Biographie historique et généalogique




1829

 

Louis Antoine MICHEL

 

 

 

 

Biographie historique et généalogique des hommes marquants de l’ancienne province de Lorraine,


Formée plus particulièrement des Personnages distingués, morts ou vivants, nés ou domiciliés dans le département de la Meurthe, de ceux qui, sans y avoir pris naissance, l’habitent ou l’ont habité un laps de temps plus ou moins considérable ; de ceux enfin qui sans être originaires du pays, ont contribué à sa célébrité par leurs écrits, leurs lumières ou leurs talents militaires.

 

 

Nancy : de l’imprimerie de C.-J. Hissette, rue de la Hache N° 54, 1829.

 

 

 

L'auteur

MICHEL Louis Antoine, ancien lieutenant d'infanterie, ex-sous-chef à la préfecture de la Meurthe, et, en dernier lieu, juge de paix à Vézelise, né à Rambervillers en 1785.

On a de cet écrivain les ouvrages suivants, imprimés tant à Metz qu'à Nancy :
- Manuel administratif, à l’usage des fonctionnaires publics, in-8°, 1820 ;
- Théorie nouvelle et raisonnée du Participe, in-12, 1821 (qui a été l'objet des éloges de l’académie de Nancy) ;
- Statistique administrative et historique du département de la Meurthe, fort in-12, avec un abrégé de l’Histoire de Lorraine, carte et plan dessinés par l'auteur, 1822 ;
- Annuaire administratif et industriel, qui se publie depuis sept ans ;
- enfin, Biographie de la Meurthe (présent ouvrage), fort in-12, 1829.

On sait, par les divers prospectus publiés en 1821, 1823 et 1826, que M. Michel a en manuscrit :
- un Cours complet de langue française, dont les parties sont aussi développées que Le Participe, et présentent autant d'exemptes choisis, l’ouvrage pouvant former 2 forts volumes in-8° ;
- la suite de Roland-le-Furieux en 4 vol. in-18 ;
- l’Itinéraire ou Guide du voyageur dans le département, avec gravures représentant les cinquante plus beaux édifices du pays, fort in-12 ;
- enfin, un Traité sur les justices de paix, de 2 forts volumes in-8°, prêt à être livré à l’impression ; voy. Cusson, Mercator ; Laruelle, Léopold.


[Notice publiée par Michel dans son ouvrage].



Préface

Cette Biographie n’aura pas, comme beaucoup d’autres ouvrages de ce genre, l'intérêt seul du moment. En l’enrichissant de notes historiques et de renseignements scientifiques d'une utilité journalière, l'auteur a cru lui assurer un succès durable. Tel est du moins le but qu’il s’est proposé : s’il l'a atteint, il se croira amplement récompensé de ses veilles et de ses pénibles recherches [Note 1].

Le département de la Meurthe méritait bien ce zèle et ces soins : il n’en est aucun qui occupe un rang plus élevé en France, aucun qui ait acquis une plus grande célébrité ; telle ville, tel bourg ou tel hameau a vu naître une pépinière de braves ; des savants illustres ; de ces hommes d’une capacité supérieure, promus aux premières dignités de l’État ; des artistes dont les chefs-d’œuvre ornent les palais et les brillants hôtels des premières capitales de l’Europe ; des ecclésiastiques parvenus à la tiare ; des femmes et des sœurs de souverains ; la tige de la seconde race des rois de France, et celle enfin d’une Maison régnante, la plus ancienne et l’une des plus puissantes de l'Europe [Note 2].

Tout bon Lorrain verra avec satisfaction que l’auteur a su trouver place pour donner une notice des hommes marquants des départements voisins ; en sorte qu'à la série près d'une partie des écrivains ou personnages modernes, les moins célèbres de ces contrées, la Biographie de la Meurthe peut être considérée comme la Biographie complète des duchés de Lorraine et de Bar.

Si quelques articles de cet ouvrage ne paraissent pas satisfaisants par leurs détails, on devra l'attribuer moins à l'auteur qu'à la modestie ou à tout autre motif qui ont empêché les personnages qui y figurent, de fournir les renseignements dont on aurait eu besoin [Note 3].

L'auteur eut envié l'honneur d'être le premier à signaler à la reconnaissance nationale une foule d'actions généreuses de personnages vivants ; un certain nombre de sages ; des fonctionnaires publics aussi recommandables par leurs vertus que par leurs talents ; enfin, de parler du zèle, des lumières, de l'intégrité et de l'indépendance de nos députés, qui ont si éminemment répondu aux suffrages de leurs commettants. Il eut désiré aussi dispenser parfois le blâme, là où il serait si doux de répandre la louange ; ... mais il s’est imposé la loi de ne se constituer le juge d'aucun genre de mérite ou de réputation, de ne citer à leur égard que des faits, et de ne détailler que des services : tout lecteur judicieux en appréciera le motif.

