Le lexique vosgien - 2

Lexique vosgien,
régionalisme lorrain et traditions locales
dans les romans de Pierre Pelot

par Raymond PERRIN.

Lettres A - E.   Lettres F - Z.

Légende
n. b. p. : note en bas de page, dans la première édition du roman.
A la suite de l'exemple, entre parenthèses, indication du titre du roman en italiques, puis de la page de référence, dans la première édition. : (.... ; ....).

faire équipe : travailler, soit le matin , soit l'après-midi.
1. "On ne faisait pas équipe, encore, à l'époque. Huit heures à midi, et une heure à six heures de l'après-midi." (Le Cœur sous la cendre ; 12).
2. "Vers dix heures - quand il était " du matin " - et vers quatre heures - quand il était " de l'après-midi " - il réchauffait le pot-de-camp sur la table à vapeur." (Le Cœur sous la cendre ; 20).

"faire la neige" : manifester une grande excitation semblable à celle que l'on éprouve, enfant, lorsque tombe la première neige. "T'es comme un chat ou un gosse qui " fait la neige ", oui." (Le 16e round ; 29).

la Feigne : lieu-dit, nom propre venant de "feigne" : endroit marécageux, tourbeux, souvent planté d'aulnes (synonymes : Faigne, faing).
1. "C'est la route qui grimpe, le ruisseau qui descend entre les aulnes et les touffes d'orties, quelque cinquante ou soixante maisons, plantées de chaque côté de la route, sur le:bord du ruisseau, au bas des pentes...Les Feignes. Un autre village dans le village". (Le Cœur sous la cendre ; 108).
2. "Que mesdames ne s'éloignent pas, recommanda le valet au gourdin avec un drôle d'air entendu (…). Prenez garde aux feignes sous les communaux." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 196).

les feux de la Saint-Jean (ou les bures) : feux de joie, à l'origine païens, récupérés par la tradition chrétienne. (voir chavande ou chevande). "Il avait dit, un murmure sur le bord des lèvres : - Les feux allumés au dieu Bellen, je crois. Comme il y a des siècles en arrière dans le temps. Le feu en offrande, pour le solstice d'été... Il a suffi d'un raz de marée chrétien, pour transformer la vie en mensonge, la communion entre la terre et le ciel ... pour avoir fait de cela "les feux de la St-Jean"." (Le Pantin immobile ; 203).

une fieûtesse : un sifflement. "On pouvait lever le doigt, n'importe qui, lever l'doigt, et pis pousser une fieûtesse, pis dire : Holà ! (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 717).

les fiounements ("du lynx", du "loup" et du "renard") : les petits cris plaintifs et pleurnichards, en particulier d'un animal. (La Nuit sur terre ; 24).
1. "Il vit Tip qui remuait la queue, émettant un petit " fiounement " comme il le faisait toujours quand il y avait une odeur de fromage dans l'air". (Une Autre saison comme le printemps ; 8 ).
2. "Deo qui le regardait lui rendit sa grimace tout en se curant une oreille du bout de l'auriculaire, secouant furieusement et poussant de petits fiounements exaspérés de chiot." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 711).

fiouner : ( pleurnicher) ; nettement plus discret que " bouêler " ou " bouâler " : pleurer en criant. "En bas, le chien grognait. Puis se plaignait. Fiounait à petits coups, entre deux grondements." (Aux chiens écrasés ; 144).

une fiôunesse : une plainte discrète, une pleurnicherie. "De loin en loin pétait une braise en un craquement bref ou une longue fiôunesse." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 262)

fouinger : brûler (avec une nuance plutôt péjorative). " C'est 'jourd'hui qu'la garce est montrée d'vant tout l'monde, tu savais ? Te vas la 'oir avant qu'elle foinge…". (C'est ainsi que les hommes vivent ; 99).

un "founé" : feu, en général, dans un pré ou dans un champ. Parfois, feu de joie, par exemple celui de la Saint-Jean , lors du solstice d'été :
1. "- Salaud, cria-t-il. Tu vas y griller, tu entends ? Tu vas y griller, dans ce founé que tu as allumé ! " (Le Pain perdu ; 133).
2. "Et vous, les jeunes, si vous continuez à vous croiser les bras, jamais votre " founé " ne brûlera samedi." (Le Pantin immobile ; 41).
3. " (…) dans la lumière baissante, voletaient par-ci et par-là des fragments d'étincelles dorées comme des pîpions au-dessus d'un founé (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 289).

la "frayée" : 1. passage dans la neige épaisse : "Ce chemin n'était pas dégagé (...) et les chasse-neige ne pouvaient s'y risquer. Il y avait tout simplement une trace, la trace d'un homme, une étroite "frayée"". (Les Neiges du coucou ; 172).
2. passage dans une végétation touffue : " (...) les fougères atteignaient pratiquement deux hauteurs d'homme. Ils s'y enfoncèrent comme dans une jungle, Elian ouvrant la frayée ; il écartait, fauchait, pliait tiges et frondes à grands coups d'avant-bras (...)." (Ce soir les souris sont bleues ; 235).

