Après la guerre de Sécession, Scébanja revient sur les terres où il est né esclave afin d'acheter une ferme et de se comporter en homme libre qu'il pense être enfin devenu.
Mais c'est compter sans la haine des Blancs. Appauvris par la guerre qui les a dépossédés d'une main-d'œuvre gratuite, ils voient d'un fort mauvais œil leurs esclaves d'antan s'émanciper. Le Ku Klux Klan entre en action… (4° page de couverture, 1992).
Un clou rouillé et tordu retenait encore la planche au tronc de l'arbre. Sur le morceau de bois rongé par les vers on pouvait lire, en grosses lettres peintes au pochoir : "Canetown 300 habitants".Le reste, en admettant qu'il y en eût un, était parti avec la seconde planche de la pancarte.
Scébanja descendit de cheval. Avec un coin de son foulard rouge, il essuya la sueur qui lui perlait au front, et poussa un long soupir. Un moment, il contempla l'inscription sur la planche, un demi-sourire sur ses lèvres épaisses, puis son regard erra sur les alentours. Il ne voyait pas encore la ville mais pouvait déjà la deviner derrière le gros boqueteau, au bout de la piste, bien assise comme toujours dans le creux des collines. Quelques filets de fumée montaient lentement au-dessus des arbres, calmes dans l'air léger qu'un reste de soleil rendait brillant.
Scébanja soupira une seconde fois.
Depuis quand était-il parti ? Cela faisait quatre ans. Quatre ans ! Mais dans sa mémoire attendrie ces quatre ans pesaient le double...
Littérature de jeunesse
N° 185, t. 4, 1967. Alice DE RYCKE
Prendre comme héros de roman des hommes - deux amis : un blanc et un noir - aux prises avec le Ku-Klux-Klan, n'était pas sans péril. Pierre Pélot le fait sans exploiter ce que telle action pourrait avoir d'outrancier. Au réalisme, il joint la mesure. Il met l'accent sur la peur du blanc devenue courage extraordinaire quand il a décidé de se solidariser avec le noir, au péril de sa propre vie. Il permet aux deux amis d'infliger une défaite à ce Klan qui règne par la terreur. Ceci satisfait le sens de la justice du lecteur, mais il a le bon sens de montrer que cette défaite n'est que momentanée et à l'épilogue les deux rescapés considèrent très justement qu'il n'y a de salut que dans la fuite.
Ce roman, complété lui aussi très utilement par les précisions offertes par Marabout Chercheur, est pour les plus de 14 ans bien formés et d'une sensibilité normale, une illustration très belle et vigoureuse de la nécessité de répondre aux passions déchaînées par le racisme, par un esprit profondément fraternel et pacifique.
Février 1967
[...] Les Croix de feu sont celles qu'allument dans la nuit les membres du Ku-Klux-Klan pour terroriser les Noirs et les obliger à fuir. Et s'ils ne s'enfuient pas, c'est le lynch, le bûcher sur les croix enflammées, l'assassinat. Après la fin de la guerre de Sécession, un Noir, Scébanja, revient dans le Sud. L'esclavage a été aboli. Naïvement, Scèbanja pense pouvoir louer un lopin de terre mis aux enchères. Mais dans le cœur des Blancs veille la haine. Seul un fermier déchu, Dave, son ami d'autrefois, lie son sort au sien. Une nuit, le Klan attaque... Alors, fraternellement, côte à côte, le Noir et le Blanc défendent leur bien et leur vie, et restent maîtres du terrain. Mais le lendemain, ils partent vers le Nord. "...Vers un pays où les croix ne brûlent pas pendant les nuits d'orage, un pays qui ne voulait rien savoir de la couleur des hommes…".
Page créée le dimanche 5 octobre 2003. |