Une véritable araignée, cette Anna... Elle tisse patiemment sa toile pour y prendre Gallouédec, le parfumeur ou Violette Madiran, une riche rentière, n'hésitant pas à aller jusqu'au crime pour satisfaire son insatiable ambition. Quo non ascendam ? semble être sa devise.
Elle dirige tout, entreprise et vie privée de son frère Jean-Charles, être veule et sans consistance, au grand dam de sa belle-sœur Nathalie qui aimerait plus d'indépendance pour son foyer. Mais, comme toujours, un grain de sable va dérégler la belle mécanique et stopper net l'ascension de l'intrigante. Même dans le règne animal, on finit par trouver plus fort que soi ! (4ème de couverture).
Sur la plage de Kervillen, à gauche face à la mer, à l'endroit où la vue est très étendue, Anna est allongée ; elle s'efforce d'oublier ses problèmes et suit des yeux un nuage léger qui se déforme constamment sur le ciel bleu. Tout à coup il s'étire, se divise en longs filaments qui se croisent et, durant un instant, prennent l'apparence d'une toile d'araignée géante. Elle a un sourire un peu triste en constatant que tout lui rappelle les pièges qui l'attendent. Alors elle préfère regarder les catamarans aux voiles de couleurs vives sortis du port de La Trinité.
Entendant des pas qui se rapprochent et s'arrêtent près d'elle derrière le rocher, elle évite de faire le moindre bruit. Pour se changer les idées, elle s'amuse à imaginer qui sont ces inconnus dont le comportement sera d'autant plus naturel qu'ils ignorent sa présence. Le timbre de leur voix et leurs propos lui font comprendre tout de suite qu'il s'agit de deux hommes jeunes. Leur conversation est loin d'être passionnante, il est question d'une rencontre avec une fille dont ils n'arrivent pas à se débarrasser.
Il faut se servir de ses conquêtes pour conquérir (Alexandre Dumas).
Arts et Poésie de Touraine
Printemps 2004, N° 176
Alain Bernier nous a habitués à des poèmes concis, non dépourvus d'humour. Ici, en compagnie de son complice Roger Maridat, il nous propose un roman à suspense, qui nous conte le parcours d'une femme décidée, tissant patiemment sa toile pour arriver à ses fins. Un personnage fascinant, mais à ne fréquenter que par intrigue interposée. Histoire incisive, sobrement écrite, qui oblige à avancer malgré soi avec les protagonistes, page après page, pour découvrir ce que le destin leur réserve. Jusqu'à la dernière ligne, où tombe le verdict, d'autant plus implacable qu'il sort de la bouche d'un enfant. Bonne lecture !
La Cigogne
Bruxelles, N° 71, mai-juin 2004, page 8. Bernard GODEFROID
Il ne s'agit pas comme on pourrait le croire d'une étude
sur les dangers de la guerre en Irak. Ce golfe-ci est beaucoup plus proche de
nous et ses personnages aussi. L'histoire se passe en Bretagne. Une jeune femme
désire sortir de la vie médiocre qu'elle a connue auprès de ses parents. Elle
veut faire le bonheur de son frère cadet, jeune homme au caractère un peu mou,
sur lequel elle a de l'influence et l'autorité d'une mère poule. Elle a repéré
un emploi qui peut satisfaire ses ambitions : secrétaire de direction. Bonne
comédienne, elle parvient à mettre tous les atouts de son côté. Dès qu'elle
est sûre d'être engagée, elle ne se gêne pas pour abandonner ses parents à
leur sort d'envieux. Mais son ambition est sans limites, elle veut être à la tête
de l'entreprise de parfumerie qui l'a embauchée. Cela va la conduire jusqu'au
crime...
On suit passionnément cette histoire bien charpentée, écrite en un langage
sobre mais vivant, beau témoignage à propos de notre époque où seuls les
"battants" parviennent à se faire une place au soleil. Le roman
policier a suspense se prête évidemment très bien à cette dénonciation. Les
amoureux de la Bretagne découvriront un plaisir supplémentaire dans la lecture
de cette sorte de Bel-Ami au féminin, adapté à notre temps : ils auront la
joie de retrouver des lieux qu'ils ont déjà visités, comme Auray, Carnac,
Brest ou d'autres patelins moins connus. Dépaysement garanti.
Florilège
N° 115, juin 2004
"Nous au village aussi l'on a de beaux
assassinats !" Pourtant, à Ploërmel, malgré la promesse, on attend
toujours son Landru, son Petiot, son Bonnot ou son Pierrot le Fou. A quand la légende
?