un gaillot (ou un gaillé) : bloc de bois ; on dit aussi "un toc".
1. "La colère, c'était carré, dur, comme un coin d'acier que l'on serre au cœur du " gaillot " et qui fait tout péter." (Brouillards ; 67). n. b. p. : Morceau de bois noueux.
2. "- (...) Remets un "gaillot". Mais elle le fit elle-même, (...) secoua les rondelles de fonte noire et laissa tomber un morceau de bois dans le foyer." (Si loin de Caïn ; 105).

galafe (ou encore galafre, goulafe) : goinfre, vorace, mangetout. D'où le surnom de Galafe-Dieu "inspiré, note Pelot, des pratiques de la mangeaille". (C'est ainsi que les hommes vivent ; 930).

galichtré : galopin, galapiat, vaurien. (Sert souvent de litote affectueuse.)
1. "Couche-té, galichtré, répéta-t-elle en patois." (Noires Racines ; 20). (Couche-té. = Tais-toi.)
2. - Tu le diras à Tatirène ? - Non, bougre de galichtré... " (Ce soir, les souris sont bleues ; 32).
3. "Bergeronnette, hein, galichtré ! On t'appelle comme ça aussi, toi ? Fils de ton père !" (C'est ainsi que les hommes vivent ; 558).

le gamin (pour le grand adolescent ou le jeune homme d'une vingtaine d'années).
1. "- Le gamin ? - Lui, dit Raoul, il a réussi à se sauver !" (Les Neiges du coucou ; 210).
2. "Le " gamin " (...) portait ses dix-sept ans du même air farouche que Renato avait dû porter les siens." (Le 16e Round ; 29).

un gnon : un coup, un choc physique. "(…) elle put se faufiler de nouveau, après avoir jour des coudes et reçu quelques gnons (…)" (C'est ainsi que les hommes vivent ; 101).

une gouaye (ou gouaïe) : un vêtement usagé, une guenille ou vieux tissu.
1. "(…) elle prit une gouaye pendue à un clou du manteau de la cheminée et épongea le sol souillé (…)" (C'est ainsi que les hommes vivent ; 462).
2. " (…) des bonnets de gouaïes enfoncés jusqu'aux yeux et le ruban noué sous le menton (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 703).

la gouliche : "On entendait couler la gouliche d'eau de la fontaine dans le charri, par la porte entrouverte." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 222).

une goutte : un torrent, un rû (ou rupt), par extension, un vallon latéral parcouru par un petit ruisseau. On utilise aussi le terme (impropre) de "colline" pour désigner ce val.
1. "Celle-là) s'appelait la Vallée de la Goutte du Rieux. Le nom était joli, et il avait séduit Paul. (...)Ici, ils appelaient " goutte " ces torrents de montagne que l'on rencontre parfois au hasard des forêts - que l'on entend d'abord, dans le silence brouillé des chants d'oiseaux, et puis que l'on découvre, gais, fleuris, dans leurs écrins de fougères et de pierres velues." (Suicide ; 68).
2. "La vallée, très étroite, n'avait certainement pas plus d'un kilomètre de large. Au fond coulait le ruisseau, la Petite Goutte, copié dans son tracé par le chemin sinueux." (Le Pantin immobile ; 48).
3. "Le Val de Goutte-Cerise", vallon imaginaire pour la très réelle vallée des Charbonniers. (Ce soir, les souris sont bleues).
4. "Il lui semblait avoir entendu se froisser les buissons du sous-bois en dessous d'eux, du même côté que les chuintements de la goutte qu'ils n'avaient toujours pas atteinte (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 254).

graboter ou grabotter : (emploi transitif direct), gratter.
1. "Il tira de sa chemise la boîte d'allumettes dans laquelle, contre sa peau, les perlinquinquins prisonniers avaient "grabotté" tout le matin." (Je suis la mauvaise herbe ; 68).
2. "(...) L'eau, dans les boîtes de conserve enfoncées dans la terre, s'était évaporée, et (...), des courtilières tombées au fond des pièges "grabotaient" pitoyablement le métal chaud et rouillé." (Ce soir, les souris sont bleues ; 115)

la grimpée : synonyme de montée. "La route poursuivait sa montée (...) pour encore trois quatre cents mètres (...) qui vous emmenaient au but de la grimpée (...)." (Le 16e Round ; 50).

la gringeotte : la grange. "Avec le soir ressuyé une curieuse lumière de fer poli descendit des nuages comme ils arrivaient à la gringeotte posée au milieu des prés (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 892).

