Basile voudrait être Père Noël. Le soir, devant les lumières qui illuminent les rues, il rêve. Mais l'homme qu'il rencontre "par hasard" sur un trottoir, est un Père Noël tout à fait particulier : genre "rouge sang".
Et Basile lui même le conduit vers sa victime !(4ème de couverture, 1993).
C'était le vendredi, dernier jour de classe avant les vacances de Noël. La maîtresse quitta la cour au beau milieu de la récréation de l'après-midi, et ne revint pas.
Elle était entrée dans la classe de la directrice qui se tenait debout prés de la fenêtre, bras croisés dans une attitude frileuse comme si la grisaille, derrière la vitre, s'infiltrait en elle.
Le ciel avait disparu depuis le lundi précédent, emportant avec lui le paysage. Comme si les nuages de cette fin décembre pesaient infiniment, remplis de ce qu'ils avaient pu avaler sur leur parcours, en traversant l'année. Les brumes épaisses et roulantes s'étaient couchées sur le pays briard.
La directrice désigna à la jeune femme le téléphone décroché, sur le bureau, et reprit sa position bras croisés. Aux premiers mots prononcés par Dominique Xadé, la maîtresse, dans l'appareil, la directrice cessa de feindre le détachement et, au fur et à mesure de la conversation, une expression soucieuse et compatissante se dessina sur son visage. On entendait les cris et les rires tourbillonnants des enfants, dans la cour.
Dominique raccrocha. Elle était pâle, après ces deux ou trois minutes de conversation laconique, mais adressa à la directrice une mimique qui se voulait vaillante, une courageuse tentative de sourire.
- Quelque chose ne va pas, Dominique ? s'enquit madame Liburt.
Il fallait qu'elle sente pointer des événements extra-professionnels inhabituels pour se souvenir des prénoms de ses institutrices.
- Je pense…je crois que oui, madame, admit Dominique.
- Ce monsieur est de votre famille ?
- Pas exactement…
Pensive et le regard ailleurs, Dominique gardait aux lèvres cette esquisse de sourire à laquelle elle était parvenue.
- Mon propriétaire, dit mademoiselle Xadé.
Si des couleurs lui étaient revenues aux joues, elles étaient presque trop violentes, trop marquées sur le fond de pâleur du visage.
- Mon propriétaire, monsieur Garcin, dit Dominique. J'ai… il a eu un début d'incendie dans la maison…
- Mon Dieu !
- Il faudrait que…. est-ce que je peux m'absenter, madame Liburt ?
Madame Liburt, bien entendu, ne s'opposa pas à ce que Dominique ampute d'une heure cette dernière journée avant les vacances. Elle posa deux ou trois questions derrière lesquelles on devinait, piétinant, des curiosité avides. Puis elle tenta de rassurer :
Un début d'incendie, Dominique, ce n'est qu'un début d'incendie, en somme, et nous n'avons pas entendu la sirène des pompiers. Ce n'est peut être pas très grave. Ne vous précipitez pas sur ces routes de brouillard, n'allez pas avoir un accident, en plus….
La Liberté de l'est
La Liberté des livres, 15 juin 1993. Raymond PERRIN
L'enfant, messager malgré lui
Pour son entrée dans la collection Souris Noire plus, Pelot a concocté un récit finement ciselé, aussi soigné sur le plan de l'écriture que dans la création de l'atmosphère. Surtout, il campe des personnages qui imposent leur présence au bout de quelques lignes.
La veille de Noël, dans un cadre inhabituel pour le romancier : la région de Meaux, une maîtresse d'école s'absente précipitamment avant la fin du cours. Son appartement a été saccagé par un visiteur à la main gantée.
Parmi les enfants qui sortent de l'école avant l'heure, il y a Basile, un garçonnet passionné par les décorations lumineuses érigées sur la place du village. C'est là qu'il rencontre Livio, un jeune homme à l'allure apparemment sympathique, lequel Livio inspire sa confiance puisqu'il dît connaître sa maîtresse… Rassuré et le plus innocemment du monde, l'enfant conduit l'agresseur vers sa victime… Au moment fatal, le garçon saura-t-il vaincre l'angoisse qui le paralyse ? Parce qu'il a partagé ses rêves de dinosaures et d'espoir en cette veille de fête, parce qu'il dispense juste assez d'humanité pour empêcher la folie d'éclore, Basile est bien le Père Noël.
Une fois de plus, Pelot confronte deux êtres différents, par l'âge, les préoccupations, les rêves ou les peurs. Malgré le péril, le drame imminent, un dialogue s'instaure et un espoir de compréhension mutuelle demeure. De quoi adresser un gros clin d'œil à ceux qui considèrent, à tort, l'univers pelotien trop désespéré !
Livres Service Jeunesse
Revue de critique et d'information sur la littérature de jeunesse (Saint-Mandé). N° 126, septembre 1994. Christiane GUILLON, Aude JOLY, pages 26-27
Un mystérieux coup de téléphone a obligé Dominique, l'institutrice de la classe de Basile, à quitter ses élèves qui se trouvent libres plus tôt que prévu.
Basile part seul admirer les décorations de Noël installées depuis quelques jours dans son petit village de la Marne. Au cours de sa promenade, il rencontre un homme tout de noir vêtu qui lui pose toutes sortes de questions sur son institutrice.
Pendant ce temps, Dominique, l'institutrice, a constaté le saccage de son appartement et s'est réfugiée chez un ami, Nicolas, réparateur de jouets.
Un drame se noue. La tension monte : le père de Basile, inquiet de ne pas le voir rentrer de l'école, le cherche. Il apprend que l'enfant a été vu en compagnie d'un homme en noir. Basile, pas méfiant, a raconté à Livio - l'homme en noir - que Dominique fréquente Nicolas ; il accepte de le conduire jusqu'à sa maison. L'homme possède, dans sa voiture, un fusil à canon scié...
On ne raconte pas la fin d'une histoire policière! Sachez seulement qu'elle a pour thème la vengeance, une vengeance aveugle et sourde, alimentée par la croyance en une trahison...
Construction parfaite de l'intrigue et de son déroulement, situations crédibles, richesse du vocabulaire font de ce roman policier une bonne récréation pour amateurs de suspens. Les fans de Pelot le retrouvent ici avec plaisir.
Le Monde
30 janvier 1998, Ph.-J. C.
Si les rééditions sont nombreuses - Syros entendait ne pas faire coexister l'ancienne et la nouvelle formule, d'où la nécessaire reprise de titres "phares" de la Souris (signés Franck Pavloff, Malika Ferdjoukh, Béatrice Nicodème, Marie et Joseph, Jean-Hugues Oppel ou Pierre Pelot pour les premiers rhabillages) -, les nouveautés font mieux que bonne figure.
Page créée le dimanche 16 novembre 2003. |