Les Larmes de la jungle

 
 
  • Pierre Pelot
  • 1991 | 137ème roman publié
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Date et lieu

Décembre 1988, en Amazonie.

Sujet

Un peu avant l'aube, Joa se leva. Il n'avait pratiquement pas dormi. Il roula son hamac et le ficela autour du canon du fusil... Dans sa poche quelques pépites, à ses côtés Irma, belle et mystérieuse, dans son cœur l'esprit de la forêt et dans ses yeux l'espoir.

Au-delà des lianes inextricables de la jungle amazonienne, Joa part à la conquête de son destin. (4ème de couverture, 1991).

 

Éditions

Couverture de Morgan.

  • 1ère édition, 1991
  • Paris : Rageot, juillet 1991 [impr. : 07/1991].
  • 19 cm, 124 p.
  • Illustration : Morgan (couverture).
  • (Cascade-Aventure).
  • ISBN : 2-7002-1130-8.
  • Prix : 35,00 F.
  • Titre de travail : Xapuri.
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    Première page

    C'était le 21 décembre.

    L'homme était là depuis trois jours. Il était descendu d'un avion - il n'était pas de ceux qui voyagent par le fleuve. On avait vu sa silhouette mince et voûtée, sur le bord de la piste, dressée au-dessus des flaques brillantes, dans la lumière grise. Puis le ciel s'était renversé. L'homme maigre avait couru, sans grâce, avec raideur, le geste hésitant entre son chapeau et son sac de marin qui glissait de son épaule.

    Les gens viennent, par les airs ou par le fleuve, quelquefois même à travers la jungle ; ils prennent place, ils ne disent rien, ou ce qu'ils veulent, quelle importance ? La raison évidente pour laquelle ils sont ici, sur la piste de Dovera ou sur le garimpo, c'est l'or. C'est tout simplement l'or. Ouro.

    Celui-là, cet homme à la silhouette mince et plate, au visage osseux, n'a pas cessé de dire qui il était, ce qu'il voulait, ce qu'il était venu faire sur le garimpo Dovera. Son nom - avait-il dit - était Juan Feirra. Mais tout le monde l'appela "el periodista" - le journaliste. Tout le monde, même les filles du bordel au bord de l'eau, quand elles eurent compris que caro mio ne lui convenait guère et qu'un tel homme, avec un regard tellement silencieux pour des lèvres qui ne l'étaient pratiquement jamais, ne serait pas de leurs clients.

    Il était donc journaliste, travaillait pour Manchete et faisait un papier sur les chercheurs d'or. Non seulement ceux du rio Jurua, mais tous ceux des garimpos en activité les plus connus de la Regiao Norte. Dovera était récemment sorti de la jungle, avec sa piste en bord de fleuve, d'à peine deux cents mètres de long, taillée dans l'épaisseur de la forêt.

    Le journaliste était allé partout où ses pieds pouvaient l'emmener, en trois jours, sur la piste et ses alentours. Et, bien sûr, du côté des dragues bruyantes sur le fleuve, en aval comme du côté des trous dans la boue de la forêt. Il était descendu dans les excavations, il avait parlé à tout le monde ou presque, il avait écouté tout le monde ou presque.

    Il avait écouté les filles qui avaient accepté de se faire photographier, sauf Inès, et lui avait raconté leur vie. Elles avaient toutes été secrétaires à Manaus ou Belém, et même une de Joao Pessoa, elles avaient toutes déjà connu au moins un garimpo dans leur carrière avant d'échouer ici, sur le Jurua, locataires d'une chambre dans l'établissement de Manolo Desterro…

    Il avait écouté Monolo Desterro, propriétaire du seul bâtiment protégé par des barbelés et une enceinte de grillage - le bordel -, ainsi que de la piste, construite sur un morceau de terre acheté pour une poignée de cruzados.

     

    Épigraphes

    Si ma mort pouvait renforcer notre lutte, cela vaudrait la peine de mourir. Mais l'expérience nous enseigne le contraire. Je veux vivre. Une manifestation et un enterrement ne sauveront pas l'Amazonie ("Chico" Mendes, Jornal do Brasil, décembre 1988).

    Si vous me poursuivez en justice, et si vous gagnez, vous pouvez commander votre cercueil (Lettre d'un propriétaire terrien au président du syndicat agricole de Pancas, en septembre 1986. L'homme est tué le 5 février 1988).

     

    Revue de presse

    L'Événement du jeudi

    21 novembre 1991, N° 1601, page 140. Olivia RECASENS

    Brésil, années 80. La fièvre de la sève blanche a cédé la place à celle de l'or. Joa, un jeune Indien, part à la recherche de son père qui a rejoint Chico Mendes. A la tête de son syndicat, Mendes lutte face aux grandes compagnies qui veulent saigner la forêt et refouler les Indiens pour y tracer une route. Un voyage initiatique sur toile de fond répétitive, alignant cafés aux murs qui transpirent, bordels humides et baraques de tôle où vivent les chercheurs d'or : les garimpeiros. Pierre Pelot crée autour de Joa des rencontres variées mais sans saveur, qui vont des Americanos aux poches pleines de dollars à Feirra le journaliste. Le seul personnage attachant reste la nature brésilienne, désordonnée et toute puissante, à l'image du capricieux fleuve : le Rio Branco, et des Yoshins : les esprits de la forêt.

     

    Page créée le samedi 15 novembre 2003.