les grumes : dans les Vosges, "tronces", en patois : "bieuches" ou "bieutches", troncs des arbres abattus, ébranchés.
1. "Sur cette piste rude, (...) volaient les grumes et les billes de bois, les troncs de sapin non écorcés (...)." (Je suis la mauvaise herbe ; 27).
2. "Il y a des fois où le chantier de coupe est situé au diable, dans un endroit incroyable. On y va avec le tracteur, et on traîne les grumes. C'est pas facile." (Les Neiges du coucou ; 54).

un "gueue" : un trou d'eau (on dit "une gueille" dans la Moselotte).
1. "Elle était dans ces eaux-là de Saint-Pierre comme une truite dans un " gueue " profond d'été." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 168).
2. "Elle gardait de lui trois images terribles se chevauchant : celle de sa chute dans le gueue de la rivière après que la pierre l'eut touché à la tête (…)". (C'est ainsi que les hommes vivent ; 398).

le haut-fer : lame de fer verticale, pouvant évoquer la guillotine, actionnée par une roue à aubes et utilisée dans les scieries. C'est le titre du roman de José Giovanni dont Robert Enrico a tiré le film : "Les Grandes gueules", tourné dans les Hautes Vosges, en particulier à La Bresse, Vagney, Gérardmer…, sur la Route des Crêtes et au Costet-Beillard.
1. "le va-et-vient saccadé du haut-fer" (Le Cœur sous la cendre ;108).
2. "Les scieries plantées en bordure de Moselle ou sur le cours galeux d'un torrent de montagne, chantaient la chanson du haut-fer, et l'eau dégringolait sur les pales des roues motrices" (Les Neiges du coucou ; 13).
3. "C'est plus une scierie. Y a plus rien là-dedans qui fasse encore songer à une scierie.
- Cela fonctionnait à l'aide d'une roue à aubes qui entraînait un mécanisme...
- Pour faire marcher un haut-fer, oui. Mais je vous dis qu'y a plus rien. (...) " (La Nuit sur Terre ; 14).

jamber : faire de grandes enjambées. "Il ramassa sa serpe et la repassa dans sa ceinture et s'élança sur les trousses de Mansuy qui avait retrouvé sa vigueur et jambait comme s'il commençait sa course. " (C'est ainsi que les hommes vivent ; 261).

une jambée : une (grande) enjambée.
1. "Il avança d'une jambée par-dessus du feu (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 273).
2. "Elle abattait le bâton en travers, un coup à droite, un coup à gauche, de haut en bas, avançant d'une jambée puis d'une autre (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 558).

les "jaunottes" ou "jaunirés" : champignons : girolles ou chanterelles comestibles. "Laurent (...) guettant la tache claire d'une colonie odorante de "jaunottes" (...). " (Les Canards boiteux ; 79).

jeter de l'eau bénite : sorte de métonymie ; aller saluer le mort sur son lit funéraire.
1. " On était allés jeter de l'eau bénite." (Les Neiges du coucou ; 137).
2. "Ils s'amènent, donc, se plantent au pied du mort, l'air grave. C'est Marcellin le premier qui a jeté de l'eau bénite... et ce malheureux empoigne ce qu'il croyait être le goupillon : le contrepoids de la pendule." (Les Neiges du coucou ; 140).

jurons :

bon Dieu (suivi d'un complément de détermination) : "Élian à Anjo : " C'est juste que t'as une bon Dieu de drôle de tête "." (Ce soir, les souris sont bleues ; 96).

bon sang de bois : juron de bon ton. "- Il ne faut pas vous laisser abattre, bon sang de bois ! gronda Gaumelin." (Le Cœur sous la cendre ; 92).

nom d'une bête en bois : (Élian console son "neveu" surnommé Cinq-Six-Mouches : ) "Nom d'une bête en bois. C'est rien. On va voir ta tante, elle va t'arranger ça." (Ce soir, les souris sont bleues ; 19).

sacrédié : "Est-ce que ce sacrédié de gaillard serait pas des fois en train de boire un verre chez Martinette ? (Ce soir, les souris sont bleues ; 39).

les lognes : morceaux de bois d'environ un mètre de long et rangés en "logniers", c'est-à-dire empilés régulièrement en parallélépipèdes d'environ deux mètres de haut (on distingue encore, selon la grosseur, les "rondins", les "bracos" et les "quartiers").
1. "Les lognes avaient été sciées en morceaux". (Elle qui ne sait pas dire je ; 69).
2. "(…) les chats sur le tas de lognes couchèrent les oreilles (…)" (C'est ainsi que les hommes vivent ; 221).

une mâchuronne : une fillette au visage barbouillé, sali. "(…) et les deux bêtes avaient disparu sans bruit laissant derrière elles cet instant unique au chaud dans la mémoire d'une petite mâchuronne qui avait grandi avec et l'avait oublié jusqu'à maintenant (…)" (C'est ainsi que les hommes vivent ; 106).

marmosé(e) : sali(e), en particulier autour de la bouche. "A son côté se tenait une mouflarde si marmosée que Dolat lui crut de prime face la peau noire d'un Cafre (…)" (C'est ainsi que les hommes vivent ; 265).

