Dylan, quittant sans doute le Nouveau Mexique pour le Texas (il arrive par "la piste de Langtry"), serait-il sur la route du retour vers l'Arkansas, sa terre natale, quittée pour une vengeance déjà lointaine et aussi pour une quête inaboutie : la recherche d'un frère disparu pendant la guerre ? Pour l'amour d'un cheval qui savait rire, à Falaguel, au fond d'un Texas belliqueux, cinq hommes fort différents (deux métis : l'un hopi appelé Man, l'autre mi-mexicain, mi-navajo, un "gringo" du Nord, un Noir et un Mexicain) se passionnent pour Grand Blanc, un superbe étalon qui dirige une harde. Ils font le pari de le capturer quels que soient les risques et malgré les rivalités qui apparaissent dès que mille dollars sont en jeu. Mais les victimes jalonnent la piste qui mène jusqu'en territoire apache. Et la victoire est peut-être pour celui qui, en retrouvant son humanité, recouvre aussi le sens du mot "liberté"... (Raymond Perrin, Dylan Stark 2, Lefrancq, 1998).
La petite histoire... Pour des raisons éditoriales, Pelot a caché Dylan Stark, son héros métis cherokee, sous les traits de Man, le métis hopi dont l'apparence physique ne trompe cependant pas : même "visage brun, taillé rudement comme un éclat de roc", semblables "yeux pâles à demi fermés" chez ce "type solitaire", armé d'un Remington et arrivé par "la piste de Langtry" ! Cet ouvrage était terminé fin 1973 (les deux auteurs l'annonçaient chez Hatier-Rageot "pour la fin de l'année" (L'Alsace, 3 octobre 1973) ou "dans le courant" de 1974 (L'Est républicain, 7 octobre 1973). Il fut oublié pendant neuf ans dans un tiroir par l'éditeur… Il présente pourtant l'originalité de mêler de superbes vignettes de B.D., dues au talent de Claude Auclair, au texte de Pelot sans qu'il y ait redondance, mais bien au contraire, avec une belle complémentarité.
Ce pays s'appelle le Texas. Des hommes sont venus qui lui ont donné ce nom.
Le ciel y est immense, comme nulle part ailleurs. Le soleil n'y ressemble à aucun autre soleil. La terre est unique, rouge et grise, comme parfois malade, fantastique, plane sur des centaines de milliers de miles, ou bien échevelée, déchirée, dressée vers d'innombrables dieux invisibles. Les sierras crient et se tordent depuis le commencement des temps, sans que personne prenne la peine d'écouter. Le vent raconte, lui aussi, d'incroyables chansons qui roulent sur la plaine, les sierras et les chemins des hommes. Et qui écoute le chant du vent ?
La rivière Pecos traverse une partie de ce prodigieux dénuement, comme se coule un serpent à cornes. La Pecos est pauvre car elle lutte à chaque instant contre le soleil, le vent et le sable. Elle croise parfois sur son chemin un troupeau de bœufs qui broutent la poussière, et se distrait un instant aux cris des vaqueros.
Et puis la rivière se marie au Rio Grande, en ce lieu que malmène une frontière.
Falaguel, c'est quelque part dans ce coin oublié, quelques miles avant le mariage des eaux. Falaguel ne figure sur aucune carte, et il faut être perdu, ou voyager sans but, pour y arriver un jour. Rien qu'un trou à serpents dans la caillasse blême au bord de la Pecos argentée.
Si quelqu'un d'aventure, vous demande la route pour Falaguel, s'il cherche à rejoindre ce trou, il ne peut s'agir que d'un fou, de quelqu'un qui veut se faire oublier de la civilisation pour un moment… ou bien d'un pauvre type que le soleil a déboussolé. On ne va pas à Falaguel : on y arrive par hasard. Et la meilleure chose à faire, une fois dans la place, c'est de reprendre la piste bien vite pour la Sierra Charrote, ou de retourner d'où l'on vient.
Un jour à Falaguel, ça va. Deux, c'est la limite de la sécurité. Au troisième il reste une toute petite chance d'avoir encore envie de s'en aller. Après… après, c'est fini, il est trop tard : vous êtes à Falaguel et n'éprouvez plus l'envie d'en sortir, prisonnier de l'endroit. Plus perdu que jamais.
Falaguel, c'est une sorte de piège.
Bulletin des Éditions de l'Amitié
N° 19 (?)
L'auteur : Dans ce livre, Pierre Pelot renoue avec la grande aventure de l'Ouest américain, un genre qu'il avait momentanément délaissé au bénéfice de science-fiction, policiers et cinéma.
L'ouvrage : A Falaguel, village perdu au fond du Texas, il ne se passe jamais rien. Écrasés par la chaleur, les hommes attendent la nuit pour se distraire et se battre. Et puis un jour, un pari va réveiller le village. Un étalon blanc qui mène une harde de chevaux sauvages a été aperçu dans les sierras qui barrent l'horizon. Cinq hommes décidés à tout vont alors entamer une chasse périlleuse pour capturer le fabuleux cheval blanc.
Argument plus général : Un superbe roman-western à la fois traditionnel et moderne. Seul un auteur comme Pierre Pelot pouvait parler ainsi d'hommes et de chevaux. Au-delà de l'intérêt dramatique et de la grande aventure, une réflexion personnelle sur la conquête de la liberté et le respect de soi-même et des autres.
Un livre passionnant qui s'inscrit parfaitement dans la collection Les Maîtres de l'aventure.
Autour du livre : L'ambiance des "westerns". Les chevaux sauvages, l'étalon et sa harde. Le rêve dans les yeux des hommes. Les paris audacieux et fous. Les grandes passions. Falaguel et Dallas.
Page créée le samedi 20 avril 2002. |