On a lieu de croire que tous les écrivains du Département, qui n'ont point publié leurs ouvrages sous le voile de l'anonyme, sont fidèlement portés dans la Biographie de la Meurthe : on exceptera seulement cette foule de brochures et de libelles séditieux, enfantés par le délire révolutionnaire, l'intérêt seul du moment, et qui n'ont fait qu'un saut du libraire à l'épicier.

Il reste à faire remarquer que pour ne pas multiplier inutilement l'indication par trop réitérée des noms propres, et pour rendre plus prompte et plus facile à la vue la distinction des familles, on n'indique qu’un seul de ces noms propres par famille ; les autres membres viennent à la suite, chacun cependant à l'alinéa ; mais on a affecté aux prénoms un caractère distinctif qui les fait sensiblement ressortir. Ceux de ces membres, séparés seulement par un tiret de la notice précédente, sont également parents du personnage qui en est l'objet ; mais, ou ils n'ont pas figuré dans le Département, ou ils ne se sont fait connaître par aucun écrit ou aucune action fort intéressante.

L'auteur ne finira point cet avant-propos sans rendre un témoignage public de sa gratitude et de son estime à quelques personnes qui, dans ce travail, long et vétilleux, lui ont procuré des ouvrages et des renseignements précieux. Il citera au nombre de ces auxiliaires bienveillants, M. l'abbé Michel, curé de la cathédrale de Nancy ; M. le général Comte Drouot ; M. Soyer-Willemet ; M. Oudinot, et MM. Les Maires de Lunéville et de Phalsbourg.



Note 1 : Il a compulsé tout ce que les historiens lorrains ont écrit : Dom Calmet, Leslie, Bexon, Durival, P. Benoît, Lionnais, Guerrier, Etienne, Marquis, Michel, etc. ; les biographies de Feller, Michaud, des contemporains, Universelle, de Psaume, etc. ; les Victoires et Conquêtes, fastes de la gloire ; Dulaure, St-Victor, de Montgaillard, Lafont d'Aussonne, Thiers, les journaux, etc. d'où l'on a extrait tout ce qui peut intéresser le département de la Meurthe et les départements voisins. Aucun département n'a produit, comme celui de la Meurthe, un plus grand nombre d'artistes, de ministres (*), de maréchaux et de pairs de France, de cardinaux, etc.
Les recherches de l'auteur l’ont amené à établir la progression suivante : que les hommes marquants du département de la Meurthe, sont à ceux de la Moselle comme 4 est à 2 ½ ; à ceux de la Meuse comme 5 est à 2 ¼ ; à ceux des Vosges, comme 4 est à 1 2/3 ; et à ceux de la Seine comme 2 est a 3 1/3.
Il est à observer que Paris est une capitale ; que Nancy et Lunéville ont eu aussi leur cour, dont le séjour, avantageux pour les arts et les sciences, attirait les grands maîtres et les savants, que la sagesse de nos princes savait encore encourager. Attribuer cette progression favorable à la Meurthe et à la Seine, au mode d'enseignement ou a l'habileté des professeurs serait une erreur grave ; les collèges de Metz, de Bar et d'Épinal ont produit des élèves aussi célèbres que ceux de ParIs et de Nancy. Lorsqu'on a nommé quelques hommes illustres qui ne sont pas précisément du pays, on a indiqué soigneusement leur patrie, pour ne fournir aucun prétexte à des rivalités qu'on est loin de vouloir faire naître.
(*) En 1819, sur six ministres à portefeuille, trois étaient nés dans l'arrondissement de Toul : MM. de Serre, Gouvion-St-Cyr et l’abbé Louis.

Note 2 : Aucun fait militaire, aussi héroïque, aussi invraisemblable même qu'il puisse paraître, n'a été consigné dans la Biographie que sur le vu des états de service, attestés par les membres des divers conseils d'administration : il nous a semblé qu'une telle authenticité ne pouvait être révoquée en doute. On a dressé, a la fin de cette Biographie, une table de renvoi pour plusieurs Lorrains qui, n'ayant écrit que des ouvrages manuscrits, n'ayant coopéré que d'une manière secondaire à quelque oeuvre intéressante, sont cependant cités dans le cours de cet ouvrage.

Note 3 : Il entrait dans le plan de cet ouvrage de citer tous les personnages revêtus, ou qui l'ont été, des charges les plus élevées : celles, exclusivement à toutes autres, de gouverneurs, de premiers présidents, de députés, de préfets, d'évêques, de procureurs généraux et d'officiers généraux ; et pour 165 titulaires de fonctions ou de grades inférieurs, seulement ceux d'entre eux qui se sont fait connaître par quelques écrits ou quelques actions d'éclat ; ainsi, l'auteur n'a pu condescendre au vœu que quelques-uns de ces Messieurs ont manifesté, de ne point figurer dans cette Biographie.