Achève Monsieur Seguin
Date et lieu
Vers 1980, dans les Alpes Maritimes (Èze, Plan de la Tour...).
Sujet
- Vous n'allez pas me confronter à cette vipère ?
s'exclame Marie-Paule.
- Je croyais que c'était une amie ?
- Elle est l'une et l'autre.
Tel est l'entourage de Monsieur Seguin ! Est-ce pour cette raison ou une autre plus mystérieuse que deux crimes se succèdent rapidement ?
Éditions
Première page
Marie-Paule Louvet prend sa machine à calculer et une liasse de factures lorsque Mathilde ouvre la porte, entre, repousse le battant et frappe deux coups secs. La vieille bonne, en effet, se considère depuis toujours comme étant de la famille et n'éprouve pas le besoin de s'annoncer, mais elle tient à signaler sa présence car elle ne veut pas que l'on puisse l'accuser de curiosité !
- Mme Ravallini désire vous voir.
- Que veut-elle, cette vieille chouette ?
- Je ne sais pas.
- Tu ne pouvais pas lui dire que j'étais sortie !
- Impossible. Votre voiture est devant le portail.
Connaissant l'amour immodéré de sa patronne pour ses affaires, elle ajoute :
- Elle veut peut-être vous commander une barrique.
- Elle ? Tu rêves ! Elle ne nous a jamais rien acheté… et puis mes crus sont de trop bonne qualité, elle ne saurait pas les apprécier.
Marie-Paule est fière de ses vins, inconnus à l'époque où son père s'en occupait : elle a réussi, en quelques années, à en améliorer la qualité, à faire de la publicité et à les vendre très cher. Comme la modestie n'a jamais été son fort, elle les a baptisés Château Marie-Paule.
Elle se lève, hausse les épaules et murmure :
- Cette imbécile de Ravallini va me faire perdre mon temps une fois de plus.
Elle la retrouve assise sur le banc de pierre dans le jardin près de l'entrée, à l'ombre des platanes.
- Chère amie, quelle bonne idée vous avez eue de venir me voir !
- On ose à peine vous déranger, maintenant que vous êtes une femme d'affaires.
Elle fait sonner le mot "maintenant", ce qui déplaît à Marie-Paule.
- Maintenant ! Maintenant ! réplique-t-elle, cela n'est pas récent, mon pauvre père est mort voilà plus de vingt ans.
- C'est vrai que les années passent vite ; nous ne sommes plus jeunes toutes les deux, dit-elle avec un sourire désabusé montrant des dents jaunes et longues que bien des juments pourraient lui envier.
Marie-Paule ne peut laisser passer sous silence les dix années qui les séparent.
- Je croyais que vous aviez quitté le lycée quand j'y entrais !
- J'ai toujours été très en avance.
Revue de presse
L'Almanach du crime 1981
L'année du roman policier, page 313. Michel LEBRUN
Que faire d'une sœur nymphomane, sinon s'empresser de la marier ? Sa décision prise, Marie-Paule joue machiavéliquement les entremetteuses entre Micheline et le riche M. Seguin. Mais, dans les pièges, la chèvre n'est pas toujours ce que l'on croit !
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Page créée le dimanche 7 décembre 2003. |