margoler : mâcher fortement et bruyamment (voir "mâchouiller" : p. 72) (" mouargoler ", dans la vallée de la Haute-Moselotte). "(...) le cigare s'immobilisa... Puis Elian se mit à le " margoler " plus énergiquement que jamais." (Ce soir, les souris sont bleues ; 49).

margouler ou moargoler : mâchouiller grossièrement et bruyamment, parler sans articuler (patois).
1. "- Quo c'qué t'margoules ? dit Dolat dans sa langue." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 963).
2. "Comme toi, l'Estalon, moargola-t-il sourdement." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 648).
3. " (…) paroles informes pâteusement moargolées (…)" (C'est ainsi que les hommes vivent ; 939).

le meurgi (ou meugi) : amas informe ("murger", s'il s'agit de pierres). "C'est quoi qu'y z'ont coupé ici pour faire tout ce meurgi ? " (C'est ainsi que les hommes vivent ; 264).

une mise de fouet : la mèche, la lanière du fouet, de la "chesseure". "Il vit (…) un de ses yeux tourner au bout d'un nerf blanc comme une mise de fouet (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 273).

la molte : préparation de maçonnerie. "Demain, je descends moi aussi chez Largière. Ca fait trop longtemps que je n'ai pas gâché sa molte, et puis ça me changera." (Le Pain perdu ; 162).

monter un mur de pierres : il s'agit de construire un mur de pierres sèches, en les ajustant de telle sorte qu'aucun type de joint ne soit nécessaire. Certains murets tiennent ainsi debout depuis des siècles. "Il rempaillait des chaises ou cerclait des tonneaux, savait tout aussi bien monter un mur de pierres et creuser des sabots, greffer un arbre fruitier, tresser des paniers, traire une vache comme personne, s'il le fallait, tuer le cochon gras et préparer le feu du fumoir." (Je suis la mauvaise herbe ; 50).

le mouchou : la morve. "Mais ce n'était que de la crasse, de la terre mélangée à du mouchou séché." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 265).

les mouhates : les mouchettes, les abeilles. "- Arrête tes gueuleries de putois, met'nant ! tu vas faire sauver toutes les mouhates, t'entends ? " (C'est ainsi que les hommes vivent ; 221).

les neiges du coucou : dernières neiges de l'hiver, avec celles "de l' aubépine" et "des vieilles filles" : les neiges du coucou sont liées à une superstition : " Si tu es le premier à entendre le coucou, et si tu as une pièce d'or dans ta poche, tu auras de l'argent toute l'année. C'est le dicton qui dit ça." (Les Neiges du coucou ; 175).

ousque ? = où = où est-ce que ? "Qu'est-ce que tu attends ? Là ousque tu veux en venir ?" (Le Pain perdu ; 60).

le pain perdu (version vosgienne de la recette culinaire) : "Lou fit tremper le pain dans le lait, puis dans les oeufs battus. Il posa les rondelles dans la graisse frissonnante, avec l'ail, avec l'oignon, le persil et la ciboulette. (...) Ensuite, il fit cuire les champignons dans l'eau brune qu'ils rendaient, puis dans une ou deux cuillerées de jus de viande (...)". (Le Pain perdu ; 124).

les pampilles : les bourgeons des noisetiers. "Elle murmurait Pampille, elle préférait ce son-là à celui de Mengon, elle préférait cette douceur évoquée par le mot désignant les bourgeons poilus des noisetiers (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 639).

le panné : le pan de la chemise. "Après un temps de saisissement Deo se mit à brailler pointu en tiraillant à deux mains sur son panné crotté d'un côté et de l'autre (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 220).

les "parcours" : les essarts, les pâturages en altitude. "(...) certaines sources, dans les " parcours " des hauts, ne donnaient plus une goutte." (Ce soir, les souris sont bleues ; 150).

les perlinquinquins : cétoines ou petits insectes coléoptères ressemblant aux hannetons. La cétoine dorée est d'ailleurs appelée "hanneton des roses". "Suspicieuse, Licette s'approcha de la boîte. Un léger grésillement s'échappait du carton. (...)
- Dis-moi c'est quoi, Simon...
- Des perlinquinquins (...)
Dans la boîte remplie d'herbes et de fleurs, une foule de petits hannetons grouillaient, se chevauchaient, vrombissaient." (Je suis la mauvaise herbe ; 23-24).

le pertaque : le fromage mis à fermenter dans un pot ou dans un tonneau. "(…) il ne put (…) manger un chanteau de pain tartiné d'une louchée de pertaque grouillant puisée au cuveau (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 634).

péteuiller : agir mollement, sans vigueur ni efficacité. "Les Sansu, père, mère et filles, le laissèrent péteuiller (comme ils disaient) à sa guise." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 664).

