La Peau de l'orage

 
 
 

Date et lieu

Dans les Vosges, en 1972 et en 1772.

Sujet

Alice est jeune et jolie. Elle est aussi de ceux que l'on nomme occasionnellement des beatniks, et qui voyagent au hasard des routes, parfois en dehors des routes, au gré de leur fantaisie. Et c'est la route qui mène Alice, un jour, dans ce coin perdu de la montagne vosgienne, où elle rencontrera le père et aussi celui-là qu'on appelle Porte-Close, muet, un peu idiot, au regard terriblement brûlant.

Elle rencontrera également l'orage. Et Luc, grand, beau, fort. Qui lui aussi est un marcheur. Qui lui aussi ne fait que passer, à ce qu'il dit. Le hasard seul a-t-il poussé Alice dans cet endroit ? Ou bien… ou bien est-ce autre chose ? (4ème de couverture, 1973).

 

Éditions

Couverture de Michel Gourdon.

  • 1ère édition, 1973
  • Paris : Fleuve Noir, II/1973.
  • 18 cm, 234 p.
  • Illustration : Michel Gourdon (couverture).
  • (Angoisse ; 235).
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    Couverture de Jean-Marie Staub.

  • 2ème édition, 1980
  • Paris : Fleuve Noir, I/1980.
  • 18 cm, 220 p.
  • Illustration : Jean-Marie Staub (couverture).
  • (Super luxe Horizons de l'au-delà ; 80). Collection dirigée par Patrick Siry.
  • ISBN : 2-265-01227-0.
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    Couverture de Philippe Jozelon.

  • 3ème édition, 1997
  • Paris : Fleuve Noir, septembre 1997 [impr. : 09/1997].
  • 18 cm, 637 p.
  • Illustrations : Philippe Jozelon (couverture), photos anonymes de Pierre Pelot en p. 7 et sur la tranche.
  • (Bibliothèque du fantastique). Collection dirigée par François Ducos.
  • ISBN : 2-265-05745-2.
  • Prix : 69,00 F.
  • Texte pp. 15-168. Quatre romans en un volume : La Peau de l'orage (titre générique de l'ensemble), suivi de : Duz, Je suis la brume, Brouillards. Préface (pp. 9-13) de François Sarkel. Bibliographie chronologique des romans et des nouvelles de Pierre Pelot établie par Raymond Perrin, Damien Didier-Laurent et François Sarkel (pp. 613-631). Suivie d'une "filmographie et pièces de théâtre" par Raymond Perrin (pp. 633-635). Édité sous le nom de Pierre Pelot. Avec un bandeau : "Pelot fantastique - Quatre grands romans".
  • Première page

    Il fit bien des efforts pour résister au malaise, espérant naïvement lui échapper. Il avait grandi, n'est-ce pas ? Il était presque un homme, à présent, et il y avait bien longtemps que le malaise n'était venu le visiter. Avant, il était encore un enfant, sans force, sans volonté. Quelque chose de tout à fait malléable. Mais maintenant...

    Oui, il fit bien des efforts, cherchant à s'isoler des cris, du bruit ronflant de la moto-faucheuse qui couchait l'herbe en vagues régulières, guidée par le père. Faire le vide, et oublier jusqu'aux odeurs bleutées qui s'envolaient derrière le monstre mécanique, oublier les odeurs de l'herbe écrasée de soleil.

    Il essaya.

    Bien vite, il dut admettre que le malaise était plus fort que lui, plus fort que tout. Il était presque un homme, certes, avec ses dix-sept ans d'âge, mais cela ne comptait pas. Il n'était pas de taille à lutter contre la bête invisible, venue de nulle part, et qui posément prenait possession de son cerveau, de son être tout entier.

    IL s'arrêta, tout net, les pieds dans l'herbe morte. Le père, courbé sur la moto-faucheuse, les bras noués aux poignées de l'engin, continua de s'éloigner tout droit, sans rien remarquer.

