De Soleil et de sang

 
 
 

Date et lieu

De 1804 à 1959, en Oklahoma.

Sujet

En neuf récits, (Pierre Pelot) brosse une fresque de la naissance et de l'essor de la jeune république américaine à travers les habitants successifs de Pawhuska-Town,

une cité comme toutes les autres de ce pays où chaque homme vaut son pesant de liberté (4ème page de couverture, 1967).

 

Édition

L'Ouest où meurent et naissent les hommes.

  • 1ère édition, 1967
  • Verviers (Belgique) : Gérard & C°, 1967.
  • 18 cm, 280 p.
  • Illustration : couverture anonyme.
  • (Marabout Géant ; G276)
  • Cet ouvrage, dont le titre de travail était : Pawhuska Town, est sous-titré : L'Ouest où meurent et naissent les hommes.
  • Il comprend neuf nouvelles qui se suivent et se répondent (et nous préférons le considérer comme un roman plutôt que comme un recueil) :
    • Pawhuska, 1804, pp. 5-49.
    • Jed Uvehee, 1824, pp. 51-102.
    • L'Indien, 1830, pp. 103-122.
    • Fièvre!, juillet 1852, pp. 123-149.
    • Len, 1860, pp. 151-185.
    • Chris Showens, 1866, pp. 187-210.
    • Avah-Ovomb, 1873, pp. 211-219.
    • Cheek Mudsen, 1882, pp. 221-250.
    • Old John, 1891-1959, pp. 251-280.
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    Première page

    Pawhuska, l'homme, était heureux. Pawhuska avait le cœur gonflé de joie.

    Il talonna doucement sa monture, d'un léger battement de jambes. Le cheval secoua sa crinière noire, ornée de plumes. Il n'accéléra point le pas paisible de sa course, acceptant l'encouragement des coups de talons comme un signe de joie et non comme un ordre pressant de l'homme.

    Dans un silence presque complet, les sabots du cheval foulaient l'ancienne coulée de gibier, devenue sentier sous la marque de mille et mille sabots, de mille et mille mocassins.

    C'était la première saison de l'année, le début même de cette première saison.

    Là-bas, sur les lointaines collines avant la montagne inviolée, la neige d'un hiver dur commençait à fondre. Dans le ciel, le soleil ivre semblait tituber, mais il allait bientôt se reprendre ; cela se sentait quand, au milieu du jour, sa clarté tremblante et déjà chaude dégringolait en centaines de milliers de rayons, zébrant la senteur neuve et fraîche de la forêt, dansant sur un vieux rameau sec, scintillant sur le murmure déjà menaçant d'un torrent, tachant la mousse velue ou le tapis d'épines, accrochant des larmes d'argent au vol des premières mouches. Bientôt crèveraient les premiers bourgeons, bientôt les herbes et les lichens calcinés par le gel retrouveraient leurs verts et leurs jaune d'une acidité à vous crever les yeux.

     

    Dédicace

    "Pour elle, que j'appelle Douce, et pour ses doigts dans les miens."

     

    Revue de presse

    Magazine Marabout

    1967

    Pierre Pelot : 22 ans, 13 romans

    Célèbre depuis un an déjà avec 12 romans destinés aux jeunes, un écrivain de 22 ans, Pierre Pélot, publie aujourd'hui un livre fort, bien adulte cette fois, écrit dans ce style auquel il nous a habitués : une écriture directe et percutante, mais aussi intérieure et poétique. Les images, chez lui, brillent et surprennent par leur justesse et leur beauté dans un texte que l'on savoure plutôt qu'on ne le lit. C'est un western, bien sûr.

    Depuis ses débuts, Pierre Pélot, fou de nature et de grand air, a été attiré par les espaces infinis du Far-West et par les hommes qui y ont vécu, aimé, souffert, y sont morts au terme d'une aventure grandiose, en donnant naissance à une des nations les plus puissantes du monde. Tous ses livres sont ancrés entre les Appalaches et les Rocheuses, tous témoignent d'un inextinguible amour de l'humain. De Soleil et de sang est l'histoire d'une ville née d'un événement fortuit, comme beaucoup de cités de l'Ouest, à l'origine simple campement d'un trappeur contraint de se reposer là, lourd des fatigues d'une trop dure étape. Sa femme, une squaw indienne, y meurt en couches et le lieu de ce drame devient légendaire.

