peur et la souffrance, il faut un enjeu plus fort : recouvrer son honneur et l'affection des siens, il n'y a pas d'autre alternative.

    Bien avant Les Mangeurs d'argile, Pelot évoque déjà dans ce roman de 1972, les rêves de "survivants", mais l'essentiel est plutôt ici le regard d'un enfant découvrant peu à peu le vrai visage de son père. Un enfant qui "ne comprenait pas tout à fait ce qui se passe dans la tête des hommes", mais à qui il reste toute la vie pour se forger une opinion.

     

    Page créée le mardi 14 octobre 2003.