    Lui, le fils, il demeura planté comme un pieu, le regard vide et fixe, sans vraiment voir. Les bruits s'estompaient graduellement, alentour. Maurice du Haut cria quelque chose qu'il fut incapable de saisir distinctement. Ce n'était pas important. En lui le malaise était comme un boule sèche, nichée au creux de l'estomac, grandissant sans cesse et lui mangeant les nerfs les uns après les autres. Ses jambes se mirent à trembler, et il leva son râteau, queue plantée dans le sol, s'appuyant sur la hampe.

    Il transpirait. La chaleur ambiante n'avait rien à voir à l'affaire.

    Quand le malaise était-il né ? Exactement ?...

     

    Revue de presse

    Fleuve Noir informations

    Avril 1973

    Alice est jeune et jolie. Ses vacances, elle les passe en beatnik. C'est peut-être le hasard qui la pousse en dehors des routes de circulation, dans ce coin perdu de la montagne vosgienne. Il y a cet orage soudain grâce auquel Alice fait la connaissance d'un groupe de paysans.

    Elle acceptera leur hospitalité en échange de quelques travaux. La présence de la jeune fille va dénouer le drame. Une simple présence, et les légendes maudites qui flottent sur l'endroit vont se dénouer brutalement…

     

    Fiction

    N° 237, septembre 1973. Denis PHILIPPE, pp. 172-173

    Six ouvrages d'angoisse ou d'horreur sont étalés sur mon bureau, et me regardent avec la même ironie torve que les monceaux de livres rejetés par la marée bimestrielle sur la table de Bertrand. On ne l'aurait pas cru il y a quelques années, mais le fait est là : la littérature fantastique a toujours bon pied bon œil, ce qui enfonce une écharde acérée dans le talon de Gérard Klein qui annonçait naguère sa disparition en tant que genre ne répondant plus à la demande d'aucun groupe socioculturel, le temps de la "surnature" ayant sombré définitivement. Pourtant, et si l'on se réfère cette fois à Kurt Steiner-André Ruellan et à sa causerie de Trieste (où il était invité d'honneur à la Convention d'août 1972), la littérature d'épouvante répond à un besoin psychologique, car elle remplit une fonction de défoulement et de transfert : on se libère des peurs bien réelles de notre existence de plus en plus sujette aux agressions diverses, en choisissant, bien au chaud dans un lit ou dans un fauteuil, les peurs fictives que nous délivre sans danger un bon roman d'angoisse...

    Même si le genre a flotté avec la disparition de séries mal adaptées (parce que trop chères et ne choisissant leurs textes que parmi les auteurs du passé : Belfond avec Lovecraft et Maurice Renard, Bourgois avec Lovecraft, Derleth, Machen...), il subsiste et même prolifère avec la collection Angoisse du Fleuve Noir, qui va prochainement fêter ses vingt ans d'existence et est passée depuis peu à deux volumes mensuels, et avec la série Fantastique de Marabout, qui a à peu près la même productivité. Une troisième collection, la Bibliothèque de l'étrange, aux Éditions Galliéra (signalée à plusieurs reprises par Bertrand), est récemment apparue sur le marché et compte déjà dix volumes à l'heure où j'écris ces lignes : Fiction y reviendra prochainement pour une étude "en bloc" plus détaillée...

    Mais place au grand ancien : la collection Angoisse. Elle semble depuis cette année être en proie à la même opération de renouvellement qui bouleverse depuis trois ou quatre ans sa sœur Anticipation. C'est une bonne chose car, avec les sempiternels Maurice Limat, Dominique Rocher ou Dominique Arly (dont je n'ai jamais parlé dans Fiction, et pour cause !), le lecteur n'avait pas grand chose à se mettre sous la dent. Il faut cependant noter que cette opération n'est pour l'instant qu'à demi réussie, car la plupart des "nouveaux venus" débarquent en réalité d'autres collections de la même maison : Béra, Rayjean, Arnaud... et Suragne. Il convient pourtant de dire quelques mots du premier Angoisse de ce jeune et prolifique auteur que j'ai signalé plusieurs fois comme étant la grande révélation 1972 d'Anticipation : La Peau de l'orage (beau titre et belle couverture de l'inégal Gourdon) est un roman campagnard (il se situe dans un petit village vosgien) dont la trame se déroule sur deux plans temporels parallèles. Dans la partie contemporaine, on assiste aux amours de deux jeunes gens, Alice et Luc, qui ont "pris la route" et se rencontrent dans une ferme où ils ont proposé leurs services pour quelques jours. Dans les séquences historiques (qui sont plus que des flash-back puisqu'elles occupent près de la moitié du roman), on est transporté au XVIII° siècle, à l'aube de la fondation du village, pour assister à la liaison à parfum de sorcellerie et de blasphémation d'un prêtre et d'une gitane.

