Nell vit avec son oncle Stany et sa tante Mado, un drôle de couple. Stany est aussi lunaire que Mado est pragmatique. Ce vendredi 13, caniculaire en diable, la routine de la maisonnée est bousculée. Mado rentre du cinéma accompagnée d'une connaissance, Dustin, rencontré par hasard. Par hasard, vraiment ?
Nell est méfiante, et sa suspicion se confirme quand elle surprend Mado et Dustin enlacés. Sous les yeux de Nell se met alors en place ce qui ressemble à une sinistre partie de Cluedo. Mado, sa chère tante, au passé si trouble, pourrait bien avoir organisé une danse savante et macabre pour le quatuor en ébullition... (4ème de couverture, 2012).
La petite histoire... Pour Vendredi 13, nous avons tenté la gageure de rassembler treize écrivains de renom et leur demander de nous broder 13 romans musclés autour de cette date fétiche. 13 récits d’action, contemporains, où le héros, l’héroïne, met sa vie en jeu pour : un paquet de fric, l’amour, sa liberté, la gloire, la révolution, une utopie… à chaque auteur de choisir. Notre premier succès a été de réussir à recruter une très belle bande de mercenaires : Brigitte Aubert, Pierre Bordage, Patrick Chamoiseau, Mercedes Deambrosis, Pierre Hanot, Jean-Marie Laclavetine, Alain Mabanckou, Olivier Maulin, Pierre Pelot, Pia Petersen, Scott Philipps, Jean-Bernard Pouy et Michel Quint. Nos plus secrets espoirs sont comblés : nous avons lu un panaché explosif de récits mordants, vitriolés ou haletants — à tous les coups savoureux. Unis par la seule date qui donne son nom à la collection, nos treize auteurs offrent un chatoiement de sujets, d’écriture, bref, d’inspiration. (Patrick Raynal, directeur de la collection Vendredi 13.)
Une première version de ce roman est parue en feuilleton
dans Télérama (8 N°) pendant l'été 2009.
Michel Abescat (Télérama, N° 3102, 27 juin 2009) : L'idée
d'écrire un feuilleton pour Télérama ne pouvait que séduire
celui qui se désole que cette tradition – à laquelle restent attachés
des noms comme Dickens, Balzac ou Dumas – se soit un peu perdue. Tenir
l'auditoire en haleine, tendre la narration sur un rebondissement inattendu,
une bribe de dialogue, un mot qui désoriente soudain. Pierre Pelot cultive
la nostalgie des histoires qu'on écoute, à l'image de celles que Faulkner
aimait entendre quand il était enfant, le soir, à la veillée. Le meilleur
moment, confesse-t-il, c'est ce qui précède l'écriture. Ce plaisir de
sentir l'histoire lentement mûrir, venir les mots, se construire les
phrases. Les laisser peu à peu s'assembler. A ce moment, tout semble
parfait, reste à ne pas trahir. Et ce n'est jamais joué d'avance.
Pour Télérama, je jouerai le jeu du feuilleton, j'écrirai
les épisodes au fur et à mesure des semaines, pour faire durer le plaisir.
Je sais où je vais, mais j'ignore encore par quels chemins. C'est toujours
la fin qui me donne envie de m'emparer d'une histoire.
Il pleuvait depuis la naissance du monde. Les semelles du Gerbois prenaient l'eau, les épaules de sa veste aussi, c'était parti pour un été pourri. Il s'était demandé en essayant de se mettre les idées en ordre, dans la voiture, sous le déluge qui brouillait le pare-brise, depuis combien d'années le printemps et l'été n'en finissaient pas de foirer, et la réponse qu'il avait finalement différée menaçait de n'être pas reluisante.
Région de merde. Jour après jour, vous entendez les bulletins météo vous dire que tout est magnifique au sud de la Loire, mais qu'au-dessus, par contre... Et vous êtes au-dessus.
Des godasses qui n'avaient pas un an d'usage. La veste, d'accord, elle n'était pas faite pour les cataractes. Et ce parapluie rétractable trouvé sur la banquette arrière avait un sérieux coup de mou dans la détente. Celui ou celle qui l'avait abandonné là ne l'avait peut-être pas fait sans savoir. C'était la voiture de Ballu, qui y faisait monter n'importe qui, qu'il soit ou pas en état de conduire raisonnablement. Depuis un mois Ballu était en maladie, il avait été embarqué contre son gré par un bus, alors que pour une fois il se mouvait à pied, sous la pluie, traversant au plus vite en dehors des clous comme n'importe qui, résultat multiples et diverses fractures, et du coup la caisse était devenue celle du journal, celle du Gerbois en priorité, ce qui tombait plutôt bien, merci Ballu, vu que de voiture il n'en avait même plus, cette garce de Cécile avait réussi à lui mettre la main dessus avec le reste, avec tout le reste. Cette garce. Ce qui est certain c'est que le parapluie n'appartenait pas au Gerbois, ni sans doute à un, ou une, des passagers, ou passagères, qu'il avait pris en charge, il ne se souvenait pas d'avoir invité quiconque à partager sa conduite dans la Fiat, d'aucune façon, depuis belle lurette. Il y avait belle lurette que lurette n'était plus belle, pour le Gerbois. Un peu trop longtemps que les fleuves débordaient, que les rives s'effritaient, que les barques prenaient l'eau de toutes part, que les ponts branlaient lamentablement et choisissaient d'attendre qu'il les emprunte pour s'effondrer. Presque quatre ans. Depuis le divorce prononcé et le cancer dans la foulée qui lui était tombé dessus, à cette garce, ce qui n'empêchait pas que c'était une sombre garce, et maintenant Delphine qui se retrouvait en Afrique, au Sénégal, avec son grand connard de Sénégalais, et une petite fille plus belle que le jour, en Afrique, une petite fille qu'ils avaient appelée Tulipe - sans déconner.
Page créée le mardi 25 juin 2013. |