Un festin de rats

 
  • Berma
  • 1988 | 23ème roman publié
  • Horreur |
 

Date et lieu

A la fin des années 1980, quelque part en France, dans une maison de retraite...

Sujet

Après tout, c'était sa faute ! Mathilde n'aurait pas dû poser tant de questions embarrassantes. Ainsi, Louise n'aurait pas été contrainte de la livrer en pâture à ses chers protégés et la vie, aux Ormes, aurait continué comme avant... Enfin, presque, car Louise n'était pas seule à jouer avec la vie des autres dans cette maison de retraite pour vieillards fortunés.

D'autant que Christian, le directeur, avait appris son métier dans de bien peu avouables circonstances. Et si les Ormes, ce manoir au nom si tranquille, n'était que l'antichambre de l'enfer ? (4ème de couverture, 1988).

 

Éditions

Couverture de Michel Gourdon.

  • 1ère édition, 1988
  • Paris : Patrick Siry, septembre 1988 [impr. : 08/1988].
  • 18 cm, 156 p.
  • Illustration : Michel Gourdon (couverture).
  • (Maniac ; 2). Collection dirigée par Daniel Riche.
  • ISBN : 2-7391-0009-4.
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    Première page

    Louise Beaupréau traversa le jardin des "Ormes", la maison de retraite où elle habitait, en saluant les autres pensionnaires et le personnel avec la même gentillesse.

    - Elle est formidable, dit au jardinier Janine, l'une des femmes de chambre… toujours de bonne humeur.

    - Ici, c'est plutôt rare, répondit-il flegmatique en continuant de tailler les rosiers.

    - Et pour son âge, elle est encore bien.

    A soixante-quinze ans, Louise Beaupréau se tenait très droite et ses cheveux blancs, argentés, encadraient un visage où deux yeux bleu limpide vous regardaient avec bonté.

    Elle franchit lentement le portail dès qu'elle eut tourné pour prendre la direction du village, elle activa le pas sans se servir de sa canne qui, manifestement, ne lui était d'aucune utilité. Avant de déboucher sur la place principale, elle reprit une allure qui convenait mieux à son âge. Elle jeta un coup d'œil à droite et à gauche pour s'assurer que personne de connaissance n'était dans les parages. Rassurée, elle entra chez le boucher.

    - Un kilo de bourguignon, s'il vous plaît, demanda-t-elle d'une voix douce.

    Le garçon la servit aussitôt et, dès qu'elle fut ressortie, se tourna vers la caissière.

    - Elle habite bien aux "Ormes" ?

    - Oui.

    - Mais qu'est-ce qu'elle fout de toute cette viande ?

    - Je n'en sais rien… elle doit la donner.

    Louise prit une petite rue et entra dans la deuxième boucherie du village.

    - Un kilo de bourguignon, s'il vous plaît.

    - Comme hier ! Je vois que vous avez été contente.

    - C'est-à-dire… euh… oui.

    - Ici, il n'y a que du premier choix !

    Il voulut l'aider à mettre le paquet dans son sac, mais elle s'en empara avec tant de vivacité qu'il en fut surpris.

    - Mais, madame…

    - J'aime mieux le porter sous le bras.

    Elle ne tenait pas à ce qu'il remarque le papier d'emballage au nom de son concurrent et se pose des questions sur la consommation immodérée de viande qu'elle faisait.

    Dans la rue, elle hocha la tête ; un jour quelqu'un essayerait de se renseigner… et elle n'y tenait pas du tout !

    Elle reprit le chemin des "Ormes" mais, avant d'y arriver, emprunta un sentier qui commençait à être envahi par les orties. C'est avec appréhension qu'elle les voyait grandir ; elle avait la peau très sensible et craignait pour ses jambes. Evidemment, elle pourrait se faire faire des pantalons mais elle avait toujours affirmé qu'elle détestait cette mode et ses amies ne comprendraient pas son changement d'attitude.

    Elle atteignit une haie qui n'avait pas été taillée depuis un bon moment. Elle la suivit durant une cinquantaine de mètres et se faufila à travers, profitant de branches qui avaient été cassées. Elle avait découvert ce passage quelques semaines auparavant, l'avait franchi par curiosité et avait été aussitôt séduite par la beauté du lieu. En contrebas, un château Renaissance l'avait intriguée et elle n'avait pas pu résister au plaisir d'aller l'admirer de plus près. Si on lui avait reproché de se promener dans une propriété privée, elle aurait répondu qu'elle s'était perdue. Qui aurait pu mettre en doute la parole d'une vieille dame ?

     

    Épigraphe

    L'armée des rats t'infligera le châtiment que tu mérites et tu ne pourras pas lui échapper (Homère).

     

    Revue de presse

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    Page créée le lundi 8 décembre 2003.