N.5
Sujet : Vers 1970, un vieux chauffeur, qui conduit en plein désert un camion chargé de cailloux pour la construction d'un barrage, est confronté à un mirage, pour la seconde fois de sa vie.
Le début : Le trajet dans la montagne s'était très bien passé. Vraiment rien à dire là-dessus. Un fait était certain : mes deux années d'hôpital n'avaient rien gâté côté réflexes. Et puis, aussi, j'avais un bon camion.
N.6
Sujet : Lundi 10 et mardi 11 janvier 1972, dans l'Est de la France. Jean-Pierre Melchart, écrivain de S.-F., écrit à Claude Alclair , dessinateur de B.D. et illustrateur, pour lui exprimer ses difficultés à écrire son premier roman fantastique.
Le début : Mon cher vieux Claude, Je trouve enfin le temps de prendre la plume pour répondre à ta dernière lettre. D'abord, je suis content pour toi que tes projets avec le journal que nous connaissons soient sur le point de se réaliser… et je suis persuadé que de ton côté, tu dois pousser un fameux soupir de soulagement ! Bon courage, donc !…
N.16
Le début : Je n'avais jamais consulté ce docteur. Et si j'étais arrivé le premier, ce jour-là, dans la petite salle d'attente de son cabinet, cela n'avait littéralement rien à voir avec mon état de santé. Je n'étais pas malade. Je ne souffrais d'aucun malaise nécessitant le concours d'un docteur. Certes, je fumais beaucoup plus depuis quelques mois, et j'étais parfois sujet à des crises d'irritabilité inexplicables... mais c'est le lot de chacun, surtout en cette année 1977, où tout va de mal en pis. Et cela, je le répète, n'a rien à voir avec ma présence en ce lieu.
N.31
Le début : C'était le soir. La fin grise d'un jour gris - il pleuvait depuis le matin, sans interruption, et Gabin avait passé une grande partie de l'après-midi debout derrière la baie vitrée de son appartement, mains dans les poches, pipe au bec, à regarder s'écouler l'interminable muraille de pluie sur la rue. Parfois, le vent troussait cette cataracte pour venir gribouiller des dessins liquides, rageurs et éphémères, contre la vitre. La respiration de Gabin posait régulièrement sur l'envers de la baie froide des nuages de buée qu'il effaçait, tout aussi régulièrement, du plat de la main.
N.32
Le début : - Monsieur ! disait la voix. Monsieur, hé,
Monsieur !
C'était comme si le son de cette voix venait d'infiniment loin, comme si les
mots, avant de toucher ses oreilles, avaient dû franchir des barrages de brume.
Brusquement, Ian frémit, tressauta. En un éclair, il fut conscient du fait que
"la voix" s'adressait à lui - il n'était point le spectateur, ni
même le créateur de quelque rêve impalpable. Quelqu'un l'appelait, quelqu'un
lui secouait l'épaule - et cela durait peut-être depuis longtemps.
N.34
Les premiers jours, on ne sut même pas à quoi ils ressemblaient… (Fantastique / SF)
Le début : Le quarante-deuxième anniversaire de Jean Merdegis (je vous en prie : on a le patronyme qu'on a...) tomba un lundi. Les lundis, le magasin fermait ses portes à 20 heures, sauf pendant la saison d'été, à cause des touristes et des gens de passage, mais ce n'était pas l'été. C'était même l'hiver. La fin de l'hiver. Un sale temps gris, méchant, acide, glauque et mordant tout à la fois ; ce genre de temps qu'on redécouvre éternellement chaque matin en ouvrant ses volets, comme un méchant plombage coulé sur la rue triste, et qui vous décolle les lèvres pour laisser passer un juron las.
N.35
Le début :
N.36
Le début :
N.38
Le début :
N.44
Le début : Il se tut un instant, à bout de souffle -exactement comme s'il venait d'accomplir un effort surhumain qui lui aurait séché les poumons, oui, exactement, et pourtant, bon dieu, ce n'était pas le cas, au contraire, il avait plutôt l'air ensommeillé, apathique, mou : si jamais ce type avait accompli une fois dans sa vie quelque épreuve épuisante, cela datait de loin, assurément. Il portait derrière le moindre de ses gestes - rares -, dans ses yeux, sur ses traits, les marques profondes et creuses de tout l'épuisement du monde - des marques indélébiles qui ne se justifiaient naturellement pas... mais qui expliquaient sa présence en ce lieu.
N.46
Le début : Les lampes des rues délavaient la nuit
silencieuse chatouillée par les glissades furtives des feuilles sèches sur les
trottoirs. Il s'immobilisa. C'était un homme de taille moyenne, aux épaules
larges et légèrement tombantes - à moins que l'impression ne fût imputable
à la coupe fatiguée du manteau trois-quarts. Mains dans les poches.
Il avait nom Barney O'Cannelly, pas une seule goutte de sang irlandais dans les
veines. Pas une seule goutte de sang du tout, certains jours, aurait-il
volontiers parié.
N.56
Où vont les histoires qui ne sont pas racontées ?
Le début : Un jour sans doute il écrirait cette histoire.
C'est une question de temps, de son emploi surtout, c'est ce qu'il dit, mais il
sait bien qu'il ne devrait jamais dire "surtout", n'étant jamais sûr
de rien...
Il attend qu'elle se décide, si elle veut bien.
Qu'elle le choisisse.
Page créée le lundi 29 décembre 2003. |