la peûchotte de bois (ou pôchatte) : cuillère à pot, toujours en bois. "Il prit la peûchotte de bois dans l'écuelle sur la pierre du bandeau (…) et touilla le bouilli, sans hâte ; l'odeur du jambon au foin et des navets et du chou se répandit (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 11).

une pidole ou pidôle : une toupie. "Les épouvantes tournaient en un profond maelström… Dolat tournait au centre comme une pidole." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 670).

pidôler : tourner comme une toupie. "(…) elle dit Io ! et pidôla comme une tourneure de cottes." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 309).

la "poîche" de sapins (ou poiche) : le petit bois de sapins, généralement isolé du reste de la forêt, le boqueteau.
1. "Il avait traversé la "poîche" de sapins, dans une fraîcheur tremblante." n. b. p. : bosquet (Le Pain perdu ; 81).
2. " (…) à la lisière de la poiche de sapins, côté Dommartin (…)" (C'est ainsi que les hommes vivent ; 218).

la pierre d'eau : évier rudimentaire dans les fermes ou les cités ouvrières. "Le vent qui s'engouffrait dans le conduit d'évacuation extérieur (...) venait chanter dans le trou de l'évier. C'est ce qui se produit souvent, sur les vieilles installations, sur les anciennes " pierres d'eau " dont l'évacuation n'est pas munie d'un siphon." (Le Cœur sous la cendre ; 138).

pierres sèches : Ce sont ces murets, jamais maçonnés, constitués de pierres choisies et agencées de telle sorte qu'elles sont en place depuis des siècles. Entourant les terrains des essarts (ou "beurheux", "broches" ou "breuches"), dégagés par le feu ou le cercenage (la mort des arbres par enlèvement d'un cercle d'écorce), ou par la pioche, ils constituent ainsi des barrières pour le bétail et dessinent ce que l'historien Georges Savouret appelle un "parcellaire-relique"…
1. "les barrières de pierres sèches" (La Peau de l'orage ; 35).
2. "les murets de pierres sèches" (Les Neiges du coucou ; 20).

les pas-de-chat (du tisserand) : défaut de tissage [n. b. p.] dû à la rupture de fils (Ce défaut est moins grave que "la brèche"). "Julien (...) s'était cassé les reins, brûlé les yeux sur les brèches, les " pas de chat " et les lisières éventrées". (Le Pain perdu ; 79).

le plain : terrain défriché, plutôt plat, petit plateau ou plaine. "La trace était déserte à travers le plain, comme une empreinte étirée de chose morte à deux pattes définitivement disparue fuyant entre les taillis ensevelis sous la soufflée blanche." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 41).

le poêle : belle chambre chauffée par le poêle. "Elison pas plus que la coquerelle, tournant le dos à la porte, n'avaient remarqué l'approche furtive de la jeune personne entrée sans bruit dans le poêle où se donnait la tétée. " (C'est ainsi que les hommes vivent ; 171).

un poreau (pour un poireau) : "A chaque mois d'août qui nous revient, t'en es vert comme un poreau quinze jours d'avance." (Ce soir les souris sont bleues ; 85)

le pot-de-camp d'usine : le pot, d'abord en fer, puis en aluminium qui contient le repas de l'employé(e) de tissage ou d'usine, repas pris sur place en surveillant les métiers ou les machines. "Sur le coin de l'évier il y avait son "pot-de-camp d'usine"" (Le Cœur sous la cendre ; 19).

qué pauciauce ! (sous-entendu : Quelle patience ne faut-il pas avoir pour supporter cela !) "Il soupira, hocha la tête avec commisération en faisant clapoter sa langue de façon étrange sous les poils. Disant :
- Ah ! qué pauciauce ! " (C'est ainsi que les hommes vivent ; 273).

raicripoté (e) ou racripoté (e) : adjectif ou participe : recroquevillé(e), crispé(e), chiffonné(e), ratatiné(e).
1. "La ville s'éveillait sans hâte, raicripotée dans le froid qui grisait cette partie à l'ombre des murailles. " (C'est ainsi que les hommes vivent ; 53).
"Apolline raicripotée sur elle-même au contact du chatouillis, la tête rentrée dans le cou, guirlandée d'un éclat de rire libéré…" (C'est ainsi que les hommes vivent ; 144).

les rais de sapin (en patois : les "râ") : branches de sapin coupées au ras du tronc.
1. n.b.p.: une bûche (Je suis la mauvaise herbe ; 28).
2. "Il boite très fortement, cahotant d'une hanche sur l'autre, lançant à chaque fois sa jambe gauche raide comme un rai de sapin". (Le Pain perdu ; 108).

le rang : dans la vallée de la Haute Moselle, le pré pentu. "Elle était debout devant la porte cochère, s'y tenait depuis qu'elle l'avait aperçu grimpant le rang après la tache des boutons d'or." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 220).

les rapailles : forêt commune exploitée autrefois sans ordre. "(…) sur le chemin conduisant aux dessous des rapailles à flanc de la montagne du midi (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 196).

les ravounages : les retournements de terre par les sangliers. "Le ciel s'était couvert de gros nuages gris quand Demange Desmont regagna sa maison de laboureur (…) au bord de ce qui n'était certainement pas une rue et à peine un chemin défoncé par le gel, les sabots des vaches , les ravounages des cochons et les empreintes des roues des charrettes." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 24).

ravouné : profondément retourné, mis sens dessus dessus. "Ne s'arrêta que deux (ou trois) fois, où le sentier ravouné par les cochons qui suivait la lisière traversait une goutte (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 425).

