La petite histoire... Ce roman n'est paru qu'en feuilleton dans la presse.
Laura ouvrit les yeux et regarda autour d'elle, elle ne reconnaissait pas la chambre; elle se frotta les paupières comme pour s'assurer qu'elle était bien réveillée puis voulut se lever. Mais elle se dressa trop rapidement et fut saisie de vertiges ; prudemment elle resta assise au bord du lit.
Elle fut presque heureuse que les rayons lumineux, qui maintenant lui faisaient face, l'empêchent de voir quoique ce soit. Cela lui laissait quelques instants de répit.
Elle respira longuement, tourna la tête quand elle se sentit mieux. Sur l'un des murs de la pièce était fixé un panneau où s'inscrivaient des chiffres qui se modifiaient à chacun de ses gestes et au moindre changement de son rythme respiratoire ou cardiaque. Ce tableau de bord aux touches vocales ne laissait aucun doute sur le lieu, il s'agissait d'un hôpital.
Avait-elle eu un malaise ou un accident ? Elle ne s'en souvenait pas.
Elle se leva, marcha et se rassit soulagée. Elle ne ressentait aucune souffrance, elle n'avait donc pas été blessée.
Elle se rappelait que Jean-Marc l'avait raccompagnée chez elle, elle était alors en pleine forme. Ils avaient passé une soirée qu'elle qualifia de merveilleuse. Ce n'était pas original car, dès qu'ils étaient ensemble, c'était le mot qui lui venait à l'esprit.
Ils avaient assisté à un débat sur l'évolution de la vie depuis le début du 22ème siècle. Il avait été question en priorité de l'encombrement dans les villes, un casse-tête pour rouler sur la chaussée, ou voler au dessus des immeubles. Les interventions du public avaient été pittoresques quand on avait évoqué la possibilité de transformer à plus ou moins long terme les balcons en parkings.
Ensuite Jean-Marc l'avait emmenée dans une boîte surprenante où l'on chantait des airs démodés. C'était amusant de penser qu'autrefois les feuilles mortes se ramassaient avec un instrument manuel, la pelle, qu'au fond du café des femmes étaient forcées d'essuyer des verres parce qu'il n'y avait pas de machine et qu'un mot bizarre comme magnolia désignait une fleur ! Les danses étaient encore plus anciennes avec des noms connus seulement des amateurs : valse, tango. Laura avait essayé le slow après avoir assisté à des démonstrations. Se blottir dans les bras de Jean-Marc était quand même plus agréable que d'évoluer à un mètre de lui comme c'était la mode.
Ils étaient rentrés chez elle et plus tard, quand il avait quitté son appartement, elle avait actionné la télécommande qui bloquait toutes les issues. N'ayant pas envie de dormir, elle avait travaillé un bon moment pour préparer ses examens puis appelé l'université où elle était inscrite. Le service des renseignements ne fermait jamais ; on l'informa que les opérations de maintenance n'étaient pas terminées et que les cours ne reprendraient que le lendemain après-midi.
Elle s'était couchée sans rien absorber et s'était vite endormie. Ayant le sommeil léger, elle aurait entendu le moindre bruit.
Elle se prit la tête dans les mains et tenta de retrouver des souvenirs encore plus récents... en vain.
Elle regarda attentivement autour d'elle, mais bien entendu il n'y avait aucun appareil qui aurait pu lui permettre de joindre Jean-Marc. Elle pouvait donc appeler le personnel, mais était consciente du temps qu'il lui faudrait avant de savoir ce qui lui était arrivé ; elle aurait d'abord un robot qui enregistrerait ses demandes, il en référerait alors à un infirmier qui ne serait peut-être pas capable de la renseigner.
Page créée le dimanche 8 août 2010. |