Alors, de la probité et de la vertu indéracinables voulant réparer l'outrage
obstiné, Bernier et Maridat ont lancé dans les pattes du notable de service
(on dit service de table, mais notable de service : c'est ainsi !), un dit
Galloudec, une petite arriviste grand teint. Elle navigue dans le milieu catho,
bien pensant, propre sur soi, de celui sur qui elle a mis le grappin, un peu à
l'estime, mais bien déterminée à devenir seul maître à bord !
La mécanique infernale grippera pourtant, il faut que le destin s'accomplisse.
Avec cette garce d'Anna, on réalise en haletant l'ascension de la face cachée
de son ambition sociale, sans savoir qu'au sommet l'attend...
Ce roman respecte la loi du genre qui vous a mitonné une fin abrupte, où
quelque nouveau diable sorti de sa boîte règle les comptes. Une lecture
plaisante, une histoire à cent à l'heure, et une fin réussie, puisque, je me
suis dit, mais bon Dieu, comment n'y avais-je pas pensé plus tôt ?
Presse Océan
19 septembre 2004. Marie-Valentine CHAUDON
Depuis 40 ans, Alain et Roger lient leurs plumes
pour écrire des polars
Pièges dans le golfe, c'est le titre du dernier polar de deux Baulois d'adoption, Alain Bernier et Roger Maridat. Leur prochain livre, Meurtres en promotion, sortira en février 2005. Des meurtres joyeusement orchestrés en tandem.
"A raison de deux à trois cadavres par livre, c'est vrai qu'on a tué du monde". Les deux hommes plaisantent, Alain Bernier avec un rire tonitruant et Roger Maridat avec un sourire plus réservé. Roger semble aussi raisonnable qu'Alain est malicieux. Sans surprise, on apprend que dans leur vie professionnelle, Alain était publicitaire et Roger responsable administratif et financier dans une multinationale. C'est ainsi, les deux hommes sont aussi contrastés que complices.
Complémentarité
"Nous sommes complémentaires", assure Roger. Leur connivence détonante constitue le moteur de leur écriture. Roger qui se dit "plutôt cartésien" prétend "qu'Alain est trop imaginatif, qu'il faut le canaliser". Leur mode opératoire suit cette dualité. Alain écrit "le premier jet", Roger y remet ensuite "un peu d'ordre" et finalement, les deux hommes élaborent ensemble la version définitive.
29 romans
Parce que c'est "un jeu et une distraction", ils écrivent beaucoup et "partout", confient-ils en désignant leur ordinateur portable. Alain et Roger écrivent en tandem depuis 40 ans. Ils ont publié 29 romans policiers et fantastiques sous le pseudonyme d'Éric Verteuil, plus de 200 nouvelles sous leurs propres noms, ainsi qu'un roman historique, 51 pièces radiophoniques, 9 pièces de café-théâtre... Une bibliographie impressionnante et ce n'est pas fini !
Leur milieu pour décor
Pièges dans le golfe est sorti au printemps dernier. En mars 2005 devrait paraître Meurtres en promotion et les deux hommes ont déjà un autre polar en préparation dans leur ordinateur. Ni l'un ni l'autre ne craint le tarissement de leur source d'idées. La matière qu'ils exploitent est celle de leur quotidien. "Nous ne connaissons pas de truands, alors nous nous inspirons de notre milieu", explique Alain. "Il arrive qu'on mette dans nos personnages des traits de caractère ou des expressions de gens que nous côtoyons, mais personne n'est vraiment reconnaissable".
Le choix du meurtrier
Et ne peut pas faire un bon coupable n'importe quel personnage. "Il faut analyser le caractère de chaque personnage, trouver la faille qui va le pousser à tuer". Un dérapage crédible qui soit le terreau de l'intrigue. "Elle doit être bien ficelée avec beaucoup de rebondissements tout en restant possible, pour que le lecteur nous suive".
Par exemple, Alain et Roger ont dans leurs tiroirs une histoire qui ne pourra jamais être publiée car les coupables ne peuvent raisonnablement être découverts. "C'est peut-être le crime parfait", sourient-ils. Un crime parfait qui cependant ne pourrait être réalisé aujourd'hui, "à cause des téléphones portables".
Évolution des mobiles
Depuis 40 ans, Alain et Roger ont dû et su s'adapter à leur temps. Aujourd'hui, "on ne tue plus pour les mêmes raisons", assurent-ils. "Avant, on faisait cela pour un héritage par exemple. A présent, on tue plutôt par arrivisme ou ambition". Alain et Roger, eux, commettent des meurtres fictifs avec leur plume "parce que c'est plaisant". Tout simplement. Comme ils aiment jouer au bridge, faire des mots croisés et voyager.
Page créée le mardi 24 février 2004. |