(se) rechanger : enlever tous ses vêtements pour en mettre des propres. "Il se rasa, se lava le visage et les mains. Dans la chambre où il se rendit pour se rechanger, il prit soudain conscience du silence particulier qui l'enveloppait. (...) Il se débarrassa de ses vêtements et sous-vêtements pour en passer des propres, extraits des rayons de la haute armoire en merisier." (L'heure d'hiver ; 96).

rechigner (dans le sens inhabituel de : répéter, imiter ironiquement) : "Nom de D... ah, bon dieu, Martinette ! Martinette.
- Martinette, Martinette, rechigna-t-elle (...)" (Ce soir, les souris sont bleues ; 193).

une "réguédesse" : excitation bruyante. "Leurs glapissements rieurs - leurs " réguédesses ", auraient dit les coquerelles et gens de bas comme qui il convenait de ne pas s'exprimer, au moins pour certains mots - exultèrent haut et fort. " (C'est ainsi que les hommes vivent ; 195).

relever la terre : charger la terre amassée au bas du champ, à la hotte ou à la brouette, pour l' étendre à la partie supérieure de la pente. Ce travail de Sisyphe devait être repris tous les ans. " Jadis, les pâturages et les champs couvraient le flanc du coteau (...). On y relevait la terre à la hotte, chaque année ; la terre que neiges et pluies faisaient glisser jusqu'aux murets de pierres sèches, au bas des champs inclinés." (Les Neiges du coucou ; 18).

"les renards fument" : brumes flottantes et ascendantes, en guirlandes au-dessus des arbres. Belle expression populaire pour désigner le phénomène de condensation provoqué par un brusque réchauffement de l'atmosphère.
1. "" Les renards fument", songea distraitement Paulin. Un moment, il suivit de l'œil la lente ascension des guirlandes de brume, au flanc boisé de la montagne." (Les Neiges du coucou ; 11).
2. "[Les chats] rôdent dans cette espèce de brumes qui flottent et qui montent entre les arbres... Comment que tu m'as dit qu'on appelait ça par ici? (...)
- C'est les renards qui fument", dit Renato. (Le 16e round ; 168).
3. "Ils regardèrent fumer les renards, et les longues écharpes déchirées des vapeurs de condensation qui montaient entre les épicéas gorgés de soleil." (Une Autre saison comme le printemps ; 78).

répie (ou rêpie) : s'applique à un fruit, un visage ou un organe pour désigner péjorativement une contraction sèche de la chair.
1. "Assise, elle était minuscule (...) . Sèche, " répie ", des cheveux blancs...." (Les Neiges du coucou ; 15) n. b. p. : ridée.
2. " (…) pour toute arme ses génitoires au vent sainglement éprouvées par l'âge et qui plus est rêpies de froid (…)" (C'est ainsi que les hommes vivent ; 401).

requiller : redresser les neuf quilles sur le jeu et renvoyer les boules grâce à un plan incliné. "- C'est toi qui nous "requilles", s'enquit Brice dans un sourire. (...)
Tilix (...) relèverait les quilles après chaque lancée, renverrait les boules en les faisant glisser sur le rail de bois incliné. Et gagnerait quelques sous de la main des gagnants." (Je suis la mauvaise herbe ; 111).

ressuyé : asséché et refroidi. "Avec le soir ressuyé une curieuse lumière de fer poli descendit des nuages comme ils arrivaient à la gringeotte posée au milieu des prés (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 892).

retaboquer : réparer, remettre en état (on dit aussi "rétalboquer" ou "ratabacler").
1. "J'étais en train de rétaboquer cette ceinture, dit-il." (Les Caïmans sont des gens comme les autres ; 49).
2. "Alors il avait rebroussé chemin et il était là maintenant, après avoir rétaboqué tant bien que mal le poulailler à l'aide baguettes détressées et de quelques badines qu'il était allé sarper sous la neige (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 503).

une riffle ou rifflette : peigne à myrtilles. " (...) il se laissa aller à s'asseoir lui aussi, jambes tendues, écartées, dans les brimbelliers aux feuilles déchiquetées par le passage des cueilleurs massacreurs à la rifflette." (Ce soir, les souris sont bleues ; 231).

rouâner : miauler, plutôt de contentement. " [La Tatiote] rouânait et miaulait beaucoup moins qu'une chatte en chaleur ou délivrée." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 448).