    Puis d'autres hommes bâtissent leur cabane autour de ce premier feu et bientôt la minuscule localité reçoit le nom du trappeur, Pawhuska. Se succèdent alors les heures de gloire, de tragédie, de bien-être et de deuil. Les souvenirs font lentement de Pawhuska-Town une patrie véritable à laquelle tous les habitants se sentent attachés par toutes les fibres sensibles. En neuf récits bouleversants, Pierre Pélot nous fait assister à cette naissance d'une âme collective. Le petit peuple qu'il met en scène vit devant nous infiniment plus que des drames personnels. Sous le soleil de l'Ozark, c'est toute l'histoire d'un coin perdu de l'Arkansas, humide encore du sang des hommes qui l'ont bâti.

     

    Moins 20

    Novembre 1967

    Pierre Pelot est l'auteur d'une très bonne série de récits western dont le héros est Dylan Stark, métis de blanc et d'Indien qui connaît de singulières aventures à travers les États-Unis à la fin de la Guerre de Sécession. Cet auteur productif a entrepris avec ce roman la tache ambitieuse d'évoquer l'histoire de l'Ouest à travers celle d'une petite ville, Pawhuska, et de ses différents occupants. Son style est rapide, sa connaissance de l'Ouest tout à fait remarquable, bien qu'il soit français, et son amour pour le pays si évident qu'on ne peut que le partager. Cet écrivain de 22 ans fera parler de lui...

     

    Pilote

    Sans date

    Un nouveau titre dans la série western éditée par Marabout et signée par cet étonnant garçon de 22 ans qui a déjà écrit une quinzaine de romans : Pierre Pelot. De soleil et de sang, c'est l'histoire d'une ville de l'Ouest qui naît autour d'un feu de trappeur et qui sera comme les autres, le fruit du labeur des hommes, de leurs misères, de leur sang, de leur ténacité, de leur orgueil. Une littérature tonique.

     

    La Libre Belgique

    5 janvier 1968

    On ne sait d'où sort cet auteur qui vient de sortir une épopée. Mille romanciers emmanchent des westerns, mais Pierre Pelot se situe avant les westerns, avant les diligences et les saloons, à l'époque où Blancs et Peaux-Rouges ignoraient les vraies limites des États-Unis. Et encore, si les Indiens tournaient en rond dans leurs territoires de chasse, des Blancs comme Pawhuska marchaient vers l'Ouest, vers le prochain fleuve, la prochaine montagne dans l'espoir de voir la fin de ce monde sans fin.

    Pawhuska, c'est l'ami de l'eau et de la forêt, des bêtes et des hommes, l'aventurier pour qui chaque jour qui se lève apporte d'autres émerveillements. Quand s'arrête Pawhuska et qu'il se bâtit une maison pour sa femme et ses enfants, et surtout, quand d'autres maisons s'élèvent près de la sienne, on assiste à la naissance d'une ville américaine : il y aura des dancings et des saloons, les arbres reculeront, on domestiquera les fleuves, on fera fortune, on s'entre-tuera.

    Seul, un autre poète comme Pierre Pelot se sent assez de candeur pour raconter les commencements du Nouveau Monde.

    Pour adultes.

     

    Notes bibliographiques

    Bibliothèques pour tous, sans date

    De façon très vivante, l'auteur retrace la fondation d'une ville de l'Ouest américain qu'il nomme Pawhuska Town, en 1804, puis l'histoire de celle-ci jusqu'à nos jours : la ruée vers l'or, les luttes contre les Indiens qui dégénèrent souvent en massacres, l'implantation des Blancs et l'essor de leur commerce. Dans le dernier chapitre, la ville, délaissée pour une cité plus moderne, ne conserve plus qu'un intérêt touristique, on l'a transformée en ville-musée pour promeneurs du dimanche... "Pawhuska Town est morte", elle qui tremblait autrefois sous le galop des poneys indiens et des chevaux des cow-boys.