    Les deux lignes de récits ne sont pas absolument analogiques (c'eût été un effet trop facile que Suragne a évité), et elles ne convergent - comme toutes bonnes parallèles au bout de la perspective !- qu'en fin de volume, pour une double conclusion qu'on devinait aisément tragique, et qui apporte au lecteur la clé de leur lien temporel. Le scénario n'est certes pas original, mais Suragne a su lui donner de l'intérêt grâce à une construction précise, un suspense toujours soutenu, et surtout une écriture chaude, colorée, charnelle, qui nous rappelle, s'il en était besoin, qu'il possède une patte, un style. Il suffit de lire par exemple la séquence nocturne où Alice, fille de la ville, s'abreuve des délices simples d'un oreiller de plumes et de draps propres dans une vieille chambre où reposent des aulx odorants et des champignons séchés, pour goûter toute la sensualité de sa prose. Dire que La Peau de l'orage est une grande réussite serait naturellement exagéré, car on n'y a jamais réellement "peur", et le charme est plutôt dû au pittoresque qu'à une véritable dimension tragique, mais c'est quand même un ouvrage qui tranche sur la plupart de ses frères de collection : dans le genre "angoisse bucolique", Suragne enfonce Rayjean de cent coudées sous la terre !

     

    Sud-Ouest dimanche

    19 octobre 1997. François RAHIER

    Angoisses

    Sous le pseudo de Pierre Suragne, Pelot a publié trois romans dans la célèbre collection Angoisse du Fleuve au début des années 70. On les retrouve dans ce gros bouquin, avec un quatrième titre relevant du même genre. Accompagné d'une préface, de l'imposante bibliographie de l'auteur et de sa filmographie, l'ouvrage constitue une excellente introduction à l'univers de Pelot, ce pays vosgien hanté par des fantômes immémoriaux et des obsessions résolument modernes. Au même moment, Pocket réédite un autre récit de terreur, paru chez Denoêl en 1983 : La Nuit sur terre.

     

    La Liberté de l'Est

    22 octobre 1997. Raymond PERRIN

    Pierre Pelot : come back puissance 4

    En attendant la parution du deuxième tome de sa saga préhistorique prévue début 1998, Pelot offre à chacun l'occasion, grâce à des rééditions automnales, d'apprécier cinq facettes de son talent multiforme.

    [...] Heureusement, le fantastique est mieux servi par le Fleuve Noir. Pelot fit sa première intrusion dans le genre, sous le pseudonyme de Suragne, par le biais de la mythique collection Angoisse (recherchée par les collectionneurs) et qui renaît à la nouvelle Bibliothèque du fantastique de François Ducos où l'on regroupe quatre romans en un volume de prix modique avec, en prime, la bibliographie et la filmographie complète du romancier. Trois récits sur quatre ont pour cadre les Vosges, et tous mêlent les ingrédients classiques du fantastique et de la modernité.

    La Peau de l'orage éclate un jour de fenaison alors qu'Alice a débarqué en auto-stop dans les Hautes-Vosges. Elle vivrait avec son nouvel ami Luc des amours merveilleuses si les lieux n'étaient pas maudits depuis deux siècles. Ce roman envoûtant plonge dans le passé du village de Pelot où l'abbé Maljean, damné autrefois pour l'amour d'une gitane, surgit du XVIII° siècle pour voler, au XX° siècle, un partenaire à son amant. [...].

     

    Page créée le mardi 14 octobre 2003.