Une femme qui n'est pas aussi malade que son mari le prétend. Un bijou volé. Une première maîtresse. Une deuxième maîtresse. Un premier corps. Un deuxième corps.
Et le courrier adressé à Léon. En un mot, une machination diabolique ! (4ème de couverture, 1978).
Marie-Lucie se regarde avec satisfaction dans le miroir, elle ne paraît pas ses trente-cinq ans et sa coiffure créée par Alexandre met en valeur ses cheveux blonds en adoucissant ses traits. Sa nouvelle robe de Paco Rabanne a des lignes audacieuses et son manteau de castor offert par son mari la veille lui va à ravir.
Tout à coup son sourire se fige.
- Impossible, murmure-t-elle désappointée, impossible !
Elle ne peut aller, dans cette tenue, à l'œuvre de charité qu'elle anime. Elle choisit un tailleur classique de chez Dior et un imperméable tout simple, doublé de vison il est vrai. Elle rentre ses deux rangs de perles sous son corsage, enlève à regret ses boucles d'oreilles. Maintenant elle ressemble à une véritable dame patronnesse !
Avec quelques amies, elle s'occupe une fois par semaine d'un foyer pour personnes âgées. Dans un entresol, prêté par la mère d'un ancien ministre, une quarantaine de vieilles dames viennent goûter et jouer au bridge. Jusqu'à une époque récente, si elles étaient nobles ou veuves de hauts fonctionnaires, d'avocats, de médecins elles étaient admises sans aucune formalité ; mais, si elles n'étaient pas classées comme "femme du monde", elles étaient refoulées. Marie-Lucie qui pousse son mari à faire de la politique, a compris que cette sélection n'était plus de mise.
- Mesdames, il faut ouvrir nos portes à toutes les couches de la société ; soyons sociales, a-t-elle lancé lors d'un conseil d'administration mémorable.
Ce fut un beau tollé mais la jeune femme tint bon.
- Faisons un grand pas vers la gauche, acceptons la veuve d'un ouvrier, par exemple.
Il y eut un instant de stupeur, ce qui permit à Marie-Lucie d'enchaîner :
- Oui, j'en connais une !
- Vous ! s'était exclamé le chœur indigné. Ce n'est pas possible !
- Si, mais elle bridge très bien et son mari a travaillé chez un ambassadeur.
Et elle a ajouté :
- Comme concierge, il est vrai.
A une voix de majorité - comme pour la naissance de la Troisième République - la proposition de Marie-Lucie Mazurier fut adoptée. Ce jour-là, elle comprit qu'elle était une grande diplomate et que son mari, banquier, serait, grâce à elle, député.
Bulletin de l'Académie Gauloise
Mars 1978
Un nouveau policier de nos sociétaires Bernier et Maridat où leur imagination et leur esprit se donnent libre cours. Qu'on se le lise !
Page créée le dimanche 7 décembre 2003. |