    Cette page de la conquête de l'Ouest semble assez bien documentée. Certes les ouvrages pullulent sur le sujet, mais l'ensemble se lit néanmoins avec intérêt. S'il y a beaucoup de violence - c'est un western sous forme écrite ! -, il y a aussi des sentiments très élevés, notamment chez les Indiens et chez certains des premiers conquérants, avant que l'alcoolisme et le désir forcené du gain aient corrompu ceux-ci et provoqué la dégradation de ceux-là. Pawhuska, le trappeur qui avait épousé une Squaw et perdit à la fois sa femme et l'enfant qu'elle attendait, a-t-il réellement existé ? Peut-être ; en tout cas le récit convient à un large public.

     

    Magazine littéraire

    N° 34, novembre 1969. Juliette RAABE, p. 57

    Les petits-fils de Fenimore Cooper :
    le roman western en France

    Vieux de plus d'un siècle, le western, genre romanesque par excellence, n'a pas cessé de nous surprendre. Tandis que l'Amérique (et le monde entier) découvre avec délice sur ses écrans, les fastes cinématographiques du spaghetti-western, le lecteur français adulte est convié à en retrouver les perspectives imaginaires à travers de modestes pages de livres. Curieux phénomène : on voyait des westerns, on n'en lisait pas. Jadis pourtant nos grands-pères se délectaient, leur vie durant, de Fenimore Cooper et de Mayne Reid ou de leurs imitateurs prodiges : l'Allemand Karl May et le Français Gustave Aimard. Et puis, progressivement, ces classiques se trouvèrent refoulés dans le domaine spécialisé de la littérature enfantine et sombrèrent les uns après les autres. Récemment, Curwood, London, Cooper, Mayne Reid eux-mêmes n'émergeaient plus qu'à grand peine… Bottes, blousons de peau, blue-jeans encombraient pourtant plus que jamais nos placards, même si nous avions passé depuis longtemps les douze ans. Manque d'imagination peut-être ? Pour nous, le Far-West, cela se tâte, se porte, se regarde ou s'écoute, cela ne se rêve pas. Ou plutôt, cela ne se rêvait pas. Car la situation est en train de changer. Mois après mois, la collection Western-Masque gagne des étalages… et des lecteurs. La petite bande verte, marquée au label Western, orne de plus en plus souvent les volumes de la Série noire et vient concurrencer la bande jaune Espionnage. Albin Michel, Robert Laffont, publient romans ou nouvelles venus du Far-West.

    Marabout possède son auteur spécialisé, le jeune Français Pierre Pelot [on cite en tête de cet article : De soleil et de sang]. Là, à portée de notre main, portative, peu coûteuse, disponible à toute heure, l'évasion s'ouvre devant nous. L'espace infini du désert balaie les pauvres terres cloisonnées de nos grandes villes. La Loi et l'Interdit s'affrontent au long d'une frontière mouvante au tracé toujours fluctuant. La violence explose, sans culpabilité. Le revolver, gadget du monde moderne, voisine avec le cheval, venu du passé. Au gré des pages, resurgissent les images poignantes et colorées tant de fois contemplées dans les salles obscures. Là, un adolescent se dégrade peu à peu et devient un tueur (Le Desperado, Clifton Adams). Ailleurs, un éleveur s'efforce de sauver son troupeau pris par une tornade (Cyclone sur Matagorda, Louis L'Amour). Un "juste" se dresse seul contre une sinistre bande de hors-la-loi (Les Vautours, Brian Wynne Garfield), et un petit représentant de commerce dans l'Ouest se trouve mêlé, malgré lui, à de sauvages règlements de comptes (Alias Tire-au-but, John Reese). Ces thèmes, ces personnages et bien d'autres nous sont familiers, mais les subtiles combinaisons qui les mettent en scène sont inépuisables. Nous découvrons avec enchantement un genre littéraire à la fois sûr de ses règles et toujours renouvelé. N'est-il pas, depuis un siècle et demi, le plus grand genre populaire aux États-Unis ? Il était temps qu'il arrive jusqu'à nous.

     

    Page créée le vendredi 10 octobre 2003.