Le Nouveau Mexique sera vraiment pour Dylan le pays de la confusion. Pris pour un chasseur de primes, métis comme lui, on lui tire dessus et son arrivée suscite la méfiance. Il se lie néanmoins d'amitié avec un chercheur d'or, le vieux Clyde, l'homme des monts déchirés.
Ce dernier est faussement accusé d'avoir engagé un mercenaire pour tuer Caomett, un puissant propriétaire de ranch. Après maintes péripéties, qui permettent de dénouer peu à peu l'écheveau d'une intrigue complexe, Clyde et Caomett font la paix, et Dylan peut reprendre sa route. (Raymond Perrin, Dylan Stark 2, Lefrancq, 1998).
L'instant d'avant, les yeux à demi clos dans la forte réverbération du soleil, il fixait par-delà les talus pauvrement herbus cette lointaine chaîne de montagnes déchirées, incroyable dentelle violacée, pâle, au bout du ciel tremblant. La barre chaotique n'était distante que de quelques miles, mais la torride pesanteur de l'air doublait pour l'œil cette distance.
A Feadaws Creek, on lui avait dit : "De tous les ranches du coin, c'est chez Caomett qu'on embauche le plus facilement. Son ranch est à quatre miles d'ici, plein sud-ouest." On lui avait précisé : "Y a une piste, tu verras…".
Il y avait effectivement une piste : simple trace qui cheminait à travers les pâtures, déroulait ses lacets au pied de soudains escarpements raides. Il avait suivi la trace. C'était peu après midi et Dylan Stark venait juste de franchir le cours presque sec d'une sorte de rivière caillouteuse. Autour de lui, le paysage s'était dressé subitement comme une curieuse menace, totalement métamorphosé. L'herbe était plus rare, mangée par des tonnes de caillasse, en traînées laiteuses, des ergots incroyables et blêmes. Comme si, aux premiers temps du monde, il se fut trouvé là un canyon, ou une gorge quelconque taillée dans le roc par ce qu'il restait du cours d'eau.
Il plissa les yeux davantage car la réverbération était presque cruelle ici.
Il ne vit rien.
Mais le rauque gémissement du plomb lui emplit les oreilles. Dans le même temps, le tonnerre d'une détonation lui perforait brutalement les tympans, sèchement éclatée, déjà répétée, indéfiniment, par un écho sardonique. Arraché de la torpeur profonde dans laquelle l'avait plongé le pas régulier du cheval. Dylan sentit littéralement son cœur se remettre en marche, après le choc. Un petit geyser de poussière achevait de se dissoudre, sur une pointe de roc, à quelques pas devant lui. On apercevait clairement la griffure de l'impact sur le rocher.
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Page créée le samedi 20 avril 2002. |