Salle de presse




Les Dernières Nouvelles d'Alsace

16 juillet 2003. Nathalie CHIFFLET

Le portrait : Bernard Visse

Le directeur de la cellule chargée de l'événementiel
à la mairie d'Épinal a des lettres...

Bernard Visse, 50 ans, oeuvre à l'animation du chef-lieu des Vosges tout autant qu'à la promotion de la littérature vosgienne, de l'art et de la musique. Ce docteur ès lettres cultive son jardin.

Sans quêter de notoriété, il a publié des poèmes et des nouvelles, dans des revues souvent discrètes. Il dit : "J'ai aussi écrit des romans". Écrivain ? Sûrement. Il faut être démiurge, inventeur d'univers et fabricant de monde. "Mettre des mots sur une page ne fait pas un écrivain. On est écrivain parce qu'on a un monde à soi".
Peu semble le soucier, en vérité, d'être confidentiel : Bernard Visse est avant tout un serviteur de la littérature, et vosgienne d'abord. "Par pure dévouement à la cause littéraire vosgienne", il a mis en ligne Ecrivosges, un site Internet recensant une centaine d'auteurs natifs du département. Sa maison d'édition, Une page à l'autre, structure associative et amicale, fait oeuvre régionale : une quinzaine d'ouvrages sur la Lorraine compose son catalogue.

Dans les années 1970, Bernard Visse s'était essayé sans persévérer au travail du texte de théâtre (Lorca, Chédid...). Après des mises en scène comptées sur les doigts de la main, il avait prêté sa plume à la Liberté de l'Est, quotidien départemental, et au Tageblatt, journal luxembourgeois : "Je faisais des critiques dramatiques, dans tous les sens du terme". A l'heure de la libéralisation de la bande FM, sous Mitterrand, il avait changé de médium et donné de la voix avec Radio Vallées Vosges.

" Je faisais des
critiques dramatiques,
dans tous les sens
du terme"

Pendant ce temps-là, il continuait évidemment de jurer fidélité à la littérature : en 1986, il soutenait à l'université de Nancy une thèse sur l'œuvre satirique du poète lorrain Gilbert. Il lui fut confié la rédaction d'une notice sur l'auteur, dans l'élitiste Encyclopaedia Universalis.

Docteur ès lettres, Bernard Visse ne vit ni de sa plume ni de ce savoir-là; il fait carrière municipale, à la mairie d'Épinal. A la tête de la cellule en charge de l'événementiel, il a créé en tout éclectisme CitéBOIS, une foire dédiée au bois dans la construction et l'aménagement public, et les Imaginales, un festival dont il assure la direction, célébrant les mondes de l'imaginaire, aussi bien la littérature de science-fiction, la fantasy, le cinéma et l'illustration. "Je traînais cela dans ma musette. On avait dans le temps un festival de la caricature, mais cela ne plaisait pas trop au public", dit cet ami de Pierre Pelot, écrivain d'ici dont le cinéma a adapté L'été en pente douce et, plus récemment, Le Pacte des loups.

Lettré, Bernard Visse cultive un jardin étendu à l'art et la musique. Un temps, il s'est impliqué dans l'administration de l'orchestre Jean-Baptiste Vuillaume. Il cherche ses mots : "J'adore la musique mais je ne sais pas en parler". L'art le laisse plus disert, et actif, de longue date. "Très jeune, j'ai organisé des expositions, dit-il. Je ne suis pas insensible à toutes ces choses". Il préside l'association des Amis du musée départemental d'art ancien et contemporain, qui compte 400 membres.

"J'adore la musique
mais je ne sais pas
en parler"

"Ce n'est pas une amicale de buveurs de thé, prévient-il. C'est une sorte de syndicat des usagers. C'est un partenaire à part entière, qui participe à la vie et l'animation du musée". C'est à lui que revient d'avoir proposé l'opération "une heure, une oeuvre". Tout est dit, de sa volonté d'un désir partagé de connaissance et d'intelligibilité de l'art. Il le concède : "Il y a un côté militant".


Photo © Michel Prison
parue dans les Dernières Nouvelles d'Alsace, 16 juillet 2003.