Pour fuir la vindicte de la veuve Strong et de ses consœurs du Mouvement pour la Défense de la Morale, Bennie Hart, heureux propriétaire du saloon de l'endroit et fameux lascar, se réfugie dans le coffre d'une diligence de la Butterfield Cie. Qulle n'est pas sa surprise, la diligence ayant pris à son insu le départ pour une compétition qui doit la mener en un temps record jusqu'à San Francisco, de se retrouver nez à nez avec Mrs Strong...
Mais les événements se précipitent et c'est à une véritable
chevauchée fantastique : tempête de sable, attaques par les desperados,
affrontement avec les Apaches, que Pierre Pelot nous convie dans ce western
particulièrement burlesque et palpitant. (4ème de couverture, 1970).
La petite histoire... Le héros et narrateur se nomme Bennie Hart : il
est le Bob Hart de la première BD de Pelot, demeurée inédite, et dont on
retrouve un avatar dans Le Train ne sifflera pas trois fois…
La vie est parfois bizarre.
Je vais vous en donner la preuve : par exemple, si je n'étais pas monté à bord de ce bateau à roues, un jour de janvier 1858, je ne serais pas en mesure, aujourd'hui, de raconter l'histoire qui suit.
Ce bateau s'appelait le Père-des-eaux, je m'en souviens comme si c'était hier. Il partait de la Nouvelle-Orléans et remontait le Mississippi, jusqu'à Saint-Louis - ce qui était un fameux voyage, à l'époque.
Je déambulais sur les quais, ce jour-là, comme par hasard, sans le moindre projet en tête. C'est-à-dire que... A la vérité, j'avais peut-être un projet immédiat, je l'avoue, et il consistait à me noyer dans la foule.
C'est qu'en ce temps-là j'étais un tout jeune homme. Plein de vie et de santé, mais la tête un peu vide. J'était encore naïf et riche de belles illusions ; je me croyais capable de conquérir le monde à la seule force des poignets. Tout cela me fait rire, à présent - n'y voyez pas de l'amertume, ou je ne sais quoi d'approchant ! pas du tout : en vérité, je suis bien content d'avoir vécu comme j'ai vécu, et ma vie fut cousue d'aventures fantastiques. J'ai peut-être des regrets, mais certainement pas celui d'avoir manqué la conquête du monde, vous pouvez me croire sur parole !
Mais je m'égare. C'est un de mes défauts : je commence à raconter quelque chose, et voilà que trente-six mille souvenirs pointent au fil de ma mémoire... Il faut que je corrige cette tendance à la dispersion.
Donc, je marchais ce jour-là sur les quais de La Nouvelle-Orléans. Pour ce qui est d'être noyé dans la foule, je l'étais tout à fait. Les quais de cette ville, lorsque les grands show-boats arrivaient ou partaient, c'était quelque chose de véritablement fabuleux. Mais je passerai sur le côté pittoresque ; en réalité, cette foule était une cachette idéale.
Eh oui, c'est vrai : je me cachais.
Le Journal du livre populaire
N° 2, mai 1982
Dessin de Pelot en couverture, et trois bandes en bas des pages 10 à 12 : le début des aventures de Bob Hart.... En page 2, une présentation (anonyme) :
C'était un après-midi d'hiver, au cours d'une de nos longues conversations téléphoniques, Pierre Pelot me parlait des quatorze derniers livres qu'il venait tout juste de publier. "Et la bande dessinée", lui dis-je, "quand donc te décideras-tu à écrire des scénarios ?". "C'est en projet", me répondit-il, "avec Franz, Crespin, je ne sais pas...". Je ravivais la braise du mégot qui pendait à mon bec alors que l'ami vosgien continuait : "Sais-tu que, il y a longtemps, j'en ai fait de la BD ?" "Avec quel dessinateur ?", m'empressais-je de demander, fulminant à l'avance de ne pas posséder cette pièce dans ma collection. "Avec personne, je dessinais sur mes scénarios". "Tu dessinais ?...". "Oui, je m'étais amusé à réaliser une histoire. Non, deux. Mais ensuite, je n'ai pas persévéré dans le dessin, et je n'ai jamais vraiment cherché à faire publier ces oeuvres de jeunesse".
Le CHOC.
Le Grand Choc. Ainsi Pierre Pelot-Suragne, l'écrivain de science-fiction, de western, de policier ; l'écrivain politique et l'auteur pour jeunes, le père d'une centaine de romans et le lauréat d'une trentaine de prix, savait "aussi" dessiner.
Injonction de me montrer cette rareté lui fût aussitôt prononcée. Et, quelques jours plus tard, Pierre se risquait à me confier cette pièce d'archive. Imaginez un peu : 88 demi-planches en couleurs, pour un scénario et un graphisme en provenance directe du Spirou de notre jeunesse.
Aussi avons-nous décidé de publier La Poussière de la piste, la première BD entièrement réalisée par Pelot. Chaque mois, quelques strips - malheureusement en noir et blanc - qui, s'ils ne révolutionnent en rien le 9ème art des années 80, révèlent en tout cas un créateur de talent, dans le contexte des publications de cette époque - 1963.
Pour les collectionneurs farouches, signalons que Pierre Pelot a écrit et dessiné une autre bande de 44 pages en 1964/65, mais que celle-ci, envoyée à un éditeur danois qui cherchait ce genre de curiosité, fut perdue avec l'éditeur.
Page créée le lundi 20 octobre 2003. |