une rouânesse : un miaulement souvent prolongé, plaintif ou "affectueux". " [La Pépette] avait émis une belle rouânesse, une exigence à laquelle il n'y avait rien d'autre à faire qu'obéir, il lui avait donné de l'eau dans une écuelle (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 1093).

ru, ou plus souvent, rupt : petit ruisseau, torrent, (mots souvent devenus des noms propres dans les Vosges pour désigner villages ou lieux-dits). " (…) en suivant les passées et les rus ou en broussant au hasard (…)" (C'est ainsi que les hommes vivent ; 653).

le saggard (ou "sagârd") : n.b.p. : Ouvrier qui travaille sur un haut-fer ou sur une scie, dans une scierie.
1. "Les deux dernières planches se couchèrent sur le pont roulant. Un des saggards alla couper le courant (...)." (Le Pantin immobile ; 128).
2. "Il savait lever un coin de voile (...) pour rendre bizarre le regard des filles (...) Même les filles comme Irène, dont les lèvres avaient pourtant embrassé un vulgaire sagard. Avant." (Ce soir, les souris sont bleues ; 322).

s'aller mettre (pour "aller se mettre") : "Tillix jeta sa veste et s'alla mettre en place au bout du jeu de quilles." (Je suis la mauvaise herbe ; 111).

la sarpette : une serpe, une serpette. "[Elle] coupa entre ces nœuds d'un coup bref de la lame recourbée d'une sarpette d'acier noir emmanchée de corne (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 65).

la schlitte : gros traîneau tiré par un bûcheron sur un chemin de schlittage. Voir tracé (ou chemin) de schlittage. (Je suis la mauvaise herbe ; 27).

schmèquer : renifler, flairer, sentir (au sens actif et passif). "(…) elle schméqua d'une reniflade au goulot avant de porter la gourde à ses lèvres (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 801).

seûgner : fureter en gémissant, chercher sans précipitation ni efficacité. "elle était aller seûgner aux nouvelles dans le petit matin noir et la lueur des torchères et des braseros." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 99).

un sotré : un petit être surnaturel, un diablotin, un gnome, un kobold. "(…) avant qu'il en r'ssorte comme un sotré aveindré tout d'un coup d'sa cachette…" (C'est ainsi que les hommes vivent)

un tacounet (ou "tacouné" à La Bresse, dans la vallée de la Moselotte) : panier d'osier large et plat, souvent utilisé pour le séchage des fruits ou des condiments. "[Dans le domaine d'Elian Toussaint, il suffisait de] (...) serpenter parmi (...) vieux outils aratoires divers, lames de faux, fers de houe, dents de râteaux et crocs de herses, "tacounets" originellement destinés à sécher les aulx, les échalotes , les oignons (...)." (Ce soir, les souris les souris sont bleues ; 29).

une tatiotte : une petite (en parlant, par exemple, d'une pomme de terre).
1. [Cinq-Six-Mouches a été piqué par les guêpes, Elian intervient : ] "C'est pas de vinaigre, qu'il te faut sur une pareille "tatiotte". C'est du poreau". "Ce soir, les souris sont bleues ; 26).
2. "Une tatiote de mèches noire brûlait puamment dans le fond de suif de la lampe posée au sol (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 527).

les tchipetis : chants des oiseaux (mot traduisant l'onomatopée). "- les rengaines des grillons, les tchipetis d'oiseaux, le bruit des maillons de la chaîne du collier (...)." (Ce soir, les souris sont bleues ; 31).

tertou (ou tertu) : adjectif du patois : tout, toute (pluriel : tertu, tertôte). "Mets-y tertou devant de ces hautes 1ettres comme tu sais bien les faire." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 15).

tirer en bas la neige : pour un chat, passer sa patte derrière l'oreille afin de se laver, signe annonciateur de mauvais temps, et en hiver, de neige. Faire tomber la neige dans la vallée. "Le chat se mit assis. (...) Il se léchait la patte qu'il passait ensuite derrière son oreille.
- Oh ! dis donc, toi, remarqua Sylvain. Qu'est-ce que t'es en train de faire, là, Tu " tires en bas la neige " ? " (L'Heure d'hiver ; 55).

tocsinner : frapper violemment. "Manchot ou pas, blessé de guerre ou non, je te jure que si tu essaies de faire la mariolle, moi, je la ramasse, la boule, et je te tocsinne sur ta sacrée tête vide jusqu'à ce que tu ressembles à un morceau de mou." (Je suis la mauvaise herbe ; 126).

