Que fait-on à 25 ans lorsque l'on vient d'hériter ? On part pour Tahiti... et on en revient. On prend une femme pour la vie... et on en épouse une autre.
On veut faire des affaires honnêtes... et ce sont des escroqueries. On a envie de commettre un meurtre... et... (4ème de couverture, 1979).
A vingt ans, Claire Guibourg n'a jamais vu de mort. Elle ne serait pas tellement impressionnée si l'homme qu'elle a sous les yeux n'avait rendu le dernier soupir en se livrant avec elle à des acrobaties amoureuses trop éprouvantes pour un septuagénaire !
- Quelle histoire, murmure-t-elle ne sachant pas encore si elle doit hurler, pleurer ou se taire.
Pour gagner du temps, elle imagine qu'il n'est qu'évanoui et se penche vers le corps, mais les yeux vitreux d'Eugène Darnais lui confirment qu'il n'y a plus aucun espoir. Elle se redresse et voit, dans le grand miroir au cadre doré, qu'elle est entièrement nue.
- Et moi qui allais appeler au secours !
Elle s'habille rapidement, se recoiffe et regarde le défunt qui avait eu la bonne idée de garder ses vêtements ; elle n'a que peu de choses à remettre en ordre et un coup de peigne à passer dans les cheveux blancs. Ayant reçu une excellente éducation religieuse, elle bénit le ciel que l'accident soit arrivé dans la chambre de son patron plutôt que dans la sienne sous les toits. Elle s'apprête à sortir mais revient sur ses pas et plonge la main dans la poche intérieure de la veste où se trouve le portefeuille ; elle prend cinquante francs, la somme qu'il lui donnait généralement, hésite un instant et sort un deuxième billet. Comme Darnais avait beaucoup de délicatesse, il lui aurait certainement alloué ce supplément afin de s'excuser d'avoir choisi un pareil moment pour rendre son âme à Dieu.
Elle descend rapidement l'escalier, sort de la maison sombre aux étroites fenêtres et est éblouie par le soleil. L'Ardèche en ce début d'octobre est un mélange de couleurs rousses et dorées ; Claire traverse le petit bois qui jouxte le jardin et arrive devant la ferme de sa sœur.
- Le vieux est mort ; qu'est-ce qu'il faut faire ? dit-elle, à peine entrée dans la cuisine.
- Tu as une drôle de tête… Comment cela s'est-il passé ?
Claire se confie à sa sœur qui lui a toujours prodigué de bons conseils.
- C'est une vraie chance, murmure cette dernière.
- Comment ?
- Eh bien, oui ! tu vas aller trouver le fils et lui dire la vérité.
- C'est impossible, voyons !
- Mais non, tu lui expliqueras que tu as tout remis en ordre et que tu seras discrète. Par reconnaissance, il sera généreux avec toi.
C'est exactement la phrase que Claire a envie d'entendre mais, par habitude, elle joue les timides.
- Je n'oserai jamais.
L'Almanach du crime 1981
L'année du roman policier. Michel LEBRUN
Poursuivant sa série de comédies policières désinvoltes, Verteuil nous conte ici une guillerette histoire de meurtres en chassé-croisé. Les truffes en chocolat ont-elles été empoisonnées ou non ?
Page créée le dimanche 7 décembre 2003. |