la tournée aux oeufs : ramassage des oeufs par les conscrits au cours de leur (long) périple sur tout le territoire de la commune (autrefois, après le conseil de révision).
1. "Après le conseil de révision, au chef-lieu de canton, c'était la coutume: tous les "conscrits" cessent leur travail pour quelques jours et, en bande, écument le village. Ils ramassaient des sous, des bouteilles, des oeufs et des poulets. Mangeaient chez l'un, chez l'autre , couchaient dans le foin des greniers." (Le Pantin immobile ; 50).
2. "Anjo (...) vit lui aussi un groupe de conscrits et conscrites en pleine "tournée aux œufs" qui firent minent de vouloir l'arrêter ... ". (Ce soir, les souris sont bleues ; 258).
3. ""avant", c'étaient des oeufs que les conscrits ramassaient, de quoi se nourrir en complément de la goutte, pendant la durée de la bringue. A présent, (...) les oeufs étaient remplacés par de l'argent..." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 286).

les tracés de schlittage : "Sur cette piste rude, au lit fermé par deux tracés de schlittage, volaient les grumes et billes de bois, les troncs de sapins non écorcés (...)" (Je suis la mauvaise herbe ; 27). n. b. p. : Transport de bois par schlitte, c'est-à-dire par une sorte de traîneau qui sert à descendre dans les vallées le bois abattu sur les hauteurs.

trisser :
1. projeter (volontairement ou non) un liquide ou un solide, éclabousser. "(…) comme fascinée par le mouvement grinçant des roues cerclées de fer qui tournaient de part et d'autre sous le bord de la caisse et envoyaient trisser parfois très haut des fragments de la neige durcie arrachée au chemin." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 109).
2. partir à toute vitesse, déguerpir : " (…) la porte s'ouvrit sur un homme qu'elle n'avait jamais vu qui balaya autour de lui avec sa torche dans un grand bruit de ronflement , semant des flammèches qui firent trisser les rats (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 108).
3. "Il se demanda où était la Tatiote, si elle dormait encore ou déjà dehors à trisser quelque part." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 218)

trôler : souvent péjoratif, traîner, errer, parfois, fureter.
1. " - Qu'est-ce que vous êtes venus trôler ici, alors, depuis vot' communale de là-bas ? " (C'est ainsi que les hommes vivent ; 272).
2. "Il trôlait par les rues, reprenant donc et poursuivant une comédie jouée depuis quelques années, dont il était à lui seul l'auteur, l'interprète ainsi qu'indubitablement le premier spectateur." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 456).

la tronce : la grume, le tronc abattu, ébranché et débité. "Puis Colas se leva, prenant appui sur la tronce (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 733).

les troussées (de neige) : on aurait plutôt attendu, à moins que l'éditeur ou le correcteur ne soit pas d'accord, le mot "trissées" pour désigner ces giclures, du verbe vosgien "trisser" : éclabousser. "Il conserva cet éclat de clin d'œil de la bague en mémoire pendant tout le trajet , de l'hôtel au motel, sur la route grise et fissurée par le gel, dure, aux trottoirs ensevelies sous les troussées de neige pisseuse marbrée de giclures salines." (Natural Killer ; 28 ou 38, pour la nouvelle édition).

l'usine ; aller à l'usine, emporter "son pot-de-camp d'usine" : le mot usine désigne indifféremment le tissage ou la filature.
1. "Il ne serait pas en retard à l'usine." (Le Cœur sous la cendre ; 9).
2. "Sur le coin de l'évier il y avait son "pot-de-camp d'usine"" (Le Cœur sous la cendre ; 19).

voûgeante (adjectif, mûgissante) : "Se rappelait papa avançant dans les guêpes voûgeantes le chapeau rabattu sur la figure (…)". (C'est ainsi que les hommes vivent ; 33).

voûger : mugir pour les abeilles ou les guêpes, s'agiter bruyamment.
1. [Les mouchettes] voûgeaient si fort que le bruit ronflant attira Claudon hors de la maison. (C'est ainsi que les hommes vivent ; 234).
2. "- Faudrait pas trop bouger d'ici. Ca va voûger pendant un moment dans les bois, d'partoute." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 606).

la zaubette (déformation d'Élisabeth), gamine malicieuse et souvent délurée ou effrontée. (On dit aussi : "pinéguette"). "On le lui avait dit, c'était la gamine, Colinette, (…) elle était éveillée, la zaubette (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 55).

les zizillements : bruits répétitifs et peut-être agaçants des grillons.
1. "Un autre bruit, guère plus haut que les zizillements des grillons" (Je suis la mauvaise herbe ; 160).
2. "(…) l'oreille sollicitée par le moindre zizillement (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 242).

zizillant : " (…) un après-midi zizillant de juillet (…)." (C'est ainsi que les hommes vivent ; 83).

ziziller : verbe onomatopéique. "les mouches (...) zizillaient." (Elle qui ne sait pas dire je ; 53).

zoquer (assommer, plus souvent, tuer un animal, frappé d'un coup sec). "Il l'a assommée, oui, comme on zoque un chat, un lapin" (Elle qui ne sait pas dire je ; 66).

 

Raymond Perrin, février 2004.

 

Lettres A - E.

 

 

Page créée le dimanche 2 mars 2003.